17 février 2012

Khader Adnan : ultime appel devant la Cour suprême israélienne

jeudi 16 février 2012 - 10h:41
Al-Akhbar

Le prisonnier palestinien en grève de la faim, Khader Adnan, a fait appel devant la Cour suprême israélienne, mercredi, contre sa détention sans inculpation, alors que des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur solidarité. 
 
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Manifestation d’écoliers à Ramallah - Photo : AFP/Saif Dahlah
 
Son avocat Jawad Bulus a déclaré qu’il avait déposé un appel urgent devant la Cour suprême pour faire lever l’ordre de détention administrative, vu l’état la santé en rapide détérioration de son client, Khader Adnan.
« Nous avons déposé un appel ce matin et demandé une audience immédiate devant le tribunal en raison de la gravité de son état, » a déclaré Bulus à l’AFP. « Nous attendons une réponse. »
Les militants ont protesté ce mercredi, dans toute la Cisjordanie sous occupation contre la détention administrative dans une prison israélienne du palestinien Khader Adnan.
Adnan, âgé de 33 ans, est en grève de la faim depuis 60 jours pour protester contre sa détention sans procès ni charges, Israël rejetant les appels pour sa libération.
Addameer, un groupe de défense des droits des prisonnier, a déclaré qu’Adnan était « sous la menace très directe de mourir » après qu’un médecin de l’ONG Médecins pour les droits de l’homme ait réalisé un examen médical du prisonnier mardi soir.
« Tous ses muscles, y compris son cœur et son estomac, sont sous la menace de se désintégrer et son système immunitaire pourrait cesser de fonctionner à tout moment », peut-on lire dans une déclaration de Addameer.
« Le corps de Khader est dans un état de haut risque de crise cardiaque ou de défaillance d’un organe vital, ce qui entraînerait une mort immédiate. »
Des groupes de jeunes palestiniens ont organisé des manifestations face à la prison d’Ofer, ainsi que dans les universités de Birzeit et d’Al-Quds et dans d’autres parties de Jérusalem et de la Cisjordanie.
Les forces israéliennes ont fait irruption dans la maison d’Adnan près de Jénine en Cisjordanie le 17 décembre, et, selon Human Rights Watch, le retiennent prisonnier selon des « preuves secrètes » qu’Israël refuse de communiquer à Adnan ou à son avocat.
En vertu du droit militaire israélien, les détenus peuvent être maintenus en détention administrative pour un maximum de six mois sans inculpation ni jugement. La détention peut être renouvelée à la fin de la période, permettant à Israël de garder indéfiniment [et sans procès] les Palestiniens en prison.
Human Rights Watch maintient que la politique israélienne de détention administrative est une violation du droit international.
« Les obligations juridiques internationales, cependant, imposent à Israël de communiquer immédiatement aux personnes arrêtées les motifs de leur arrestation, pour rapidement les informer de toute accusation portée contre eux et les amener devant un juge », a déclaré dans un communiqué à la presse le groupe de défense des Droits de l’Homme.
Un juge militaire israélien a ordonné qu’Adnan soit détenu pendant quatre mois, et les appels qui se sont succédés pour que la décision soit annulée ont été rejetés.
Diana Alzeer, un journaliste basé à Ramallah, a déclaré qu’il était peu probable qu’Israël libérerait Adnan car cela encouragerait les Palestiniens en détention administrative, qui sont environ 300, à exiger leurs propres droits, mettant ainsi en cause la politique de détention administrative.
« S’ils libèrent Khader, cela signifie que beaucoup de prisonniers qui sont en détention administrative se lanceront dans une grève [de la faim] et Israël n’est pas disposé à transiger sur cette question, » dit-elle.
Alzeer a déclaré à Al-Akhbar que la frustration augmente vis-à-vis du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et vis-à-vis de l’Autorité palestinienne, à cause de leur manque d’initiative pour obtenir la libération d’Adnan.
« Nous ressentons un sentiment de déception énorme à l’égard de la Croix-Rouge (CICR) vu la façon dont ils traitent la question des prisonniers, ainsi qu’à l’égard de la direction palestinienne qui parle de Khader mais ne fait rien pour aider », dit-elle.
Plus de 4000 personnes ont signé une pétition en ligne demandant au CICR de faire pression sur Israël afin qu’il libère Adnan.
« Selon le droit international humanitaire, il est de la responsabilité du CICR de prendre de fermes mesures pour sauver sa vie en exerçant une pression sur le gouvernement israélien pour obtenir sa libération, » peut-on lire dans la déclaration qui chapeaute la pétition.
Un porte-parole du CICR a répondu, cependant, que le mandat de l’organisme est uniquement d’assurer que le traitement des prisonniers est satisfaisant selon le droit international humanitaire, qui « ne discute pas des raisons de l’internement ».
« Cette loi (le droit international humanitaire) n’interdit pas l’internement ’pour des raisons de sécurité’. Dans tous les cas, les autorités israéliennes ont à assurer que le traitement et les principales conditions de détention soient appliquées comme il est stipulé dans les Conventions de Genève, » a déclaré à Al-Akhbar, Hicham Hassan, porte-parole du CICR.
Hassan a déclaré que le CICR était en contact régulier avec Adnan, et disposait d’un médecin qui suivait l’évolution de sa situation.
« Dans le cas de M. Khader Adnan, nous avons un médecin qui lui rend régulièrement visite afin d’évaluer son état de santé et les soins médicaux fournis ... par les autorités israéliennes », a-t-il dit.
Le CICR ne partage avec les autorités israéliennes que ses conclusions sur les conditions de détention d’Adnan, à la suite d’un protocole stipulant que l’organisation ne travaille que sur une base strictement bilatérale sur les droits des prisonniers.
« Nous ne pouvons pas commenter publiquement des conditions de détention ou des cas particuliers. Les résultats restent confidentiels », a déclaré Hassan [admirable langue de bois pour dire que le CICR se lave les mains du sort de Khader Adnan - NdT].
« Comme nous sommes en contact avec M. Khader sur une base régulière, puisque nous avons un médecin qui lui rend visite, ceci est pour nous ce qui importe directement maintenant, que nous soyons en mesure de le voir et lui rendre visite. » [Minable... NdT.]
Amnesty International a appelé Israël à libérer Adnan ou alors à faire connaître un acte d’accusation.
« Les autorités israéliennes doivent libérer Khader Adnan et d’autres Palestiniens en détention administrative, à moins qu’ils ne soient inculpés sans délai selon des infractions pénales internationalement reconnues et jugés conformément aux normes internationales d’équité des procès », a déclaré dans un communiqué Ann Harrison, directeur adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient.
« Amnesty International estime que la pratique de la détention administrative en Israël et dans les Territoires occupés viole le droit à un procès équitable - droit reconnu au niveau international et qui doit être respecté pour tous les détenus, même sous les états d’urgence », a déclaré Amnesty.

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Traduction : Info-Palestine.net

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