La Stasi au USA: Les Étasuniens incités à l'espionnage par Mondialisation.ca | ||||||
Mondialisation.ca, Le 11 février 2012 | ||||||
Le site Public Intelligence a publié le 2 février une collection impressionnante de documents du Bureau of Justice Assistance (BJA) et du Federal Bureau of Investigation (FBI) digne de l’Allemagne communiste. À l’instar de la Stasi, le ministère de la Sécurité d’État de la République démocratique allemande, les autorités étasuniennes invitent leurs citoyens à traquer les terroristes potentiels et à devenir informateurs. Afin qu’ils se perfectionnent dans l’espionnage, le BJA et le FBI fournissent à leurs concitoyens des astuces pour repérer les « sleepers », les « agents dormants » près de chez-eux, dans le cadre d'un programme intitulé Communities Against Terrorism (Communautés contre le terrorisme). Les dépliants couvrent pratiquement tous les endroits possibles et inimaginables où l’on peut détecter les comportements suspects de terroristes potentiels. Là où il y a des humains se cache peut-être un terroriste. Aucun lieu public n’y échappe : pharmacies, magasins d’électronique, de fournitures agricoles, de rénovations résidentielles, succursales de location d’autos, salons de tatouage, de beauté, transports publics, cafés internet, hôtels, etc. Bref, un terroriste peut se cacher n’importe où. Méfiez-vous. Ben Laden au bois dormant Le document s’adressant aux vendeurs de produits de beauté pourrait aisément passer pour un acte d’une pièce d’Ionesco. Une demoiselle est préoccupée par la concentration de peroxyde à utiliser pour sa teinture? achète un dissolvant à vernis à ongles? voire – comportement hautement douteux s’apparentant au pistolet fumant qui pourrait devenir un nuage en champignon – achète ces deux produits, ne travaille pas dans un salon et, en plus, dégage une odeur bizarre? Cette dame est peut-être une sleeper, une ben Laden au bois dormant. Que faire? Contacter sans tarder les autorités, suggère le dépliant : « Ne mettez pas votre sécurité ni celle des autres en péril. » Ce n’est pas une blague. Quelqu’un qui dégage une odeur étrange, se procure de l’acétone, que l’on retrouve dans le dissolvant à vernis à ongles, et/ou du peroxyde devraient, selon ce document, éveiller la suspicion. On met en garde ceux qui travaillent ou fréquentent des cafés internet contre des utilisateurs anonymes et/ou qui payent comptant; on avise les tatoueurs de se méfier de groupes qui se font faire le même tatouage, des personnes qui ont des doigts manquants, des brûlures, dégagent des odeurs étranges; les détaillants, eux, doivent se méfier des personnes achetant « une combinaison d’items inhabituels » comme « des éponges, des chandelles, des allumettes, des coupe-boulons ». Finalement, ce programme fait de tout citoyen étasunien à la fois un terroriste et un informateur potentiels. La Stasi réinventée En 2002, sous George W. Bush, un programme similaire avait créé un scandale: Operation TIPS, le Terrorist Information and Prevention System (Système d’information et de prévention du terrorisme). Officiellement, le programme a été annulé la même année. Cependant, un autre programme de moindre envergure existe, le Terrorism Liaison Officer Information Network (TLO), lequel entraîne et emploie des « policiers, des pompiers, des ambulanciers, même des employés du secteur publique » pour « traquer des "activités suspectes" » (Bruce Finley Terror watch uses local eyes 181 TRAINED IN COLO, 29 juin 2008). Tout comme le TLO, le programme Communities Against Terrorism relève du Joint Regional Intelligence Center et n’est rien d’autre qu’Operation TIPS, légèrement revampé : un programme de surveillance citoyenne où tout citoyen peut devenir un agent informel du renseignement. La différence réside dans le fait qu’avec TIPS, les gens devaient faire application pour devenir volontaire. Cela n’est plus requis. Citizen Corps faisant à l'époque la promotion du programme TIPS, décrit comme un « système de renseignement national [...] visant à dénoncer des activités suspectes ». Julie Lévesque a collaboré à ce reportage |
14 février 2012
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