13 février 2012

Syrie, Interview d’Ahmed Manaï, observateur tunisien de la Ligue arabe

Syrie, Interview d’Ahmed Manaï, observateur tunisien de la Ligue arabe
 
 
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La Ligue arabe a enterré le rapport des observateurs en Syrie Ahmed Manaï

Le site Nawaat a publié un entretien avec Ahmed Manaï qui a participé au titre des représentants de la société civile à la mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie. Ahmed Manaï n’est pas exactement un observateur naïf : opposant de longues dates au régime de Ben Ali en Tunisie, qui l’a fait arrêter et torturer en 1991, Ahmed Manaï est un expert en économie et également un démocrate qui a une réflexion politique cohérente. Et surtout, c’est quelqu’un qui refuse de se rendre au plus offrant comme Anouar Malek.- Djazaïri. Serge Adam
Lilia Weslaty | Feb 07, 2012

Ahmed Manaï, ancien expert international auprès de l’ONU, militant en faveur d’une démocratisation de la Tunisie et auteur de « Supplice Tunisien – Le jardin secret du général Ben Ali » est l’un des 166 observateurs envoyés par la Ligue arabe en Syrie. Nawaat l’a interviewé.
Nawaat : Quelle a été votre réaction, en tant que membre tunisien des observateurs envoyés par la Ligue arabe, face au véto sino-russe au projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie?
Ahmed Manaï : Une immense satisfaction pour le peuple syrien et la Syrie, leur présent et leur avenir. Le véto sino-russe a sauvé un pays, berceau de la civilisation humaine et arabe, de la destruction totale à laquelle le destinaient d’autres Arabes et que les puissances de la guerre s’apprêtaient à lui faire subir. Avec ce véto la Syrie ne connaîtra pas, je l’espère, le sort de l’Irak si proche avec son million de morts, ses 3 millions d’orphelins, ses deux millions de veuves, ses quatre millions de réfugiés et sa société déstructurée. Il ne connaîtra pas non plus le sort incertain de la Libye déstructurée et désarticulée.
Nawaat : Vous avez écrit sur votre page facebook que la décision du « renvoi de l’ambassadeur syrien » de la Tunisie émane non pas du Président Marzouki, mais de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha et du Qatar, d’où est-ce que vous détenez cette information?
Ahmed Manaï : Je rappelle d’abord qu’il n’y a pas d’ambassadeur de Syrie à Tunis depuis plus d’un an, mais juste un vice chargé d’affaires. Il n’était alors que le chef d’un parti politique ayant gagné les élections.On n’a pas besoin de puiser ce genre d’information à une autre source que celle de M.Ghannouchi lui-même. Il suffit de revenir à ses déclarations et rappeler, par exemple, celle qu’il a faite en novembre 2011, je crois, dans laquelle il a « décidé » que la Tunisie allait renvoyer l’ambassadeur syrien. Il avait déclaré plus tard « qu’il allait remettre les ambassades du Yémen et de la Syrie aux opposants des deux pays » ignorant sans doute la convention de Genève qui régit les relations diplomatiques et consulaires.
Heureusement que le gouvernement de l’époque avait tempéré son zèle. Maintenant il est tout et décide de tout, toujours sans autre qualité que celle de président d’un parti-chef de file de la majorité à l’Assemblée nationale constituante.
Pourquoi le Qatar?
Parce que ce pays, sous-traitant des basses besognes, qui pilote « l’initiative arabe » avait enjoint à tous les pays sous sa tutelle d’accompagner la réunion du Conseil de sécurité du 04/02, par une action concertée de rupture avec la Syrie. Ils ont tout prévu sauf le double véto. Il a donné aussi des consignes à certains médias pour chauffer un peu plus l’ambiance. Le CNT syrien pour sa part a recommandé aux siens de procéder à l’occupation des ambassades syriennes partout dans le monde et à ses militants et ses groupes armés de se distinguer par des actions d’envergure. Cependant, je ne vous cache pas que j’ai des amis à la ligue qui m’ont confirmé certaines choses, entre autres l’alignement inconditionnel de la délégation tunisienne à la ligue arabe sur le Qatar.
D’autre part, tout cela est en droite ligne de la stratégie concertée entre les « frères » et leurs alliés arabes, turcs et occidentaux.
Nawaat : Que pensez-vous, de la décision même de « renvoi d’un ambassadeur »?
Ahmed Manaï : Je rappelle que la Tunisie a envoyé une délégation officielle qui a participé à la rédaction du rapport de la mission arabe en Syrie. Si les décideurs tunisiens avaient consulté les membres de cette délégation sur la situation en Syrie, ils leur auraient conseillé sûrement autre chose. Je ne sais pas d’ailleurs si ces décideurs avaient connaissance de cette mission qui comprend des ambassadeurs, de hauts fonctionnaires et des officiers supérieurs.
Alors qu’est-ce que j’en pense? C’est une décision irréfléchie, prise par des amateurs de la diplomatie et des relations internationales, inconsciente du tort qu’ils font aux intérêts et à l’image d’un pays qui s’est longtemps distinguée par sa diplomatie sage et équilibrée, ou alors, une décision dictée par plus forts qu’eux!
Curieusement aucune des puissances qui s’apprêtaient il y a quelques semaines à lancer leur aviation sur la Syrie, n’a eu recours à la rupture des leurs relations avec la Syrie.
Nawaat : Quels sont les différents agents — on a parlé de l’Iran, du Hezbollah, irakiens… – impliqués aux événements qui se déroulent en Syrie depuis mars 2011? Pouvez-vous nous donner davantage d’éclaircissements sur ces acteurs?
Ahmed Manaï : L’Iran et le Hezbollah sont des alliés stratégiques des Syriens. Les Irakiens par contre, étaient en mauvais termes avec eux, quoiqu’actuellement on assiste à leur rapprochement.
Seraient-ils impliqués dans les évènements en Syrie? Je ne crois pas que les Syriens auraient besoin de l’aide de quiconque pour gérer la situation intérieure de leur pays. De nombreux médias ont parlé de combattants du Hezbollah et des Pasdaran iraniens qui seraient engagés dans la répression des manifestants. C’est tout simplement de la propagande. Mais il est certain qu’ils coopèrent à plein au niveau du renseignement, par exemple.
Il y a d’autres pays impliqués à fond dans la crise syrienne : ce sont les pays du Golfe avec à leur tête le Qatar, puis la Turquie et l’ensemble des pays de l’OTAN. Certains d’entre eux accueillent les groupes armés sur leur sol, d’autres les financent, d’autres encore les entraînent et certains autres leur assurent la couverture médiatique.
Il y a d’autres acteurs de taille, tels que les Russes et les Chinois, mais comme on l’a vu lors du dernier vote du Conseil de Sécurité, leur rôle est surtout de soutien. Mais il y a aussi, en plus de ces États, des mouvances politiques très influentes, telles que les frères musulmans et les Salafistes.
Nawaat : Que pensez-vous de la couverture médiatique en Syrie? Qu’en est-il de la censure?
Ahmed Manaï : Il y a une couverture médiatique étrangère sur la Syrie et une autre en Syrie. L’une des questions inscrites dans le protocole et à laquelle devrait répondre la mission des observateurs concerne les médias et leurs conditions de travail. Le rapport final y a répondu ainsi :
« Vérification des agréments accordés par le gouvernement syrien aux médias arabes et internationaux, et enquête sur les possibilités offertes à ces médias de se déplacer librement dans toutes les régions de la Syrie.
41 – Le gouvernement syrien, par la voix de son ministre de l’information, a confirmé avoir accordé l’agrément à 147 divers médias arabes et étrangers depuis le début de décembre 2011 et jusqu’au 15/01/2012. 112 divers médias étrangers nouveaux ont visité le territoire syrien en plus des 90 médias déjà présents sur le territoire syrien qui disposent de correspondants permanents.
42 – La Mission a suivi cette question et a observé la présence de 36 médias arabes et étrangers et un certain nombre de journalistes dans un certain nombre de villes syriennes. Elle a reçu quelques plaintes qui indiquent que le gouvernement syrien a accordé des autorisations pour certains médias d’opérer en Syrie pour une durée n’excédant pas 4 jours considérés comme durée insuffisante de leur point de vue, en plus de ne pas permettre leur déplacement à l’intérieur du pays à moins d’indiquer au préalable leur destination et de demander une autre certification pour se rendre à certaines zones sensibles. Le gouvernement syrien se dit prêt à accorder aux médias des mandats de 10 jours renouvelables.
43 – Des rapports et des déclarations de certains secteurs de la Mission montrent l’existence de restrictions gouvernementales sur le déplacement des médias dans les secteurs de l’opposition, incitant ces journalistes à se déplacer, dans de nombreux cas, derrière le déplacement de la mission, pour exercer leurs fonctions.
44 – La ville de Homs a été le témoin de l’assassinat d’un journaliste français travaillant pour France 2, et de la blessure d’un journaliste de nationalité belge. Sur ces deux cas, le gouvernement et l’opposition ont échangé les accusations sur la responsabilité de chacun dans ces incidents et ils ont publié, chacun, des déclarations condamnant la partie adverse. Le gouvernement syrien a constitué une commission gouvernementale d’enquête sur l’incident pour déterminer ses causes. Il faudrait noter que les rapports de la Mission de la Ligue arabe à Homs indiquent que le journaliste français a été tué à la suite des tirs de mortier par l’opposition.
Quant au rôle des médias internationaux, il suffit pour y répondre qu’il y a une soixantaine de chaînes télévisées, dans tous les pays, qui débitent en permanence et dans toutes les langues, un flot de mensonges et de propagande éhontée sur la situation en Syrie.
Nawaat : Revenons au véto : Il y a de cela un an, La Russie et la Chine, avec l’Allemagne, le Brésil, et Inde se sont abstenus vis-à-vis de la résolution 1973 autorisant le recours à la force contre le régime de Kadhafi en Libye. Comment expliquez-vous l’usage de ce véto cette fois-ci pour le cas de la Syrie?
Ahmed Manaï : La résolution 1973 sur la Libye, votée en principe pour assurer la protection des populations civiles a été détournée par les pays de l’OTAN. Le résultat de la guerre de l’OTAN contre la Libye, encore très peu connu du grand public, a été catastrophique. La Russie et la Chine n’avaient pas fait usage de leur droit de Véto, estimant sans doute que la résolution serait exécutée à la lettre. Il y aussi que la Libye, même avec sa production pétrolière de près de 4 % de la production mondiale, n’a pas le même poids stratégique que la Syrie dont la production pétrolière est presque négligeable.
Le double véto sino-russe a empêché que le verrou syrien ne se brise, et que ces deux pays ne deviennent les prochaines cibles de l’occident. Il est donc avant tout l’affirmation de la fin d’un monde dominé par les USA et du retour à un monde binaire. Il y a une autre raison qu’a expliquée le chef de la diplomatie russe, c’est qu’il y avait une clause secrète dans cette résolution qui autorise le recours à l’intervention armée.
Nawaat : Les Russes et la Chine ont intérêt à maintenir Bashar Al Assad à la tête du régime syrien, notamment pour des raisons purement économiques qui seraient entravées en cas d’embargo sur les armes : selon le think tank russe Cast, la Syrie a acheté 700 millions de dollars d’armes à la Russie en 2010, soit 7 % des ventes russes du secteur… Pourquoi la communauté internationale ainsi que les médias internationaux semblent offusqués par le véto sino-russe déjà annoncé par l’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitali Tchourkine le 4 octobre 2011 puis ce jeudi 2 février 2012?
Ahmed Manaï : Les États n’ont pas de sentiments, mais des intérêts. Certes les Russes et les Chinois ont de nombreux intérêts économiques, commerciaux et stratégiques avec la Syrie. Les ventes d’armes n’en constituent qu’une partie infime.
Nawaat : Le massacre à Homs, tuant plus de 200 vies, le plus meurtrier depuis le début des événements vous semble-t-il suspect?
Ahmed Manaï : Ce massacre est signé et ses auteurs se moquent de notre intelligence. Est-il possible de croire un instant qu’un gouvernement, quel qu’il soit, puisse commettre un tel massacre le jour même où son affaire est portée devant Conseil de sécurité?
En fait, il s’agit d’un coup monté dans le cadre d’une stratégie globale et concertée où sont intervenus les « militants syriens» à l’étranger pour occuper les ambassades et les consulats syriens, l’appel au renvoi des ambassadeurs syriens dans les pays arabes et bien sûr ce massacre de Homs.
Alors ce massacre : tous ceux qui ont suivi les télévisions ce jour-là ont vu des photos de très nombreuses victimes. La plupart de ces victimes avaient les mains liées derrière le dos et certaines avaient le visage au sol.
Les metteurs en scène nous ont expliqué que c’étaient les victimes des bombardements des bâtiments et des habitations par les blindés et même par l’aviation syrienne. Curieusement ces victimes ne portaient pas de blessures ni même aucune trace de l’effondrement de leurs maisons et habitations. Chacun peut en tirer les conclusions qu’il veut. En tout cas tout au long de la journée du 4 février, de citoyens syriens ont témoigné qu’ils avaient reconnu parmi ces victimes, des proches et des voisins enlevés depuis une semaine et même des mois. Chacun peut en tirer les conclusions qu’il veut.
Nawaat : En réaction à ce véto et suite au massacre à Homs qui a eu beaucoup d’échos sur la scène internationale, Susan Rice, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a déclaré que les dirigeants russes et chinois auront sur les mains toute effusion de sang supplémentaire. Que pensez-vous de cette recrudescence de tension et les jeux d’intérêts entre la Chine et la Russie d’un côté face aux USA, à la France et au Royaume-Uni de l’autre côté, tous membres permanents du conseil de sécurité?
Ahmed Manaï : La meilleure réponse faite à Susan Rice est venue de l’ambassadeur syrien aux Nations unies, qui lui a rappelé les 60 vétos des USA pour faire avorter les résolutions condamnant Israël. Mais il y a dans la déclaration de Rice une menace à peine voilée, parce que le sang risque de couler en Syrie. La coalition antisyrienne va continuer dans son entreprise de déstabilisation de la Syrie et envisage de recourir prochainement à l’assemblée des Nations Unies pour s’offrir un droit d’intervenir militairement.
Globalement nous vivons un retour de la guerre froide avec cette fois-ci une Russie et une Chine plus puissantes, assurées du soutien d’un certain nombre de pays émergents, avec en face un Occident en crise et même en déclin.
Nawaat : Le 8 janvier dernier, des navires de guerre russes ont accosté à la base navale russe située au port de Tartous en Syrie, chose déjà prévue depuis aout 2010… Avec ce véto, serions-nous dans une phase catastrophe de préparation à une guerre dont les alliés semblent de plus en plus définis?
Ahmed Manaï : Après la guerre d’occupation de l’Irak, puis le retrait honteux des troupes américaines, il est difficile de croire que les Américains puissent s’engager de nouveau dans une guerre impliquant une présence de leurs troupes au sol. C’est ainsi qu’ils ont choisi, dans le cas libyen, de faire intervenir l’aviation de l’OTAN et de leur apporter un soutien au final.
Ce scénario n’est pas valable dans le cas syrien parce que la Syrie est une puissance relativement importante et qu’elle a des alliés très puissants. C’est pourquoi la coalition anti syrienne a choisi de faire imploser le pays de l’intérieur en créant, finançant, entraînant et armant des foyers de rébellion.
Sommes-nous à la veille d’une guerre? S’il y a une guerre, elle ne sera pas confinée aux frontières du Moyen-Orient, tout le monde en est convaincu même les plus fous et tous ceux qui en dressent les plans!
Nawaat : En continuant à collaborer et avec le régime syrien et avec l’opposition syrienne divisée, la ligue arabe semble croire à une possible ‘solution politique’ à la crise syrienne, afin le Président Bashar Al-Assad délègue ses prérogatives au Vice-président pour former, dans les deux mois, un gouvernement d’union nationale qui conduirait le pays vers des élections libres.
Le véto sino-russe bloque cette résolution, quel genre de pression se préparerait à votre avis pour mettre à genoux Bashar Al Assad?
Ahmed Manaï : La Ligue arabe est entièrement discréditée en enterrant le rapport de sa propre mission d’observateurs et par son recours au Conseil de sécurité. Elle a laissé échapper l’occasion unique de participer au règlement de l’affaire syrienne. Tout ce qu’elle peut proposer dans l’avenir sera sans valeur. Maintenant c’est le tour de la Russie de jouer le rôle principal, mais aussi à la direction syrienne appelée à accélérer et à concrétiser les réformes.
Nawaat : À votre avis, quel serait le véritable poids du CNS (pro intervention militaire) et du Comité national de coordination pour le changement démocratique (contre une intervention et dont on entend rarement parler dans les médias internationaux) ?
Ahmed Manaï : Le CNS n’a pas une bonne réputation en Syrie justement parce qu’il appelle à l’intervention armée. Les Syriens ont une vieille tradition de patriotisme et une haute histoire de résistance à la domination étrangère. Par contre, à l’étranger, il est le chouchou des médias et le partenaire favori des hommes politiques, qui le soutient et le finance. D’ailleurs, le CNS n’a pas de représentants à l’intérieur du pays et une de ses composantes, les kurdes, vient de le quitter.
C’est différent dans le cas du Comité de Coordination, parce que ses représentants sont presque tous des militants de l’intérieur du pays, et n’ont qu’un porte-parole à l’étranger, Haytham Manna. Il est tout à fait normal qu’on ne parle pas de ce Comité dans les médias de la propagande et de la désinformation qui soutiennent l’intervention.
Nawaat : Comment jugez-vous les actions entreprises par les déserteurs de l’armée régulière syrienne? Disposez-vous de preuves qui prouvent que l’armée syrienne libre (ASL) commet des actes de barbarie?
Ahmed Manaï : Le rapport de la mission des observateurs arabes signale l’existence de l’ASL et d’autres groupes armés qui attaquent les forces gouvernementales, procèdent aux enlèvements de civils qui ne sont libérés que contre paiement de rançon, de meurtres, de sabotage des installations pétrolières, de bâtiments civils, des trains et voies ferrées…
Nawaat : dernière question : peut-on être pour ou contre le régime de Bashar Al Assad et du Président syrien en lui-même?
Ahmed Manaï : Ceux qui croient que le départ d’un président résoudrait tous les problèmes du pays sont tout simplement des idiots. Nous n’avons pas réussi à tirer les leçons des exemples tunisien, égyptien et yéménite et convenir que les lendemains de dictature sont souvent plus difficiles à gérer que la dictature elle-même, parce que les oppositions n’ont pas encore appris à gouverner!

Nawaat, 7 février 2012

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