Pascal Boniface : « Ces intellectuels faussaires cherchent aussi à faire taire les autres »
Ces “serials-menteurs“, que Pascal Boniface dénonce dans son livre « Les intellectuels faussaires » , ne se contentent pas d’égrener à longueurs d’années des énormités. Ce sont aussi des adversaires résolus de la liberté d’information. Ils sont prêts à briser la carrière de ceux qui tentent de rétablir la vérité.
Ces “serials-menteurs“, que Pascal Boniface dénonce dans son livre « Les intellectuels faussaires » (*), ne se contentent pas d’égrener à longueurs d’années des énormités. Ce sont aussi des adversaires résolus de la liberté d’information. Ils sont prêts à briser la carrière de ceux qui tentent de rétablir la vérité.
En 2004, Caroline Fourest publie « Frère Tariq ». Elle raconte en pages 128 et 129 que Tariq Ramadan, et son frère Hani, coordonnent une conférence à Genève en 1991, à l’hôtel Penta, où interviennent Ayman Al-Zawahiri, le futur numéro 2 d’Al-Qaïda, et Omar Abdel-Rahman, le cerveau du premier attentat du World Trade Center. C’est non seulement faux, mais totalement ridicule. Pourquoi des personnages aussi surveillés par les services secrets occidentaux auraient-ils pris le risque de s’exhiber dans un grand hôtel suisse ? Et si les frères Ramadan sont des proches de terroristes, comme le laisse entendre Caroline Fourest, pourquoi la France, la Grande-Bretagne ou l’Italie ne les arrêtent-ils pas ? Ce livre, qui a véritablement lancé la carrière médiatique de Caroline Fourest, « est truffé d’erreurs, de raccourcis et de … contrevérités », constate Pascal Boniface dans « Les intellectuels faussaires ».
Dans cet ouvrage, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) “aligne“ huit spécialistes es-mensonges, comme Alexandre Adler, Caroline Fourest, Mohamed Sifaoui, et bien évidemment Bernard-Henri Lévy. Il aurait pu ajouter sur la liste Antoine Sfeir, Jean-Charles Brisard et tous les pseudo-spécialistes du terrorisme. « La technique de Caroline Fourest consiste à accuser ceux avec lesquels elle n’est pas d’accord, de complicité avec l’islamisme, de non-dénonciation de l’antisémitisme, de passivités devant les viols, le sexisme, l’homophobie dans les cités… », énumère Pascal Boniface.
Pour mémoire, Pascal Boniface, ancien conseiller dans des cabinets ministériels, est l’auteur d’une bonne quarantaine d’ouvrages, notamment « Pourquoi tant de haines ? », « 50 idées reçues sur les Etats-Unis » ou « Les Défis du monde arabe ».
14 éditeurs ont refusé votre livre. Quels motifs vous ont-ils donné ?
Il faudrait également comptabiliser d’autres éditeurs que je n’ai pas contactés, connaissant par avance leur attitude vis-à-vis de mon livre, comme Calmann-Lévy, Denoël ou Grasset. Les éditeurs universitaires n’acceptent que les “petites“ polémiques. Les polémiques disons “acceptables“. D’autres éditeurs ne croyaient pas à l’avenir commercial de ce livre. Enfin, de nombreux éditeurs étaient entièrement d’accord avec moi, mais ils craignaient les méthodes de rétorsion des “intellectuels“ mis en cause. Philippe Val ne risquait-il pas, par exemple, pour se venger, d’interdire d’antenne tous les auteurs de la maison d’édition qui publierait « Les intellectuels faussaires » ?
Pourquoi l’ouvrage sort-il maintenant ?
L’idée de ce livre me taraude depuis la guerre d’Irak. De nombreux faussaires évoquaient des armes de destruction massive qu’aurait possédées Saddam Hussein. Pourquoi ces faussaires, qui trompaient volontairement le public, n’ont-ils pas été sanctionné par les médias ? Bien au contraire, les journaux, les radios, les télévisions ont continué à leur donner la parole, alors qu’ils savent qu’ils mentent. J’ai attendu que d’autres écrivent ce livre.
Comment expliquez-vous l’attitude des médias français ?
Il y a d’une part les militants, que les mensonges arrangent. Et d’autre part, les rédacteurs qui ont peur. Ce n’est pas facile de s’opposer à BHL, vous êtes aussitôt accusé d’antisémitisme. Ces faussaires prétendent porter la morale en bandoulière, et quand vous les critiquez, ils tentent de vous faire passer pour des êtres immoraux, pour des barbares…
Ces méthodes, qui rappellent le maccarthysme, marchent-elles ?
De moins en moins. Alors que BHL entre comme chez lui dans la plupart des médias, il n’a réussi à vendre que 3 500 exemplaires de son dernier livre ! En revanche, même si la presse ne se bouscule pas pour parler de mon livre, sorti le 20 mai, il a déjà été réédité. Je constate que le public est de moins en moins dupe. Il ne fait plus guère confiance à nos “élites“. Je peux aller dans un lycée pour y débattre. BHL, non. Il s’y ferait accueillir par des jets de tomates et d’œufs.
Les intellectuels faussaires que vous dénoncez ne font pas que mentir, ils tentent aussi de museler ceux qui ne pensent pas comme eux.
Absolument. BHL cherche à se faire passer pour un défenseur infatigable des libertés. Or, cet homme, qui n’est pas un philosophe mais un rentier, utilise ses multiples relations dans les médias et chez les éditeurs pour exclure du champ public ceux qui ne lui plaisent pas. Cela ne le dérange pas de briser des carrières. Un exemple, ni « Le Monde », ni « Le Figaro », ni « Libération » n’ont voulu passer un article révélant les mensonges de Bernard-Henri Lévy quant à sa fausse proximité avec le commandant Massoud.
Ne craignez-vous pas des représailles ?
Il y en aura vraisemblablement. Certains ne doivent pas supporter “l’affront“. Je m’attends à des coups sous la ceinture.
Propos recueillis par Ian Hamel
(*) Pascal Boniface,« Les intellectuels faussaires. Le triomphe médiatique des experts en mensonge » , Jean-Claude Gawsewitch, 247 pages.
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