22 mai 2012

Le Parti du Futur fait exploser Beyrouth… L’armée est la cible


Quelques heures après le calme fragile de la scène tripolitaine, Beyrouth aussi est devenu un théâtre de violences, suite à la mort de cheikh Ahmad Abdel Wahed et de son compagnon au poste de contrôle de l’armée à Kweikhat, dans la région d’Akkar (nord).

Deux personnes ont été tuées et 18 blessées quand des membres du parti du Futur, dirigé par Saad Hariri, ont attaqué dimanche soir à la mitraillette et lancé des roquettes de type RPG contre le bureau du parti du courant arabe (proche du 8 mars), à Tarik el-Jdideh, dans l'ouest de Beyrouth. Le calme est revenu lundi matin, mais la tension était toujours palpable à ce quartier.
Dimanche après-midi, cheikh Ahmad Abdel Wahed et son compagnon, cheikh Mohammad Hussein Merheb, ont été tué sur un barrage dans la région d’Akkar.
 
L'armée libanaise a été attaquée
 
Selon le quotidien local as-Safir, le convoi du cheikh précité avait refusé de s’arrêter au poste de contrôle de l’armée à Kweikhat.
« Les soldats ont effectué deux tirs de semonce, mais les éléments du convoi ont tiré sur le poste de contrôle, faisant la blessure d'un soldat et des dommages d'un véhicule Hamvi », a rapporté as-Safir, ajoutant qu’« en réponse à ces balles, les soldats ont tiré sur la voiture, ce qui a abouti à la mort de cheikh Abdel Wahed et son compagnon ».

Le quotidien a révélé que « la voiture de la garde du corps du cheikh Abdel Wahed contenait des armes non licenciées ».
De même, le correspondant de la chaîne libanaise OTV a indiqué que « huit hommes armés, dont Abdel Wahed étaient à bord des deux voitures Jeep. Des armes M4 y ont été trouvées et confisquées par l’armée ». 
 
Khaled Daher : « Nous ne voulons plus d’armée libanaise au Nord »
 
Peu de temps après, le député du Futur à Akkar Khaled Daher a prétendu que le tir de feu sur cheikh Abdel Wahed était prémédité, appelant « tous les fidèles à se venger pour cheikh Ahmad » et assurant que « cet incident ne passera pas sous silence ».
Daher a accusé un officier « appartenant au Courant Patriotique Libre et au Hezbollah » d’avoir « humilié le cheikh et d’avoir ouvert le feu sur lui ».
Il est allé encore plus loin dans ses déclarations, rejetant la présence de l’armée au Nord ! « Nous ne voulons pas voir de membres de l’armée libanaise aux postes militaires, mais seulement de membres de la sécurité intérieure et des gendarmes », a-t-il dit, appelant à la formation d’une commission d’enquête pour dévoiler les circonstances de l’incident. 
Et d’ajouter : « Le sang du cheikh nous est cher et ceux qui l’ont tué doivent être punis ».
 
L’armée forme une commission d’enquête
 
Dans un communiqué, la direction de l’armée libanaise a regretté la mort des deux personnes, et adressé ses condoléances à leurs familles.
Elle a également précisé avoir « immédiatement formé une commission de hauts officiers de la police militaire, sous la supervision des autorités judiciaires concernées pour enquêter sur cet incident ».
Puis, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, s’est rendu au poste de contrôle de Kweikhet pour inspecter la voiture et a commencé à interroger un par un les officiers présents sur place lors de l’incident.
 
Kahwaji : L'armée est toujours cohérente
 
Pour sa part, le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Jean Kahwaji, a affirmé lundi que « l’armée acceptera toute décision du juge d'instruction ».
« L'armée est cohérente et ne sera jamais affectée par la rhétorique sectaire», a-t-il confirmé.
Le général Kahwaji, a appelé également, dans les colonnes du quotidien al-Joumhouria, à la fin des divisions au Liban.
« La rhétorique politicienne est à l’origine de la sédition et des tensions » au Liban, a estimé le général, assurant que l’armée ne laissera pas la situation se détériorer au Liban-Nord ou dans quelque région libanaise que ce soit.
« L’armée est là pour protéger (les Libanais), pas pour les attaquer », a-t-il réitéré.
 
Les partisans du Futur bloquent les routes
 
Dès que la nouvelle de la mort des deux cheikhs est tombée, les partisans du Futur, mobilisés par les députés de ce parti, ont semé un climat de tension extrême, répandu d’abord dans la région, puis sur l’ensemble du pays. Plusieurs routes ont été bloquées par des pneus brûlés dans toute la région nordique: à Bireh, village natal du cheikh Abdelwahed, à Halba et dans l’ensemble du Akkar, à Wadi Khaled, sur l’autoroute nord qui mène en Syrie, à Beddaoui, Kobbeh, puis à Denniyeh, Sir Denniyeh et à Tripoli.
Mêmes spectacles sur les voies de passage dans la Békaa-Ouest (Chtaura-Saadnayel, Chtaura-Jdita, al-Marj-Jeb Jennine, Deir Zeinoun-Faour, Kebb Élias-Bohsas,), Saïda, Naameh, Haret Naameh et les différents quartiers de Beyrouth (Khaldé, Verdun, Tarik Jdideh, Mazraa, le périmètre de la Cité sportive et de l’Université arabe, Kaskas...).
La plupart des routes ont été rouvertes immédiatement par l’armée libanaise ou les forces de sécurité.
 
Mikati appelle au calme
 
Pour suivre les développements sur le terrain, une réunion urgente à caractère sécuritaire s’est déroulée au Sérail sous la présidence du Premier ministre Nagib Mikati, et en présence du ministre de la défense Fayez Ghosson, de l’intérieur Marwan Charbel et des dirigeants sécuritaires.
A l’issue de la réunion, Mikati a appelé toutes les parties à calmer la situation et à régler sagement le problème.
« Personne ne jouit de l'immunité et personne n'est au-dessus de la loi au Liban », a-t-il souligné dans une conférence de presse.

De même, il a exhorté les partis politiques pour mettre fin à la rhétorique tendue.
« Le gouvernement est déterminé à assumer ses responsabilités nationales au milieu de cette période critique au Liban et dans la région », a déclaré Mikati, confirmant qu’« il prendra toutes les mesures nécessaires pour préserver la paix civile ».
Le Premier ministre a également appelé les médias libanais à diffuser une rhétorique calme loin de l’incitation confessionnelle.

 
Source : Divers sur Manar

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