Les 229 Français de Palestine n’ont pas les même droits que les autres
mardi 29 mai 2012 - 09h:02
Dr. Anwar Abu Eisheh - RUE 89
Ils sont quelques centaines à vivre dans les territoires
administrés par l’Autorité palestinienne ou à Gaza et 229 se sont
inscrits sur les listes électorales consulaires.
Dr. Anwar Abu Eisheh
Je veux parler des Français ou Franco-Palestiniens qui
sont les grands oubliés des élections législatives qui se dérouleront
pour les Français de l’étranger les 3 et 17 juin.
Le ministère des Affaires étrangères et européennes nous a rattachés, sans nous nommer, à la 8e circonscription de l’étranger
qui comporte officiellement Israël, l’Italie, la Grèce, la Turquie,
Chypre, Malte, Saint-Marin et le Saint-Siège. Et, pour que nous
puissions accomplir notre devoir électoral, il nous a ouvert un bureau
de vote à Ramallah.
Aux élections présidentielles, les Franco-Palestiniens
ont majoritairement voté pour François Hollande, persuadés que la gauche
en France est traditionnellement plus sensible à leur situation.
Pour les législatives, les candidats de droite, ayant
fait campagne, se sont focalisés sur les électeurs Français d’Israël et
ont rivalisé dans la surenchère pour leur promettre de défendre à
l’Assemblée nationale la ligne politique de l’extrême-droite
israélienne.
A gauche, Le Parti du Front de gauche a choisi une
candidate qui n’a pas fait campagne et qui espère engranger dans la
circonscription, les voix qui se sont portées sur Jean-Luc Mélenchon au
premier tour de la Présidentielle.
Quant au Parti socialiste et au Parti des radicaux de gauche, ils ont investi des candidates franco-israéliennes.
Des électeurs privés de leur député ?
Si la candidate socialiste n’a abordé, la plupart du temps, comme en témoigne son site de campagne,
que des thèmes communautaristes et ne nous a jamais témoigné la moindre
attention, le Parti socialiste, quant à lui, a décidé délibérément
d’ignorer que sa binationalité posait problème. Le PS n’a pas tenu
compte des restrictions de circulation que la loi israélienne impose,
depuis les accords d’Oslo, à tous ses citoyens.
En effet, il est interdit pour un Israélien de se
rendre, sous peine de prison et d’amende - les deux peines étant
cumulatives, dans la zone A qui comprend depuis 1994, Gaza ainsi que les
villes de : Bethléem, Naplouse, Tulkarem, Ramallah, Qalqilya, Jénine,
Jéricho et Hébron.
Qu’en sera-t-il si cette candidate remporte cette élection ?
Elle ne pourra pas renoncer à sa nationalité
israélienne, ce cas de figure n’étant pas prévu par la loi du pays qui
ne déchoit jamais ses citoyens de leur nationalité. Elle devra demander,
si elle le souhaite, une autorisation pour se rendre en zone A.
Cette autorisation, délivrée au compte-goutte et
accordée de manière ponctuelle, est donnée, non pas par l’administration
israélienne mais par l’armée, qui est seule habilitée à juger de la
dangerosité de se rendre dans cette partie des territoires occupées en
fonction de la situation politico-militaire et des tensions du moment.
Privés de leur députée, les Franco-Palestiniens devront
se déplacer en territoire israélien s’ils souhaitent la rencontrer. Mis à
part la contrainte du déplacement, les interminables attentes aux
points de passage, les contrôles humiliants de l’armée, les dangers, ils
devront, avant tout, surmonter les tracasseries administratives pour
obtenir un hypothétique permis pour se rendre en Israël.
Nous sommes donc dans une situation où nous, les
Franco-Palestiniens, seront les seuls Français de l’étranger à ne pas
bénéficier des mêmes droits que tous nos autres compatriotes à travers
le monde.
Seul le candidat d’Europe-Ecologie Les Verts, Pierre Jestin,
a pris contact avec nous, nous a soutenu et a alerté les électeurs de
la circonscription sur le non respect du principe de l’équité dont nous
sommes victimes et à laquelle ont droit tous les citoyens français.
Les Franco-Palestiniens auraient souhaité avoir à
choisir entre des candidats qui représentent tous les Français quelque
soit l’endroit du monde où ils se trouvent et quelle que soit leur
deuxième nationalité, s’ils en ont une, sans avoir à subir de
discriminations.
Le Dr. Anwar Abu Eisheh est professeur de droit, Université Al-Quods
Le Dr. Anwar Abu Eisheh est professeur de droit, Université Al-Quods
27 mai 2012 - RUE 89 - (photo site ISM)
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