Trois enfants perdus – et meurtriers – de l’internationale djihadiste
Le parcours « ordinaire » de trois djihadistes étrangers en Syrie
Vu l’actualité en cours, la télévision
syrienne prolonge ses programmes très particuliers d’aveux de
terroristes capturés. Ce 15 mai, l’ »émission » – longue de 10 minutes –
a été particulièrement intéressante car mettant en scène cette fois des
volontaires étrangers, un Libyen et deux Tunisiens. Ces jeunes hommes
ont reconnu s’être infiltrés en Syrie depuis la frontière turque pour y
lancer des attaques en coordination avec al-Qaïda et l’ASL. Voyons ce
qu’ils ont dit, par ordre d’entrée en scène.
-Fahed Abdel Karim Saleh al-Freites, né le 20 juillet 1991 à Benghazi en Libye, a confirmé avoir participé à « la révolution libyenne » et adhéré à la brigade de Bou Salim conduite par Abou Dajaneh, l’un des éléments d’al-Qaïda. Il a souligné avoir suivi les nouvelles des révolutions arabes diffusées par les télévisions, dont la syrienne, soulignant qu’à l’écoute des programmes d’information d’al-Jazeera et d’autres chaînes religieuses, il s’était persuadé que le régime syrien est un régime athée – « kafer » – et qui tuait son peuple, et qu’il fallait donc, en tant que musulman, le combattre.
Il a ajouté les précisions suivantes : « L’un
de mes amis, dénommé Mohammad et appartenant à al-Qaïda, m’a contacté
pour aller en Syrie et combattre avec les musulmans là-bas contre le
régime syrien. Après je me suis rendu à Istanbul en Turquie et j’y ai
contacté avec une personne dénommée Abi Mohammad pour entrer ensuite
illégalement en Syrie ».
Al-Freites a indiqué qu’il est arrivé, en voiture, à Lattaquié et y est resté deux semaines : « Là-bas
j’ai rencontré Abi Mohammad qui m’avait dit qu’il est l’un des éléments
de l’armée libre (ASL) et qu’il serait le lien entre nous et
l’organisation d’al-Qaïda ».-Oussama Mukhtar Hazli, né le 11 juin 1990 à Sousse en Tunisie en 1990, a déclaré lui aussi avoir participé à « la révolution en Libye », soulignant qu’il y avait des associations implantées sur la frontière entre la Libye et la Tunisie, qui assurent l’entrée des volontaires tunisiens vers la Libye.
Et lui aussi a indiqué avoir suivi ce qui se déroule en Syrie. « C’est pourquoi, explique-t-il, j’ai
souhaité participer à la révolution dans ce pays. Ensuite j’ai regagné
la Libye pour y travailler et là mon ami, Rida, m’a contacté pour aller
avec lui en Syrie ». Le jeune homme précise que le chômage a influé sur sa décision. Il poursuit : « Après,
j’ai pris la route de la Turquie où j’ai contacté Abi (ou Abou) Ahmad
qui avait une relation avec une personne dénommée Abou Talha, lequel
dirige un groupe djihadiste en Syrie qui a des liens avec al-Qaïda ».
Le Tunisien précise qu’il est entré en
Syrie, caché dans un camion, à travers le secteur montagneux du Hatay
pour se rendre ensuite dans la ville de Lattaquié « où Abi Ahmad devait nous conduire à Abi Talha ou à l’armée libre, qui eux nous conduiraient à Idleb ».
-Majdi Ben al-Ayachi al-Iyari, né le 23
décembre 1985 à Benzert en Tunisie, revendique aussi sa participation à
la révolution libyenne et son impatience ultérieure de se rendre en
Syrie pour participer à « sa révolution ». Son « chemin de
Damas » ? Déjà influencé par la présentation de la situation syrienne
par la chaîne islamiste Safa Wissal, il est allé un jour prier dans la
mosquée d’al-Nour située à proximité de sa maison et « après la
prière le cheikh Aba Issa qui donnait des conférences dans les mosquées a
parlé de la nécessaire solidarité avec la Syrie qui connaît une
situation tragique ». « Après la fin de ladite conférence j’ai
dit au cheikh Aba Issa que j’étais disposé à aller en Syrie pour
rejoindre à l’armée libre. Ensuite cheikh Aba Issa a contacté Abou Ahmad
(voir le témoignage de Hazli, l’autre Tunisien) puis m’a demandé d’aller en Turquie pour le rencontrer dans le but d’entrer en Syrie« .
La rencontre s’est faite à Antioche, et l’efficace Abou Ahmad a assuré
le passage d’al-Iyari en Syrie avec une voiture. Dont les deux hommes
ont changé, une fois du côté syrien de la frontière.
Al-Iyari a poursuivi son récit : « Je me suis rendu dans une une maison de Lattaquié où se trouvaient d’autres personnes venues de Tunisie, Mohammad al-Yaaqoubi, Mohammad Ben Thabet et Suheil al-Saqasli ». Puis « Abou Ahmad est arrivé à la maison et, après avoir demandé si nous avions une expérience militaire, nous a demandé de rejoindre dès le lendemain une brigade des Moudjahids pour combattre avec elle ». Al-Iyari précise que cette brigade était baptisée « Bou Salim« , et dirigée par un certain Abou Dajaneh, présenté comme « un émir d’al-Qaïda« . Le jeune homme précise qu’il a passé 20 jours à s’ »entrainer » avec les brigadistes.
Sur la forme et le fond de ces aveux…
Sur le procédé des aveux télévisés, qui
pourra choquer des consciences occidentales, redisons que le
gouvernement syrien, confronté en continu depuis plus d’un an à une
intense propagande internationale non seulement hostile mais très
souvent malhonnête, utilise les moyens qui sont à sa disposition. et
qu’avec ces aveux, il cible d’abord l’opinion syrienne. Et puis ces
aveux sont de toute façon éclairants : l’identité des « terroristes »
est clairement établie, et leurs parcours riche en détails plausibles.
Bien sûr, on pourra toujours dire que la référence continuelle à
al-Qaïda sert les intérêts et la communication du gouvernement, mais
l’implication de la nébuleuse djihadiste est désormais reconnue par
nombres d’analystes et observateurs, à commencer par l’état-major
américain. Ensuite, al-Qaïda ou pas al-Qaïda, ces trois jeunes étrangers se considèrent comme des djihadistes en guerre contre un régime kafer, impie et ennemi de l’Islam. Le rôle d’al-Jazeera et de certains imams radicaux dans ce bourrage de crâne n’a rien de vraiment étonnant non plus.
On peut, à la lumière de ces aveux
télévisés et d’autres informations de terrain, se poser la question de
savoir la part que représentent aujourd’hui ces « brigades
internationales » de l’Islam sunnite radical dans les effectifs de la
rébellion dite syrienne…
Ci-dessous le lien sur les aveux : Merci à Cécilia et Mohamed.
Ci-dessous le lien sur les aveux : Merci à Cécilia et Mohamed.
Lu sur Info Syrie Par Louis Denghien (avec Cécilia et Mohamed), le 16 mai 2012
http://tunisitri.wordpress.com/2012/05/17/trois-enfants-perdus-et-meurtriers-de-linternationale-djihadiste/
http://tunisitri.wordpress.com/2012/05/17/trois-enfants-perdus-et-meurtriers-de-linternationale-djihadiste/
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