Un tribunal israélien juge que c’est le judaïsme, et non le lieu de naissance, qui fixe la nationalité d’Israël
samedi 19 mai 2012 - 06h:33
Revital Hovel - Ha’aretz
Un tribunal israélien déboute un activiste anti-coercition de
sa demande à être reconnu comme Israélien sans lien avec le judaïsme et
juge que la nationalité est fixée uniquement par la Loi du retour.
Fondamentalistes
juifs débarqués de Brooklyn ou d’ailleurs et venus accaparer une terre
qui appartient aux Palestiniens - Photo : JINI
Le tribunal de district de Haïfa a rejeté mardi l’appel
interjeté par le professeur Uzzi Ornan, qui voulait contraindre le
ministère de l’Intérieur d’Israël à reconnaître sa nationalité par le
fait qu’il était né en Israël, et non parce qu’il était juif.
Ornan, linguiste et membre de l’Académie de la langue
hébraïque, qui est aussi le fondateur de la Ligue contre la coercition
religieuse en Israël, a saisi la justice contre le ministère de
l’Intérieur en 2010 pour que celui-ci le reconnaisse comme Israélien,
non parce qu’il était juif, mais parce qu’il était né en Israël.
Dans sa décision de mardi, le juge Daniel Fish dit qu’il
ne fait aucun doute que le requérant, le professeur Uzzi Ornan, est né
d’une mère juive et que, par conséquent, il est juif, ce que la Loi du
retour déclare être la source de sa nationalité.
« Même si la définition du "juif" par le législateur n’a été ajoutée à la Loi du retour qu’en 1970 », écrit Fish, « la
référence à la loi juive halakha approuvée n’est pas une nouveauté, et
un aperçu de la décision précédant l’amendement montre que de tout
temps le judaïsme d’un homme a besoin d’être fixé, et que la source n’a
pas été ignorée ».
Le juge renvoie aussi Ornan à deux décisions de 1962 et 1968, avant donc l’amendement de 1970, qui stipulent qu’est « juive toute une personne née d’une mère juive ou qui s’est convertie et qui n’est pas d’une autre religion. »
S’adressant à Ha’aretz, Ornan a
déclaré que, s’il était très déçu par la décision, il avait l’intention
de poursuivre et de plaider sa cause devant la Cour suprême.
« Un juge a recours à la législation juive, et la décision montre qu’Israël est une communauté juive et non un État civil » ajoute Ornan.
Réagissant à sa requête, le bureau du Procureur de l’État, intervenant au nom du ministre de l’Intérieur, a déclaré, « Ornan
a le droit de penser que les lois en question sont des lois racistes,
mais il ne peut imposer son opinion personnelle à l’Autorité et la
forcer à agir contre la lettre de la loi ».
Le bureau du Procureur de l’État a rejeté l’argument d’Ornan selon lequel il est « d’une autre religion » et qu’ainsi il n’a pas à être classé comme juif selon la Loi du retour. « Le
fait que le requérant soit inscrit au Registre de la population, sur sa
déclaration, comme une personne sans religion, n’altère pas le fait
qu’il est juif selon le test halakhique, déterminé par la Loi du retour » répond l’État.
« Accepter l’interprétation du requérant
entraînerait la conséquence considérable et inacceptable que les fils
de mères juives vivant à l’étranger qui déclarent aux registres de la
population étrangers ou par d’autres moyens qu’ils n’ont aucune
religion, se verraient refuser le droit de faire Alyah en Israël ».
Ornan, 89 ans, est né et a grandi à Jérusalem, et vit
aujourd’hui à Nofit, village de Galilée. Durant le Mandat britannique,
il a combattu dans l’Etzel (Irgoun - ndt) et en 1944, il a été exilé
vers l’Érythrée après avoir été dénoncé aux Britanniques.
Quand il est revenu en Israël en 1948, il a été inscrit
dans le premier recensement du pays et a insisté sur le fait qu’il ne
fallait pas l’enregistrer en tant que juif. Dans la case Religion, il a
écrit qu’il n’avait aucune religion, et dans la case « Nationalité » il a
écrit « Hébreu ». A cette époque, le ministre de l’Intérieur tendait à
accepter ce que les gens écrivaient, sans trop poser de questions.
« En 48, ce n’était pas un problème » dit Ornan. « L’atmosphère
générale était que c’était un pays libre et démocratique. Il y avait la
force alors aussi, mais personne n’a essayé de changer ma "nationalité"
en juif. »
Voir aussi :
Voir aussi :
Pourquoi il n’y a aucun « Israélien » dans l’Etat juif - Jonathan Cook
Dissident Voice - avril 2010
Israélien, une nationalité qui n’existe pas... - Moshe Gorali - Haaretz - décembre 2005
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