N° 3779
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
TREIZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 28 septembre 2011.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
portant sur la reconnaissance par la France de l’État palestinien,
présentée par Mesdames et Messieurs
Jean-Marc AYRAULT, François LONCLE,
Patricia ADAM, Sylvie ANDRIEUX, Jean-Paul BACQUET, Dominique BAERT,
Jean-Pierre BALLIGAND, Gérard BAPT, Claude BARTOLONE, Jacques BASCOU,
Christian BATAILLE, Delphine BATHO, Marie-Noëlle BATTISTEL, Jean-Louis
BIANCO, Gisèle BIEMOURET, Daniel BOISSERIE, Maxime BONO, Jean-Michel
BOUCHERON, Marie-Odile BOUILLÉ, Christophe BOUILLON, Monique BOULESTIN,
Pierre BOURGUIGNON, Danielle BOUSQUET, François BROTTES, Alain CACHEUX,
Jérôme CAHUZAC, Jean-Christophe CAMBADELIS, Thierry CARCENAC, Christophe
CARESCHE, Martine CARRILLON-COUVREUR, Laurent CATHALA, Bernard
CAZENEUVE, Guy CHAMBEFORT, Jean-Paul CHANTEGUET, Alain CLAYES,
Jean-Michel CLÉMENT, Marie-Françoise CLERGEAU, Gilles COCQUEMPOT, Pierre
COHEN, Catherine COUTELLE, Pascale CROZON, Frédéric CUVILLIER, Claude
DARCIAUX, Pascal DEGUILHEM, Michèle DELAUNAY, Guy DELCOURT, Michel
DELEBARRE, François DELUGA, Bernard DEROSIER, Michel DESTOT, René
DOSIÈRE, Jean-Pierre DUFAU, William DUMAS, Jean-Louis DUMONT, Laurence
DUMONT, Jean-Paul DUPRÉ, Yves DURAND, Odette DURIEZ, Philippe DURON,
Olivier DUSSOPT, Christian ECKERT, Henri EMMANUELLI, Corinne ERHEL,
Laurent FABIUS, Albert FACON, Martine FAURE, Hervé FÉRON, Aurélie
FILIPPETTI, Geneviève FIORASO, Pierre FORGUES, Valérie FOURNEYRON,
Michel FRANCAIX, Jean-Claude FRUTEAU, Jean-Louis GAGNAIRE, Geneviève
GAILLARD, Guillaume GAROT, Jean GAUBERT, Catherine GÉNISSON,
Jean-Patrick GILLE, Jean GLAVANY, Daniel GOLDBERG, Gaëtan GORCE, Pascale
GOT, Marc GOUA, Jean GRELLIER, Élisabeth GUIGOU, David HABIB, François
HOLLANDE, Sandrine HUREL, Christian HUTIN, Monique IBORRA, Jean-Louis
IDIART, Françoise IMBERT, Michel ISSINDOU, Éric JALTON, Serge JANQUIN,
Henri JIBRAYEL, Régis JUANICO, Marietta KARAMANLI, Jean-Pierre KUCHEIDA,
Conchita LACUEY, Jérôme LAMBERT, François LAMY, Jack LANG, Colette
LANGLADE, Jean LAUNAY, Jean-Yves LE BOUILLONNEC, Marylise LEBRANCHU,
Patrick LEBRETON, Gilbert LE BRIS, Jean-Yves LE DEAUT, Michel LEFAIT,
Annick LE LOCH, Patrick LEMASLE, Catherine LEMORTON, Annick LEPETIT,
Bruno LE ROUX, Jean-Claude LEROY, Bernard LESTERLIN, Serge LETCHIMY,
Michel LIEBGOTT, Martine LIGNIÈRES-CASSOU, Victorin LUREL, Jean MALLOT,
Louis-Joseph MANSCOUR, Jacqueline MAQUET, Marie-Lou MARCEL, Marie-Claude
MARCHAND, Jean-René MARSAC, Philippe MARTIN, Martine MARTINEL,
Frédérique MASSAT, Gilbert MATHON, Didier MATHUS, Michel MÉNARD, Kléber
MESQUIDA, Jean MICHEL, Arnaud MONTEBOURG, Pierre MOSCOVICI, Pierre-Alain
MUET, Philippe NAUCHE, Henri NAYROU, Alain NÉRI, Marie-Renée OGET,
Michel PAJON, Christian PAUL, Germinal PEIRO, Jean-Luc PÉRAT,
Jean-Claude PEREZ, Marie-Françoise PÉROL-DUMONT, Martine PINVILLE,
Philippe PLISSON, Catherine QUÉRÉ, Jean-Jack QUEYRANNE, Dominique
RAIMBOURG, Simon RENUCCI, Marie-Line REYNAUD, Alain RODET, Marcel
ROGEMONT, Bernard ROMAN, Gwendal ROUILLARD, Alain ROUSSET, Michel
SAINTE-MARIE, Michel SAPIN, Odile SAUGUES, Christophe SIRUGUE,
Christiane TAUBIRA, Pascal TERRASSE, Jean-Louis TOURAINE, Marisol
TOURAINE, Philippe TOURTELIER, Daniel VAILLANT, Jacques VALAX, André
VALLINI, Michel VAUZELLE, Michel VERGNIER, André VÉZINHET, Alain
VIDALIES, Jean-Michel VILLAUME, Jean-Claude VIOLLET et Philippe VUILQUE,
députés.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
L’Autorité palestinienne a l’intention de demander aux Nations unies, réunies à partir du 13 septembre 2011 en 66e assemblée
générale, son admission comme État. La France va donc être appelée à se
prononcer. Les députés du groupe socialiste, radical et citoyen de
l’Assemblée nationale attendent du gouvernement avant l’ouverture de la
prochaine Assemblée générale de l’ONU une définition claire exposant
sans ambigüité la position qu’il entend défendre.
Le groupe SRC de l’Assemblée nationale
appelle la France à reconnaître un état palestinien viable et souverain
aux côtés de l’État d’Israël dont le droit à l’existence et à la
sécurité doit être pleinement reconnu et garanti.
La Palestine a vocation à se constituer
en État, vocation reconnue au nom du droit à l’autodétermination depuis
la fin du mandat britannique en 1948, notamment dans les résolutions 181
(1947) de l’Assemblée générale des Nations Unies et 242 (1967) et 338
(1973) du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La première de ces résolutions signalait
le 29 novembre 1947, que « les États arabes et juifs (.) commenceront à
exister (.) le 1er octobre 1948 au plus tard ». Or la guerre
qui a suivi entre les composantes arabes et juives de la population
palestinienne originelle, puis les conflits successifs, n’ont toujours
pas permis la reconnaissance en 2011 d’un État palestinien.
Après les affrontements armés de 1948,
1956, 1967 et 1973, les deux parties avaient à partir de 1991 négocié un
compromis salué par la communauté internationale. Les accords d’Oslo
signés en 1993 ouvraient la voie à une reconnaissance mutuelle de deux
États, acceptant leur coexistence organisée dans la paix, la sécurité et
le dialogue.
Ces accords n’ont malheureusement pas été
appliqués. Ils ont été sapés par les extrémistes des deux bords.
L’assassinat d’Itzhak Rabin le 4 novembre 1995, son signataire
israélien, la colonisation des terres palestiniennes par Israël, la
perpétuation d’un terrorisme palestinien, ont empêché la confiance
nécessaire à son application. Les efforts de la communauté
internationale pour maintenir la validité des accords d’Oslo se sont
heurtés à la brutale rigidité des extrêmes.
Ce blocage depuis 1948, entretient un
foyer d’instabilité dans une région fragile et en mutation, qui affecte
dangereusement la paix et les équilibres bien au-delà du Proche Orient.
Il est donc temps de mettre fin à l’incertitude. La reconnaissance d’un
État palestinien est de nature à provoquer un réajustement diplomatique
salutaire.
Bien entendu cette reconnaissance doit
être assortie de garanties. Elle n’a de sens que si elle conforte le
droit et la paix. Le peuple palestinien a droit à son État, un État
inscrit dans les limites antérieures au conflit de 1967. Israël a droit à
une reconnaissance entière et à sa sécurité. La partie palestinienne
doit manifester solennellement qu’elle condamne toute forme de violences
à l’égard d’Israël. Les modalités des ajustements que supposent la mise
en œuvre de
cette reconnaissance croisée, portant sur les échanges éventuels de
territoires ainsi que sur le statut de Jérusalem, ne peuvent être le
fruit que d’une négociation entre les deux États, qui doit reprendre
dans les plus brefs délais.
La France, avec ses partenaires du
Quatuor et d’Europe, doit favoriser cette dynamique, en proposant la
convocation d’une conférence internationale pour la paix. Cela suppose
dans un premier temps, un vote reconnaissant l’État palestinien,
assorti de garanties pour Israël. C’est pour les députés SRC de
l’Assemblée nationale la voie permettant de rendre justice au peuple
palestinien et de créer un climat régional de paix et de stabilité au
Proche Orient.
La reconnaissance de la Palestine comme
État souverain membre des Nations unies est la réponse qui peut être
apportée au mouvement pour la démocratie et la justice sociale apparu
dans le monde arabe et en Israël ces derniers mois. La France depuis la
présidence de François Mitterrand défend un langage de vérité, de
démocratie et de justice dans cette région du monde. Elle incite ses
amis israéliens et palestiniens à considérer qu’une reconnaissance
mutuelle de souveraineté, à l’issue d’une négociation portant règlement
final du conflit, est la meilleure des sécurités. La diplomatie
française s’est inscrite dans cette filiation le 11 juillet dernier en
encourageant la reprise de négociations. Cette ultime et légitime
démarche ayant échoué, la France et ses partenaires se doivent donc
aujourd’hui d’en tirer toutes les conséquences en reconnaissant un État
palestinien et en votant pour l’admission de la Palestine à l’ONU.
Tel est l’objet de la proposition de résolution dont nous proposons l’adoption.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
Article unique
L’Assemblée nationale,
Vu l’article 34-1 de la Constitution
Vu l’article 136 du règlement
Constatant la paralysie du processus de
paix engagé depuis 1991 entre israéliens et palestiniens et l’échec des
tentatives de réanimation intensive du dit processus par la communauté
internationale.
Constatant les capacités institutionnelles dont s’est dotée l’Autorité palestinienne.
Affirme que l’urgente nécessité d’une
relance du dialogue entre parties suppose la reconnaissance d’un État
palestinien, membre de l’ONU, sur la base des frontières de 1967
accordant à Israël des garanties de sécurité.
Invite le gouvernement français à prendre
au cours de la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU les
décisions permettant la reconnaissance et l’admission d’un État
palestinien.
© Assemblée nationale
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