BORDEAUX
1.000 € requis pour un autocollant "boycott apartheid Israël"
NOUVELOBS.COM | 13.01.2010 |
Une militant de la Ligue des droits de l'Homme est poursuivie pour incitation à la haine raciale.
L'autocollant suscite "frayeur" et "culpabilité chez les consommateurs", a estimé la représentante du parquet (DR)
La décision du tribunal de Bordeaux a été mise en délibéré au 10 février.
Le 30 mai 2009, Sakina Arnaud, une militante de la Ligue des droits de l'homme de Talence (Gironde) avait été interpellée dans un hypermarché de la banlieue bordelaise alors qu'elle venait d'apposer un autocollant sur une bouteille de jus de fruit provenant d'Israël.
"J'appelle au boycott contre un Etat colonial"
L'autocollant intitulé "boycott apartheid Israël", comporte un dessin représentant un mur avec mirador stylisé sous la forme d'un code barre avec dans une tache rouge le code 729, qui désigne les produits en provenance de l'Etat hébreu. Un message "à forte teneur émotionnelle" et suscitant "frayeur" et "culpabilité chez les consommateurs", a estimé la représentante du parquet.
"Les libertés de penser et d'expression sont fondamentales en France mais ne peuvent s'exprimer par n'importe quel moyen", a-t-elle ajouté.
"J'appelle au boycott contre un Etat colonial", a répondu la prévenue au président qui l'interrogeait sur la cible de cette campagne.
Deux organisations se sont constituées partie civile, la chambre de commerce France-Israël et l'association Avocats sans frontières. Elles ont demandé respectivement 5.000 et 1.000 euros de dommages-intérêts, qualifiant notamment l'action de Sakina Arnaud, "d'attitude de voyou".
"On condamne le militantisme"
De son côté, l'avocat de la militante, Me Pierre Landete, a indiqué, qu'en 2005, sa cliente avait été condamnée à une simple amende de 300 euros par la cour d'appel de Bordeaux pour des faits similaires, requalifiés par la cour d'appel en "dégradation légère". L'avocat a demandé la relaxe.
"Il n'y a pas d'incitation à la haine raciale, il y a une femme militante des droits de l'homme qui demande le respect des textes européens" (sur la traçabilité des produits), a plaidé Me Landete ajoutant que "si on condamne Mme Arnaud, on condamne le militantisme."
Devant le palais de justice de Bordeaux, quelque 130 militants pro-palestiniens de Bordeaux, Toulouse et Paris, selon la police, ont déployé des banderoles portant le message "Boycott Israël apartheid" et ont brandi des drapeaux palestiniens.
Face à eux, une quinzaine de militants du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), protégés par un cordon de police, avaient déployé un drapeau d'Israël.
(Nouvelobs.com)
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