05 janvier 2010

israel, accusé de crimes de guerre par un rapport de l'ONU


Israël, accusé de crimes de guerre par un rapport de l’ONU

La commission présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone ainsi qu’un tribunal Russel dédié aux crimes commis à Gaza soulignent les responsabilité s écrasantes du gouvernement israélien.

Israël a longtemps cru que le grand silence de la communauté internationale, qui a laissé passer trois semaines de carnage avant de crier halte au feu, lui permettrait d’enterrer sous les décombres de Gaza les crimes de son armée. Mais l’ONU, pressée par les Palestiniens et les organisations de défense des droits de l’homme dans le monde, a fini par nommer en juin une Commission d’établissement des faits, dirigée par le juge Goldstone. Ce Sud-Africain a une solide expérience   : il a conduit les enquêtes qui ont servi de base à la Commission vérité et réconciliation après l’abolition de l’apartheid, a été procureur du tribunal sur l’ex-Yougoslavie et sur le Rwanda. On espérait que ce juge, réputé ami d’Israël, obtiendrait sa coopération. Erreur. Israël lui a refusé l’entrée par son territoire. Lui et son équipe (1) ont dû passer par l’Égypte pour entrer à Gaza.

Leur rapport, qui accuse également le Hamas de crimes pour les roquettes tirées sur des civils désarmés, est accablant pour Israël accusé de « graves violations du droit international et humanitaire qui constituent des crimes de guerre et peut-être des crimes contre l’humanité ».

Adopté par la Commission des droits de l’homme de l’ONU le 16 octobre, il a donné lieu le 11 novembre à une résolution de l’Assemblée générale qui a donné trois mois aux parties pour conduire l’enquête interne qu’exige le rapport. Exigence rejetée par Israël au nom de son « droit à l’autodéfense » dont il estime qu’il a été reconnu par « la majorité morale » des pays qui n’ont pas voté le rapport  : les États-Unis et une bonne partie de l’UE dont seuls 5 membres ont voté pour, 7 contre, les 15 autres, dont la France, s’étant courageusement abstenus. Le rapport devrait être transmis en février au Conseil de sécurité qui peut décider, si Israël continue de refuser l’enquête, de transmettre l’affaire à la Cour pénale internationale. Tel-Aviv compte sur le veto américain…

Aucun veto en revanche ne pourra éviter la réunion, le 1er mars à Barcelone, du tribunal Russell sur la Palestine. Un tribunal d’opinion sur le modèle de celui présidé par Jean-Paul Sartre sur le Vietnam. À cette différence près que celui-ci, estimant les crimes de guerre à Gaza déjà établis par le rapport Goldstone, entend « mettre en cause les complicités internationales dont jouit l’État d’Israël, qui mène une politique de guerre d’occupation et de colonisation depuis 
60 ans en territoire palestinien ». Plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu à Alger et à Bruxelles, qui ont dénoncé comme un crime ajouté à ceux d’Israël celui de silence.


Françoise Germain-Robin


(1) Desmond Travers, ex-colonel irlandais, Christine Chinkin, spécialiste britannique de droit international, Hina Jilali, juge à la Cour suprême 
du Pakistan.

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