08 février 2011
Le nouveau gouvernement égyptien formé par Hosni Moubarak s’est réuni au complet lundi, au quatorzième jour de la contestation du régime qui se poursuit malgré l’ouverture de négociations avec l’opposition.
Quelque 2.000 personnes ont passé une nouvelle nuit sur la place Tahrir (Libération), au coeur de la capitale, pour exiger le départ immédiat du raïs.
Des haut-parleurs continuent de diffuser des chants patriotiques et révolutionnaires et certains manifestants se sont couchés devant les roues des véhicules blindés de l’armée afin de les empêcher de manoeuvrer pour réduire l’espace occupé par les opposants.
De nombreux jeunes protestataires disent ne rien attendre des consultations engagées dimanche entre le vice-président Omar Souleimane et l’opposition, notamment les Frères musulmans, et veulent poursuivre la "Révolution du Nil".
"Je rejette le dialogue. Nous ne reconnaissons pas ce gouvernement. Moubarak doit partir, le despote doit partir, et nous ne bougerons pas d’ici tant qu’il restera", déclare Sayyed Abdel-Hadi, un comptable de 28 ans.
"Nous ne voulons pas de Souleimane, c’est le symbole du régime de Moubarak. S’il devient président, nous ferons une autre révolution. Tant d’années d’humiliations et d’injustices, ça suffit", renchérit Oussama Gamal, un enseignant de 22 ans.
Au pouvoir depuis près de trente ans, Hosni Moubarak a annoncé qu’il ne solliciterait pas de nouveau mandat lors de l’élection présidentielle prévue en septembre. Il n’entend toutefois pas quitter la présidence d’ici là afin de superviser la période de transition.
Les opposants massés depuis le 25 janvier sur la place Tahrir prévoient de nouveaux rassemblements mardi et vendredi, tout comme les manifestants qui continuent à descendre dans les rues, en moins grand nombre, à Alexandrie et à Suez.
Une forme de lassitude semble toutefois perceptible dans la population après deux semaines de paralysie de la vie publique.
L’activité a repris dans une grande partie du pays et les banques ont rouvert dimanche, de longues files d’attente se formant pour retirer de l’argent liquide. La capitale commence à renouer avec ses traditionnels et apocalyptiques embouteillages.
Fermée le 27 janvier, la Bourse du Caire rouvrira dimanche prochain, a déclaré un responsable de la place financière. La livre égyptienne est à un plus bas de six ans.
Les autorités ont de nouveau écourté le couvre-feu qui sera désormais en vigueur de 20h00 à 06h00 (18h00 GMT à 04h00 GMT). Le couvre-feu imposé le 28 janvier débutait jusque-là à 19h00 (17h00 GMT). Hosni Moubarak a remanié son gouvernement fin janvier pour tenter d’apaiser la colère des centaines de milliers de manifestants qui dénoncent la pauvreté, la corruption et le manque de libertés.
Les Etats-Unis, qui ont constamment considéré le président égyptien comme un allié dans la région, ont réclamé une transition "ordonnée" et immédiate vers un régime plus démocratique.
Un dialogue politique a été engagé dimanche avec l’opposition, notamment les Frères musulmans, pourtant réprimés jusqu’alors par le régime.
Après cette réunion présidée par le nouveau vice-président Omar Souleimane, le gouvernement a annoncé un accord sur un cadre de négociations. Il a ajouté que le processus serait supervisé par Hosni Moubarak.
Un comité a été créé afin de réfléchir à des réformes constitutionnelles.
Le gouvernement a aussi évoqué la libération de prisonniers politiques, la liberté de la presse et une levée de l’état d’urgence.
L’opposition a réagi avec prudence et scepticisme en l’absence de réformes profondes.
Abdel Monem Aboul Fotouh, des Frères musulmans, a jugé que la déclaration du gouvernement traduisait de "bonnes intentions mais sans inclure de changements fermes".
Le président américain Barack Obama a souligné dimanche que l’Egypte était engagée dans un processus irréversible et que l’heure du changement était arrivée.
Pour la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, les Etats-Unis veulent porter leur regard "au-delà de l’horizon", vers un avenir démocratique qui doit être minutieusement préparé.
"Nous voulons voir débuter un processus qui conduira à une transition ordonnée avec ses étapes et ses mesures concrètes qui mènent à des élections libres et équitables", a-t-elle dit.
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