Une victoire du BDS et de la « Coalition contre Agrexco ! »
Créée en 1956, plus connue sous le label « Carmel », l’entreprise agroalimentaire d’État israélienne Agrexco, détenait le monopole de l’exportation des fruits et légumes. Fer de lance de la colonisation dans la vallée du Jourdain en Palestine, Agrexco était le fleuron de la réussite sioniste : « Les pionniers israéliens (colons !) capables de faire fleurir le désert ».
En juillet dernier, le tribunal de Tel Aviv déclarait la faillite de l’entreprise israélienne Agrexco et à ce jour le liquidateur n’a trouvé aucun repreneur.
C’est en février 2009, au sortir de la guerre israélienne contre Gaza, que le sioniste G. Frêche annonçait triomphalement la venue à Sète d’Agrexco et la création de 200 emplois (C’était avant les élections régionales !). Agrexco débarquait depuis 30 ans à Marseille mais il cherchait de meilleurs prix car les dockers CGT de Marseille ne bradent pas leur travail ! En offrant de meilleures conditions (sur le dos des salariés du port de Sète) à l’opérateur portuaire GF.Group, la Région obtenait la venue d’Agrexco à Sète et... le licenciement de 60 dockers à Marseille !
Créée en mai 2009 à Montpellier, la « Coalition contre Agrexco », très vite d’envergure nationale avec ses 105 signataires (partis, syndicats, associations et collectifs), lançait la campagne « Non à Agrexco ! Agrexco ni à Sète ni ailleurs ! ». Au terme de deux ans d’actions de masse et juridiques, d’extension à l’échelon européen de la campagne de boycott des produits Agrexco la lutte a porté ses fruits ! Les observateurs économiques sont formels, c’est la baisse des parts de marché en Europe (conséquence du boycott) qui est à l’origine des problèmes financiers. Que le très néolibéral Premier ministre israélien Nétanyahou ait refusé que l’État renfloue les caisses d’Agrexco a semé la panique et la débandade a commencé !
Depuis trois mois les bateaux d’Agrexco sont bloqués en Israël. A sète, l’entrepôt frigorifique de 45M€ d’argent public, spécialement construit pour Agrexco, est désert et les emplois fantômes sont restés fantômes pour le port de Sète. Les travailleurs et toute la population de la région Languedoc-Roussillon payent au prix fort les conséquences du choix politique de la Région de soutenir politiquement et économiquement l’État colonial d’Israël.
Dès sa création, la Coalition contre Agrexco qui s’inscrit dans la Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) dirigée par les Palestiniens, (voir aussi BDS France) s’est opposée au commerce avec cette entreprise israélienne en raison des crimes de guerre et des violations permanentes du droit international commises par Israël. Mais la Coalition s’est tout autant opposée au choix de développement économique libéral choisi par la région et basé sur « la bataille concurrentielle avec l’ensemble des ports de la Méditerranée » (Document Région). On sait bien que dans ces batailles ce sont les travailleurs qui restent sur le carreau et les contribuables qui financent les aides et subventions aux grosses entreprise qui... vont ailleurs dès que ce n’est plus assez « juteux ».
La victoire de la Coalition contre Agrexco signe un double échec et un double désaveu des choix de la Région. Échec et désaveu de la politique pro-israélienne du Conseil régional qui refuse de soumettre le commerce aux valeurs des droits humains et du droit international. Échec et désaveu de la politique libérale qui utilise les « créations d’emplois » comme chantage pour casser ce qu’il reste du statut des dockers, privatiser et précariser les emplois portuaires à Sète. Échec d’une politique qui choisit les entreprises de l’agroalimentaire contre les paysans de la région.
La victoire de la Coalition contre Agrexco signe par contre l’efficacité de la campagne BDS contre Israël pour l’obliger à respecter les droits fondamentaux du peuple Palestinien. Partie de France, la campagne s’est étendue à l’Europe et une coalition européenne de 9 pays avec plus de 30 associations, collectifs et coalitions a été créée à Montpellier en juin 2011 à l’issue du Forum Européen contre Agrexco. Quelle que soit l’issue (liquidation des actifs ou reprise) la coalition en place, plus motivée que jamais, va renforcer le boycott des entreprises israéliennes qui prendront le relai d’Agrexco : une journée d’action européenne de boycott est annoncée pour le 26 novembre 2011.
José Luis Moraguès CCIPPP
Voir sur Agrexco :
Mise en garde contre l’achat de l’exportateur israélien Agrexco - BNC Media
Déclaration politique après le Forum contre Agrexco - Coalition contre Agrexco
L’Israélien Agrexco accusé d’exporter illégalement des produits des colonies - Coalition contre Agrexco - AFP
La "collaboration" des producteurs de Gaza : nouvelle tentative d’intox, nouvel échec d’Israël/Agrexco ! - JLM - Coalition contre Agrexco
Agrexco : Les fraises de Gaza comme Cheval de Troie - JLM - CCIPPP
En outre, du même auteur :
Déclaration politique après le Forum contre Agrexco - Coalition contre Agrexco
L’Israélien Agrexco accusé d’exporter illégalement des produits des colonies - Coalition contre Agrexco - AFP
La "collaboration" des producteurs de Gaza : nouvelle tentative d’intox, nouvel échec d’Israël/Agrexco ! - JLM - Coalition contre Agrexco
Agrexco : Les fraises de Gaza comme Cheval de Troie - JLM - CCIPPP
En outre, du même auteur :
La stratégie du BDS : une arme pour la "reconnaissance" et l’édification d’un État pour le peuple palestinien
La portée stratégique de l’Appel BDS palestinien de 2005 et son impact sur le mouvement international de solidarité
Georges Frêche veut implanter l’entreprise israélienne Agrexco à Sète !
Leur "Paix", c’est la guerre !
La portée stratégique de l’Appel BDS palestinien de 2005 et son impact sur le mouvement international de solidarité
Georges Frêche veut implanter l’entreprise israélienne Agrexco à Sète !
Leur "Paix", c’est la guerre !
Diffusé par l’auteur le 15 août 2011
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