01 février 2012


L’Iran entre la clarté des sanctions et le mystère d’une frappe israélienne 
 
Interview: Sarah RAAD

Entre la clareté des sanctions occidentales et le mystère d'une menace israélienne d’un coup militaire, les mesures graves tombent en averse sur l’Iran pour l’affaiblir. Toutefois, ce dernier toujours fixe et rigide, tient bon et déclare fermement que “rien ne peut l'influencer”, selon son président Mahmoud Ahmadinejad.
Malgré toutes les attitudes politiquement biaisées à son égard, l'Iran s'est toujours dit prêt aux négociations concernant son programme nucléaire.


Dans ce cadre, Anis Nakkach directeur du centre de recherche stratégique Aman, a déclaré à Moqawama.org que “l’Iran a réussi à enrichir l’uranium jusqu’à 20% et à produire les cathodes: une nouvelle technologie très avancée. Donc étant un pays nucléaire à 100%, les Iraniens peuvent aller à la négociation dans une position forte”.
Selon l’expert, le problème des Européens n’est pas le nucléaire. “C’est un prétexte pour imposer des sanctions contre l’Iran”, a-t-il ajouté.

L'Iran et les Sanctions

Quant aux sanctions américaino-européennes imposées à Téhéran, M. Nakkach a affirmé que "leur but est de séparer le peuple iranien de son gouvernement, et causer ensuite des changements dans le régime iranien”.
“Dans deux mois il y aura des élections parlementaires iraniennes, et les occidentaux tentent à influencer ces élections par tous les moyens possibles”, a-t-il martelé.
Qualifiant de “non logique” la décision des monarchies du Golfe d’augmenter  leur production pétrolière pour compenser le pétrole iranien en cas de sanctions occidentales, M. Nakkach a confirmé que “cette implication dans le conflit est une déclaration d’une guerre économique indirecte contre l’Iran, qui ne peut pas rester les  bras croisées”.
Et comme un résultat de ce conflit, le spécialiste géostratégique a révélé deux alternatives: “ ou bien les deux parties reviennent à la table de négociation pour sauver la situation et adopter des mesures économiques, politiques et sécuritaires en faveur de la région, ou bien ils choisissent la confrontation qui coûtera la vie à des milliers d'innocents, causera des pertes matérielles énormes, et résultera également un changement incomparable dans la géographie du Moyent-Orient”.
Tout en indiquant que “jusqu’à présent, il n’y a pas de signes positives de la partie arabe montrant qu’ils sont raisonnables et veulent négocier”, il a réaffirmé que “ l’Iran est toujours prêt à les négocier”.
“De plus, l’Iran souhaite de former une Union Régionale, similaire à l’Union Européenne pour assurer une coopération économique et sécuritaire entre les pays de cette région”, a-t-il poursuivi.


L’Iran vs “Israël”


Interrogé sur la menace israélienne d’un coup militaire contre l’Iran, M. Nakkach a révélé que “l’entité sioniste est actuellement en mauvaise situation stratégique, et peut par la suite se lancer dans une aventure mal calculée pour renforcer sa position militaire dans la région”.
“Par une simple analyse de la pensée sioniste, on n’exclut pas cette possibilité”, a-t-il estimé.
De point de vue américain, une telle attaque n’est qu’ “une aventure qui expose son armée et ses bases militaires à un danger majeur, et aggrave la situation dans la région”, pour cela “les Etats-Unis tentent à s’écarter de tout conflit armé avec l’Iran”, a-t-il martelé.
Malgrè que “nombreux sont ceux qui pensent qu’“Israël” a besoin d’une autorisation US pour éclater une guerre”, M. Nakkach a insisté qu’ “il est, au contraire, toujours libre, et possède la puissance et l’appui du lobby sioniste nécessaires pour réaliser ses fins”.
"Israël estime que si il réussit à absorber la réaction iranienne après le coup militaire, il se présente comme un héros, et chef unique de la région et arrive à tirer tous les bénéfices souhaités. Mais si l’Iran vainc la guerre, “Israël” subit une perte sublime: elle sera la cause principale d’une guerre incontrolable au Moyent-Orient”, a-t-il évalué.


L'assassinat du scientifique nucléaire Iranien Mostapha Ahmadi Roshan


Dans le cadre de cette attaque terroriste, l’expert a précisé que “l’Ayatollah Sayyed Ali Khamenei n’a pas lancé une déclaration vague quant à la punition de l’assassin, mais tout de suite les forces armées iraniennes ont constitué une commission militaire présidée par le chef adjoint d'état-major, le général Massoud Jazaëri,  ayant une tâche précise à présenter: une cible précise, et une date d’exécution précise”.
“Ce n’est qu’une question de temps pour savoir où l’Iran doit-elle répondre: la durée de la mission est une affaire de pratique, mais certainement l’Iran n’attendra pas des années pour répondre”, a-t-il assuré.


L’Iran n’attendra pas des années pour répondre à l’assassinat

Considérant la réaction américaine à cet attentat “une preuve claire et nette que les Etats-Unis ne veulent pas s’impliquer dans aucune violence contre l’Iran”, M. Nakkach a jugé que “l’Iran a pris cette condamnation en compte”.
À propos des informations dévoilées par le reporter du Figaro, Georges Malbrunot, selon lesquelles le Mossad s’est servi du Kurdistan pour recruter des opposants kurdes iraniens réfugiés dans le secteur pour perpétrer des attaques terroristes, le spécialiste s’est demandé: “Pourquoi Malbrunot éclaire-t-il maintenant ce sujet dans le quotidien français?”
Il a affirmé que “c’est surtout pour révéler que les services de renseignement européens-comme ceux américains- ne sont pas impliqués dans l’assassinat”.
“Tout le monde passe la main de cet assassinat, et met “Israël” sous la lumière”, a-t-il annoncé, en signalant qu’ “en même temps, ce dernier ne rejette pas ces accusations”.



La visite du président iranien en Amérique latine

Sur la dernière tournée du président iranien Mahmoud Ahmadi Nejad dans l’arrière-cour du Washington, M.Nakkach a indiqué que “cette visite n’est pas reliée à une guerre prochaine, sa cause est pourtant les sanctions et l’isolement économiques imposés contre l’Iran”.
“Le président ne se trouve pas dans l’entourage de la République Islamique, mais dans l’autre partie du monde pour montrer que l’Iran possède des amis dans le monde entier, qui n’obéissent pas aux ordres US”, a-t-il indiqué.
"Ces pays témoignent d'un développement scientifique et médical qui sera en faveur du peuple iranien et réciproquement”, a-t-il ajouté.


La Syrie et la Résistance


Dans le dossier syrien, et au moment où la Syrie, important allié d’Iran, affronte actuellement “un complot étranger visant la chute du régime”, selon le président Bachar Al Assad, l’expert a assuré que “l’Iran ne réculera jamais à soutenir la choix du peuple et du gouvernement syriens dans la réforme de leur pays”.

L’armée syrienne n’a pas besoin d’un appui militaire iranien, elle est en bonne situation


Rejetant toute accusation contre l’Iran de trafic d’armes et des experts à la Syrie, M.Nakkach a insisté que “l’armée syrienne n’a pas besoin d’un appui iranien, elle est en bonne situation”.
“On parle d’une armée possédant une auto-suffisance militaire: elle fabrique ses armes dans ses propres usines, et n’a pas besoin des armes iraniens, surtout à ce stade”, a-t-il ajouté.

Répondant à une question sur la nature du soutien que fournit l’Iran à la Syrie, il a précisé que “l’Iran soutient le régime syrien économiquement: Des accords d’une marché libre ont été signés entre les deux pays pour éliminer les douanes, les importations syriennes , et il a investi 4 milliards dollars dans le domaine indistruel”.
“Également, il le soutient politiquement: il a informé les Turcs, dans ses dernières rencontres, qu’il restera toujours près de la Syrie en cas d’une intervention militaire de l’OTAN”, a-t-il poursuivi.

Interrogé sur l’avenir du projet de la résistance en cas d’une chute du régime syrien, M. Nakkach a corroboré que “la chute du régime syrien n’est pas envisageable".
"Actuellement, la Résistance Islamique est prête à défendre le Liban avec une puissance dix fois plus grande que celle de 2006. elle est capable de briser la colonne vértébrale de l’ennemi sioniste, et de changer donc le bilan des forces dans la régions”, a-t-il martelé.
“Mais je répète que la chute du régime syrien est impossible”, a-t-il conclu.

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