Après avoir servi à Henry Kissinger et  à Margaret Thatcher, la rhétorique environnementale a été récupérée par  Al Gore. Il ne s’agit plus de détourner l’attention des guerres de  l’Empire US, ni de restaurer la grandeur de l’Empire britannique, mais  de sauver le capitalisme anglo-saxon. Dans ce troisième et dernier volet  de son étude sur le discours écologiste, Thierry Meyssan analyse la  dramaturgie préparatoire du sommet de la Terre de 2012 et la rébellion  de Cochabamba.
Cet article fait suite à : 
  1. « L’écologie de guerre » 
  2. « L’écologie de marché »
 
  
On se  souvient qu’en 1988 Margaret Thatcher avait incité le G7 à financer un  Groupe inter-gouvernemental d’étude sur l’évolution du climat (GIEC)  sous les auspices du PNUE et de l’Organisation météorologique mondiale.
 Dans  son premier rapport, en 1990, le GIEC considérait comme « peu probable »  une augmentation sans ambiguïté de l’effet de serre « dans les  prochaines décennies ou plus ». En 1995, un second rapport de cet organe  politique reprend à son compte l’idéologie du sommet de Rio et «  suggère une influence détectable de l’activité humaine sur le climat  planétaire » [1].

Le président  Bill Clinton (ici avec le vice-président Gore) a signé en grande pompe  le Protocole de Kyoto, mais a discrètement donné instruction aux  parlementaires démocrates pour qu’il ne soit pas ratifié par les  Etats-Unis. 
 Suivent  à une cadence annuelle des conférences onusiennes sur le changement  climatique. Celle de Kyoto (Japon), en décembre 1997, élabore un  Protocole par lequel les Etats signataires s’engagent volontairement à  réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ; principalement le  dioxyde de carbone (CO2), mais aussi cinq autre gaz : le méthane (CH4),  le protoxyde d’azote (N2O), l’hexafluorure de soufre (SF6), les  fluorocarbures (FC) et les hydroclorofluocarbures.
 Même  pour les Etats qui ne croient pas à une influence significative de  l’activité humaine sur le climat, ce Protocle est une bonne chose en ce  qu’il incite à un meilleur usage des ressources énergétiques  non-renouvelables. Cependant, il parait bien difficile aux Etats en  développement de moderniser leurs industries pour qu’elles soient moins  consommatrices d’énergie et moins polluantes. Prenant acte que ces  Etats, n’ayant qu’une industrie embryonnaire, dégagent peu de gaz à  effet de serre alors qu’ils ont besoin d’aide financière pour se doter  d’industries économes et propres, le Protocole institue un Fonds  d’adaptation géré par la Banque mondiale et un système de permis  négociables. Chaque Etat reçoit des permis de dégagement de gaz à effet  de serre qu’il répartit entre ses industries. Les Etats en  développement, qui n’utilisent pas la totalité de leurs permis, peuvent  les revendre aux Etats développés qui polluent plus qu’autorisé. Avec le  produit de la revente, ils peuvent financer leur adaptation  industrielle.
 L’idée  semble vertueuse, mais le diable se cache dans les détails : la  création d’un marché des permis négociables ouvre la voie à une  financiarisation supplémentaire de l’économie et, partant de là, à de  nouvelles possibilités pour poursuivre le pillage des pays pauvres. En  toute hypocrisie, Bill Clinton signe le Protocole de Kyoto, mais donne  instruction à ses parlementaires de ne pas le ratifier. Le Sénat US le  rejette à l’unanimité. Pendant la période de ratification du Protocole,  les Etats-Unis s’appliquent à organiser le marché des permis  négociables, alors même qu’ils n’ont l’intention de se soumettre aux  exigences communes que le plus tard possible.
 Des  études préparatoires sont subventionnées par une association charitable,  la Joyce Foundation. Elles sont dirigées par Richard L. Sandor, un  économiste républicain qui a mené une double carrière de trader (Kidder  Peabody, IndoSuez, Drexel Burnham Lambert) et d’universitaire (Berkeley,  Stanford, Northwestern, Columbia). 
 
Alors  inconnu du grand public, le juriste Barack Obama a rédigé les statuts  de la Bourse mondiale des droits d’émission de gaz à effet de serre. 
 En  définitive, une holding —la Climate Exchange— est créée sous la forme  d’une société de droit britannique de type Public Limited Company  (c’est-à-dire que ses parts ont été vendues lors d’un appel public et  que la responsabilité de ses actionnaires est limitée aux apports). Ses  statuts sont rédigés par un administrateur de la Joyce Foundation, un  juriste alors totalement inconnu du grand public, Barack Obama. L’appel  public aux investisseurs est lancé par l’ancien vice-président des  Etats-Unis, Al Gore, et par David Blood (ancien directeur de la banque  Goldman Sachs).
 A  l’issue de l’opération, Gore et Blood créent à Londres un fonds de  placement écologique, Generation Investment Management (GIM). A cet  effet, ils s’associent à Peter Harris (ancien directeur de cabinet d’Al  Gore), Mark Ferguson et Peter Knight (deux anciens adjoints de Blood à  Goldman Sachs) et enfin à Henry Paulson (alors directeur général de  Goldman Sachs, mais qui se retirera lorsqu’il deviendra le secrétaire au  Trésor de l’administration Bush).
 La  Climate Exchange Plc ouvre des Bourses à Chicago (États-Unis) et à  Londres (Royaume-Uni), ainsi que des filiales à Montréal (Canada),  Tianjin (Chine) et Sydney (Australie).
 En  cumulant les actions bloquées lors de la création de la holding et  celles qu’il a acquises après l’appel public, Richard Sandor détient  près du cinquième des actions. Le reste est principalement partagé entre  de méga fonds spéculatifs : Invesco, BlackRock, Intercontinental  Exchange (dont Sandor est également administrateur), General Investment  Management et DWP Bank. La capitalisation boursière est aujourd’hui de  plus de 400 millions de livres sterling. Les dividendes versés aux  actionnaires au cours de l’année 2008 s’élèvent à 6,3 millions de  livres.
 Naïvement,  les membres de l’Union européenne sont les premiers à adhérer à la  théorie de l’origine humaine du réchauffement climatique et à ratifier  le Protocole. Mais pour qu’il entre en vigueur, ils ont besoin de la  Russie. Celle-ci n’a rien à craindre dans la mesure où le plafond  d’émission qui lui est fixé n’est pas contraignant vu son recul  industriel après la dissolution de l’URSS. Elle se fait pourtant tirer  l’oreille, question d’exiger en échange le soutien de l’Union européenne  pour son adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce. En définitive,  le Protocole entre en vigueur en 2005.
 2002 : le quatrième « sommet de la Terre » à Johannesburg et le  rappel des priorités par Jacques Chirac
 Le  sommet décennal de Johannesbourg (Afrique du Sud) n’intéresse pas plus  les Etats-Unis que celui de Nairobi. Leur agenda du moment est  exclusivement orienté vers la guerre globale au terrorisme. Les  questions environnementales devront attendre. George W. Bush ne fait pas  le déplacement et envoie le secrétaire d’Etat Colin Powell prononcer un  bref discours, tandis que l’équipage impatient de son avion fait  tourner les moteurs. 
 La  conférence abandonne le style kermesse internationale de Rio et se  concentre sur des sujets précis : l’accès à l’eau et à la santé,  l’épuisement à venir et le prix des énergies non-renouvelables,  l’écologie de l’agriculture, la diversité des espèces animales. Le  climat n’est qu’une questions parmi beaucoup d’autres. 
  
 A  Johannesburg, Jacques Chirac plaide pour un changement de priorités :  l’urgence n’est pas la traque de Ben Laden, mais le développement  propre. 
 Le  sommet devient soudain le théâtre d’un affrontement lorsque le président  français Jacques Chirac s’exclame : « Notre maison brûle et nous  regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à  se reconstituer et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre.  Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes  indifférents » [2]. Son discours sonne comme un réquisitoire contre les  Etats-Unis. Non, la traque d’Oussama Ben Laden n’est pas la priorité,  c’est le développement des pays pauvres et l’accès de tous aux biens  essentiels.
 Furieux,  les hauts-fonctionnaires de la délégation US sabotent les négociations.  Alors que l’administration Bush est en train d’installer le centre de  torture de Guantánamo et des prisons secrètes dans 66 pays, elle s’érige  en donneuse de leçon et conditionne tout engagement de sa part à des  concessions des Etats du Sud en matière de droits de l’homme et de lutte  contre le terrorisme. Aucun document final d’envergure n’est adopté.
  
 Copenhague, en attendant le sommet de la Terre de 2012
 C’est  en 2012 que devrait se tenir le cinquième sommet de la Terre et la  révision du Protocole de Kyoto. Cependant Washington et Londres ont  décidé d’ériger la XVe conférence sur les changements climatiques en un  grand rendez-vous intermédiaire. C’est que la nouvelle politique  anglo-saxonne entend utiliser le réchauffement climatique pour faire  avancer ses deux objectifs majeurs : sauver le capitalisme et  s’approprier la capacité de l’ONU à écrire le droit international.
 Force  est de constater que l’économie US est en panne et ne parvient pas à  sortir de sa crise interne. Les Etats-uniens ne produisent plus grand  chose, hormis des armes, tandis que les biens qu’ils consomment sont  fabriqués par une Chine toujours plus prospère. La solution principale  réside dans une mue du capitalisme. Le temps est venu de relancer la  spéculation en l’orientant vers les permis de polluer négociables, de  relancer la consommation avec les produits écolos, et de relancer le  travail avec les emplois verts [3].
 D’autre  part, la globalisation forcée rencontrant de plus en plus de  résistances, il convient de la faire accepter en la présentant d’une  autre manière. On dira que les questions environnementales nécessitent  une gouvernance globale, et que les Etats-Unis doivent en prendre le  leadership. Pour cela, il faut d’abord démontrer l’inefficacité de l’ONU  en la matière.
  

L’ancien  vice-président des Etats-Unis, Al Gore, devenu conseiller spécial de la  Couronne d’Angleterre, a obtenu le Prix Nobel de la Paix pour son film  de propagande « An Inconvenient Truth » 
 La  conférence de Copenhague a été précédée d’une longue et puissante  campagne de propagande. A commencer par le film d’Al Gore, An  Inconvenient Truth, présenté au Festival de Cannes 2006, et qui lui vaut  le Prix Nobel de la paix 2007. L’ex-vice-président des Etats-Unis, dont  on a oublié le double jeu à propos du Protocole de Kyoto, se présente  comme un militant convaincu. Pour défendre sa noble cause, il lui  consacrerait bénévolement son temps libre. En réalité, il a réalisé ce  documentaire et entrepris une tournée promotionnelle en qualité de  conseiller rémunéré de la Couronne britannique, véritable commanditaire  de l’opération. Al Gore est un spécialiste des manipulations de masse.  C’est lui qui avait organisé, à la fin du XXe siècle la grande angoisse  millénariste du « boge de l’an 2000 ». Il avait alors suscité la  création d’un groupe d’experts de l’ONU, l’IY2KCC — en tous points  comparable au GIEC—, pour donner l’apparence d’un consensus scientifique  autour d’un problème mineur monté en épingle [4].
 Au  film d’Al Gore s’ajoutent divers documentaires et fictions. Ainsi, le  film Home du photographe français Yann Arthus-Bertrand, est diffusé  mondialement par le PNUE, le 5 juin 2009. Ou encore, le film  hollywoodien de l’Allemand Roland Emmerich, 2012, dans lequel il met en  scène l’effondrement de la croute terrestre sous les eaux et le  sauvetage des capitalistes les plus riches grâce à deux arches de Noé  modernes, tandis que les pauvres sont engloutis par les flots.
 En  apparence la conférence de Copenhague devait régler la question des gaz à  effet de serre en déterminant des plafonds d’émission et des aides aux  pays en développement. En réalité, Londres et Washington entendaient  pousser les Européens à abaisser eux-même les plafonds fixés par le  Protocole de Kyoto —pour augmenter le volume des permis négociables et  donc la spéculation boursière— et faire échouer la conférence pour  préparer l’opinion publique mondiale à une solution hors ONU.
 Très à  l’aise au milieu de cette mascarade, le président russe Dmitry Medvedev  a préparé un bluff qui peut rapporter gros à son pays. Il a décidé  d’enchérir en prenant un engagement spontané radical. Il annonce aux  Européens de l’Ouest que Moscou s’aligne sur leurs exigences et réduira  ses émissions de gaz à effet de serre de 20 à 25 % d’ici 2020 par  rapport à 1990. Qui dit mieux ? Personne ! 
 Sauf  que les émanations russes ayant baissé de 34 % entre 1990 et 2007 du  fait de l’effondrement industriel de l’ère Eltsine, le prétendu  engagement à la baisse du Kremlin lui laisse la possibilité d’une hausse  de 9 à 14 % ! 
 
  
 Violant les  règles des Nations Unies, Nicolas Sarkozy prétexte de l’urgence  climatique pour constituer un directoire chargé de rédiger la  déclaration finale de la conférence de Copenhague en lieu et place de  l’Assemblée générale.  
 Sans  surprise, les Anglo-Saxons font avancer leurs pions en s’appuyant sur le  président français Nicolas Sarkozy, trop content de se voir confier le  rôle de deus ex machina. Arrivant en cours de séance, il dénonce le  manque de volontarisme de ses homologues et convoque une réunion  impromptue de quelques chefs d’Etat et de gouvernement [5]. Sans  traducteurs, assis sur des chaises inconfortables, quelques grands de ce  monde se prêtèrent au jeu. Sur un coin de table en formica, ils  griffonnent de bonnes intentions qui sont présentées comme une panacée.  La « planète » est sauvée, chacun peut rentrer chez lui. En réalité,  cette mise en scène vise uniquement à préparer l’opinion publique  mondiale aux décisions qu’il faudra imposer au « sommet de la Terre » de  2012.
 Déboulant  comme un chien dans un jeu de quilles, le président vénézuélien Hugo  Chávez remet en cause la problématique du sommet sans pour autant  décourager les associations écologistes qui manifestent devant le centre  de conférence. Il stigmatise la cuisine sarkozyenne qui consiste à  rédiger une déclaration finale entre Etats autoproclamés « responsables  », puis à l’imposer à la communauté internationale. Il dénonce une  mascarade qui permet à un capitalisme sans conscience d’occulter ses  responsabilités et de se refaire une virginité [6]. Il reprend à son  compte un slogan scandé par des manifestants à l’extérieur du centre de  conférence : « Ne changez pas le climat, changez le système ! »
 Cochabamba, l’anti-Copenhague
 Son  homologue bolivien Evo Morales tire des conclusions du sommet de  Copenhague. Il est clair pour lui que les grandes puissances jouent avec  l’environnement. Sur ce sujet, comme sur bien d’autres, elles entendent  faire leurs affaires entre elles au détriment du tiers-monde.  Toutefois, la présence d’une foule de militants associatifs maintenus à  l’extérieur du centre de conférence laisse espérer une volonté  planétaire bien différente.
 Le  président Morales convoque alors une « Conférence mondiale des Peuples  sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère ». Elle se  tient quatre mois plus tard à Cochabamba (Bolivie). Dépassant toutes les  prévisions, plus de 30 000 personnes y participent et 48 gouvernements  s’y font représenter. Son ambiance rappelle à la fois le sommet de la  Terre de Rio et les forums sociaux mondiaux. Mais ce qui est en jeu est  différent. A Rio, le cabinet de relations publiques Burson-Marsteller  avait valorisé des associations pour légitimer des décisions prises à  huis clos. A Cochabamba, c’est l’inverse : les associations qui ont été  exclues du centre de conférence de Copenhague sont devenues les  décideurs. La comparaison avec les forums sociaux ne fonctionne pas non  plus : ceux-ci entendent contester le Forum économique de Davos et se  sont exilés à l’autre bout du monde pour éviter les affrontements que  l’on avait connu en Suisse. Cette fois, c’est l’ONU que l’on conteste.  Evo Morales a pris acte du fiasco de Copenhague et de la volonté des  grandes puissances de passer outre les Assemblées générales. Il s’appuie  sur la société civile contre les gouvernements occidentaux.
 Evo  Morales et son ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca  abordent les questions environnementales à partir de leur culture  d’indiens aymaras [7]. Alors que les Occidentaux discutent de savoir de  combien il faudrait limiter les émissions de gaz à effet de serre pour  ne plus perturber le climat, ils affirment que l’on ne peut pas  continuer de telles émissions lorsqu’on les pense dangereuses, que cela  soit vrai ou faux. Rompant avec la logique dominante, ils rejettent le  principe des permis négociables. Pour eux, on ne saurait permettre, et  encore moins vendre, ce que l’on pense désastreux. A partir de quoi, ils  plaident pour un changement complet de paradigme. Les Etats développés,  leurs armées et leurs entreprises multinationales, ont blessé la Terre  nourricière, mettant en péril l’ensemble de l’humanité, alors que les  peuples autochtones ont fait la preuve de leur capacité à préserver la  Terre Mère. La solution est donc politique : la gestion des grands  espaces doit être restituée aux peuples autochtones, tandis que les  multinationales doivent répondre des dégâts qu’elles ont commis devant  un tribunal international. 
 La  conférence de Cochabamba affirme la capacité des peuples autochtones à  réussir là où les Occidentaux ont échoué. De gauche à droite : Hugo  Chávez, David Choquehuanca et Evo Morales. La conférence des Peuples  appelle à l’organisation d’un référendum mondial pour instituer une  Justice climatique et environnementale, et pour abolir le système  capitaliste.
 Selon  une méthode déjà appliquée à de nombreux sommets internationaux  échappant au contrôle des Anglo-Saxons, une campagne médiatique est  immédiatement lancée par Washington pour en étouffer le message. Une  polémique se développe sur des propos déformés du président Morales [8].  Quoi qu’il en soit, l’idéologie occidentale verte ne fait plus  l’unanimité.
 L’arbre qui cache la forêt
 Durant  les 40 années de discussions à l’ONU sur l’environnement, les choses ne  se sont pas améliorées, bien au contraire. Mais un incroyable tour de  passe-passe a été réalisé : la responsabilité des Etats a été oubliée,  celle des multinationales à été occultée, tandis que celle des individus  a été stigmatisée. L’arbre cache la forêt.
 Dans  les sommets internationaux, personne ne tente d’évaluer le coût  énergétique des guerres en Afghanistan et en Irak, incluant le pont  aérien quotidien permettant de transporter la logistique des Etats-Unis  au champ de bataille, y compris la ration du soldat. 
 Personne  ne mesure les surfaces habitables contaminées par les munitions à  uranium appauvri, des Balkans à la Somalie, en passant par le Grand  Moyen-Orient. 
 Personne  n’évoque les surfaces agricoles détruites par les fumigations dans le  cadre de la guerre aux drogues, en Amérique latine ou en Asie centrale ;  ni celles stérilisées par les épandages d’agent orange, de la jungle  vietnamienne aux palmeraies irakiennes.
 Jusqu’à  la conférence de Cochabamba, la conscience collective a oublié  l’évidence que les principales atteintes à l’environnement ne sont pas  la conséquence de modes de vie particuliers, ni de l’industrie civile,  mais des guerres entreprises pour permettre aux multinationales  d’exploiter les ressources naturelles, et de l’exploitation sans  scrupule de ces ressources par ces multinationales pour alimenter les  armées impériales. Ce qui nous ramène à notre point de départ, lorsque U  Thant proclamait le « jour de la Terre » pour protester contre la  guerre du Vietnam.
  
 Notes
 [1] L’ensemble des rapports  du GIEC est disponible en anglais, français et espagnol sur le site  internet du Groupe.
 [2] « Discours de Jacques  Chirac au sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg »,  2 septembre 2002.
 [3] « La mue de la finance  mondiale et la spéculation verte », par Jean-Michel Vernochet, Réseau  Voltaire, 2 mars 2010.
 [4] « Il n’y a pas de  consensus scientifique à l’ONU », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire,  17 décembre 2009.
 [5] « Intervention au  sommet de Copenhague sur le climat », par Nicolas Sarkozy, Réseau  Voltaire, 17 décembre 2009.
 [6] « Intervention au  sommet de Copenhague sur le climat », par Hugo Chávez Frías, Réseau  Voltaire, 16 décembre 2009.
 [7] Voir sa tribune libre  publiée dans le Los Angeles Times : « Combating climate change : lessons  from the world’s indigenous peoples » (disponible sur le site du Réseau  Voltaire).
 [8] Evo Morales avait  dénoncé les conséquences sanitaires pour les hommes des viandes aux  hormones féminines. Ses propos sont interprétés comme homophobes. 
 Cette technique de  décrédibilisation est classique. Que l’on se souvienne de la campagne  médiatique contre le pape Jean-Paul II après son discours à la Grande  Mosquée de Damas ou de celle contre le Premier ministre malais Mahathir  bin Mohamad après son discours devant la Conférence islamique.
  
 Thierry Meyssan : Analyste  politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la  conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de  politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage  publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).