| Des  soldats américains s'excusent pour une tuerie en Irak par  Bill   VanAuken | |
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| Mondialisation.ca,  Le 26 avril 2010 | |
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 La « Lettre ouverte de réconciliation et  de responsabilité au peuple irakien » a été publiée par deux anciens  spécialistes de l'armée américaine, Josh Stieber et Ethan McCord, qui  faisaient partie de la Compagnie Bravo, second bataillon, 16e régiment  d'infanterie, première division d'infanterie de l'armée américaine en  juillet 2007, au moment où la vidéo en question fut prise par la caméra  de la mitrailleuse d'un hélicoptère Apache alors que celui-ci tirait sur  des civils irakiens.  Plus d'une douzaine de civils furent tués  et plusieurs blessés, y compris deux enfants. Parmi les morts se  trouvaient le photographe irakien Namir Noor-Eldeen et son assistant  Saeed Chmagh - tous deux employés par l'agence internationale de presse  Reuters.  L'hélicoptère fournissait un soutien  aérien à des soldats américains engagés dans des razzias maison par  maison, dans l'est de Bagdad. Les soldats de la Compagnie Bravo furent  les premiers à atteindre les lieux après le massacre effectué par  l'hélicoptère d'attaque au-dessus d'eux.  Le film vidéo, mis en ligne par WikiLeaks  sous le titre de « Collateral Murder » (assassinat collatéral) a été vu 6  millions de fois sur internet. Il a livré au public américain et  mondial des images bouleversantes de ce qu'est, depuis une décennie, la  tuerie menée par l'armée américaine dans les guerres d'Irak et  d'Afghanistan, des images qui sont régulièrement censurées et éliminées  de l'information fournie par les médias grand public.  La caméra montre des civils irakiens non  armés faire une vaine tentative d'échapper aux balles de 30 millimètres  qui pleuvent sur eux. Elle montre aussi que l'hélicoptère a tiré de  nouveau sur une camionnette qui s'était arrêtée pour porter secours aux  blessés, tuant le conducteur ainsi qu'un des blessés et blessant  sérieusement deux enfants qui étaient assis à l'avant du véhicule.  Tout aussi lamentable est le bavardage des  membres de l'équipage de l'hélicoptère et de leurs superviseurs sur la  radio, en même temps que se déroule la tuerie. Au moment où le viseur du  canon fixe le blessé qui rampe sur le sol, on entend un membre de  l'équipage presser l'Irakien de « prendre une arme » afin de pouvoir lui  tirer encore dessus. Et finalement, lorsqu'on les informe que deux  enfants ont été blessés dans l'attaque, les membres de l'équipage sont  d'accord pour dire que c'est la faute des Irakiens qui ont « emmené  leurs enfants dans une bataille ».  Ethan McCord était l'un des soldats sur  les lieux de l'attaque et sur le film on le voit porter un des enfants  blessés et courir vers un véhicule militaire. Les officiers déclarèrent  que l'enfant ne devait pas être emmené à l'hôpital américain de campagne  et McCord fut réprimandé pour avoir réagi humainement.  Josh Stieber, tout en faisant partie de  cette compagnie, n'avait pas été emmené en mission à cause d'une dispute  préalable avec ses supérieurs. La lettre souligne le fait que les actes  de violence meurtrière contre des civils montrés dans le film vidéo ne  sortent pas de la normale, mais qu'il s'agit plutôt en Irak «  d'occurrences quotidiennes ».  L'armée US qui a essayé d'étouffer le film  vidéo a défendu avec constance les actions qu'il révèle. Le 13 avril,  le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates eut recours à une  conférence de presse afin de stigmatiser WikiLeaks pour avoir rendu le  film public la semaine précédente. « Ces gens peuvent mettre tout ce  qu'ils veulent en ligne et ils n'ont jamais à en répondre » a-t-il dit.  Il affirma que regarder cette vidéo était  un peu comme regarder la guerre par le trou d'« une paille » et il  reprocha au film d'être dénué de « tout contexte ou perspective ».  Mais comme le montre clairement la lettre  des deux ex-soldats, le réel « contexte et [la réelle] perspective »,  c'est une sale guerre d'agression coloniale et ses « règles d'engagement  » qui considèrent l'ensemble de la population irakienne comme étant une  menace pour les forces d'occupation.  Dans une interview précédente sur ABC  News, Gates avait justifié le massacre, y compris les tirs sur les  blessés et les gens qui tentaient de les aider, un crime de guerre  patent, donnant pour raison que les soldats américains se trouvaient  alors dans une « situation de combat ».  Pour sa part, le Commandement central de  l'armée américaine qui supervise les opérations militaires dans la  région, annonça qu'il n'avait pas l'intention de rouvrir une enquête sur  la tuerie de 2007. Il publia des copies censurées des résultats de  l'enquête d'origine faite par l'armée sur cette opération sanglante.  Cette enquête avait excusé l'équipage de l'hélicoptère d'avoir pris  l'appareil du photographe pour un lance-grenade. Elle accusa aussi les  journalistes assassinés de « n'avoir fait aucun effort pour montrer de  façon visible leur identité en tant que membres de la presse ». Le  rapport ne précisait pas comment ils auraient dû s'identifier à un  hélicoptère volant au-dessus d'eux.  « Le commandement central US n'a  actuellement aucun plan de recommencer une enquête ou de passer en revue  cette action de combat », dit le contre-amiral Hal Pittman, le  directeur de la communication du Commandement central.  Dans leur lettre mise en ligne sur  Internet (visible ici letter en anglais) et co-signée par des milliers  d'autres ex-soldats, les deux vétérans de l'Irak s'identifient comme des  « soldats qui ont occupé votre quartier pendant quatorze mois ».  La lettre se poursuit ainsi : « Ethan  McCord a sorti votre fille et votre fils de la camionnette et ce faisant  il a vu les visages de ses propres enfants chez lui. Josh Stieber était  dans la même compagnie mais n'était pas là ce jour-là, bien qu'il ait  contribué en de nombreuses autres occasions à votre peine et à la peine  de votre communauté ». Les deux anciens soldats insistent pour  dire que « ce qu'on voit sur la vidéo de WikiLeaks ne fait que commencer  à montrer la souffrance que nous avons infligée. De par notre  expérience et celle d'autres vétérans à qui nous avons parlé, nous  savons que les actes montrés dans cette vidéo se produisent tous les  jours dans cette guerre : c'est là la nature des guerres conduites par  les Etats-Unis dans cette région ».  Stieber et McCord écrivent encore : « En  disant aux Américains ce que nous avons été formés à faire et ce que  nous avons fait au nom de "Dieu et de la patrie" nous reconnaissons la  part que nous avons prise aux morts et aux blessures des êtres que vous  chérissez. Le soldat de la vidéo dit que votre mari n'aurait pas dû  entraîner vos enfants dans une bataille, mais nous reconnaissons notre  responsabilité dans le fait d'avoir amené la bataille dans votre  quartier et dans votre famille. »  Répondant aux déclarations de Robert  Gates, la lettre ajoute : « Il se peut que notre gouvernement vous  ignore, plus préoccupé qu'il est de son image. Il a aussi ignoré de  nombreux vétérans qui sont retournés physiquement blessés et mentalement  tourmentés par ce qu'ils ont vu dans votre pays. Mais il est plus que  temps que nous disions que la valeur des dirigeants de notre nation a  cessé de nous représenter. Notre secrétaire à la Défense peut bien dire  que les Etats-Unis ne perdront pas leur réputation à cause de cela, mais  nous persistons à dire que l'importance de notre réputation est peu de  chose en comparaison de notre humanité commune. »  Article original en anglais, WSWS, le 23 avril 2010. | |
26 avril 2010
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