25 avril 2010

A propos du groupe Bilderberg

Article placé le 24 avr 2010, par Mecanopolis

La réunion du groupe Bilderberg 2010 se tiendra à Sitges, en Espagne, les 3 et 6 juin prochains. Au-delà du délire conspirationniste récurent, l’influence de cette organisation est bien réelle.

bilderberg

Le groupe Bilderberg est l’un des plus anciens clubs internationaux et l’un des plus fermés à partir duquel les grandes multinationales jouent un rôle majeur dans la détermination des agendas politique. Dans le but à la fois d’assouplir et de renforcer les relations transatlantiques après guerre entre les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest, la première réunion du groupe Bilderberg – qui rassemblait des politiciens, stratèges militaires, banquiers, dirigeants industriels, universitaires, représentants des médias, syndicalistes et leaders d’opinion, s’est tenue à l’hôtel Bilderberg à Oostrebeck, aux Pays-Bas, en 1954 – cette première rencontre fut présidée par le prince Bernhard, époux de Juliana, reine des Pays-Bas.

Les sujets au menu de cette rencontre inaugurale – cofinancée par la firme hollandaise Unilever et la CIA – allaient de la « menace communiste » au développement du tiers-monde en passant par l’intégration européenne et la politique économique. Selon le politologue Stephen Gill, « le but de ces rencontres était d’encourager des discussions ouvertes et confidentielles ainsi qu’une mise à plat des divergences, tout en encourageant un nombre toujours croissant de relations économiques, politiques, militaires et culturelles entre les nations de l’axe atlantique »

Cent vingt représentant environ de l’élite mondiale d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale se rencontre annuellement sous l’égide du groupe Bilderberg. On n’y compte pas des membres fixe mais de nombreuses firmes telles que British American Tobacco, BP, Exxon, Ford, Generals Motors, IBM, Rio Tinto, Shell y prennent part tous les ans.

En 2007, le comité de direction se composait de : Etienne d’Avignon, ex-vice-président de la Commission européenne et président de de l’Association pour l’union monétaire en Europe ; Peter Sutherland, président de l’European Policy Centre, de Goldman Sachs International, de BP (British Petroleum) et directeur de la Royal Bank of Scotland ; James Wolfensohn, qui fut le neuvième président de la Banque mondiale ; Henry Kissinger, qu’il n’est sans doute pas la peine de présenter ici.

L’agenda du groupe Bilderberg reste centré sur les problèmes d’actualité autour d’un discours néolibéral et de l’idée de libre-échange. Nombreux sont ceux qui pensent que le consensus élaboré au sein de ce forum sert de base à l’évolution des politiques internationales. Selon un ancien délégué « Bilderberg fait partie d’une conversation mondiale qui se déroule chaque année lors d’une série de conférences et compose la toile de fond des politiques qui sont mises en place à la suite. Il y a le Forum-économique mondial à Davos en février, les rencontres de Billderberg et du G8 en mai-juin et la conférence annuellle du FMI et de la Banque mondiale en septembre. Une sorte de consensus international émerge et se retrouve d’une rencontre à l’autre. »

C’est David Rockefeller qui est l’instigateur du groupe Bilderberg. « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire », indiquait-il le 26 janvier 1999, lors d’un entretien avec Glyn Ford. Ce même personnage avait déclaré, huit ans plus tôt devant la Commission trilatérale : « La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers est sûrement préférable au principe d’autodétermination des peuples ».

Le groupe Bilderberg est le véritable architecte de la mondialisation néolibérale. Toute prise de décision de cette organisation met fin à la notion d’égalité entre les citoyens qui visent à réaliser la démocratie. Le projet que les « bilderberger » veulent faire émerger répond à un système qui consacre la primauté de l’économique sur le politique ; où l’exercice des pouvoirs exécutifs et législatif se limite à des préoccupations de gestion ; où l’échéance électorale répond à un besoin d’alternance jugé suffisant pour créer l’illusion démocratique ; où les partis politiques n’expriment plus aucun choix de société, évacuant tout projet alternatifs et abandonnant toute idée de rupture avec l’ordre établi.

C. Casadue, pour le magazine Flash

Publié sur Mecanopolis avec l’aimable autorisation de J.-E. Néaumet, directeur de la rédaction

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