30 août 2010


Ils sont plus de 10 000, ils n’en voient qu’un !

dimanche 29 août 2010

K. Selim - Le Quotidien d’Oran


Comment la civilisation compte-t-elle émouvoir des Palestiniens à qui l’on dit aussi clairement que plus de 10 000 de leurs enfants emprisonnés n’ont aucune importance mais que le destin de l’humanité se joue pour un soldat israélien qui fête son 4e anniversaire loin de sa famille ? Cela dépasse l’entendement !

La France et la Grande-Bretagne n’en peuvent plus de tant d’injustice, elles demandent la libération des Ahmed, Tahar, Youssra et des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Londres et Paris, capitales très civilisées, considèrent que leur détention est « injustifiable et inacceptable ». Les pensées de tous les Britanniques sont avec les détenus palestiniens et leurs familles, alors qu’ils passent un nouveau ramadhan dans de terribles conditions. Londres demande courageusement que ces Palestiniens détenus par les occupants soient libérés immédiatement et sans conditions.

M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de la France, ne supporte pas que des milliers d’enfants palestiniens soient contraints à vivre un nouvel Aïd El-Fitr sans leurs papas et sans leurs mamans. La France demande leur libération immédiate et inconditionnelle, leur souffrance et celle de leurs familles n’ont que trop duré ! Fin de fiction.

Le lecteur a bien entendu corrigé de lui-même : il est impensable que Londres ou Paris puissent avoir la volonté ou le courage de montrer une once d’inquiétude ou de compassion pour les milliers de prisonniers palestiniens. Les inquiétudes et les suppliques de la civilisation ne concernent qu’une seule personne, le soldat israélien Shalit, qui, le pauvre, va passer son 24e anniversaire en détention.

Ils sont plus de 10 000 prisonniers, dont de très nombreux mineurs, mais la civilisation n’en voit qu’un, Shalit, et ne s’attriste que pour lui. Ne croyez pas que la France s’inquiète pour Shalit en raison de sa citoyenneté française. Le « mal nommé » Salah Amouri est un citoyen français qui avait 20 ans au moment de son arrestation par Israël. Il a « fêté » ses 25 ans début août dans une geôle israélienne, et il ne suscite aucun intérêt de la part des officiels français.

Les gens civilisés peuvent-ils s’intéresser à ceux qui sont dans les prisons de Shatà, Be’er Shéva, Asel Shéva, Shéva, Hédarim, Talmond Nafhà, Askalan, El Ramlah, Navi Teritsa, Majido, Naqab, Ofar, Atlét ? Peuvent-ils avoir un peu de compassion pour leurs familles qui souffrent et peinent ? Bien sûr que non, et il y aura toujours quelque cynique civilisé pour essayer de nous dire qu’Israël étant une « démocratie et un Etat de droit », ces milliers de Palestiniens sont à leur juste place. Et qu’après tout, c’est la loi de la guerre ... Qui ne doit pas s’appliquer au soldat Shalit !

La civilisation n’est pas informée de ce qui se passe ? On peut lui suggérer des sites très documentés qui montrent clairement que la Palestine occupée compte le plus grand nombre de prisonniers politiques du monde. Que l’usage de la torture y est légalisé, que les détentions sans jugement sont légion et que des centaines de familles sont sans nouvelles des leurs.

Comment la civilisation compte-t-elle émouvoir des Palestiniens à qui l’on dit aussi clairement que plus de 10 000 de leurs enfants emprisonnés n’ont aucune importance mais que le destin de l’humanité se joue pour un soldat israélien qui fête son 4e anniversaire loin de sa famille ? Cela dépasse l’entendement !


Du même auteur :

- Colonisation et provocation
- Huit jours pour la guerre
- L’heure des faucons
- Assassinat d’Hariri : La piste occultée
- Embargo et F15 de pacotille
- France : Xénophobie officielle et diversions

29 août 2010 - Le Quotidien d’Oran - Editorial

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