26 août 2010

Des femmes dans les pas d’Ilana Hammerman : nous n’obéissons pas aux lois illégitimes et amorales.

jeudi 26 août 2010 - 08h:58

Talila Kosh - New Profile


De Talila Kosh, animatrice de New Profile, ONG israélienne qui se bat pour une "démilitarisation" de la société civile israélienne. NP soutient notamment les refuzniks, les anarchistes contre le mur et sont très actives dans le collectif israélien "women4peace".

Le vendredi 23 juillet, nous, une douzaine de femmes juives israéliennes sommes sorties de Cisjordanie avec une douzaine de femmes palestiniennes, un bébé, et trois enfants. Nous avons déjeuné au restaurant, nous sommes baignées dans la mer et avons joué sur la plage. Nous sommes reparties en traversant Jérusalem et avons contemplé la Vieille Ville de loin. La plupart de nos amies palestiniennes n’avaient jamais vu la mer, ni, de toute leur vie, jamais prié dans leurs lieux saints. Leurs regards se sont longuement posé sur eux du haut du Mont Scopus.

Aucune d’entre elles n’avait d’autorisation de passage des autorités israéliennes. Nous leur avons fait passer le check-point dans nos voitures privées, violant délibérément la Loi d’Entrée en Israël. Cela, nous l’avons fait dans les traces d’Ilana Hammerman, après que l’Etat ait émis une plainte envers elle, ainsi que la Police israélienne, à la suite d’une sortie équivalente qu’elle avait faite avec trois jeunes femmes palestiniennes. Nous avons décidé d’agir dans l’esprit de Martin Luther King et avons ainsi symbolisé notre refus de lois illégitimes et immorales.

Nous ne pouvons reconnaître aucune légalité à la "Loi d’Entrée en Israël", loi qui autorise tout Israélien et tout Juif à se mouvoir librement dans les régions situées entre la Méditerranée et le Jourdain, tout en refusant ce droit aux Palestiniens. On leur interdit tout libre mouvement dans les territoires occupés et ils ne sont pas autorisés à visiter les villes et cités de l’autre côté de la Ligne verte, où sont pourtant profondément enracinées leurs familles, leur nation et leurs traditions.

En conséquence, nous avons suivi notre conscience et décidé d’amener ces femmes à quelques uns de ces lieux. Nous avons toutes pris ce risque ensemble avec un esprit clair et résolu. Ainsi, nous, femmes israéliennes, avons eu le privilège d’expérimenter un des plus beaux et des plus émouvants jours de notre vie : rencontrer des femmes palestiniennes courageuses aimant la vie et la joie de vivre, et ensemble, avec elles, être des femmes libres, même si ce n’était que pour un jour.

Nous n’avons pas emmené avec nous des "terroristes" ou des ennemies, mais des êtres humains. Les autorités nous ont séparées de ces femmes par des barrières et des checkpoints, des lois et des règlements. Pas pour sauvegarder notre sécurité mais pour perpétuer l’ hostilité et le contrôle de terres prises illégalement à leurs propriétaires, à l’encontre des conventions internationales et des valeurs universelles des droits de l’Homme, justice et humanité.

Ce n’est pas nous qui violons la loi : l’Etat d’Israël le fait depuis des décennies. Ce n’est pas nous - femmes soucieuses de démocratie- qui avons transgressé : c’est l’Etat d’Israël qui le fait, nous entraînant dans l’abîme.

Henry David Thoreau, dans son célèbre essai "La désobéissance civile" (1845) écrit : "Quand le sixième de la population d’une nation prétendant être un refuge de liberté s’avère être esclave, et lorsqu’un pays entier est injustement envahi et conquis par une armée étrangère, mis sous la coupe de lois militaires, alors je pense qu’il est temps pour les hommes honnêtes de se rebeller et de faire la révolution. Ce qui rend ce devoir encore plus urgent est le fait que le pays ainsi dominé n’est pas nôtre, mais ce qui est nôtre c’est l’armée d’invasion."

Entendez ces mots, voyez comment ils décrivent de façon adéquate notre situation ici et maintenant- et faites comme nous.

25 août 2010 - sur UJFP




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