25 août 2010

La campagne palestinienne de boycott a un impact sur l’économie des colonies

mardi 24 août 2010 - 13h:39

Rapport - The Electronic Intifada


La campagne de boycott initiée par les Palestiniens de la base dans toute la Cisjordanie pour que les magasins locaux enlèvent les produits des colonies juives de leurs étagères a eu un impact sur l’économie des colonies israéliennes qui embarrasse le gouvernement israélien selon le quotidien Haaretz de cette semaine ("les Palestiniens ’sont déterminés à continuer le boycott des produits des colonies’," 8 août 2010).

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Des Palestiniens dans la ville Qalqiliya, en Cisjordanie occupée, manifestent pour un boycott des produits israéliens - Photo : Reash Khaleel/MaanImages

Qu’ils vivent dans les camps de réfugiés surpeuplés, dans les quartiers tentaculaires des grandes villes ou à la campagne, les Palestiniens se sont mobilisés dans des actions de promotion des produits fabriqués ou récoltés localement aux dépens de la multitude de marchandises fabriquées dans les colonies illégales installées sur les terres occupées de Cisjordanie.

L’Autorité Palestinienne (PA) de son côté a rédigé des listes des produits fabriqués dans les colonies et les a distribuées à des milliers de familles de Cisjordanie qu’ils ont incitées à acheter des produits palestiniens en les avertissant que le commerce de produits des colonies était passible de poursuites judiciaires. Mais cela fait des années que des communautés locales de base militent indépendamment de l’AP pour soutenir et encourager les commerçants à faire des choix responsables quand ils achètent et vendent de la marchandise.

Selon Haaretz, le Ministre de l’industrie et du commerce israélien a demandé à l’AP d’arrêter le boycott, invoquant de soi-disantes violations des règles du commerce international et feignant de s’inquiéter du sort des Palestiniens qui travaillent dans les colonies.

Les lois du commerce international ne s’appliquent pas aux boycotts de consommateurs et les colonies israéliennes elles-mêmes sont complètement illégales au regard du droit international y compris l’article 46 et 55 de la Convention de la Hague ; l’article 49 de la Convention de Genève et la Résolution 465 du Conseil de Sécurité de l’ONU. L’illégalité des colonies israéliennes a été réaffirmée dans le jugement de la Cour de Justice Internationale de la Hague de 2004 ("La réalité des colonies israéliennes", Palestine Monitor, 15 mars 2010)

Des artistes irlandais se sont engagés à boycotter Israël

Parmi les nouvelles internationales concernant le boycott il faut souligner que plus de 150 artistes irlandais ont aidé à lancer un boycott d’Israël plus important, en s’engageant à refuser de se produire en Israël et à refuser des bourses ou des fonds d’institutions en lien avec le gouvernement israélien. Cette campagne fait de l’Irlande le premier pays à mettre en place un mouvement national de boycott culturel contre l’apartheid israélien.

Dans une action conjointe avec la campagne de Solidarité Palestine Irlande (IPSC) des artistes ont rédigé un manifeste qu’ils ont publié sur le site web de IPSC stipulant que "les signataires s’engagent à boycotter l’état hébreu jusqu’à ce qu’il respecte le droit international" et précisant que les artistes répondent à un appel de la société civile palestinienne pour le boycott d’Israël ("Le concert de Dublin voit le lancement de la campagne intitulée "Engagement de participer au boycott culturel d’Israël," 13 août 2010).

Le musicien Eoin Dillon a lui aussi signé l’engagement. Selon IPSC son frère faisait partie de la flotte de la liberté de Gaza en mai dernier et a été kidnappé et arrêté quand les commandos israéliens ont arraisonné les navires, en faisant neuf victimes et des douzaines de blessés.

Dillon a dit à IPSC : "J’encourage tous les artistes irlandais à prendre cet engagement non seulement par dignité personnelle mais surtout pour l’honneur et la dignité du peuple palestinien".

L’engagement a été reconnu par la campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), qui a déclaré le 11 août - avant la prise de position de ces artistes- que cela représente "une stratégie révolutionnaire pour soutenir les Palestiniens dans leur lutte pour la liberté et la justice" ("des artistes irlandais font l’histoire du BDS...").

Ces dernières années beaucoup de figures internationales ont manifesté leur soutien au boycott culturel d’Israël" ajoute PACBI. "Une déclaration de John Berger en faveur du boycott a récolté des douzaines de signatures, dont quelques célébrités. Montréal au Canada a été le témoin d’une initiative très impressionnante dans ce domaine, quand 500 artistes en février dernier ont fait une déclaration pour s’engager à "lutter ensemble contre l’apartheid [israélien]" et pour appeler "tous les artistes et les acteurs culturels du pays et du monde entier à adopter une position similaire dans cette lutte globale" pour les droits des Palestiniens. Cependant les artistes irlandais ont relevé la barre de la solidarité en instituant la première opération nationale en faveur du boycott culturel d’Israël."

Cette initiative de boycott culturel fait suite à la campagne de Boycott Désinvestissement et Sanctions des consommateurs du mois dernier, menée par IPSC, pour remettre une pétition de plus de 6000 signatures à une chaîne nationale de supermarchés, les Marchés Dunnes, pour leur demander d’arrêter de vendre des produits fabriqués en Israël. Des personnalités syndicales, des militants de Sinn Fein et des membres des communautés palestiniennes et sud-africaines d’Irlande ont remis la pétition aux Marchés Dunnes en plusieurs endroits du pays.

Selon IPSC, il n’a fallu que deux jours pour recueillir les signatures et "tout cela s’est produit un quart de siècle après que Dunnes se soit trouvé confronté à une dure campagne de boycott et de piquets de grève qui a duré deux ans parce que la firme avait licencié un groupe d’employés qui refusaient de toucher aux marchandises en provenance d’Afrique du Sud." ("Pétition : des milliers de personnes demandent à Dunnes d’arrêter de commercialiser les produits israéliens", 29 juillet 2010).

Un syndicat canadien soutient l’envoi d’un bateau à Gaza

Au même moment, le syndicat des employés de la poste du Canada (CUPW) a officiellement demandé aux Canadiens d’apporter leur soutien au projet d’affréter un bateau canadien pour Gaza. Le navire canadien fera partie d’un flotte menée par des militants d’organisations des droits de l’homme qui projettent d’apporter de l’aide internationale à la bande de Gaza assiégée dans les mois à venir ("Le syndicat des postiers : Envoyez une lettre à Gaza grâce au bateau" 12 août 2010).

Le syndicat a une longue histoire de solidarité avec les Palestiniens et a même publié des résolutions demandant qu’il soit mis fin immédiatement à l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza.

"Suite à l’annonce de la poste canadienne que la poste israélienne avait cessé de délivrer le courrier à Gaza, le syndicat encourage ceux qui veulent envoyer une lettre à Gaza à la remette au bateau canadien qui va faire route vers le territoire palestiniens sous blocus" explique le CUPW.

Le CUPW ajoute que son soutien au bateau canadien pour Gaza s’est renforcé quand la poste israélienne a récemment annoncé à la poste canadienne que le courrier canadien ne serait pas délivré à la bande de Gaza étant donné les circonstances "dont ils ne sont pas responsables" selon le quotidien canadien Vancouver Sun ("Les postiers canadiens mettent leur sceau sur le projet de briser le blocus de Gaza," 12 août 2010).

Le courrier arrive à Gaza de manière irrégulière depuis des années à cause du blocus israélien illégal contre la bande de Gaza. Mais selon le Directeur Général du Ministère des Communications, Jamal Ismail, le système de distribution a pris du retard et le courrier du gouvernement n’a pas été délivré depuis quatre mois au moins. Ismail a dit à l’agence de presse Media line, que l’interruption de la distribution de courrier "n’était pas une nouveauté" à Gaza. L’employé palestinien basé à Gaza et qui était responsable du transfert du courrier vers Gaza a été arrêté par les forces israéliennes et Israël continue de retarder "l’examen" d’une nouvelle liaison postale.

Israël a aussi bloqué le courrier entre Gaza et la Cisjordanie selon l’agence de presse Maan ("Israël bloque le courrier entre Gaza et la Cisjordanie", 20 mai 2010).

Denis Lemelin, le Président national de CUPW, a expliqué pourquoi le syndicat soutenait le projet d’envoyer un bateau à Gaza : "En tant que postiers nous savons quelles souffrances et quelles difficultés provoque le fait de ne plus recevoir de courrier. Les gens sont coupés de ceux qu’ils aiment. Combien d’autres abus le peuple de Gaza devra-t-il encore supporter ?"

"Cela nous remonte le moral de voir que de plus en plus de gens s’alarment du traitement inhumain qu’Israël fait subir au peuple palestinien," ajoute Lemelin. "Nous sommes solidaires de tous les efforts visant à briser le blocus et a mettre fin au traitement indigne imposé au peuple palestinien par l’état d’Israël."

19 août 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet





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