Sayed Nasrallah: nous sortirons vainqueurs de cette nouvelle phase du complot contre la résistance
Tout en adoptant des positions très fermes sur le refus de toute accusation de membres du Hezbollah par le TSL et en précisant que toute main qui se tendra pour arrêter l’un des membres du parti sera coupée, sayyed Hassan Nasrallah a laissé une « dernière chance » au camp adverse de sortir de la crise, à travers le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la « Journée du martyr ». Après avoir développé « les cinq étapes du complot ourdi contre la résistance par les Etats-Unis, qui, selon lui, ne voient la région qu’à travers les intérêts d’Israël, assurant que l’acte d’accusation du TSL en est le dernier acte, il a invité les Libanais à saisir « la chance en or » qui leur est offerte par les efforts syro-saoudiens pour surmonter cette crise. Mais sayed Nasrallah a affirmé que nul ne dois se tromper et croire que la résistance se laissera accuser, ajoutant que la main qui se tendra pour arrêter l’un des seins sera coupée.
Devant un parterre nombreux et enthousiaste, comme à l’accoutumée, le secrétaire général du Hezbollah a prononcé un de ses plus longs discours, surprenant son auditoire en n’entrant pas dans les détails de l’enquête internationale et du TSL. Il s’est contenté d’un développement politique visant à montrer à ses auditeurs le complot américain contre le Liban, qui se poursuit depuis plusieurs décennies et vise à détruire la résistance et la coexistence libanaise pour servir les intérêts israéliens.
Sayyed Nasrallah a commencé par évoquer l’importance de la Journée du martyr du Hezbollah et le rôle joué par les martyrs dans la consolidation et la détermination de la résistance.
Sayyed Nasrallah a d’abord eu une pensée pour les âmes des grands martyrs et il a évoqué un texte sacré consacré aux martyrs. Il a aussi rappelé que Dieu nous a donné nos âmes et nos biens. Tout Lui appartient donc et rien ne nous appartient (…)Ceux qui se battent pour Lui, non pas seulement avec leurs biens et leurs paroles, mais aussi avec leurs âmes auront en contrepartie accès au Paradis. Et Dieu est en mesure de tenir ses promesses.
Il tient entre Ses mains, le ciel et la terre et est fidèle à ceux qui le sont avec Lui. Lorsqu’Il promet la victoire, Dieu tient aussi parole. Mais le moyen d’atteindre celle-ci est la voie de la défense du Droit, des opprimés, des persécutés et des affamés.
Le 11 novembre est la Journée du Martyr du Hezbollah. C’est aussi la date de la première opération jihadiste qualitative dans l’histoire du conflit arabo-israélien, lorsque l’émir des « kamikazes » ( Je lui accorde ce titre en tant que fondateur des opérations kamikazes contre l’ennemi sioniste) Ahmed Kassir, âgé de 18 ans, mais plein de sagesse, d’amour, de conviction et de clairvoyance, a attaqué le QG du gouverneur israélien à Tyr, faisant 140 morts entre soldats et officiers. Il a ainsi placé l’entité sioniste devant une période de deuil de trois jours et l’a plongée dans la douleur et la tristesse. Ahmed Kassir a ainsi inauguré une nouvelle étape dans la résistance et dans la lutte contre l’ennemi sioniste.
Nous avons choisi cette journée, a déclaré le Sayyed, pour célébrer chacun de nos martyrs, les grands et les chefs et les autres, ceux qui sont morts dans les combats ou dans des massacres, du premier jusqu’au dernier, mort il y a quelques semaines en tentant avec ses compagnons au sein de la résistance de déminer un terrain au Sud truffé de bombes à fragmentations laissées par l’ennemi sioniste dans le sol du Sud résistant.
En cette journée, la leur, nous devons parler de leurs réalisations, de leur dignité, de leur courage, de leur détermination et de leur résistance, puisque celle-ci reste leur principal testament, enregistré dans des messages diffusés après leur sacrifice.
Nous sommes aujourd’hui entrés dans une phase délicate de la vie de la patrie, de la résistance et de la région. En cette journée, nous avons le devoir de réfléchir sur la crise qui nous frappe tous, et non une partie sans les autres, de procéder à une relecture des événements pour mieux les analyser.
Nous sentons tous aujourd’hui au Liban que nous nous trouvons devant une nouvelle étape et la résistance considère qu’elle fait face à un nouvel épisode du complot qui la vise. D’après la lecture que j’ai effectuée (il peut y en avoir d’autres), il m’est apparu que nous avons traversé cinq épisodes. En fait quatre sont déjà terminés et nous sommes en train de vivre le cinquième, dans la série du plan visant la résistance. Les ouvrages parus récemment, notamment les mémoires de Tony Blair et de George Bush, le livre français « Dans le secret des présidents », et celui de l’ancien commandant en chef de la Finul, le général Alain Pellegrini, nous sont été utilises pour forger notre opinion, surtout les mémoires de Tony Blair et de George Bush, car ils ont une valeur juridique et judiciaire. Nul ne peut plus nous dire d’où amenez-vous vos éléments et sur quoi vous basez-vous ? Les ouvrages écrits par les responsables eux-mêmes fournissent des éléments de preuve.
Je voudrais, avant d’entrer dans les détails, évoquer la barbarie avec laquelle George Bush et Tony Blair évoquent certaines choses. Tony Blair, par exemple, ne parle pas d’un changement du régime syrien, mais « de la destruction de l’Etat syrien », alors que le régime syrien est une chose et l’Etat syrien une autre. Même chose concernant l’Irak. Ce qui s’y est passé dépasse le changement de régime et ressemble à une destruction systématique de ce pays. L’armée, les institutions et même le tissu social du pays ont été détruits. L’Irak a besoin aujourd’hui d’une reconstruction totale sur tous les plans et à tous les niveaux. Bush et Blair sont venus dans la région avec la volonté de détruire l’Irak, la Syrie, l’Iran et le Liban, l’Afghanistan… Tout cela pour servir les intérêts d’Israël.
Ce n’est pas moi qui le dis. Je me réfère ici à un texte de George Bush et à un autre de Henry Kissinger. Je souhaite qu’au Liban, nous prenions le temps de nous écouter et de discuter dans le calme car notre sort est en jeu. Après la victoire de 2000 qui a mis un terme au rêve sioniste du Grand Israël, les Israéliens ont clairement affirmé, et avec eux les Américains, qu’ils n’accepteront pas une résistance qui leur a fait essuyer une défaite. Depuis, j’ai réussi à diviser la guerre contre la résistance 5 actes.
Le premier acte est la confrontation avec la communauté internationale, via l’adoption de la résolution 1559. Le second acte commence avec l’assassinat de Rafic Hariri et la volonté d’appâter le Hezbollah en lui faisant miroiter les avantages du pouvoir pour le pousser à renoncer à ses armes. Le troisième acte a été la guerre de juillet 2006 et le quatrième acte a commencé avec les décisions du gouvernement prises le 5 mai 2008 avec l’aval des Etats-Unis et enfin, le cinquième acte se traduit par l’acte d’accusation du TSL.
Concernant le premier acte, il faut rappeler les propos du ministre israélien des AE de l’époque, Sylvain Shalom lorsqu’il a précisé avoir entrepris en 2000 une tournée internationale pour placer le Hezbollah en confrontation avec la communauté internationale à travers l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité. L’objectif de cette démarche était de ne plus laisser le Hezbollah face à Israël seul, mais de le placer en opposition à l’ensemble de la communauté internationale. Et ce souhait a pris forme lorsque les volontés des présidents Chirac et Bush se sont croisées à travers la résolution 1559. A l’époque, le président Chirac était surtout pressé de sortir les soldats syriens du Liban. Son souci premier n’était pas la résistance. Mais Bush lui, voulait en finir avec la résistance libanaise et palestinienne Et ce projet se poursuit. Sylvain Shalom (qui n’est plus ministre des AE, mais vice-président de l’entité sioniste)a récemment déclaré que l’acte d’accusation du TSL va aboutir à l’application de la 1559. Il a supposé que le Conseil de sécurité se réunira à nouveau et face à tant de pressions, le Liban sera divisé et les positions syriennes et iraniennes s’effondreront surtout avec la présence des soldats américains en Irak et en Afghanistan et avec Israël qui est toujours prêt à intervenir. EN 2004, les mêmes pressions ont été exercées, nous disant que vous allez affronter l’ensemble de la communauté internationale en refusant l’application de la 1559…
Nous arrivons au second acte avec l’assassinat du président martyr Rafic Hariri qui a provoqué un séisme dans le pays. Il y a eu un accord franco-américain, des pressions énormes ont été exercées pour pousser la Syrie à retirer ses troupes du Liban. Une fois cela fait, il fallait recomposer le pays sur de nouvelles bases.
Ce second acte qui commence avec l’opération politique interne en 2005 visait la résistance d’une manière que je qualifierais de « soft ». Je l’appelle la tentative d’attirer le Hezbollah vers le pouvoir à travers des appâts. Je pourrais ici ajouter à ce qui a paru dans le livre « Dans le secret des présidents », le contenu des rencontres que j’ai eues à cette époque avec l’ambassadeur de France. La vision de l’administration du président Chirac consistait à attirer le Hezbollah vers le pouvoir pour le pousser à renoncer à ses armes. Je l’avais d’ailleurs perçu moi-même à travers mes rencontres avec l’ambassadeur. Mais plus important encore que ces rencontres, ce qu’au dit le président français lui-même à un chef d’Etat de la région. Il lui a assuré que le président Bush et lui-même se sont entendus sur la nécessité de mettre un terme à la résistance au Liban et de lui retirer ses armes. « Mais la différence entre moi et les Américains, a précisé Chirac, c’est que je souhaite atteindre cet objectif par la raison et la politique alors que les Américains veulent le faire par les muscles ». Le président Chirac voulait donc ouvrir les portes du pouvoir devant le Hezbollah et au bout d’un certain temps, il sentira lui-même que le maintien de ses armes est devenu un poids pour lui. Ce président respectable a même sollicité l’aide de son interlocuteur pour nous convaincre de la justesse de ce point de vue. Le délai accordé à Chirac pour exécuter son plan ne dépassait pas un an et demi car la naissance du Nouveau MO ne pouvait pas attendre plus. A cette époque, il a été proposé au Hezbollah le maximum qu’il pouvait obtenir dans le système confessionnel actuel. Ici, je voudrais corriger les informations de certains Libanais qui refusent de voir la vérité. Ils accusent le Hezbollah et Amal de vouloir remplacer le partage du pouvoir à égalité entre chrétiens et musulmans par le partage en trois tiers, entre chrétiens, chiites et sunnites. Certaines personnalités du 14 mars ont même accusé récemment le général Michel Aoun de faciliter ce partage. Mais comment le général Aoun pourrait-il en venir à cette idée ? Je ne le comprends pas. Les premiers à avoir lancé cette idée sont les Français de l’administration Chirac. Nous autres, nous n’avons jamais songé à un tel partage et je défie quiconque de présenter une seule déclaration d’un de nos responsables ou d’un responsable de Amal ou même de n’importe quelle personnalité chiite. Ce sujet n’est pas dans nos esprits. Mais les Français ont proposé ce partage aux autorités iraniennes. Cela figure dans les procès verbaux des réunions au ministère des AE iranien. Les Français ont introduit le sujet en demandant s’il n’était pas temps de revoir l’accord de Taëf et de songer à un nouveau partage des pouvoirs. Les Iraniens qui ne sont pas très au fait de toutes ces subtilités ont demandé comment et les Français ont alors lancé l’idée du partage du pouvoir en trois tiers, sous prétexte que la situation démographique du Liban a changé, ainsi que la composition des forces...D’ailleurs, il y a quelques jours qui a évoqué un nouvel accord pour remplacer Taëf selon le désir de 5 pays arabes, c’est encore les Français en la personne de Bernard Kouchner. Pourquoi tous ceux qui tiennent tant à l’accord de Taëf n’ont pas alors ouvert la bouche ? Que se serait-il passé si c’était un membre de l’opposition qui avait ouverte ce sujet ? Il aurait été accusé de tous les maux. Il y a quelques semaines, un député prometteur du 14 mars a évoqué un nouveau système politique en contradiction avec l’accord de Taëf et proche de la fédération. Nous n’avons pas voulu répondre, mais pourquoi ceux qui sont si jaloux de préserver l’accord de Taëf se sont tus une fois de plus ? Si l’un de nous avait tenu de tels propos, il y aurait eu une véritable tempête de Téhéran jusqu’au bout du monde…
Revenons au cœur du sujet. Pourquoi tous ces appâts ont-ils été proposés à la communauté chiite, longtemps négligée dans la structure politique ? En obtenant un tiers du pouvoir, elle détiendra ainsi un droit de véto, mais en contrepartie, la communauté chiite devra se retirer du conflit israélo-arabe, c’est-à-dire renoncer à la résistance, se séparer de la Syrie et prendre le train américano-britannico-israélien. Dans ce train-là, il y a de la place même pour un parti islamique, même pour un assassin, les Américains sont pragmatiques. Mais là aussi, la communauté occidentale n’a pas compris que la résistance n’est pas une plateforme de compromis. A nos yeux, le prix du pouvoir est bien plus important que le tiers du pouvoir dans la structure politique. Notre résistance est sacrée. Nous ne cherchons pas le pouvoir et nous ne faisons pas de compromis sur notre foi, notre liberté, notre dignité et le sang de nos martyrs. La résistance est un devoir religieux et il s’agit d’un contrat conclu avec Dieu. Aucun compromis n’est possible sur ce sujet. Je voudrais ici rappeler que les éloges que nous adressaient les piliers du 14 mars en 2005, au moment de l’accord quadripartite avant les élections législatives. Aujourd’hui si quelqu’un de l’opposition tient à notre égard de tels propos, il est aussitôt critiqué. Pourtant il ne dit pas le quart de ce qu’ils disaient, eux, à notre sujet. Mais lui au moins est sincère…
Le troisième acte s’est joué à travers la guerre de 2006. Il fallait que naisse l’enfant de Gorge Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice, le fameux Nouveau Moyen Orient. Souvenez-vous à l’époque, les élections de la mi-mandat aux Etats-Unis étaient toutes proches. Les Américains considéraient qu’ils avaient mis la main sur le Parlement libanais et sur le gouvernement. Il ne restait plus qu’à briser la résistance. Les Etats-Unis ne voulaient pas régler le problème libanais, mais le problème israélien. Nous autres, peuples de la région, nous devons toujours garder en tête que ce qui compte pour les Etats-Unis dans la région c’est Israël, sa sécurité et sa force. C’est la constante absolue de la politique américaine dans la région. Pour conforter ces dires, je lirai ici une lettre du secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger en réponse à un message assez fort qui lui avait été adressé par le amid du BN Raymond Eddé. Ce dernier avait parlé au responsable américain avec un grand courage, accusant Kissinger de vouloir détruire le Liban. Kissinger a répondu et je voudrais ici citer deux paragraphes de cette lettre et je voudrais que les chrétiens du 14 mars en particulier, les jeunes surtout, m’écoutent attentivement. Kissinger reconnaît qu’il a songé à créer des mini-Etats confessionnels au Liban (cette lettre est datée du 14/6/1976, lorsque le Liban était dévasté) dans le genre d’Israël après avoir échoué dans l’idée de convaincre les pays arabes « ouverts »de conclure une paix définitive avec ce pays pour qu’il s’intègre à la région, je dois dire que les événements sanglants que nous avons provoqués au Liban (Il reconnaît ainsi qu’ils sont derrière les événements sanglants du Liban) ont fourni un terrain fertile à la division et à l’éclatement de la formule de coexistence ( A cette époque, il s’agissait de la coexistence islamo-chrétienne, non de la discorde entre sunnites et chiites), tout comme ils ont montré une grosse faille dans le système du seul pays démocratique de la région… Kissinger estime ensuite que le Liban est devenu un poids pour l’Occident en raison de l’excès de liberté dont il bénéficie qui a permis l’émergence d’idées utilisées contre l’Occident , non contre les pays de la région. Il faut donc détruire cette liberté et faire du Liban un pays suiveur, autrement dit trop faible pour avoir sa propre politique (Ceux qui considèrent que l’appui des américains est un moyen de parvenir à l’édification de l’Etat devraient revoir leur opinion). Il faut maintenir le Liban dans cet Etat pendant au moins deux ans, le temps de permettre aux compromis recherchés de mûrir. Kissinger considère ensuite que la vision de Raymond Eddé est affective, indigne d’un homme comme lui qui voit la région à travers le prisme des intérêts américains et israéliens. Les Libanais doivent comprendre, a assuré Kissinger, que la paix ne règnera pas chez eux tant que la sécurité d’Israël sera menacée. Tout ce qui se passe dans la région obéit à cette logique. Kissinger conclut sa lettre en assurant Eddé que sa fidélité à Israël n’a d’égale que celle qu’il voue à sa femme, ses trois enfants et son pays. En conclusion, l’Amérique d’aujourd’hui est-elle différente de celle de Kissinger ?
Dans le second paragraphe, Kissinger évoque sa venue au Liban et son refuge dans une caserne de l’armée. En quelques heures qu’il a passées dans cette caserne, Kissigner a découvert un pays qui fuit la réalité. Kissinger affirme à Eddé : je sais vous aller dire que c’est notre faute. Mais je vous répondrai que nous avons fait des tentatives similaires dans plusieurs autres pays arabes et nous avons échoué car nous nous sommes heurtés par une volonté et une immunité nationales. Le séisme ne se produit que là où il y a des fissures. Le Liban est le pays idéal pour exécuter les complots contre lui et contre le monde arabe. Le président Ford l’a d’ailleurs félicité pour le succès de son plan au Liban qui a effacé les échecs au Chili, au Guatémala, à Chypre etc. Kissinger avoue toutefois qu’il ne s’attendait pas à un tel succès assuré par les contradictions libanaises. Cette lettre doit être enseignée dans les manuels scolaires, car elle explique la réalité de la politique américaine qui utilise les Arabes, puis les jette ne tenant compte que des intérêts d’Israël.
Nous revenons au troisième acte qui consiste dans la guerre de 2006. Les Américains ont dû décider que l’appât du pouvoir n’a pas marché avec le Hezbollah et il n’existe aucun indice sur une possibilité interne d’en finir avec la résistance. Comme nous voulons réussir notre Nouveau Moyen orient, déclenchez donc une guerre. Nous n’allons pas revenir sur l’enlèvement des deux soldats et s’il a ou non provoqué la guerre de 2006. Nous avons déjà déclaré à ce sujet que si nous n’avions pas capturé les deux soldats israéliens en juillet, la guerre aurait eu lieu en septembre et elle aurait peut-être été plus difficile, car il n’y aurait pas eu le facteur de la surprise. La décision de la guerre a donc été prise. C’est clair dans le livre de mémoires de George Bush. Il pensait, avec Olmert, qu’en une semaine, le Hezbollah serait vaincu. Entre nous, cela aurait pu être logique en raison de l’ampleur de l’agression aérienne et des moyens utilisés. Rappelez-vous, ils ne sous ont rien laissé, ni permanence, ni maison, les cibles étaient bombardées deux et trois fois, car la banque de données avait été épuisée. Ce plan aurait dû détruire la résistance et les survivants auraient été arrêtés ou se seraient rendus. Dans ses mémoires, George Bush a exprimé sa déception et il en a fait assumer la responsabilité à la mauvaise prestation militaire israélienne. Bush estime qu’il y avait une chance en or pour Israël de vaincre le Hezbollah au cours de la première semaine et que celui-ci l’a laissée passer. Ensuite, il devenait plus difficile de faire taire les Etats importants et de dissimuler les images des massacres. Olmert a vite compris que cette guerre n’atteindrait pas ses objectifs et il a souhaité qu’elle s’arrête au bout de la première semaine. Mais Bush reconnaît lui-même qu’il a voulu prolonger la guerre pour donner d’autres chances à Israël de vaincre la résistance. George Bush aurait voulu donner encore plus de temps, mais il y a eu une évaluation au Conseil National de sécurité qui a montré que les Israéliens n’étaient plus en mesure de poursuivre cette guerre.
Dans ce contexte, nul ne doit nous vendre l’idée d’avoir arrêté la guerre. C’est notre résistance, celle de nos jeunes, du peuple et de l’armée qui a arrêté la guerre. D’ailleurs, les plus grosses pertes israéliennes ont eu lieu au cours de la dernière semaine de la guerre. Il a donc été convenu de s’adresser au Conseil de sécurité.
Bush a affirmé avoir eu recours au Conseil de sécurité pour trois raisons : sauver Israël. Le14 mars accepte-t-il ces propos de Bush ? Que ses responsables en discutent ouvertement. Au cours de la dernière semaine des combats, 40000 soldats israéliens étaient sur le sol du Sud, les blindés tiraient et les soldats tuaient, mais il y avait aussi une grande confusion, les paras introduits au Liban se retrouvaient sans manger, ils se plaignaient ouvertement et réclamaient leur rapatriement. Les troupes d’élite israéliennes ne parvenaient à tenir plus de 48 heures au Sud. En face d’eux, les résistants ne voulaient pas quitter leurs postes. L’histoire est désormais connue : j’ai dit aux jeunes de Bint Jbeil à la seconde semaine de la guerre : ce n’est pas la peine de rester, quittez les lieux et eux n’ont pas voulu. Bush utilise donc un terme très précis : sauver Israël. Si la guerre s’était prolongée, il y aurait sans doute eu une grande catastrophe pour Israël car le gouvernement avait perdu la confiance du peuple, les soldats avaient perdu confiance en leur commandement etc. Tout le moral d’un pays a été frappé. Certains pourraient alors demander : pourquoi dans ces conditions, le Hezbollah a-t-il accepté d’arrêter la guerre ? Tout simplement parce que notre projet n’est pas la guerre. Nous étions de voir clairement ce qui se passait sur le terrain, mais en même temps, nous avions la responsabilité de notre pays, de notre peuple, de nos maisons… Ce n’est donc pas pour le Liban que George Bush a arrêté la guerre. Ni parce que les images des massacres ont remué ses sentiments. Il l’a fait d’abord pour sauver Israël. Ensuite pour empêcher l’isolement des Etats-Unis, car avec le temps, le monde a commencé à cesser d’appuyer cette guerre et les Etats-Unis se seraient retrouvés seuls. De plus, il fallait sauver l’image des Etats-Unis dans la région, où ils étaient venus pour sauver les peuples des dictateurs et pour répandre la démocratie, en considérant que la révolution du Cèdre est leur principal succès. Or si la guerres e poursuivait tout cela aurait été perdu… Enfin, il affirme qu’il voulait sauver le gouvernement démocratique de Siniora. Là, il ment. Bush n’a que faire de Siniora. Pourquoi dans ce cas n’est-il pas intervenu pour sauver ce même gouvernement en mai 2008 ? La vraie raison est donc Israël. La guerre a eu lieu pour servir ses intérêts et elle a échoué.
Avant de passer au quatrième acte, je voudrais rappeler qu’il existe un dossier que nous n’avons pas ouvert après la guerre mais sur lequel il serait bon de s’arrêter. Au nom des 1140 martyrs de cette guerre, combattants, soldats, libanais, palestiniens, simples agriculteurs et civils, nous avons le droit de poser cette question : certains responsables du 14 mars ont-ils demandé que cette guerre soit menée contre le Hezbollah ? Y en a-t-il qui l’ont fait ou non ? Y a-t-il des leaders libanais qui ont demandé la prolongation de cette guerre, pour qu’Israël puisse détruire le Hezbollah ? Y en a-t-il qui ont misé sur cette guerre ? Quel a été le rôle politique, médiatique et sécuritaire de certains commandements dans des forces politiques pendant cette guerre ? Y a-t-il au Liban des personnes qui ont joué un rôle dans la prolongation des négociations des dernières semaines ? Nous revenons ici aux Français. Pendant la guerre, le Français a contacté le responsable des relations internationales du Hezbollah de l’époque qui est devenu depuis député au Parlement et il lui a demandé de le retrouver dans un lieu précis, puisque nous n’avions plus ni domiciles ni bureaux. Il lui a dit : les Américains, les Français et les Israéliens sont d’accord au Conseil de sécurité pour arrêter la guerre, mais c’est votre gouvernement qui refuse. Je ne fais pas de la diffamation. Les enregistrements des débats au Conseil des ministres existent. Malgré cela, nous n’avons pas ouvert ce dossier après la guerre et nous n’avons demandé des comptes à personne. Nous n’avons pas réclamé l’ouverture d’une enquête internationale ( Nous ne croyons d’ailleurs pas dans les tribunaux internationaux), ni même l’ouverture d’une enquête locale devant la cour de justice ou autre. Nous nous sommes contentés de dire, le Liban est détruit en dépit de sa victoire. Il y a de grandes douleurs et nous devons coopérer. Mais ce dossier doit-il rester fermé ? Ne fait-il pas partie de la vérité ? Je ne place pas un dossier face à l’autre, tous les dossiers sont respectables, mais je pose une question. Je voudrais encore dire que dans cet acte, ils ont fait preuve d’une mauvaise estimation de la volonté de la détermination et de la foi de la résistance. Il ne leur restait plus qu’à ternir notre victoire que le monde entier a reconnue sauf vous.
Le quatrième acte s’est joué le 5 mai 2008, avec les décisions du gouvernement prises avec l’accord des Etats-Unis pour provoquer une confrontation entre la résistance et l’armée et une discorde entre sunnites et chiites. Les décisions ont été suivies par le 7 mai et le quatrième acte est tombé. Une fois de plus, vous avez fait une erreur dans vos calculs, dans la compréhension de nos choix, de nos priorités et de notre façon de penser. Vous continuez d’ailleurs à faire les mêmes erreurs.
Enfin, le cinquième acte se joue actuellement. Tant qu’il y a les Etats-Unis et Israël et un pays aussi beau que le Liban, avec ses ressources en eau et peut-être en pétrole, le complot ne s’arrêtera pas. Le cinquième acte se résume dans l’acte d’accusation et le TSL, avec un retour au début en plaçant le Hezbollah en confrontation avec la communauté internationale. Nous sommes entrés en plein dans une nouvelle phase de la campagne contre la résistance à travers l’acte d’accusation.
Dans son livre, George Bush ne parle pas d’une accusation politique, mais basée sur des preuves qui ont permis d’accuser la Syrie. Pourtant, l’accusation contre la Syrie a été écartée, alors commençons à accuser la résistance d’avoir assassiné un grand Premier ministre. En d’autres termes, on place ainsi la résistance face au projet de l’Etat. De plus, il s’agit d’accuser des jeunes chiites de l’assassinat du principal leader sunnite. Nous publions à cet effet un acte d’accusation. Nous demandons ensuite au gouvernement libanais, avec lequel nous avons conclu un accord, d’arrêter les jeunes chiites. Le gouvernement devra alors envoyer son armée et ses FSI pour accomplir cette mission et elles entreront en conflit avec la résistance. C’est le but recherché en premier. Les Américains, les Israéliens et les parrains du TSL ne se soucient pas de ce qui peut se passer au Liban. Ils ne se soucient ni du sang de Rafic Hariri, ni des sunnites, ni des chiites, ni même du 14 ou du 8 mars. Tout ce qui compte pour eux, c’est Israël. Et l’intérêt d’Israël exige de frapper la résistance, de ternir son image, de lui retirer sa base populaire et de frapper son moral et sa détermination, pour qu’elle soit au final, prête à la reddition ou à l’élimination. Je ne souhaite pas parler de l’enquête, du dossier des faux témoins, ni des télécommunications. Beaucoup de choses ont été dites sur ces sujets. Mais il semble que là aussi, il y a eu une mauvaise estimation de la situation. Ils ont cru qu’en disant au Hezbollah qu’il va être accusé, alors que tout le monde sait combien il tient à son image, à ses armes et à rejeter toute forme de discorde, ils allaient le faire céder. Hier encore, une des personnalités du 14 mars a déclaré : si le Hezbollah sort ses armes, nous aurons gagné. Imaginez-vous qu’ils complotent contre nos armes. Ils nous provoquent, nous diffament pour nous pousser à réagir et à utiliser les armes à l’intérieur. Si nous le faisons, il se sentira vainqueur. Mais vainqueur de quoi ? Ils ne devraient pas plutôt être avec nous pour que nos armes continuent à être brandies contre Israël s’ils avaient vraiment à cœur le sort du pays ? L’équation est donc la suivante : ils complotent contre la résistance et la provoquent pour qu’elle utilise ses armes à l’intérieur. Ils ont cru que comme le Hezbollah tient à son image, à ses armes et à ses priorités, en lui disant qu’il va être accusé, il sera prêt à accepter un compromis. On lui dira qu’il s’agit de quatre ou cinq éléments indisciplinés. Mais on aura alors introduit le Hezbollah dans un cercle vicieux. La résistance a bien expliqué qu’elle n’acceptera aucune forme d’accusation de ce genre et elle est bien plus noble que cela. Son public, ses partisans et l’opposition nationale n’accepteront pas non plus une telle accusation. Eux croyaient pourtant que la résistance se retrouvera seule face au complot et que tout le monde l’abandonnera face à une accusation aussi grave.
Le pays est donc entré dans une phase de tension politique et médiatique. Dans ce contexte, le roi Abadallah a lancé son initiative bien intentionnée et soucieuse du bien du pays. Il s’est rendu à Damas et ensuite, il a tenu avec le président Assad et le président Sleiman un sommet à Beyrouth dont a dit à l’époque qu’il viait à traiter la situation grave au Liban.
Je voudrais dire ici que ce n’est pas nous qui plaçons le Liban dans une période de tension. Nous avons appelé à une trêve et à la coopération, mais sou couvert de cette trêve, nous avons découvert qu’ils creusent des pièges l’un après l’autre pour y faire tomber le Liban. Je vous le dis, les efforts syro-saoudiens sont très sérieux. Nous attachons de grands espoirs sur ces efforts qui se poursuivent. En principe, ils devraient porter leurs fruits dans un proche avenir. Tout résultat de ces efforts qui bénéficiera de l’appui des parties libanaises obtiendra assurément l’aval de l’Iran. Je le dis pour que nul n’accuse demain ce pays de saboter l’accord Le président Ahmadinajad n’a pas proposé de solutions au cours de sa visite au Liban et il n’est pas entré dans les détails. Son seul souci était de traiter la situation. C’est la position de son pays.
Lorsque certains commandements politiques libanais ont senti que les efforts saoudiens et syriens étaient sérieux et qu’ils cherchaient à placer le Liban sur la voie de la solution, ils ont appelé à l’aide les Américains, qui étaient occupés par leurs élections de la mi-mandat. Je ne fais pas de l’analyse, mais je donne des informations. D’ailleurs, ceux qui ont fait cela savent ce qu’ils ont fait et se reconnaîtront. Ils ont aussi fait appel aux Français et à certains gouvernements arabes, affirmant que si les Syriens et les Saoudiens poursuivi leurs efforts et aboutissent à un accord qu’ils font avaliser par les parties libanaises, cela signifierait que le cinquième acte du complot est tombé. Cela signifierait aussi la fin de leurs rêves d’une confrontation entre les sunnites et les chiites et entre la résistance et l’armée. Certains au Liban vivent sur le conflit des autres et ne trouvent un rôle à jouer que dans un tel contexte. C’est aussi ce qui s’est passé pendant la guerre de 2006.
Avec la demande libanaise d’aide adressée aux Américains pour faire pression notamment sur le roi Abdallah et sur la Syrie, vous avez vu Clinton, Feltman et Suzanne Rice exercer des pressions régionales et locales sur le président Sleiman, sur le leader Walid Joumblatt et sur l’opposition en général. Les Américains et les Israéliens sont entrés en force sur la scène médiatiquement et politiquement, multipliant les détails sur le contenu de l’acte d’accusation et disant aux Libanais : si vous n’acceptez pas l’acte d’accusation, ce sera la guerre.
Suite à tout ce développement, je voudrais dire sept affirmations : Ceux qui croient que la résistance acceptera l’accusation de l’un des siens se trompent, quelles que soient les pressions exercées. Ceux qui croient que la résistance acceptera l’arrestation d’un de ses moujahidins se trompent et la main qui se portera contre lui sera coupée. Ceux qui croient que la résistance ne se défendra pas contre toute accusation se trompent. Elle le fera si elle est agressée de la manière qu’elle choisira en accord avec ses alliés. Ceux qui croient que la menace d’une guerre israélienne effrayera la résistance se trompe. Celle-ci attend ce jour pour réaliser sa grande victoire. Ceux qui misent encore sur les Etats-Unis se trompent, car ceux-ci reculent et sont perdus et quand ils étaient à leur apogée ils les ont laissés. Vous avez perdu toutes les occasions de mettre la situation dans le droit chemin. Il en reste encore une. Nous avons demandé de juger les faux témoins. Or, au lieu de les juger, vous les protégez. Celui qui veut la vérité et la justice juge les faux témoins. Il existe un débat au sein du Conseil des ministres sur la compétence ou non dans ce dossier de la justice ordinaire ou de la Cour de Justice. Personnellement, j’estime que la Cour de Justice est compétente. Mais en attendant, pourquoi la justice ordinaire n’at-elle pas encore bougé, surtout après les déclarations du Premier ministre au quotidien saoudien « Al Chark Al Awsat » ? Malgré cela, certains d’entre eux, un tel dossier n’existe pas. N réalité, la vérité est que ce dossier peut toucher de grosses têtes et constituera le plus gros scandale politique de la région. Il ne s’agit pas de défendre les faux témoins, mais d’effacer ceux qui les ont fabriqués et protégés. Nous vous avons aussi demandé d’arrêter les infiltrations dans la presse. Or, celles-ci ont augmenté. Nous vous avons demandé de creuser d’autres pistes, comme celle israélienne, avec les indices et les présomptions que nous avons présentés, rien n’a été fait. A ce sujet, je suis sidéré par certains commandements libanais qui sont experts dans toutes les questions. Lorsque j’ai présenté mes présomptions, certains au 14 mars se sont empressés de dire que ces photos sont prises de Google. Les Israéliens ont eux pris leur temps pour vérifier et ils ont finalement déclaré que les photos sont exactes. Les fameux commandements ont alors avalé leur langue.
En dernier lieu, je voudrais encore dire qu’il existe encore une chance en or de sauver le pays du complot américano-israélien. Il y a un effort syro-saoudien. Vous devez choisir, soit donner le pays aux Américains soit nous asseoir à la même table et discuter en toute franchise et nous collaborons avec les Syriens et les Saoudiens. Mais que nul ne croit que nous sommes des accusés, car celui qui nous accuse est celui qui a tué…. Après cinq and de cafouillage, d’erreurs, de scandales, nous devons nous poser clairement la question suivante : l’enquête internationale et le TSL sont-ils la bonne voie pour arriver à la vérité ?
En cette journée du martyr, qui résume le parcours de tous nos martyrs, je voudrais vous rassurer et vous promettre une nouvelle victoire, à l’image de ce qui s’est passé avec les actes précédents. Nous avons tenu trente trois jours et nous avons déjoué un acte en trois heures. Cette fois encore, nous sortirons vainqueurs, la tête haute. Je voudrais encore dire que notre destin dans ce pays est d’être toujours l’objet d’un complot. Celui-ci est très grand et comporte des éléments internationaux et régionaux, mais selon l’exemple de nos martyrs, nous réussirons à le déjouer.
Devant un parterre nombreux et enthousiaste, comme à l’accoutumée, le secrétaire général du Hezbollah a prononcé un de ses plus longs discours, surprenant son auditoire en n’entrant pas dans les détails de l’enquête internationale et du TSL. Il s’est contenté d’un développement politique visant à montrer à ses auditeurs le complot américain contre le Liban, qui se poursuit depuis plusieurs décennies et vise à détruire la résistance et la coexistence libanaise pour servir les intérêts israéliens.
Sayyed Nasrallah a commencé par évoquer l’importance de la Journée du martyr du Hezbollah et le rôle joué par les martyrs dans la consolidation et la détermination de la résistance.
Sayyed Nasrallah a d’abord eu une pensée pour les âmes des grands martyrs et il a évoqué un texte sacré consacré aux martyrs. Il a aussi rappelé que Dieu nous a donné nos âmes et nos biens. Tout Lui appartient donc et rien ne nous appartient (…)Ceux qui se battent pour Lui, non pas seulement avec leurs biens et leurs paroles, mais aussi avec leurs âmes auront en contrepartie accès au Paradis. Et Dieu est en mesure de tenir ses promesses.
Il tient entre Ses mains, le ciel et la terre et est fidèle à ceux qui le sont avec Lui. Lorsqu’Il promet la victoire, Dieu tient aussi parole. Mais le moyen d’atteindre celle-ci est la voie de la défense du Droit, des opprimés, des persécutés et des affamés.
Le 11 novembre est la Journée du Martyr du Hezbollah. C’est aussi la date de la première opération jihadiste qualitative dans l’histoire du conflit arabo-israélien, lorsque l’émir des « kamikazes » ( Je lui accorde ce titre en tant que fondateur des opérations kamikazes contre l’ennemi sioniste) Ahmed Kassir, âgé de 18 ans, mais plein de sagesse, d’amour, de conviction et de clairvoyance, a attaqué le QG du gouverneur israélien à Tyr, faisant 140 morts entre soldats et officiers. Il a ainsi placé l’entité sioniste devant une période de deuil de trois jours et l’a plongée dans la douleur et la tristesse. Ahmed Kassir a ainsi inauguré une nouvelle étape dans la résistance et dans la lutte contre l’ennemi sioniste.
Nous avons choisi cette journée, a déclaré le Sayyed, pour célébrer chacun de nos martyrs, les grands et les chefs et les autres, ceux qui sont morts dans les combats ou dans des massacres, du premier jusqu’au dernier, mort il y a quelques semaines en tentant avec ses compagnons au sein de la résistance de déminer un terrain au Sud truffé de bombes à fragmentations laissées par l’ennemi sioniste dans le sol du Sud résistant.
En cette journée, la leur, nous devons parler de leurs réalisations, de leur dignité, de leur courage, de leur détermination et de leur résistance, puisque celle-ci reste leur principal testament, enregistré dans des messages diffusés après leur sacrifice.
Nous sommes aujourd’hui entrés dans une phase délicate de la vie de la patrie, de la résistance et de la région. En cette journée, nous avons le devoir de réfléchir sur la crise qui nous frappe tous, et non une partie sans les autres, de procéder à une relecture des événements pour mieux les analyser.
Nous sentons tous aujourd’hui au Liban que nous nous trouvons devant une nouvelle étape et la résistance considère qu’elle fait face à un nouvel épisode du complot qui la vise. D’après la lecture que j’ai effectuée (il peut y en avoir d’autres), il m’est apparu que nous avons traversé cinq épisodes. En fait quatre sont déjà terminés et nous sommes en train de vivre le cinquième, dans la série du plan visant la résistance. Les ouvrages parus récemment, notamment les mémoires de Tony Blair et de George Bush, le livre français « Dans le secret des présidents », et celui de l’ancien commandant en chef de la Finul, le général Alain Pellegrini, nous sont été utilises pour forger notre opinion, surtout les mémoires de Tony Blair et de George Bush, car ils ont une valeur juridique et judiciaire. Nul ne peut plus nous dire d’où amenez-vous vos éléments et sur quoi vous basez-vous ? Les ouvrages écrits par les responsables eux-mêmes fournissent des éléments de preuve.
Je voudrais, avant d’entrer dans les détails, évoquer la barbarie avec laquelle George Bush et Tony Blair évoquent certaines choses. Tony Blair, par exemple, ne parle pas d’un changement du régime syrien, mais « de la destruction de l’Etat syrien », alors que le régime syrien est une chose et l’Etat syrien une autre. Même chose concernant l’Irak. Ce qui s’y est passé dépasse le changement de régime et ressemble à une destruction systématique de ce pays. L’armée, les institutions et même le tissu social du pays ont été détruits. L’Irak a besoin aujourd’hui d’une reconstruction totale sur tous les plans et à tous les niveaux. Bush et Blair sont venus dans la région avec la volonté de détruire l’Irak, la Syrie, l’Iran et le Liban, l’Afghanistan… Tout cela pour servir les intérêts d’Israël.
Ce n’est pas moi qui le dis. Je me réfère ici à un texte de George Bush et à un autre de Henry Kissinger. Je souhaite qu’au Liban, nous prenions le temps de nous écouter et de discuter dans le calme car notre sort est en jeu. Après la victoire de 2000 qui a mis un terme au rêve sioniste du Grand Israël, les Israéliens ont clairement affirmé, et avec eux les Américains, qu’ils n’accepteront pas une résistance qui leur a fait essuyer une défaite. Depuis, j’ai réussi à diviser la guerre contre la résistance 5 actes.
Le premier acte est la confrontation avec la communauté internationale, via l’adoption de la résolution 1559. Le second acte commence avec l’assassinat de Rafic Hariri et la volonté d’appâter le Hezbollah en lui faisant miroiter les avantages du pouvoir pour le pousser à renoncer à ses armes. Le troisième acte a été la guerre de juillet 2006 et le quatrième acte a commencé avec les décisions du gouvernement prises le 5 mai 2008 avec l’aval des Etats-Unis et enfin, le cinquième acte se traduit par l’acte d’accusation du TSL.
Concernant le premier acte, il faut rappeler les propos du ministre israélien des AE de l’époque, Sylvain Shalom lorsqu’il a précisé avoir entrepris en 2000 une tournée internationale pour placer le Hezbollah en confrontation avec la communauté internationale à travers l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité. L’objectif de cette démarche était de ne plus laisser le Hezbollah face à Israël seul, mais de le placer en opposition à l’ensemble de la communauté internationale. Et ce souhait a pris forme lorsque les volontés des présidents Chirac et Bush se sont croisées à travers la résolution 1559. A l’époque, le président Chirac était surtout pressé de sortir les soldats syriens du Liban. Son souci premier n’était pas la résistance. Mais Bush lui, voulait en finir avec la résistance libanaise et palestinienne Et ce projet se poursuit. Sylvain Shalom (qui n’est plus ministre des AE, mais vice-président de l’entité sioniste)a récemment déclaré que l’acte d’accusation du TSL va aboutir à l’application de la 1559. Il a supposé que le Conseil de sécurité se réunira à nouveau et face à tant de pressions, le Liban sera divisé et les positions syriennes et iraniennes s’effondreront surtout avec la présence des soldats américains en Irak et en Afghanistan et avec Israël qui est toujours prêt à intervenir. EN 2004, les mêmes pressions ont été exercées, nous disant que vous allez affronter l’ensemble de la communauté internationale en refusant l’application de la 1559…
Nous arrivons au second acte avec l’assassinat du président martyr Rafic Hariri qui a provoqué un séisme dans le pays. Il y a eu un accord franco-américain, des pressions énormes ont été exercées pour pousser la Syrie à retirer ses troupes du Liban. Une fois cela fait, il fallait recomposer le pays sur de nouvelles bases.
Ce second acte qui commence avec l’opération politique interne en 2005 visait la résistance d’une manière que je qualifierais de « soft ». Je l’appelle la tentative d’attirer le Hezbollah vers le pouvoir à travers des appâts. Je pourrais ici ajouter à ce qui a paru dans le livre « Dans le secret des présidents », le contenu des rencontres que j’ai eues à cette époque avec l’ambassadeur de France. La vision de l’administration du président Chirac consistait à attirer le Hezbollah vers le pouvoir pour le pousser à renoncer à ses armes. Je l’avais d’ailleurs perçu moi-même à travers mes rencontres avec l’ambassadeur. Mais plus important encore que ces rencontres, ce qu’au dit le président français lui-même à un chef d’Etat de la région. Il lui a assuré que le président Bush et lui-même se sont entendus sur la nécessité de mettre un terme à la résistance au Liban et de lui retirer ses armes. « Mais la différence entre moi et les Américains, a précisé Chirac, c’est que je souhaite atteindre cet objectif par la raison et la politique alors que les Américains veulent le faire par les muscles ». Le président Chirac voulait donc ouvrir les portes du pouvoir devant le Hezbollah et au bout d’un certain temps, il sentira lui-même que le maintien de ses armes est devenu un poids pour lui. Ce président respectable a même sollicité l’aide de son interlocuteur pour nous convaincre de la justesse de ce point de vue. Le délai accordé à Chirac pour exécuter son plan ne dépassait pas un an et demi car la naissance du Nouveau MO ne pouvait pas attendre plus. A cette époque, il a été proposé au Hezbollah le maximum qu’il pouvait obtenir dans le système confessionnel actuel. Ici, je voudrais corriger les informations de certains Libanais qui refusent de voir la vérité. Ils accusent le Hezbollah et Amal de vouloir remplacer le partage du pouvoir à égalité entre chrétiens et musulmans par le partage en trois tiers, entre chrétiens, chiites et sunnites. Certaines personnalités du 14 mars ont même accusé récemment le général Michel Aoun de faciliter ce partage. Mais comment le général Aoun pourrait-il en venir à cette idée ? Je ne le comprends pas. Les premiers à avoir lancé cette idée sont les Français de l’administration Chirac. Nous autres, nous n’avons jamais songé à un tel partage et je défie quiconque de présenter une seule déclaration d’un de nos responsables ou d’un responsable de Amal ou même de n’importe quelle personnalité chiite. Ce sujet n’est pas dans nos esprits. Mais les Français ont proposé ce partage aux autorités iraniennes. Cela figure dans les procès verbaux des réunions au ministère des AE iranien. Les Français ont introduit le sujet en demandant s’il n’était pas temps de revoir l’accord de Taëf et de songer à un nouveau partage des pouvoirs. Les Iraniens qui ne sont pas très au fait de toutes ces subtilités ont demandé comment et les Français ont alors lancé l’idée du partage du pouvoir en trois tiers, sous prétexte que la situation démographique du Liban a changé, ainsi que la composition des forces...D’ailleurs, il y a quelques jours qui a évoqué un nouvel accord pour remplacer Taëf selon le désir de 5 pays arabes, c’est encore les Français en la personne de Bernard Kouchner. Pourquoi tous ceux qui tiennent tant à l’accord de Taëf n’ont pas alors ouvert la bouche ? Que se serait-il passé si c’était un membre de l’opposition qui avait ouverte ce sujet ? Il aurait été accusé de tous les maux. Il y a quelques semaines, un député prometteur du 14 mars a évoqué un nouveau système politique en contradiction avec l’accord de Taëf et proche de la fédération. Nous n’avons pas voulu répondre, mais pourquoi ceux qui sont si jaloux de préserver l’accord de Taëf se sont tus une fois de plus ? Si l’un de nous avait tenu de tels propos, il y aurait eu une véritable tempête de Téhéran jusqu’au bout du monde…
Revenons au cœur du sujet. Pourquoi tous ces appâts ont-ils été proposés à la communauté chiite, longtemps négligée dans la structure politique ? En obtenant un tiers du pouvoir, elle détiendra ainsi un droit de véto, mais en contrepartie, la communauté chiite devra se retirer du conflit israélo-arabe, c’est-à-dire renoncer à la résistance, se séparer de la Syrie et prendre le train américano-britannico-israélien. Dans ce train-là, il y a de la place même pour un parti islamique, même pour un assassin, les Américains sont pragmatiques. Mais là aussi, la communauté occidentale n’a pas compris que la résistance n’est pas une plateforme de compromis. A nos yeux, le prix du pouvoir est bien plus important que le tiers du pouvoir dans la structure politique. Notre résistance est sacrée. Nous ne cherchons pas le pouvoir et nous ne faisons pas de compromis sur notre foi, notre liberté, notre dignité et le sang de nos martyrs. La résistance est un devoir religieux et il s’agit d’un contrat conclu avec Dieu. Aucun compromis n’est possible sur ce sujet. Je voudrais ici rappeler que les éloges que nous adressaient les piliers du 14 mars en 2005, au moment de l’accord quadripartite avant les élections législatives. Aujourd’hui si quelqu’un de l’opposition tient à notre égard de tels propos, il est aussitôt critiqué. Pourtant il ne dit pas le quart de ce qu’ils disaient, eux, à notre sujet. Mais lui au moins est sincère…
Le troisième acte s’est joué à travers la guerre de 2006. Il fallait que naisse l’enfant de Gorge Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice, le fameux Nouveau Moyen Orient. Souvenez-vous à l’époque, les élections de la mi-mandat aux Etats-Unis étaient toutes proches. Les Américains considéraient qu’ils avaient mis la main sur le Parlement libanais et sur le gouvernement. Il ne restait plus qu’à briser la résistance. Les Etats-Unis ne voulaient pas régler le problème libanais, mais le problème israélien. Nous autres, peuples de la région, nous devons toujours garder en tête que ce qui compte pour les Etats-Unis dans la région c’est Israël, sa sécurité et sa force. C’est la constante absolue de la politique américaine dans la région. Pour conforter ces dires, je lirai ici une lettre du secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger en réponse à un message assez fort qui lui avait été adressé par le amid du BN Raymond Eddé. Ce dernier avait parlé au responsable américain avec un grand courage, accusant Kissinger de vouloir détruire le Liban. Kissinger a répondu et je voudrais ici citer deux paragraphes de cette lettre et je voudrais que les chrétiens du 14 mars en particulier, les jeunes surtout, m’écoutent attentivement. Kissinger reconnaît qu’il a songé à créer des mini-Etats confessionnels au Liban (cette lettre est datée du 14/6/1976, lorsque le Liban était dévasté) dans le genre d’Israël après avoir échoué dans l’idée de convaincre les pays arabes « ouverts »de conclure une paix définitive avec ce pays pour qu’il s’intègre à la région, je dois dire que les événements sanglants que nous avons provoqués au Liban (Il reconnaît ainsi qu’ils sont derrière les événements sanglants du Liban) ont fourni un terrain fertile à la division et à l’éclatement de la formule de coexistence ( A cette époque, il s’agissait de la coexistence islamo-chrétienne, non de la discorde entre sunnites et chiites), tout comme ils ont montré une grosse faille dans le système du seul pays démocratique de la région… Kissinger estime ensuite que le Liban est devenu un poids pour l’Occident en raison de l’excès de liberté dont il bénéficie qui a permis l’émergence d’idées utilisées contre l’Occident , non contre les pays de la région. Il faut donc détruire cette liberté et faire du Liban un pays suiveur, autrement dit trop faible pour avoir sa propre politique (Ceux qui considèrent que l’appui des américains est un moyen de parvenir à l’édification de l’Etat devraient revoir leur opinion). Il faut maintenir le Liban dans cet Etat pendant au moins deux ans, le temps de permettre aux compromis recherchés de mûrir. Kissinger considère ensuite que la vision de Raymond Eddé est affective, indigne d’un homme comme lui qui voit la région à travers le prisme des intérêts américains et israéliens. Les Libanais doivent comprendre, a assuré Kissinger, que la paix ne règnera pas chez eux tant que la sécurité d’Israël sera menacée. Tout ce qui se passe dans la région obéit à cette logique. Kissinger conclut sa lettre en assurant Eddé que sa fidélité à Israël n’a d’égale que celle qu’il voue à sa femme, ses trois enfants et son pays. En conclusion, l’Amérique d’aujourd’hui est-elle différente de celle de Kissinger ?
Dans le second paragraphe, Kissinger évoque sa venue au Liban et son refuge dans une caserne de l’armée. En quelques heures qu’il a passées dans cette caserne, Kissigner a découvert un pays qui fuit la réalité. Kissinger affirme à Eddé : je sais vous aller dire que c’est notre faute. Mais je vous répondrai que nous avons fait des tentatives similaires dans plusieurs autres pays arabes et nous avons échoué car nous nous sommes heurtés par une volonté et une immunité nationales. Le séisme ne se produit que là où il y a des fissures. Le Liban est le pays idéal pour exécuter les complots contre lui et contre le monde arabe. Le président Ford l’a d’ailleurs félicité pour le succès de son plan au Liban qui a effacé les échecs au Chili, au Guatémala, à Chypre etc. Kissinger avoue toutefois qu’il ne s’attendait pas à un tel succès assuré par les contradictions libanaises. Cette lettre doit être enseignée dans les manuels scolaires, car elle explique la réalité de la politique américaine qui utilise les Arabes, puis les jette ne tenant compte que des intérêts d’Israël.
Nous revenons au troisième acte qui consiste dans la guerre de 2006. Les Américains ont dû décider que l’appât du pouvoir n’a pas marché avec le Hezbollah et il n’existe aucun indice sur une possibilité interne d’en finir avec la résistance. Comme nous voulons réussir notre Nouveau Moyen orient, déclenchez donc une guerre. Nous n’allons pas revenir sur l’enlèvement des deux soldats et s’il a ou non provoqué la guerre de 2006. Nous avons déjà déclaré à ce sujet que si nous n’avions pas capturé les deux soldats israéliens en juillet, la guerre aurait eu lieu en septembre et elle aurait peut-être été plus difficile, car il n’y aurait pas eu le facteur de la surprise. La décision de la guerre a donc été prise. C’est clair dans le livre de mémoires de George Bush. Il pensait, avec Olmert, qu’en une semaine, le Hezbollah serait vaincu. Entre nous, cela aurait pu être logique en raison de l’ampleur de l’agression aérienne et des moyens utilisés. Rappelez-vous, ils ne sous ont rien laissé, ni permanence, ni maison, les cibles étaient bombardées deux et trois fois, car la banque de données avait été épuisée. Ce plan aurait dû détruire la résistance et les survivants auraient été arrêtés ou se seraient rendus. Dans ses mémoires, George Bush a exprimé sa déception et il en a fait assumer la responsabilité à la mauvaise prestation militaire israélienne. Bush estime qu’il y avait une chance en or pour Israël de vaincre le Hezbollah au cours de la première semaine et que celui-ci l’a laissée passer. Ensuite, il devenait plus difficile de faire taire les Etats importants et de dissimuler les images des massacres. Olmert a vite compris que cette guerre n’atteindrait pas ses objectifs et il a souhaité qu’elle s’arrête au bout de la première semaine. Mais Bush reconnaît lui-même qu’il a voulu prolonger la guerre pour donner d’autres chances à Israël de vaincre la résistance. George Bush aurait voulu donner encore plus de temps, mais il y a eu une évaluation au Conseil National de sécurité qui a montré que les Israéliens n’étaient plus en mesure de poursuivre cette guerre.
Dans ce contexte, nul ne doit nous vendre l’idée d’avoir arrêté la guerre. C’est notre résistance, celle de nos jeunes, du peuple et de l’armée qui a arrêté la guerre. D’ailleurs, les plus grosses pertes israéliennes ont eu lieu au cours de la dernière semaine de la guerre. Il a donc été convenu de s’adresser au Conseil de sécurité.
Bush a affirmé avoir eu recours au Conseil de sécurité pour trois raisons : sauver Israël. Le14 mars accepte-t-il ces propos de Bush ? Que ses responsables en discutent ouvertement. Au cours de la dernière semaine des combats, 40000 soldats israéliens étaient sur le sol du Sud, les blindés tiraient et les soldats tuaient, mais il y avait aussi une grande confusion, les paras introduits au Liban se retrouvaient sans manger, ils se plaignaient ouvertement et réclamaient leur rapatriement. Les troupes d’élite israéliennes ne parvenaient à tenir plus de 48 heures au Sud. En face d’eux, les résistants ne voulaient pas quitter leurs postes. L’histoire est désormais connue : j’ai dit aux jeunes de Bint Jbeil à la seconde semaine de la guerre : ce n’est pas la peine de rester, quittez les lieux et eux n’ont pas voulu. Bush utilise donc un terme très précis : sauver Israël. Si la guerre s’était prolongée, il y aurait sans doute eu une grande catastrophe pour Israël car le gouvernement avait perdu la confiance du peuple, les soldats avaient perdu confiance en leur commandement etc. Tout le moral d’un pays a été frappé. Certains pourraient alors demander : pourquoi dans ces conditions, le Hezbollah a-t-il accepté d’arrêter la guerre ? Tout simplement parce que notre projet n’est pas la guerre. Nous étions de voir clairement ce qui se passait sur le terrain, mais en même temps, nous avions la responsabilité de notre pays, de notre peuple, de nos maisons… Ce n’est donc pas pour le Liban que George Bush a arrêté la guerre. Ni parce que les images des massacres ont remué ses sentiments. Il l’a fait d’abord pour sauver Israël. Ensuite pour empêcher l’isolement des Etats-Unis, car avec le temps, le monde a commencé à cesser d’appuyer cette guerre et les Etats-Unis se seraient retrouvés seuls. De plus, il fallait sauver l’image des Etats-Unis dans la région, où ils étaient venus pour sauver les peuples des dictateurs et pour répandre la démocratie, en considérant que la révolution du Cèdre est leur principal succès. Or si la guerres e poursuivait tout cela aurait été perdu… Enfin, il affirme qu’il voulait sauver le gouvernement démocratique de Siniora. Là, il ment. Bush n’a que faire de Siniora. Pourquoi dans ce cas n’est-il pas intervenu pour sauver ce même gouvernement en mai 2008 ? La vraie raison est donc Israël. La guerre a eu lieu pour servir ses intérêts et elle a échoué.
Avant de passer au quatrième acte, je voudrais rappeler qu’il existe un dossier que nous n’avons pas ouvert après la guerre mais sur lequel il serait bon de s’arrêter. Au nom des 1140 martyrs de cette guerre, combattants, soldats, libanais, palestiniens, simples agriculteurs et civils, nous avons le droit de poser cette question : certains responsables du 14 mars ont-ils demandé que cette guerre soit menée contre le Hezbollah ? Y en a-t-il qui l’ont fait ou non ? Y a-t-il des leaders libanais qui ont demandé la prolongation de cette guerre, pour qu’Israël puisse détruire le Hezbollah ? Y en a-t-il qui ont misé sur cette guerre ? Quel a été le rôle politique, médiatique et sécuritaire de certains commandements dans des forces politiques pendant cette guerre ? Y a-t-il au Liban des personnes qui ont joué un rôle dans la prolongation des négociations des dernières semaines ? Nous revenons ici aux Français. Pendant la guerre, le Français a contacté le responsable des relations internationales du Hezbollah de l’époque qui est devenu depuis député au Parlement et il lui a demandé de le retrouver dans un lieu précis, puisque nous n’avions plus ni domiciles ni bureaux. Il lui a dit : les Américains, les Français et les Israéliens sont d’accord au Conseil de sécurité pour arrêter la guerre, mais c’est votre gouvernement qui refuse. Je ne fais pas de la diffamation. Les enregistrements des débats au Conseil des ministres existent. Malgré cela, nous n’avons pas ouvert ce dossier après la guerre et nous n’avons demandé des comptes à personne. Nous n’avons pas réclamé l’ouverture d’une enquête internationale ( Nous ne croyons d’ailleurs pas dans les tribunaux internationaux), ni même l’ouverture d’une enquête locale devant la cour de justice ou autre. Nous nous sommes contentés de dire, le Liban est détruit en dépit de sa victoire. Il y a de grandes douleurs et nous devons coopérer. Mais ce dossier doit-il rester fermé ? Ne fait-il pas partie de la vérité ? Je ne place pas un dossier face à l’autre, tous les dossiers sont respectables, mais je pose une question. Je voudrais encore dire que dans cet acte, ils ont fait preuve d’une mauvaise estimation de la volonté de la détermination et de la foi de la résistance. Il ne leur restait plus qu’à ternir notre victoire que le monde entier a reconnue sauf vous.
Le quatrième acte s’est joué le 5 mai 2008, avec les décisions du gouvernement prises avec l’accord des Etats-Unis pour provoquer une confrontation entre la résistance et l’armée et une discorde entre sunnites et chiites. Les décisions ont été suivies par le 7 mai et le quatrième acte est tombé. Une fois de plus, vous avez fait une erreur dans vos calculs, dans la compréhension de nos choix, de nos priorités et de notre façon de penser. Vous continuez d’ailleurs à faire les mêmes erreurs.
Enfin, le cinquième acte se joue actuellement. Tant qu’il y a les Etats-Unis et Israël et un pays aussi beau que le Liban, avec ses ressources en eau et peut-être en pétrole, le complot ne s’arrêtera pas. Le cinquième acte se résume dans l’acte d’accusation et le TSL, avec un retour au début en plaçant le Hezbollah en confrontation avec la communauté internationale. Nous sommes entrés en plein dans une nouvelle phase de la campagne contre la résistance à travers l’acte d’accusation.
Dans son livre, George Bush ne parle pas d’une accusation politique, mais basée sur des preuves qui ont permis d’accuser la Syrie. Pourtant, l’accusation contre la Syrie a été écartée, alors commençons à accuser la résistance d’avoir assassiné un grand Premier ministre. En d’autres termes, on place ainsi la résistance face au projet de l’Etat. De plus, il s’agit d’accuser des jeunes chiites de l’assassinat du principal leader sunnite. Nous publions à cet effet un acte d’accusation. Nous demandons ensuite au gouvernement libanais, avec lequel nous avons conclu un accord, d’arrêter les jeunes chiites. Le gouvernement devra alors envoyer son armée et ses FSI pour accomplir cette mission et elles entreront en conflit avec la résistance. C’est le but recherché en premier. Les Américains, les Israéliens et les parrains du TSL ne se soucient pas de ce qui peut se passer au Liban. Ils ne se soucient ni du sang de Rafic Hariri, ni des sunnites, ni des chiites, ni même du 14 ou du 8 mars. Tout ce qui compte pour eux, c’est Israël. Et l’intérêt d’Israël exige de frapper la résistance, de ternir son image, de lui retirer sa base populaire et de frapper son moral et sa détermination, pour qu’elle soit au final, prête à la reddition ou à l’élimination. Je ne souhaite pas parler de l’enquête, du dossier des faux témoins, ni des télécommunications. Beaucoup de choses ont été dites sur ces sujets. Mais il semble que là aussi, il y a eu une mauvaise estimation de la situation. Ils ont cru qu’en disant au Hezbollah qu’il va être accusé, alors que tout le monde sait combien il tient à son image, à ses armes et à rejeter toute forme de discorde, ils allaient le faire céder. Hier encore, une des personnalités du 14 mars a déclaré : si le Hezbollah sort ses armes, nous aurons gagné. Imaginez-vous qu’ils complotent contre nos armes. Ils nous provoquent, nous diffament pour nous pousser à réagir et à utiliser les armes à l’intérieur. Si nous le faisons, il se sentira vainqueur. Mais vainqueur de quoi ? Ils ne devraient pas plutôt être avec nous pour que nos armes continuent à être brandies contre Israël s’ils avaient vraiment à cœur le sort du pays ? L’équation est donc la suivante : ils complotent contre la résistance et la provoquent pour qu’elle utilise ses armes à l’intérieur. Ils ont cru que comme le Hezbollah tient à son image, à ses armes et à ses priorités, en lui disant qu’il va être accusé, il sera prêt à accepter un compromis. On lui dira qu’il s’agit de quatre ou cinq éléments indisciplinés. Mais on aura alors introduit le Hezbollah dans un cercle vicieux. La résistance a bien expliqué qu’elle n’acceptera aucune forme d’accusation de ce genre et elle est bien plus noble que cela. Son public, ses partisans et l’opposition nationale n’accepteront pas non plus une telle accusation. Eux croyaient pourtant que la résistance se retrouvera seule face au complot et que tout le monde l’abandonnera face à une accusation aussi grave.
Le pays est donc entré dans une phase de tension politique et médiatique. Dans ce contexte, le roi Abadallah a lancé son initiative bien intentionnée et soucieuse du bien du pays. Il s’est rendu à Damas et ensuite, il a tenu avec le président Assad et le président Sleiman un sommet à Beyrouth dont a dit à l’époque qu’il viait à traiter la situation grave au Liban.
Je voudrais dire ici que ce n’est pas nous qui plaçons le Liban dans une période de tension. Nous avons appelé à une trêve et à la coopération, mais sou couvert de cette trêve, nous avons découvert qu’ils creusent des pièges l’un après l’autre pour y faire tomber le Liban. Je vous le dis, les efforts syro-saoudiens sont très sérieux. Nous attachons de grands espoirs sur ces efforts qui se poursuivent. En principe, ils devraient porter leurs fruits dans un proche avenir. Tout résultat de ces efforts qui bénéficiera de l’appui des parties libanaises obtiendra assurément l’aval de l’Iran. Je le dis pour que nul n’accuse demain ce pays de saboter l’accord Le président Ahmadinajad n’a pas proposé de solutions au cours de sa visite au Liban et il n’est pas entré dans les détails. Son seul souci était de traiter la situation. C’est la position de son pays.
Lorsque certains commandements politiques libanais ont senti que les efforts saoudiens et syriens étaient sérieux et qu’ils cherchaient à placer le Liban sur la voie de la solution, ils ont appelé à l’aide les Américains, qui étaient occupés par leurs élections de la mi-mandat. Je ne fais pas de l’analyse, mais je donne des informations. D’ailleurs, ceux qui ont fait cela savent ce qu’ils ont fait et se reconnaîtront. Ils ont aussi fait appel aux Français et à certains gouvernements arabes, affirmant que si les Syriens et les Saoudiens poursuivi leurs efforts et aboutissent à un accord qu’ils font avaliser par les parties libanaises, cela signifierait que le cinquième acte du complot est tombé. Cela signifierait aussi la fin de leurs rêves d’une confrontation entre les sunnites et les chiites et entre la résistance et l’armée. Certains au Liban vivent sur le conflit des autres et ne trouvent un rôle à jouer que dans un tel contexte. C’est aussi ce qui s’est passé pendant la guerre de 2006.
Avec la demande libanaise d’aide adressée aux Américains pour faire pression notamment sur le roi Abdallah et sur la Syrie, vous avez vu Clinton, Feltman et Suzanne Rice exercer des pressions régionales et locales sur le président Sleiman, sur le leader Walid Joumblatt et sur l’opposition en général. Les Américains et les Israéliens sont entrés en force sur la scène médiatiquement et politiquement, multipliant les détails sur le contenu de l’acte d’accusation et disant aux Libanais : si vous n’acceptez pas l’acte d’accusation, ce sera la guerre.
Suite à tout ce développement, je voudrais dire sept affirmations : Ceux qui croient que la résistance acceptera l’accusation de l’un des siens se trompent, quelles que soient les pressions exercées. Ceux qui croient que la résistance acceptera l’arrestation d’un de ses moujahidins se trompent et la main qui se portera contre lui sera coupée. Ceux qui croient que la résistance ne se défendra pas contre toute accusation se trompent. Elle le fera si elle est agressée de la manière qu’elle choisira en accord avec ses alliés. Ceux qui croient que la menace d’une guerre israélienne effrayera la résistance se trompe. Celle-ci attend ce jour pour réaliser sa grande victoire. Ceux qui misent encore sur les Etats-Unis se trompent, car ceux-ci reculent et sont perdus et quand ils étaient à leur apogée ils les ont laissés. Vous avez perdu toutes les occasions de mettre la situation dans le droit chemin. Il en reste encore une. Nous avons demandé de juger les faux témoins. Or, au lieu de les juger, vous les protégez. Celui qui veut la vérité et la justice juge les faux témoins. Il existe un débat au sein du Conseil des ministres sur la compétence ou non dans ce dossier de la justice ordinaire ou de la Cour de Justice. Personnellement, j’estime que la Cour de Justice est compétente. Mais en attendant, pourquoi la justice ordinaire n’at-elle pas encore bougé, surtout après les déclarations du Premier ministre au quotidien saoudien « Al Chark Al Awsat » ? Malgré cela, certains d’entre eux, un tel dossier n’existe pas. N réalité, la vérité est que ce dossier peut toucher de grosses têtes et constituera le plus gros scandale politique de la région. Il ne s’agit pas de défendre les faux témoins, mais d’effacer ceux qui les ont fabriqués et protégés. Nous vous avons aussi demandé d’arrêter les infiltrations dans la presse. Or, celles-ci ont augmenté. Nous vous avons demandé de creuser d’autres pistes, comme celle israélienne, avec les indices et les présomptions que nous avons présentés, rien n’a été fait. A ce sujet, je suis sidéré par certains commandements libanais qui sont experts dans toutes les questions. Lorsque j’ai présenté mes présomptions, certains au 14 mars se sont empressés de dire que ces photos sont prises de Google. Les Israéliens ont eux pris leur temps pour vérifier et ils ont finalement déclaré que les photos sont exactes. Les fameux commandements ont alors avalé leur langue.
En dernier lieu, je voudrais encore dire qu’il existe encore une chance en or de sauver le pays du complot américano-israélien. Il y a un effort syro-saoudien. Vous devez choisir, soit donner le pays aux Américains soit nous asseoir à la même table et discuter en toute franchise et nous collaborons avec les Syriens et les Saoudiens. Mais que nul ne croit que nous sommes des accusés, car celui qui nous accuse est celui qui a tué…. Après cinq and de cafouillage, d’erreurs, de scandales, nous devons nous poser clairement la question suivante : l’enquête internationale et le TSL sont-ils la bonne voie pour arriver à la vérité ?
En cette journée du martyr, qui résume le parcours de tous nos martyrs, je voudrais vous rassurer et vous promettre une nouvelle victoire, à l’image de ce qui s’est passé avec les actes précédents. Nous avons tenu trente trois jours et nous avons déjoué un acte en trois heures. Cette fois encore, nous sortirons vainqueurs, la tête haute. Je voudrais encore dire que notre destin dans ce pays est d’être toujours l’objet d’un complot. Celui-ci est très grand et comporte des éléments internationaux et régionaux, mais selon l’exemple de nos martyrs, nous réussirons à le déjouer.
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