La Ligue de défense juive frappe encore
L’impunité jusqu’à quand ?
Des grands médias, seule La Croix en a parlé, relayant une dépêche AFP : « Une exposition du photographe Kai Wiedenhöfer sur des personnes mutilées à Gaza, fermée dimanche en raison d’une manifestation d’un groupe pro-israélien, va rouvrir mardi dans les locaux du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, a-t-on appris lundi auprès du musée. Ouverte le 15 novembre, l’exposition a fermé dimanche en début d’après-midi après l’arrivée d’un groupe qui distribuait des tracts pro-israéliens, selon le musée qui a précisé que le groupe n’avait pas été identifié. La distribution de tracts a été revendiquée lundi dans un communiqué par le collectif Europe Israël et le site Drzz.fr, qui ont indiqué qu’une trentaine de personnes y avaient participé, dont des militants de la Ligue de défense juive (LDJ). » Simple distribution de tract ? Ce n’est pas le son de cloche de l’association France Palestine solidarité, dont le président, Jean-Claude Lefort, député honoraire (élu communiste de 1988 à 2007 à l’Assemblée) adresse une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur : « La Ligue de défense juive (LDJ) vient de se livrer à nouveau, ce dimanche, à des actes de pure violence extrême contre, cette fois, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris qui accueille une exposition du grand photographe Kai Wiedenhöfer. Cette exposition résulte d’un séjour et d’un travail de trois mois, sur place, du célèbre photographe après les tragiques événements de Gaza. Elle donne à voir des aspects effroyables - aussi bien humains que matériels - de l’offensive israélienne qui s’est abattue contre les populations de cette bande de terre palestinienne durant l’hiver 2008/2009. Ce reportage a été récompensé par de nombreux Prix internationaux. Ces distinctions n’ont pas empêché le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de manifester, le 15 novembre dernier, son «indignation» contre ce qu’il qualifiait d’«acte de militantisme politique que ne devrait pas accepter le Musée d’art moderne de Paris, qui est sous la responsabilité de la ville de Paris». Coïncidence ? Six jours après cette attaque contre la liberté de création et d’expression, une bande de voyous se réclamant de la LDJ, encagoulés pour certains, a voulu détruire cette exposition, au risque d’endommager les œuvres de Picasso et de Matisse accrochées à proximité. Les vigiles du Palais de Tokyo ont fort heureusement réussi à s’interposer, mais le musée a été fermé et l’accès à l’exposition également. Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas la première fois que la LDJ mène ce type d’opération commando destructeur et aveugle mettant en cause des œuvres d’art notamment. Et ce n’est pas la première fois que nous signalons que ce groupe extrémiste a été dissous, en raison de ses actes extrémistes violents d’un autre âge, aussi bien en Israël qu’aux Etats-Unis. Faut-il vous rappeler que, le 7 avril 2002, l’un de ces voyous, qui se livraient à une «ratonnade», avait grièvement blessé d’un coup de poignard un commissaire de police ? Des complicités lui avaient permis de se réfugier en Israël. Là-bas, cinq ans plus tard, le même homme avait tué un père de famille palestinien de 35 ans de vingt-quatre coups de couteau… »
L’événement qu’évoque là Jean-Claude Lefort a été abordé par une auditrice de France Inter en avril 2009, interrogeant la ministre de l’Intérieur d’alors, Michèle Alliot-Marie, qui a fait mine de ne pas être au courant (pensez donc, un commissaire de police poignardé en pleine jounée à Paris et elle ignore tout de l’affaire ?). Le présentateur de la radio avait alors volé à son secours et l’on était passé à une autre question… Nous en avions alors tiré un billet, Censure en direct sur France Inter : on ne parle pas des extrémistes juifs ! Nous y posions « la question de la tolérance dont bénéficient en France des groupes juifs d’extrême droite tels que le Betar ou la Ligue de défense juive (LDJ), cette dernière organisation étant interdite aux États-Unis et même en Israël, classée comme raciste et terroriste. Comment expliquer la mansuétude de l’État français à leur égard, quand la justice a pourtant condamné à plusieurs reprises leurs militants pour des actes de violence ? » Quelques-unes de leurs exactions sont développées dans ledit article, auquel nous vous renvoyons. Lefort tente donc aujourd’hui à son tour sa chance, demandant au successeur d’Alliot-Marie-qui-n’est-jamais-au-courant-de-ce-qui-la-dérange : « De diligenter une enquête sur les conditions dans lesquelles, après le communiqué du CRIF, ces individus, faute de pouvoir obtenir l’interdiction de cette exposition, ont cru pouvoir l’interdire eux-mêmes. Ils doivent être sanctionnés fermement par la justice de notre pays. Ces malfrats de la politique nuisent évidemment à la communauté dont ils se réclament et dont ils ternissent terriblement l’image. Votre collègue Michèle Alliot-Marie, lorsqu’elle était ministre de la Justice et Garde des Sceaux, a demandé incroyablement aux parquets de poursuivre des militants pourtant pacifistes et antiracistes pour «provocation publique à la discrimination». [Lire L'attentat judiciaire de Michèle Alliot-Marie, interdisant le recours au boycott, dans notre Kiosque permanent à la date du 22 novembre] Si les nervis, violents et racistes, de la LDJ n’étaient pas poursuivis, votre gouvernement tout entier serait légitiment soupçonné de pratiquer au minimum un intolérable «deux poids deux mesures» ; de décider, au vu de l’ensemble des «actions radicales» menées systématiquement par ce groupuscule, de dissoudre la LDJ, qui, depuis longtemps, ne devrait pas avoir pignon sur rue dans notre pays. Il est temps, plus que temps, que cette décision s’impose. » Pourquoi cette organisation, que l’on voit parader ci-contre durant une manifestation, ses oriflammes jaunes ornés d’un poing sur une étoile de David fièrement brandis au vent, bénéficie-t-elle de la coupable indulgence des autorités françaises ? Après Alliot-Marie, Hortefeux hérite du mistigri. Pour le même blackout ?
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Par , le 24 novembre 2010 à 5 h 50 min,
Des grands médias, seule La Croix en a parlé, relayant une dépêche AFP : « Une exposition du photographe Kai Wiedenhöfer sur des personnes mutilées à Gaza, fermée dimanche en raison d’une manifestation d’un groupe pro-israélien, va rouvrir mardi dans les locaux du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, a-t-on appris lundi auprès du musée. Ouverte le 15 novembre, l’exposition a fermé dimanche en début d’après-midi après l’arrivée d’un groupe qui distribuait des tracts pro-israéliens, selon le musée qui a précisé que le groupe n’avait pas été identifié. La distribution de tracts a été revendiquée lundi dans un communiqué par le collectif Europe Israël et le site Drzz.fr, qui ont indiqué qu’une trentaine de personnes y avaient participé, dont des militants de la Ligue de défense juive (LDJ). » Simple distribution de tract ? Ce n’est pas le son de cloche de l’association France Palestine solidarité, dont le président, Jean-Claude Lefort, député honoraire (élu communiste de 1988 à 2007 à l’Assemblée) adresse une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur : « La Ligue de défense juive (LDJ) vient de se livrer à nouveau, ce dimanche, à des actes de pure violence extrême contre, cette fois, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris qui accueille une exposition du grand photographe Kai Wiedenhöfer. Cette exposition résulte d’un séjour et d’un travail de trois mois, sur place, du célèbre photographe après les tragiques événements de Gaza. Elle donne à voir des aspects effroyables - aussi bien humains que matériels - de l’offensive israélienne qui s’est abattue contre les populations de cette bande de terre palestinienne durant l’hiver 2008/2009. Ce reportage a été récompensé par de nombreux Prix internationaux. Ces distinctions n’ont pas empêché le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de manifester, le 15 novembre dernier, son «indignation» contre ce qu’il qualifiait d’«acte de militantisme politique que ne devrait pas accepter le Musée d’art moderne de Paris, qui est sous la responsabilité de la ville de Paris». Coïncidence ? Six jours après cette attaque contre la liberté de création et d’expression, une bande de voyous se réclamant de la LDJ, encagoulés pour certains, a voulu détruire cette exposition, au risque d’endommager les œuvres de Picasso et de Matisse accrochées à proximité. Les vigiles du Palais de Tokyo ont fort heureusement réussi à s’interposer, mais le musée a été fermé et l’accès à l’exposition également. Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas la première fois que la LDJ mène ce type d’opération commando destructeur et aveugle mettant en cause des œuvres d’art notamment. Et ce n’est pas la première fois que nous signalons que ce groupe extrémiste a été dissous, en raison de ses actes extrémistes violents d’un autre âge, aussi bien en Israël qu’aux Etats-Unis. Faut-il vous rappeler que, le 7 avril 2002, l’un de ces voyous, qui se livraient à une «ratonnade», avait grièvement blessé d’un coup de poignard un commissaire de police ? Des complicités lui avaient permis de se réfugier en Israël. Là-bas, cinq ans plus tard, le même homme avait tué un père de famille palestinien de 35 ans de vingt-quatre coups de couteau… »
L’événement qu’évoque là Jean-Claude Lefort a été abordé par une auditrice de France Inter en avril 2009, interrogeant la ministre de l’Intérieur d’alors, Michèle Alliot-Marie, qui a fait mine de ne pas être au courant (pensez donc, un commissaire de police poignardé en pleine jounée à Paris et elle ignore tout de l’affaire ?). Le présentateur de la radio avait alors volé à son secours et l’on était passé à une autre question… Nous en avions alors tiré un billet, Censure en direct sur France Inter : on ne parle pas des extrémistes juifs ! Nous y posions « la question de la tolérance dont bénéficient en France des groupes juifs d’extrême droite tels que le Betar ou la Ligue de défense juive (LDJ), cette dernière organisation étant interdite aux États-Unis et même en Israël, classée comme raciste et terroriste. Comment expliquer la mansuétude de l’État français à leur égard, quand la justice a pourtant condamné à plusieurs reprises leurs militants pour des actes de violence ? » Quelques-unes de leurs exactions sont développées dans ledit article, auquel nous vous renvoyons. Lefort tente donc aujourd’hui à son tour sa chance, demandant au successeur d’Alliot-Marie-qui-n’est-jamais-au-courant-de-ce-qui-la-dérange : « De diligenter une enquête sur les conditions dans lesquelles, après le communiqué du CRIF, ces individus, faute de pouvoir obtenir l’interdiction de cette exposition, ont cru pouvoir l’interdire eux-mêmes. Ils doivent être sanctionnés fermement par la justice de notre pays. Ces malfrats de la politique nuisent évidemment à la communauté dont ils se réclament et dont ils ternissent terriblement l’image. Votre collègue Michèle Alliot-Marie, lorsqu’elle était ministre de la Justice et Garde des Sceaux, a demandé incroyablement aux parquets de poursuivre des militants pourtant pacifistes et antiracistes pour «provocation publique à la discrimination». [Lire L'attentat judiciaire de Michèle Alliot-Marie, interdisant le recours au boycott, dans notre Kiosque permanent à la date du 22 novembre] Si les nervis, violents et racistes, de la LDJ n’étaient pas poursuivis, votre gouvernement tout entier serait légitiment soupçonné de pratiquer au minimum un intolérable «deux poids deux mesures» ; de décider, au vu de l’ensemble des «actions radicales» menées systématiquement par ce groupuscule, de dissoudre la LDJ, qui, depuis longtemps, ne devrait pas avoir pignon sur rue dans notre pays. Il est temps, plus que temps, que cette décision s’impose. » Pourquoi cette organisation, que l’on voit parader ci-contre durant une manifestation, ses oriflammes jaunes ornés d’un poing sur une étoile de David fièrement brandis au vent, bénéficie-t-elle de la coupable indulgence des autorités françaises ? Après Alliot-Marie, Hortefeux hérite du mistigri. Pour le même blackout ?
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