20 novembre 2010

Discours de Sayed Nasrallah à l’occasion de la journée du martyr (2008/11/11) 
 
« Nous faisons serment de poursuivre votre chemin et votre sang continuera à couler dans nos veines »
11 novembre 2008
Nous nous rassemblons, tous les ans, en ce jour, pour commémorer une occasion qui nous est chère depuis qu’elle a été proclamée, après le déclenchement de la résistance, en tant que journée du martyr. Une des expressions de la journée du martyr est que nous sommes ici, le mouvement de la résistance, le peuple de la résistance, la patrie de la résistance, pour renouveler annuellement, comme nous le faisons chaque jour et à toute heure, notre glorification, notre fierté et notre hommage aux martyrs. Nous sommes un peuple qui se remémore toujours ses martyrs ; nous nous en souvenons publiquement et secrètement, dans la joie et le malheur ; nous nous rappelons d’eux à toute occasion, et non seulement dans les occasions pénibles ou lors des célébrations festives. Nous nous en souvenons dans notre culture, nos discours, notre pensée, nos poèmes, dans notre art et notre inconscient, et dans nos relations populaires, normales et publiques. Nous nous en souvenons et nous nous inspirons de leurs esprits et de leurs sacrifices ; nous relevons, grâce à eux, notre nation, notre peuple et nous-mêmes, en apprenant les leçons de la persévérance, de la détermination et de la volonté. Nous remercions leurs efforts et leur lutte car celui qui ne remercie pas le créé ne remercie pas le Créateur. Ils ont offert leurs âmes et leur sang pur pour que nous puissions vivre dans la fierté, l’honneur, la liberté, la dignité, la sécurité et la paix, sans avoir d’obligeance envers quiconque dans ce monde.
Je pense que très peu de mouvements de résistance dans le monde, et même très peu de peuples et de nations, estiment autant leurs martyrs, les sanctifient ou se comportent avec leur mémoire, leurs noms, les symboles qu’ils représentent et leurs traces, comme nous le faisons. Ceci n’est pas un hasard, mais a de profondes racines dans notre culture, notre doctrine, notre civilisation, notre pensée, notre affection et l’histoire de notre nation. Il est probable que notre croyance dans le degré atteint par les martyrs et leur statut auprès de Dieu, gloire à Lui et le Très-Haut, ainsi que la sacralité de la position des martyrs dans cette pensée, et notre liaison annuelle et permanente, depuis des siècles, à l’événement le plus intense dans l’histoire de l’humanité, l’événement de Karbalâ’ sont des facteurs qui expliquent ce lien profond et étroit avec les martyrs, tant au niveau de la raison et de la pensée, qu’au niveau du cœur, de l’affection, de l’engagement, du comportement et de la pratique.
Nous célébrons aujourd’hui la commémoration des martyrs, non seulement les martyrs morts, mais les martyrs vivants et les martyrs qui ne peuvent être morts. Ils sont vivants aujourd’hui. Nous nous rassemblons ici, et les martyrs sont vivants. Quand il nous parle de la vie des martyrs, le glorieux Coran ne parle pas de leur vie au jour de la résurrection, lorsque vient l’Heure, le jour où les gens seront ressuscités et rassemblés et qu’ils se tiennent devant Dieu, gloire à Lui, et font face à leurs actes et ce que leurs mains ont produit, pour qu’ils soient interrogés à propos de tout acte, petit ou grand, en ce fameux jour du compte. Ce jour-là, tous sont vivants, les oppresseurs et les martyrs, les bons et les mauvais, les opprimés et les tyrans. Mais nous ne parlons pas de la vie des martyrs en ce jour. Le Coran parle de leur vie aujourd’hui et Dieu le Très-Haut, dans Ses célèbres versets, s’adresse à tous ceux qui se sont opposés aux combattants, au début de l’islam et tout au long du mouvement des prophètes, à ceux qui sont allés combattre et qui ont été tués, qu’ils ont considérés morts. Dieu le Très-Haut leur dit : « Ne croyez pas que ceux qui sont tombés pour la cause de Dieu sont morts, ils sont au contraire, bien vivants auprès de leur Seigneur qui les comble de Ses faveurs », ce qui signifie qu’ils sont aujourd’hui vivants auprès de leur Seigneur, c’est maintenant qu’ils sont comblés, c’est maintenant qu’ils se réjouissent des bienfaits que Dieu leur a accordés, et ils sont ravis, « ravis que leurs compagnons de combat qui ne les ont pas encore rejoints ne connaîtront ni peur ni chagrin ». Donc, le Coran parle des martyrs vivants qui n’ont pas été rejoints par les autres frères et compagnons, il parle des martyrs vivants, qui attendent les bonnes nouvelles de leurs frères, sincères envers leur promesse à Dieu et qui attendent encore, ils attendent les bonnes nouvelles des amis engagés dans la ligne et des compagnons de route. Il y a celui qui a précédé, toujours en vie, ou plutôt dans la véritable vie, et il y a celui qui suit. Celui qui a précédé attend, ravi, celui qui va suivre, et celui qui suit a hâte de rejoindre le précédent, insistant pour accomplir sa promesse à laquelle il est sincère. Il tend, par son cœur, sa raison et ses jambes, pour que cette rencontre ait lieu et que se réalise cet immense honneur.
En cette journée du martyr, nous nous remémorons nos martyrs dirigeants, sayyid ‘Abbâs, sheikh Râghib, hajj ‘Imâd et de nombreux dirigeants et cadres de cette résistance. Nous nous rappelons les martyrs volontaires et leur prince Ahmad Qassir, nous nous rappelons les combattants et tous les martyrs, hommes et femmes, âgés et moins âgés, de notre résistance, des fils de notre résistance, de toutes les forces islamiques et nationales, de l’armée et des fils de notre peuple debout, fier, patient, déterminé, défendant l’honneur et protégeant les combattants.
Au cours de la journée du martyr, nous nous remémorons le fondement et la base de la date du 11 novembre 1982, devenue le symbole de tout martyr, de toute blessure, de toute lutte, de toute victoire de la résistance et le symbole de la défaite de l’ennemi. Pourquoi le 11 novembre 82 ? Pourquoi l’opération du martyr volontaire Ahmad Qassir précisément ? Parce qu’elle fut la première opération. Elle exprime la résistance précoce de la jeunesse libanaise à l’occupation, elle est le cri retentissant du peuple et de la nation, au présent, dans l’avenir et dans l’histoire et fonde le long parcours de l’action martyre volontaire et de la lutte de la résistance, consciente, étudiée, planifiée, visée, persévérante, claire, soucieuse et engagée. Parce que cette opération a concrétisé la substance humaine et merveilleuse des jeunes de la résistance, de ses combattants, ses martyrs et ses martyrs volontaires encore au printemps de leur jeunesse, portant la conscience et la volonté de Ahmad Qassir. Parce que cette opération fut également la plus puissante dans l’histoire du conflit arabo-israélien dès le début de ce conflit, et elle le reste jusqu’à cet instant, n’ayant pas encore été dépassée par aucune autre. Lorsque le martyr Ahmad Qassir a attaqué et entièrement détruit le siège du gouverneur militaire israélien le 11 novembre 1982, il s’agissait d’abord de la première opération martyre de ce genre, où l’être humain se transforme en détonateur, faisant exploser son corps, son sang et sa chair pour détruire ses ennemis qui ont tué son peuple, bafoué son inviolabilité, piétiné ses sacralités, convoitant de régenter le sort et l’avenir de sa patrie et de sa nation. Elle fut la première opération martyre de ce genre dans l’histoire du conflit arabo-israélien. Elle fut l’opération la plus puissante, sur le plan militaire, technique et technologique, en considération des pertes subies par l’ennemi, tel qu’il l’a reconnu lui-même, 140 tués israéliens, officiers et soldats. Le gouvernement de Begin a été obligé de proclamer le deuil pendant trois jours. L’opération du martyr volontaire Ahmad Qassir, nommée opération Khaybar, porte de nombreux symboles et significations. L’opération Khaybar du 11 novembre 1982, a fondé les bases de l’immense victoire du 25 mai 2000 et de l’imposante victoire de juillet 2006. C’est pourquoi cette date et cette occasion sont devenues la journée de notre martyr, que ce martyr ait été dirigeant, secrétaire général, savant ou dirigeant de la lutte, martyr ou combattant dans les rangs de la résistance, ou qu’il ait succombé dans les positions de la patience et de l’affrontement à l’agression sioniste.
En cette occasion chère et riche en significations, valeurs, conceptions, sentiments, émotions et sensations, je vais aborder plusieurs questions actuelles qui nous concernent tous.
D’abord, la situation locale libanaise. Certes, tous ces sujets sont en rapport avec les martyrs et la résistance, et je parle, à partir de la volonté de Dieu, à partir de cette position, celle de la résistance et des martyrs.
Concernant la situation locale, nous appuyons la poursuite des efforts en vue de la réconciliation et de la trêve, ainsi que toutes les formes de clarification et les reproches internes, même douloureux, comme nous soutenons les mains tendues les unes vers les autres, en tant que Libanais, même si chacun campe sur sa position, son opinion et son alliance connue.
La trêve au Liban est, avant les élections, l’intérêt de tous. C’est un intérêt national, je l’ai d’ailleurs dit à tous ceux que j’ai rencontrés, dans ce cadre, que la trêve n’est pas une décision redevable à quiconque, une partie ou un groupe. Il est de l’intérêt de tous que le climat politique soit calme au Liban, après tout ce qui s’est passé, l’élection du président de la république et la formation du gouvernement d’unité nationale, et avant l’échéance électorale législative. Non seulement elle supprime la crispation dans la rue, mais la trêve contribue à faire régner un climat positif et naturel dans le pays, ce dont nous avons besoin, à tous les niveaux, pour faire face aux crises actuelles. Une des premières conditions de la trêve consiste à cesser l’incitation et la contre-incitation, car l’incitation suscite la tension dans la rue. Il n’est pas demandé de nous louer les uns les autres, et il n’est pas interdit que les uns critiquent les positions politiques des autres, mais si nous respectons un ensemble de règles morales et politiques, je pense que chaque groupe pourra exprimer ses convictions et ses opinions, et pratiquer son activité politique sans offenser l’autre et sans crisper la situation. La trêve et les réconciliations aident certainement à organiser les élections législatives au moment voulu, et c’est sur quoi nous insistons, au Hezbollah. Ceci est tout à fait naturel, puisque nous réclamions, au sein de l’opposition, des élections législatives précoces, il n’est donc pas logique de s’attendre à une autre position de notre part. Nous réclamons qu’elles se déroulent à la date fixée, quelles que soient les prévisions, quels que soient les résultats, les découvertes ou les prévisions des sondages d’opinions. Car le fait de ne pas les tenir au moment fixé est très grave pour le Liban, quelles qu’en soient les raisons. Il n’est pas nécessaire aux forces politiques diverses de s’accuser réciproquement de vouloir retarder ou annuler les élections. Je pense que l’intérêt de tous consiste à aller aux urnes, pour des élections législatives, saines et correctes, dans le temps fixé.
Dans ce cadre, je voudrai souligner deux choses : la première est que nous réclamons avec insistance l’abaissement de l’âge de vote à 18 ans. Considérez, mes frères et sœurs, quel âge avait Ahmad Qassir lorsqu’il a mené cette épopée historique et renouvelé Khaybar : il avait 19 ans. Selon la constitution libanaise, Ahmad Qassir n’a pas le droit de voter, ni ces martyrs qui ont fait l’avenir du Liban au cours des décennies précédentes et qui la font actuellement. Quoiqu’il en soit, pour ne pas perdre le temps, je n’ai pas besoin de démontrer ni de prouver la justesse d’une telle revendication. Les Libanais qui ont atteint 18 ans doivent être de véritables partenaires aux élections législatives comme ils sont effectivement de véritables partenaires dans toutes les activités de la vie politique, mais aussi en première ligne et à l’avant pour affronter l’agression et libérer le pays. Certains mettront en avant des raisons techniques ou administratives empêchant ces jeunes de participer aux élections actuelles, mais nous insistons, auprès des frères députés, et leur demandons de poursuivre leurs efforts en vue d’une réforme constitutionnelle et insistons pour que ces jeunes puissent voter à ces élections. En admettant que les raisons techniques et administratives soient correctes et sérieuses, que la loi soit modifiéee dès à présent et que ces jeunes conservent leur droit pour les prochaines élections. Tout report actuel de cette modification, sous des prétextes logistiques ou administratifs, est en fait une tergiversation, une suppression du droit très naturel des jeunes, envers le parlement, le gouvernement et toute la classe politique présente actuellement au Liban.
Le second point concerne les alliances électorales pour les élections législatives. Il est utile de rappeler ce que mes frères ont déjà dit : nous, au Hezbollah, nous sommes formellement engagés envers nos alliances dans l’opposition, de manière décisive et tranchée. Tout ce qui s’écrit ou se dit ici et là, dans une tentative de semer le trouble ou l’inquiétude, n’a aucun fondement. Dans tous les cas, même au cours des élections législatives, certaines parties mènent une guerre psychologique réciproque, mais je confirme ici notre engagement envers nos alliés dans l’opposition, définitive et sans aucune hésitation. Tout intérêt, rencontre, apaisement ou liaison à un des niveaux ne remettent pas en cause cette position décisive et tranchée concernant les prochaines élections.
Le dernier point du dossier interne est en relation avec la situation sécuritaire. Plusieurs événements sécuritaires ont eu lieu récemment, parmi lesquels des agressions et des explosions ayant visé l’armée libanaise et les civils au Liban, mais aussi des centres et des civils en Syrie. Des arrestations ont eu lieu, des aveux ont été diffusés et des accusations ont été portées. Notre position, concernant ce genre de questions, consiste à toujours réclamer des enquêtes sérieuses, avec des preuves et des indices. L’opinion publique a le droit d’être au courant de la réalité afin de réaliser ce qui se passe. Il y a actuellement une coopération sécuritaire libano-syrienne, nous soutenons cette coopération à tous les niveaux, nous l’encourageons et appelons  à sa consolidation et à ne pas la rejeter, sous quelque prétexte que ce soit, car l’intérêt et la sécurité des deux pays sont en jeu. Aujourd’hui, nous ne voulons pas devancer toute enquête, nous souhaitons que la justice prenne son cours hors de toute accusation politique, et qu’il y ait donc une coopération libano-syrienne pour découvrir la vérité, et que les critères de la justice soient respectés au Liban, que ce soit au niveau des arrestations qui se déroulent, qui peuvent se dérouler ou au niveau des accusations ou des condamnations, ce qui nécessite une coopération sérieuse et réaliste de tous.
Je me contente de ces points du dossier interne avant d’aborder le dossier israélien (la situation israélienne, en ce qui nous concerne, le Liban et la résistance). Il est clair, mes frères et sœurs, que les sionistes, et depuis la fin de la guerre de juillet, poursuivent leurs activités multiples, la première étant leur entraînement incessant et leurs manœuvres permanentes, ce que les Israéliens appellent « colmater les brèches », après avoir tiré les leçons de la guerre de juillet et traité les carences et les défaillances. C’est pourquoi nous assistons depuis à une action israélienne incessante et sérieuse et des manœuvres dans le nord de la Palestine occupée, dans le Golan syrien occupé, ce qui signifie aux frontières entre le Liban et la Palestine occupée. La dernière et la plus importante de ces manœuvres fut dénommée l’opération « enchevêtrement des bras ». Pourquoi avoir besoin d’une opération d’enchevêtrement des bras, de manœuvres de coordination entre les multiples corps armés israéliens, les forces terrestres, aériennes et les appareils de renseignements ? Car un des plus importants points d’échec au cours de la guerre de juillet, a été la faillite de la coordination entre ces divers corps israéliens. Un simple exemple de cet échec : les hélicoptères qui avaient pour mission de lancer des provisions aux groupes infiltrés vers les positions avant, les balançaient ailleurs, et parfois du côté des combattants. Des erreurs ont eu lieu entraînant un échec cuisant au niveau de la coordination et ils essaient, par ces manœuvres, de remédier à cet échec.
Ils disent également que la manœuvre « enchevêtrement des bras » a pour but de préparer l’armée israélienne à entreprendre une guerre à la fois contre la Syrie et le Liban. A chaque occasion, les responsables israéliens menacent et promettent au cours de leurs manœuvres et entraînements (j’y reviendrai).
Le second point concerne l’intense activité en vue de rassembler les renseignements, soit par air - les avions de reconnaissance ne nous quittent pas, ils survolent à cet instant la banlieue sud,- soit par les réseaux d’espions, en les consolidant et en resserrant la liaison avec les anciens collaborateurs ou les nouveaux recrutés. Le réseau récemment découvert est l’un de ces nombreux réseaux qui travaillent dans plus d’une région et à plus d’un niveau. La découverte de ce dernier réseau est une réalisation sécuritaire nationale, pour laquelle nous remercions la direction des renseignements de l’armée libanaise qui poursuit l’action concernant divers aspects de ce réseau. En réalité, tout ceci suscite la crainte. Regardez par exemple la personnalité des recrutés et la couverture utilisée dans ces opérations d’espionnage, une couverture humanitaire et médicale, c’est pourquoi il s’agit d’une affaire très grave et nous devons y prêter attention.
Le dernier point, l’effort opérationnel et sécuritaire pour assassiner les dirigeants de la résistance, comme cela a eu lieu lors de l’assassinat du martyr dirigeant, hajj Imad, ou l’effort en vue de déstabiliser l’intérieur libanais. Je persiste sur ce point, à partir de la compréhension, de l’estimation, de la conclusion et de l’analyse, en espérant qu’un jour, les véritables fils seront découverts et confirmeront cette analyse, et dis qu’Israël est responsable d’un grand nombre de meurtres au Liban, il vise à déstabiliser l’intérieur, à porter un coup à l’inviolabilité et la puissance nationales, entraînant la faiblesse nationale, et par conséquent, l’ennemi pourra asséner une défaite au Liban.
Lee quatrième point concerne la guerre psychologique et les menaces, par le biais de divers médias, relayés par des médias, sites électroniques et quelques journaux arabes. Cette guerre psychologique vise à entamer la confiance dans la résistance, dans ses dirigeants, cadres et peuples, et briser les espoirs des peuples de notre région dans les mouvements de la résistance. Il existe plusieurs exemples que je ne peux citer aujourd’hui, ils sont connus ; c’est une série ininterrompue de mensonges, d’inventions et de falsifications présentés comme des réalités, alors qu’il ne s’agit que d’illusions.
En face, que faisons-nous au Liban et que font les Libanais ? Si nous observons, nous trouverons que notre ennemi qui occupe toujours une partie de notre terre, qui viole nos frontières, nous souveraineté et menace notre sécurité et stabilité, qui convoite notre terre, nos eaux et nos biens, cet ennemi agit sérieusement et au quotidien en vue de ce jour dont nous ne savons pas quand il viendra. Que font les Libanais en face, pendant que les sionistes s’entraînent, manoeuvrent, menacent et se préparent à les agresser un jour ou l’autre ? Il est regrettable de dire (nous faisons très peu d’autocritique), que face à cela, rien d’important n’est réalisé. Au Liban, les forces politiques sont globalement plongées dans les questions internes, nous sommes tous épuisés par la politique interne, épuisés par la préparation des prochaines élections législatives, importantes certes, mais s’il ne s’agissait que de ceci, cela aurait été simple. Cependant, lorsque nous venons à envisager certains éléments de force disponibles, nous cherchons à l’affaiblir, à les ridiculiser ou à les remettre en cause, ce qui signifie que pour affronter des éventualités ou des défis de ce genre, nous avons besoin et devons avoir le souci de précipiter la discussion sur la défense stratégique nationale. Il est cependant regrettable que certains accusent le Hezbollah de vouloir reporter cette discussion alors que nous insistons, au contraire, pour qu’elle ait lieu et qu’elle soit tranchée, pour en finir et savoir, en tant que Libanais, tous ensemble, comment bâtir notre force et affronter les menaces.
L’un des éléments les plus sérieux par lesquels nous pouvons affronter ces menaces et préparatifs israéliens, serait de trancher cette discussion au niveau national. Mais ce qui s’est passé autour de la table de dialogue et hors de cette table, à l’avant-dernière séance, par exemple, son excellence le président Michel Sulayman a demandé à Michel Aoun de présenter une stratégie de défense, étant donné qu’il était dirigeant de l’armée. L’homme a fait un effort considérable et a présenté son point de vue, sur une base scientifique et académique, concernant la stratégie nationale de défense ; elle n’a pas discutée autour de la table du dialogue, mais dans les médias et les tribunes, dans les déclarations et communiqués, où elle n’a même pas été discutée. Il faut reprocher à tous les groupes participant à la table du dialogue, leur dire que s’ils veulent discuter, qu’ils discutent autour de la table, qu’ils attendent la prochaine séance, et si quelqu’un leur pose une question, ils peuvent dire qu’ils ont des remarques ou une vision différente, et qu’ils les discuteraient autour de la table de dialogue. Mais l’affaire s’est transformée en objet d’attaques ou de moqueries. La question la plus importante qui concerne les Libanais, puisqu’il s’agit de maintenir la souveraineté et la force du Liban, sa sécurité et sa tranquillité, cette stratégie de défense donne lieu à des railleries, des moqueries et des discussions creuses, et elle même est devenue un objet de surenchère électorale, ce qui est vraiment regrettable. Il ne faut pas se comporter ainsi avec la question de la statégie de défense.
Quoiqu’il en soit, ce qui a retenu mon attention et que je souhaite commenter, à propos de la proposition du général Michel Aoun, qui a parlé d’équiper l’armée et notamment les forces aériennes. J’ai lu les déclarations du ministre des Finances dans le gouvernement actuel disant que le gouvernement libanais n’a pas suffisamment d’argent pour équipe l’armée d’une défense aérienne, le coût étant très élevé et au-dessus de nos moyens, affirmant que la solution pour protéger le Liban consiste à s’abriter derrière les résolutions internationales. Bien sûr, il s’agit d’une opinion personnelle et chacun est libre de s’exprimer, mais je voudrai la commenter, car cette question n’est pas à l’ordre du jour sur la table du dialogue, en disant que si telle est l’opinion de son groupe politique, elle est catastrophique. Pourquoi ? Deux points doivent être soulevés, le premier étant que quel que soit le différend à propos de la stratégie de défense entre les partenaires politiques, il existe un point commun qui est l’armée. Personne ne conteste le rôle principal que l’armée a dans la défense du Liban et dans toute stratégie de défense. Il est donc nécessaire que nous ayions une armée puissante, une armée armée équipée et entraînée, non seulement par des mitraillettes et quelques explosifs, ou des lance-roquettes. Car il est nécessaire que l’armée possède une puissance défensive, une défense aérienne et des armes anti-chars, toutes les armées du monde le savent, l’armée qui ne possède pas de défense aérienne ou d’armes anti-chars n’est qu’une force de sécurité intérieure revêtue de l’uniforme de soldats et de l’armée, ce qui veut dire une institution sécuritaire revêtue d’une tenue militaire pour des tâches sécuritaires. Si le point commun dont nous parlons tous est la nécessité d’équiper l’armée libanaise, et si dès le début, nous disons « nous voulons nous trancher la main et mendier, disant que nous n’avons pas d’argent pour équiper l’armée libanaise », comment allons-nous défendre le pays ? Cela veut dire que nous ne sommes pas sérieux quant à notre volonté de défendre le pays. Ensuite, équiper notre armée nationale est une priorité et tout comme le gouvernement peut trouver beaucoup d’argent pour financer des projets ici et là-bas, il faut qu’il y ait priorité pour équiper l’armée libanaise et lui permettre de défendre le Liban. Si cette politique est sujette à discussion ou d’opposition, le point commun dans la stratégie de défense est annulé, il ne sera pas nécessaire de discuter de la résistance ensuite.
Le second point est que je m’étonne et me pose des questions : depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui, à partir des expériences palestinienne, libanaise, syrienne et arabe, et aujourd’hui, des expériences irakienne, afghane, pakistanaise, iranienne et autres, avec les résolutions internationales, est-ce qu’il y a une résolution internationale, n’importe laquelle émise jusqu’à aujourd’hui, qui a protégé un peuple, qui a repoussé un préjudice ou rendu à un peuple son droit légitime ? Absolument pas. Si soixante ans après d’amères et douloureuses expériences pour les peuples de notre région avec l’ennemi sioniste et avec ses maîtres à Washington ou ailleurs, d’expériences douloureuses avec le conseil de sécurité international et les résolutions internationales, sont suffisantes pour convaincre certains parmi nous que les résolutions internationales ne protègent personne, mais ce qui te protège par contre c’est ta force, ton armée, ta résistance, ton peuple, si toutes ces expériences pendant soixante ans n’ont pas changé les convictions et les engagements politiques de ce genre, je me demande à quoi cela sert-il de nous réunir autour de la table de dialogue et exposer les dirigeants politiques au Liban aux dangers de se rendre régulièrement au palais présidentiel ?
Nous avons effectivement besoin de décider d’une stratégie de défense, et je suis d’accord avec le ministre que la défense du pays implique de lourdes charges, cela est vrai, mais c’est ainsi que sont protégés les pays, par de lourds sacrifices et de gigantesques efforts. C’est pourquoi nous avons appelé et continuons à appeler, à l’élargissement de la table du dialogue, non pour l’annuler mais qu’il y ait une plus grande représentativité libanaise, afin de prendre ensemble la décision de la défense, pour assumer ensemble la responsabilité, car la défense du Liban a besoin d’épaules et de statures, elle a besoin d’hommes solides comme les montagnes et non de paroles qui se prononcent sur les tribunes ici et là.
Les martyrs que nous commémorons aujourd’hui, par notre rassemblement, témoignent de cette lourde charge supportée par tout peuple qui souhaite que sa capitale retrouve la liberté, comme Beirut l’a retrouvée, ainsi que sa montagne, son Bekaa, son Sud, de Saïda à Sour, Nabatiye, Jezzine, Marjeyoun, Bint Jbeil, Hasbaya. C’est ainsi que la terre est protégée, que le peuple est défendu et que les sacralités, les honneurs et les dignités sont sauvegardés.
A ce propos, donc, je me contente de demander de trancher la question, en élargissant la table la table du dialogue, sur cette base. Il ne s’agit pas de discuter la représentation de celui-ci ou de celui-là, car ce serait une discussion interminable, mais de discuter d’une affaire nationale stratégique, qui concerne tous les Libanais. La stratégie de défense est l’un des exemples les plus importants concernant la décision de la guerre et de la paix. Pourquoi voulez-vous éloigner certains dirigeants et forces politiques de cette décision, disant que ce genre de décision doit être considérée de manière différente ? Tranchons donc la question de l’élargissement et que la table de dialogue se transforme en un lieu sérieux où se décide la stratégie de la défense, et appliquons cette stratégie le plus tôt possible, afin que nous soyions puissants et capables de protéger notre pays, dans le cadre des changements régionaux et internationaux qui interviendront rapidement dans notre région et dans le monde.
Et par ailleurs, loin des disputes et des chicanes, loin de cette ambiance qui ne semble pas sérieuse, parfois, je vous confirme qu’ici, au Liban, comme dans l’entité de l’ennemi, des hommes travaillent jour et nuit, également depuis la fin de la guerre de juillet. Nous sommes un peuple sérieux, nous sommes une résistance sérieuse, nous ne connaissons ni l’amusement, ni le jeu ni la perte de temps. Ici, au Liban, la résistance agit et s’active, de nuit comme de jour, pour que le Liban soit le plus fort et le plus capable, pour que sa parole soit entendue. Cette résistance qui s’entraîne, s’équipe, qui apprend, qui prépare tout ce qui est nécessaire pour la défense, auprès de l’armée et aux côtés du peuple, accomplit ses tâches avec un grand et profond sérieux. Lorsque j’ai annoncé certaines positions, lors des occasions précédentes, je ne menais pas une guerre psychologique, même si ce que je dis joue ce rôle. J’étais sérieux, je le dis et le répète.
Au Liban, à la fin de 2008, la résistance est plus puissante que dans le passé, la résistance est plus capable qu’à tout autre moment passé. Les bras israéliens qui se tendront vers le Liban seront coupés, comme ont été coupés les pieds israéliens à Ansariyyé, si Dieu le veut. Cet effort sérieux et continu ne cessera absolument pas, et les Libanais doivent être rassurés, par certains aspects, qu’il y a des esprits, des yeux, des cœurs qui veillent, agissent et luttent jour et nuit, entourés par la majorité du peuple, qui ne peuvent perdre de vue cet ennemi ou ce que prépare cet ennemi.
Sur le plan sécuritaire, nous devons accorder toute l’aide à la direction des renseignements de l’armée libanaise et aux divers appareils sécuritaires libanais pour dévoiler les réseaux d’espionnage, la coopéraion populaire et politique des diverses forces libanaises et palestiniennes, est exigée et même nécessaire. Quant à la guerre psychologique qu’ils mènent, répondez, mes frères et sœurs, dites-leur que nous sommes ici sur notre terre, que notre volonté et notre détermination sont grandes, que notre fusil est entre nos mains, que notre foi remplit nos cœurs, que nos pas sont ancrés dans notre terre, dans nos plaines comme le sont nos anciennes montagnes aux cîmes élevées. Nos cils ne palpiteront pas, nos poings ne trembleront pas à cause d’une guerre psychologique ou des mensonges diffusés par les médias, alors que les Israéliens reconnaissent avoir mené des raids contre nous, pendant trente-trois jours, plus nombreux que tous les raids menés par Israël dans ses guerres israélo-arabes. Est-ce que quelqu’un a tremblé ? A eu peur ? s’est rendu ? a reculé ? Absolument pas.
A propos du dialogue inter-religieux et l’invitation de Shimon Pérès et de Tsipi Livni ou d’autres sionistes au congrès du dialogue inter-religieux, la clarification émanant de l’ambassadeur saoudien est correcte et appelle au calme, du moment qu’elle explique qui a lancé l’invitation à ce congrès. Mais je désire m’adresser à tous les pays arabes et islamiques qui ont l’intention d’y participer, au royaume arabe saoudien, à la république islamique en Iran et à la Syrie, pour ne pas dire que nous nous adressons à certains sans les autres, et leur dire que tous les pays arabes et islamiques doivent agir pour empêcher la présence de ces assassins, racistes et terroristes, eux qui ont commis des crimes de guerre, au congrès du dialogue inter-religieux.
Quel est le lien de Shimon Pérès avec le dialogue inter-religieux, lui qui a commis des massacres au Liban et en Palestine ? Quel est le lien d’Olmert ou de Livni, membres du gouvernement ayant participé au second massacre de Qana, quels sont leurs liens avec les religions et le dialogue inter-religieux ? Israël est un Etat raciste, criminel, terroriste. Le mouvement sioniste est un mouvement raciste, à moins que la Ligue des Etats arabes et l’organisation du congrès islamique aient abandonné cette description. Si un jour, certains proposent que le mouvement de telle ou telle résistance islamique désire participer au dialogue inter-religieux, les Américains se lèveront pour dire que ce mouvement est terroriste, et les Etats arabes et islamiques respecteront ce veto américain. Pourquoi nous ne nous respectons pas nous-mêmes et disons au monde que nous sommes pour le dialogue inter-religieux, et qu’il y a de nombreux juifs et d’homme religieux juifs, des intellectuels juifs dans le monde qui n’ont rien à voir avec le sionisme et les crimes d’Israël, et qu’ils doivent participer au dialogue inter-religieux ?
En cette journée du martyr et par la sacralité du sang des martyrs, je m’adresse à tous les Etats arabes et islamiques de faire en sorte de chasser Israël de ce congrès et d’empêcher des gens semblables à Shimon Pérès, l’assassin raciste, de se lever sur la tribune pour parler du dialogue inter-religieux. A quel moment cela inervient ? Au moment où al-Qods est en train d’être judaïsée, au moment où les maisons des palestiniens sont confisquées et démolies pour que des colons extrémistes se mettent à faire la fête sur leurs ruines, au moment où le siège se renforce contre plus d’un million et demi de Palestiniens à Gaza, pour qu’ils soient noyés dans les ténèbres et la faim, au moment où les agressions des colons sionistes s’intensifient contre les Palestiniens en Cisjordanie, à l’ombre et sous le regard du gouvernement de l’ennemi. Shimon Pérès est honoré et il lui est offert une tribune dans un dialogue inter-religieux ?
Nous appelons à une position ! Est-ce que la guerre de juillet s’est déroulée il y a plus de cent ans, ô les Arabes et les musulmans ? Ou bien a-t-elle eu lieu il y a presque deux ans et quelques mois ? Pour que nous nous réconcilions avec les assassins, les criminels et les tueurs ? Pour que nous les accueillions, les applaudissions et nous asseyions à leur côté sous un même toit et dans un même contexte qu’on bafoue rien qu’en les rencontrant dans le cadre du dialogue inter-religieux ?
Il me reste à aborder les récentes élections américaines. Je les considère à partir de deux angles. D’abord, le peuple américain lui-même et son vote, car les élections américaines sont une occasion pour le peuple américain de réclamer des comptes de son gouvernement ou du parti au pouvoir, le peuple a jugé le parti républicain, Bush et son administration, et le résultat du vote est la reconnaissance par le peuple américain de l’échec des politiques du gouvernement Bush, sur les plans de la politique extérieure et de l’économie. Ce gouvernement n’a eu pour résultats, pour les Etats-Unis et les peuples du monde, que les guerres en Afghanistan et en Irak ainsi que des centaines de milliers de tués, jusqu’à présent, en Irak, et la poursuite du meurtre des civils en Afghanistan, au Pakistan, et récemment en Syrie sous le prétexte de combattre le terrorisme, et pour finir la guerre de juillet qui fut une guerre américaine par excellence, une guerre américaine quant à la décision, quant au soutien, quant à la gestion et américaine quant à sa poursuite, mais également américaine quant à son échec et sa faillite.
Les Américains se sont levés et ont dit au monde que la politique de leur gouvernement a échoué. Je ne parlerai pas de l’effondrement du projet américain dans le monde ou la région, certains de ceux qui se proclament éclairés, penseurs, politiques, et ayant mis leurs espoirs dans leurs conceptions de la réalité, considèrent que ces paroles sont exagérées, mais au minimum, les Américains témoignent et reconnaissent qu’il s’agit d’un grand et cuisant échec pour eux, dans plusieurs régions dans le monde, et notamment dans la nôtre. Cet échec américain n’et pas dû à l’impuissance, ni au manque de moyens, ni à l’incapacité des Etats-Unis de planifier, ni au faible nombre de leurs partisans et de ceux qui comptent sur eux dans notre région. Ceux qui ont le premier mérite d’avoir fait échec aux projets américains, ce sont les peuples et les mouvements de la résistance dans la région ainsi que les Etats qui s’opposent fermement alors qu’ils étaient visés par le projet américain dans la région.
Je ferai ici une parenthèse : malgré certains éclaircissements, il y a encore des gens au Liban qui insistent à dire que son excellence l’imam dirigeant sayyed Khamenai’ a dit « nous (les Iraniens, l’Iran,) ferons échec aux Etats-Unis au Liban ». Ce n’est pas ce qu’il a dit. Sayyed l’imam Khamena’i a dit : « les Etats-Unis vont perdre et seront défaits au Liban ». Celui qui peut faire échec aux Etats-Unis, au Liban, c’est le peuple libanais, ceux qui peuvent faire échec aux Etats-Unis en Palestine, ce sont le peuple palestinien, sa résistance, sa détermination et son attachement ferme à ses droits, ceux qui peuvent faire échec au projet américain en Irak et en Afghanistan, ce sont le peuple irakien et le peuple afghan. La question est que l’imam Khamena’i est un grand dirigeant qui a confiance dans les peuples du monde arabo-islamique, il a confiance dans ces peuples, dans leurs capacités, leur volonté et leur détermination, et c’est pour cela qu’il s’attend à ce que les occupants spoliateurs soient défaits, et qu’il s’attend à ce que les peuples persévérants, opprimés, résistants, déterminés remportent la victoire. Il doit en être remercié et non dénoncé. L’Iran n’a pas utilisé le Liban pour faire subir une défaite au projet américain.
C’est le peuple libanais qui est sinistré par le projet américain, car c’est tout d’abord un projet israélien, et c’est lui qui a fait échec au projet américain, du moins lors de cette phase. Est-ce qu’il y en aura d’autres dans l’avenir ?
Le second angle de perception des élections américaines est que l’humain ordinaire ne peut qu’être heureux de la chute de John Mac Cain et du parti républicain, car il y voit la chute de Bush, du groupe et de la clique de Bush. Mais est-ce qu’il nous faut pour autant plonger dans l’espoir et croire en la possibilité de changement, celui dont a parlé le président américain élu, pour la prochaine période ? Nous ne brosserons pas une image sombre ni ne plongerons dans l’optimisme, le réalisme rationnel politique et logique nous demande d’attendre. Cela est cependant difficile, car les Etats-Unis sont gouvernés par des institutions, des intérêts et des stratégies constantes. Notre monde arabe, notre tiers-monde et notre monde africain peuvent avoir de la sympathie pour Obama à cause de son passé ou la couleur de sa peau, mais la politique et les intérêts sont autre chose. Il ne faut pas exagérer les espoirs, ne donnez pas beaucoup d’espoir aux gens afin qu’ils ne soient pas déçus et qu’ils ne fassent pas d’erreurs de calcul. Je ne veux rien prévoir, mais ce que je veux dire en cette journée du martyr, c’est qu’il s’agit d’une question culturelle, politique et intellectuelle qui concerne notre peuple et notre nation.
Il n’est pas logique de compter sur le seul changement de l’injuste, du puissant, de l’orgueilleux ou de l’oppresseur, en se reposant et disant que cela est bon et qu’une nouvelle situation se met en place, que cet oppresseur sera plus clément envers nous et qu’il nous verra autrement que l’oppresseur précédent. C’est le cas d’une nation affaiblie, d’une nation chétive, d’une nation qui compte sur les changements des autres et qui se satisfait de son immobilité, de sa faiblesse, de son incapacité, de son manque de détermination et de volonté. La nation vivante et le peuple vivant se disent que, face à ce qui se déroule dans le monde, et quel que soit son déroulement, nous devons agir pour être puissants, puissants par l’unité, puissants par la solidarité, puissants par le savoir et la culture, puissants par l’économie et par la structure sociale, puissants par la force militaire, par la structure de l’Etat, par la liaison et la cohésion de la nation. Il faut être puissant pour que le monde te respecte, pour que l’oppresseur te respecte, pour que l’oppresseur tyrannique se tienne face à toi, tout en sachant qu’il ne peut avancer. Pourquoi ne peut-il pas avancer ? Non pas parce qu’il est faible, mais parce que nous sommes forts, parce que nous protégeons la maison, son seuil, l’entité, la patrie et la nation.
A l’occasion de la journée du martyr, les martyrs nous donnent des leçons ! Mes frères, libanais et arabes, peuples de notre région, vous qui comptez ou qui assistez ou qui accompagnez les importants changements dans le monde, ne comptez sur aucun de ces changements, cela ne vous sera pas utile si vous êtes faibles. Le message des martyrs, en cette journée du martyr, est le message disant que leur labeur, leur sang, leur lutte, leur sacrifice sont la garantie de notre existence, la garantie de notre dignité, la garantie de pouvoir continuer à vivre dans notre patrie, la garantie de notre liberté, la garantie de notre honneur et de notre fierté et dans ce sang qui coule dans nos veines. Est-ce le sang des martyrs passés, est-ce le sang de Abbas Moussawi, de Ragheb Harb, de Bilal Fahs, de Imad Moughnieh, de Ahmad Qassir, de Sana’ Mhaydlé, de Dalal Moghrabi, de Fathi Shiqaqi, de Ahmad Yassine, de Abou Ali Moustafa et de tous les martyrs qui les ont précédés ? Ou bien est-ce le sang de la soumission, de l’amusement, de l’opulence, de l’immobilisme, de la faiblesse et de l’abandon ? Le sang qui coule dans nos veines est celui qui nous permet d’avoir le front, soit levé et élevé, soit soumis et déshonoré.
A l’occasion de la journée du martyr, mon serment, le vôtre, celui de mes frères et sœurs, le serment de notre peuple fidèle à nos martyrs intègres, envers vous, nos chers qui êtes partis et qui êtes arrivés à destination, est de poursuivre votre voie. Votre sang continuera à couler dans nos veines. Par votre sang qui a coulé et qui coule encore dans nos veines, le Liban n’aura pour allié que la victoire, la victoire et la victoire prochaine, par la volonté de Dieu, gloire à Lui.

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