11 avril 2010

Boycotter sans confondre ! Ou l’honneur du boycott contre l’Etat d’Israel.

lundi 12 avril 2010, par Serge Grossvak

Dialogue avec JEAN-PIERRE DUBOIS, Président de la Ligue des droits de l’homme (LDH).

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Il est de l’honneur d’un mouvement tel que le notre, engagé contre une barbare injustice, que d’être traversé de réflexions telles que celle du Président de la Ligue des droits de l’homme. Légitimement offusqués, blessés dans notre âme, nous pouvons être happés par la colère. Nous pouvons être gagnés par une rage faisant pendant de la sauvagerie guerrière de l’État d’Israël et nous pervertir dans des valeurs aussi veules que celles des conquérants et oppresseurs. Il est de notre honneur que t’écouter ces questionnements, et y porter réflexion.

Mais je ne crois pas fondées les réticences présentées. Le boycott contre Israël assimilerait ce pays à ses colonies ? Il faudrait limiter notre action aux produits des colonies ? Mais qui est coupable de coloniser la Cisjordanie, ghettoïser Gaza, nier l’existence de la Palestine ? Sinon l’État d’Israël. C’est donc sur lui, coupable de crimes, que nous voulons agir et sanctionner. Nous condamnons la politique (actuelle) d’un État, non l’État lui-même dans son existence. Nous sommes clairs, et agissons pour la paix construite sur le droit, sur les résolutions de l’ONU. Une égalité de droits et de respect pour les deux nations. Ce sont « ces principes que nous avons en partage » et que nous mettons en œuvre dans nos actions BDS.

« Parler ne suffit pas. » Je souscrits pleinement ! Mais qu’est-ce qu’agir ? S’en remettre à des organisations agissant en notre nom ne m’est pas satisfaisant. La force de notre initiative BDS est de permettre à chacun, individuellement ou collectivement, de mener l’action, de s’engager, d’adjoindre sa modeste force à d’autres pour peser jusqu’au point décisif. C’est cela l’engagement populaire, la voix des modestes. Notre nombre… Cela ressemble aux grèves.

Je parle des grèves, comme miroir de notre BDS. Ce n’est pas un hasard. Une même forme de pensée s’y oppose. Les grévistes prennent en otage les « usagers », « le pays »… Boycotter Israël serait prendre en otage tous les habitants, y compris les courageux pacifistes. Voila, en étant du peuple nous sommes toujours dans la galère. Mais ici c’est pour notre dignité. Nous prenons, nous soutenons.

Et puis, il y a cette question de la responsabilité collective et individuelle. Les israéliens sont ils responsables de leur gouvernements ? Et j’ajouterai, en tant que juif, les juifs sont ils coupables de leur soutien aveugle et inconditionnel de la politique israélienne. Je réponds oui. Sans hésiter oui ! Chaque peuple a ses moments glorieux, et d’autres que l’on voudrait ne pas voir exister. Là, nous sommes dans le crime. J’aurais préféré ne pas avoir cela dans mon identité. Aussi puissantes que soient les forces de haines, de conquête, ce sont les peuples qui fixent les limites de leurs gouvernants. Ce n’est pas « assimiler les peuples et leurs gouvernants » que de dévoiler la responsabilité de chacun. Je fais une grande différence : j’attends les tribunaux pour les gouvernants auteurs des massacres, mais la prise de conscience pour ceux qui les ont soutenus. Grande différence ! Mais absolution pour personne.

Le droit commun de l’humanité au-dessus de la loi du plus fort est mon rêve, mon exigence. Il ne peut devenir réalité que chacun mis devant ses responsabilités. Nul ne peut collaborer à une oppression, lâchement laisser faire, sans en porter une part de responsabilité. Être un citoyen, c’est assumer ses actes, même petits, même trompé par une propagande. Des hommes souffrent de tromperies !

Je boycotte, avec conviction et pour le liberté de tous.

Serge Grossvak

Pétition
Non au terrorisme de l’Etat d’Israël

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