09 avril 2010

Eugène Terre’Blanche : retour sur la vie d’un dangereux raciste

Linternationalmagazine.com , publié le 07/04/2010

Personnage violent sous des dehors folkloriques, l’extrémiste Eugene Terre’Blanche, tué samedi à l’âge de 69 ans, a vainement consacré sa vie à la défense de la suprématie blanche en Afrique du Sud.

Eugène Terre'Blanche : retour sur la vie d'un dangereux raciste

Souvent vêtu de kaki, parfois d’un masque qui révèle des yeux bleus perçants, le leader du Mouvement de résistance afrikaner (AWB) n’a jamais caché son admiration pour Adolf Hitler. L’emblème de l’AWB, composé de trois "7" en étoile, évoque la croix gammée sous l’aigle nazi.

Taxant les dirigeants du régime ségrégationniste d’apartheid de "libéraux", Terre’Blanche plaidait pour la création d’un "Volkstaat", un territoire autonome pour les Afrikaners, les descendants des premiers colons européens qui parlent une langue dérivée du hollandais.

Après la libération du héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela, il a tenté de faire dérailler la transition démocratique en organisant une série d’attentats meurtriers. Il assure alors, à propos des négociateurs : "Nous allons les frapper de toutes nos forces, violemment. Nous allons leur faire mordre la poussière." A l’époque, son style flamboyant (il se déplace à cheval, entouré de sa garde) et ses qualités d’orateur lui valent une certaine notoriété.

Mais son caractère incontrôlable et sa violence revendiquée inquiètent même les partisans de l’apartheid. L’abolition du régime ségrégationniste et une peine de prison pour tentative de meurtre achèveront de le marginaliser.

Né le 31 janvier 1944 dans le village de Ventersdorp (nord-ouest), Eugene Terre’Blanche s’engage dans la police avant de reprendre la ferme familiale près de la bourgade, à une centaine de km à l’ouest de Johannesburg. En 1973, il fonde l’AWB avec six amis pour contrer "l’abandon" des intérêts blancs par le régime d’apartheid. Le mouvement sort de l’ombre en 1979, lorsque certains de ses membres enduisent un historien de goudron et de plumes. Depuis sa ferme, Terre’Blanche étend son influence, se rendant surtout dans les exploitations agricoles du nord du pays où il multiplie les discours enflammés en afrikaans.

Les autorités le surveillent de près et découvrent en 1982 une cache d’armes sur la ferme de son frère, qui lui vaut une condamnation avec sursis. En 1991, le dernier président de l’apartheid, Frederik de Klerk, se rend à Ventersdorp. Les hommes de Terre’Blanche le défient : quatre personnes sont tuées dans les affrontements. Deux ans plus tard, l’AWB pénètre à bord d’un véhicule blindé dans le World Trade Center de Johannesburg, où se tiennent des négociations pour la transition. L’attaque sera vite contenue.

Mais, deux jours avant les premières élections multiraciales, en avril 1994, un attentat à la bombe de l’AWB dans le centre de la capitale économique fera neuf morts. La justice ne lui permettra pas de mettre d’autre attentats à exécution. En 2002, il est condamné à cinq ans de prison pour avoir battu à coups de barre de fer un vigile noir à qui il a causé des lésions cérébrales irréversibles.

Remis en liberté conditionnelle pour bonne conduite en 2005, Terre’Blanche tombe dans un oubli relatif, jusqu’à son meurtre samedi par deux de ses ouvriers agricoles. Il aurait refusé de leur verser un salaire mensuel de 300 rands (30 euros).

Auteur de diatribes contre le "pouvoir communiste noir", Terre’Blanche aimait dire : "Si Mandela ne nous donne pas notre Volkstaat, nous combattrons jusqu’à conquérir l’ensemble de l’Afrique du Sud."

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