Les jours de Netanyahu pourraient bien être comptés
jeudi 1er avril 2010 - 12h:46
George S. Hishmeh
The Palestine Chronicle
Croyez-le ou non, Benjamin Netanyahu pourrait revenir à Washington la semaine prochaine. Le Premier ministre israélien a apparemment essuyé le crachat - pas une ondée - sur son visage, qu’il a mérité après sa rencontre stressante avec le Président Barack Obama le mois dernier, sur la fin des constructions dans les colonies israéliennes illégales sur la terre palestinienne occupée, spécialement à Jérusalem-Est où les Palestiniens espèrent établir leur capitale. Mais reste à voir s’il n’a pas toujours la queue basse.
Le Premier ministre israélien sera probablement l’un des 40 dirigeants du monde à participer à la conférence au sommet sur la sécurité nucléaire, les 12 et 13 avril, conférence initiée par le Président Obama afin de « renforcer la coopération internationale dans la prévention du terrorisme nucléaire ». Ce qu’il pourra dire à cette conférence sera suivi avec un grand intérêt par tous ceux qui attendent impatiemment la moindre révélation sur l’arsenal nucléaire d’Israël.
Quoi qu’il en soit, le relâchement sérieux dans les relations U.S./Israël, ces dernières semaines, a atteint un niveau sans précédent et le Président américain se sent à l’aise dans une position soutenue par l’establishment militaire américain et par l’opinion publique aux Etats-Unis, et même en Israël.
Le général David Petraeus, commandant des forces américaines au Moyen-Orient, estime que le conflit israélo-palestinien fomente un sentiment anti-américain dans la région, en raison de la perception d’un parti pris U.S. en faveur d’Israël. A son avis, un règlement israélo-arabe relève d’un intérêt stratégique urgent pour les Etats-Unis.
De plus, un sondage qui vient d’être réalisé par Zogby Interactive révèle que plus de quatre Américains sur cinq (81%) estiment que le conflit israélo-palestinien a un impact négatif sur les intérêts U.S., avec une majorité tant chez les Démocrates (88%) que chez les Républicains (77%). Plus significatif encore, 51% des Etats-uniens pensent que du fait de leur incapacité à faire cesser les colonies israéliennes, les Etats-Unis sont moins respectés dans le monde.
Même les Israéliens sont aujourd’hui mécontents de leur Premier ministre autosatisfait. Un sondage publié dans le quotidien israélien Maariv indique que plus de 48% des Israéliens considèrent les relations U.S./israéliennes comme mauvaises, à comparer avec les 14% qui les trouvent bonnes, et les 37% qui les estiment convenables.
En Europe, la vague monte également contre le régime israélien de droite. Les diplomates israéliens en Europe s’attendent « même à une discorde plus grave avec l’Union européenne », indique Ha’aretz, autre quotidien israélien. Lors d’une visite à Washington cette semaine, le président français Sarkozy a déclaré qu’il soutenait les Etats-Unis dans la condamnation des activités israéliennes de colonisation dans la Jérusalem-Est arabe. Il a également félicité Obama pour avoir essayé d’engager les deux parties dans des pourparlers de paix : « L’absence de paix » dans la région « est un problème pour nous tous » - ajoutant que cela alimente le terrorisme à travers le monde.
Que Netanyahu vienne ou non à Washington pour la conférence au sommet, la question la plus importante, pour ce qui concerne l’administration américaine, c’est ce qu’il amènera avec lui dans ses bagages, ou ce qu’il enverra, en engagements écrits sur le processus de paix, comme l’a demandé la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Selon Ha’aretz, la demande découle de l’expérience américaine, où l’administration U.S. fut « trop souvent trompée par la politique "du clin d’œil et de l’allusion" d’Israël, et elle estime que si la parole n’a aucune signification, l’écrit aura peut-être une plus grande validité. »
Le quotidien poursuit : « Les Israéliens et Etats-uniens chevronnés n’ont pas besoin de chercher dans les archives pour trouver des documents et des accords que le gouvernement israélien a signés mais qui ont fini par n’avoir pas plus de valeur que du papier d’emballage ».
L’édito catégorique du Ha’aretz contraste vivement - et atrocement - avec la lettre que 327 membres de la Chambre des Représentants U.S. ont envoyée à la Secrétaire Clinton (bizarrement pas à Obama) : « Nous écrivons pour réaffirmer notre engagement pour le lien indéfectible qui relie notre pays à l’Etat d’Israël et pour vous exprimer notre profonde préoccupation devant les tensions actuelles. Nous pensons qu’il est préférable de résoudre de telles divergences dans le calme, la confiance et l’assurance, comme il sied à des alliés stratégiques de longue date »
C’est la même orientation qu’a prôné le lobby proisraélien, American Israeli Public Affairs Commitee (AIPAC), à sa conférence annuelle le mois dernier à Washington. Mais dans une claque publique à ce lobby souvent qualifié par les médias U.S. d’« influent » ou de « puissant », le groupe juif libéral, connu sous le nom de J Street, a publié un sondage disant qu’à quatre contre un (82% - 18%), les juifs américains soutiennent leur pays dans son rôle actif pour aider à une résolution du conflit israélo-arabe. Et 73% le soutiennent même si cela signifie pour les Etats-Unis de « déclarer publiquement leurs désaccords avec les Israéliens et les Arabes ».
En un mot, tout cela veut dire que les jours de Netanyahu dans sa fonction sont comptés, a fortiori alors qu’il a dans sa coalition des gens d’extrême droite comme les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, respectivement Avigdor Lieberman et Eli Yishai.
* George S. Hismeh est journaliste, basé à Washington. Il a rédigé cet article pour PalestineChronicle.
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Washington D.C., le 31 mars 2010 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP
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