14 avril 2010

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www.voltairenet.o/28213551.gifRéseau de presse non-alignée www.voltairenet.o/28213551.gif
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Mensonges et vérités dans la guerre médiatique contre Cuba
par Arnold August*


Le traitement médiatique récent de la mort d¹Orlando Zapata et de la manifestation des Dames en blanc, à Cuba, pose un vrai cas d¹école : les imputations des médias dominants sont délibérément fausses. Il ne s¹agit pas d¹un mensonge véhiculé par un média particulier, mais d¹une campagne massive à laquelle presque tous participent. Or aucune grande holding de presse ne trouve d¹intérêt direct dans cette manipulation. Il s¹agit uniquement d¹un système politique qui se protège en dénigrant un modèle qui le conteste.


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Manifestation des Dames en blanc à La Havane pour la libération des personnes condamnées pour espionnage au profit des Etats-Unis.

La guerre médiatique qui sévit actuellement contre Cuba ‹ et qui semble destinée à un nouvel épisode ‹ est basée sur quatre mensonges fondamentaux :
a) Les prisonniers cubains faisant l¹objet d¹une controverse ont été emprisonnés en raison de leurs convictions politiques [1] ;
b) Le prisonnier Orlando Zapata Tamayo, récemment décédé des suites d¹une grève de la faim qu¹il avait entreprise de son propre chef, était emprisonné pour des raisons politiques [2] ;
c) Tamayo est décédé en raison de négligence ou peut-être même de gestes délibérés de la part des autorités médicales et politiques de Cuba ;
d) Les Damas de Blanco (Dames en blanc) ont été harcelées physiquement par des citoyens, puis brutalement détenus par les autorités cubaines pendant leur manifestation du 18 mars à la Havane [3].
La majorité des médias de masse à la solde de l¹oligarchie aux États-Unis, au Québec, au Canada et en Europe et au sein de l¹Union européenne s¹arrogent le droit de mentir sur Cuba ou sur d¹autres pays qui, selon des critères déterminés par les normes de l¹hémisphère nord, ne représentent pas des États « convenables » sur le plan politique. Mais pire encore, c¹est que les médias issus du monopole ne croient même pas devoir répondre à cette accusation des plus graves.

Voici la transcription partielle d¹une entrevue diffusée le 8 mars 2010 sur la chaîne HBO entre Bill Maher et Sean Penn, acteur et producteur hollywoodien (voir vidéo ci-dessous). Cette partie de la transcription aborde le thème des mensonges propagés par les médias. On parle ici d¹Hugo Chávez, mais le procédé est le même pour toutes les victimes de campagnes diffamatoires.

‹ MAHER : Son image médiatique [celle de Chávez] est celle d¹un bouffon. Or, toi, tu es déjà allé au Venezuela. Tu le connais, tu lui as parlé. Pour ma part, tout ce que je connais d¹Hugo Chávez, c¹est ce que j¹en lis dans les médias. Un dictateur qui s¹est emparé de plusieurs branches du gouvernement et qui voudrait être président à vie. Qu¹est-ce que tu connais de lui que je ne connais pas, et qui pourrait attendrir mes sentiments face à cet homme ?
‹ PENN : Je crois que si vous préférez que 20 % d¹une population puisse réaliser ses rêves, avoir une identité et être entendue, si cela vous convient que seuls 20 % y aient accès plutôt que les 80 % à qui Hugo Chávez en a offert la possibilité, alors vous pouvez le critiquer. Vous savez, il y a beaucoup de questions complexes qui dépendent strictement de notre point de vue. Ici, aux États-Unis, nous avons beaucoup de difficulté à concevoir ce qu¹a pu être l¹histoire du Venezuela, de l¹Amérique latine et de bien d¹autres endroits. Nous sommes très mono-culturels. De plus, nous sommes aveuglés par les médias. Par exemple, dans le cas d¹Hugo Chávez. Selon vous, qui, aux États-Unis, pourrait se targuer d¹avoir été élu démocratiquement à la suite de quatorze des élections les plus transparentes au monde, comme l¹a été Hugo Chávez ? [Š] Le projet de collaboration en Haïti [avec Cuba et le Venezuela], lorsque l¹on parle d¹Hugo Chávez et d¹autres personnalités que l¹on représente comme des démons [Š] Parce que tous les jours, ce leader élu se fait appeler « dictateur » ici, et l¹on acquiesce comme si de rien n¹était ! Et l¹on continue d¹acquiescer. [Š]
‹ MAHER : Je dois me déplacer ­ vers le panel.
‹ PENN : Désolé.
‹ MAHER : Non, car nous allons vous réinviter un jour, que Chávez soit ou non un dictateur.

À l¹écoute de cette émission, j¹ai pu constater sans peine que Maher était profondément troublé par le commentaire de Penn. Une image vaut parfois mille mots. Ici, ceux-ci en disaient aussi long que les images. Maher a changé le sujet, prétextant qu¹il devait passer la parole à un membre du panel. Or, ce n¹était pas vrai. Il a simplement contourné le commentaire de Penn tout en échangeant quelques blagues avec lui. Il a affirmé qu¹il allait le réinviter à son émission, « que Chávez soit ou non un dictateur ». Néanmoins, ce n¹est pas de cela que Penn parlait. En effet, celui-ci a plutôt rejeté les accusations portées contre Chávez en se contentant d¹établir les faits selon le critère employé par la frange dirigeante états-unienne elle-même, c¹est-à-dire la victoire électorale. La question était et demeure donc la suivante : comment se fait-il que les médias issus du monopole puissent mentir impunément ? Comment peuvent-ils répéter des faussetés et s¹en tirer à bon compte, tandis qu¹aucune mesure n¹est mise en place contre ceux qui pratiquent ce qu¹on appelle le journalisme jaune ?

À la lumière de ce droit au mensonge autoproclamé, regardons de plus près les quatre points soulevés plus haut.

D¹abord, les prisonniers en question n¹ont pas subi leur procès ni été condamnés parce que leurs convictions politiques s¹opposent à celles prônées par le système cubain. Cuba, comme la plupart des pays de l¹hémisphère Nord, dispose de lois qui interdisent aux individus de collaborer avec une puissance étrangère au détriment de leur propre peuple. Considérons le cas des États-Unis à travers l¹exemple suivant : le Bureau de contrôle des capitaux étrangers (Office of Foreign Assets Control, OFAC) est un organisme issu du département du Trésor et tire son autorité, entre autres, du Trading with the Enemy Act (loi sur le commerce avec l¹ennemi). Chaque année, le président états-unien signe un mémorandum de prorogation à la Loi sur le commerce avec l¹ennemi telle qu¹elle s¹applique au blocus des États-Unis contre Cuba. Par exemple, Obama l¹a fait le 11 septembre 2009. Ainsi, non seulement en termes juridiques mais dans la réalité bien concrète, les États-Unis mènent une guerre non-déclarée contre Cuba afin d¹en modifier le système politique. Selon le code pénal états-unien, article 115 intitulé « Trahison, sédition et subversion », la section 2381 stipule que tout citoyen états-unien qui « s¹associe à ses ennemis [des États-Unis], en leur fournissant une aide et un soutien aux États-Unis ou ailleurs, est coupable de trahison et passible de peine de mort, ou d¹une peine de prison supérieure à cinq ans et d¹une amende supérieure à 10 000$. De plus, il lui sera interdit d¹occuper une fonction officielle aux États-Unis. » En d¹autres termes, un citoyen des États-Unis qui collabore avec un pays contre lequel ces derniers se considèrent en guerre afin d¹appuyer cette puissance étrangère peut être condamné à mort.

Cuba, comme bien d¹autres pays, dispose d¹une législation semblable. En 2003, quelques citoyens cubains ayant subi été soumis à un procès équitable, ont été déclarés coupables et emprisonnés pour avoir travaillé en étroite collaboration avec la Section des intérêts des États-Unis à la Havane, laquelle leur avait fourni des fonds et du matériel afin de renverser les institutions constitutionnelles de l¹île. Ces incidents ont été publiés et n¹importe qui peut en vérifier l¹exactitude.

Deuxièmement, Zapata a bel et bien subi un procès et été reconnu coupable, mais ce n¹était aucunement pour des raisons politiques. Les médias de masse ne font que répéter ce dont ils veulent convaincre l¹opinion publique. En réalité, depuis 1988, Zapata s¹est adonné à toutes sortes d¹activités criminelles, mais jamais rien de politique. À plusieurs reprises, il a été arrêté et reconnu coupable d¹avoir troublé l¹ordre public et par deux fois, d¹avoir commis une fraude. Il est également coupable d¹exhibitionnisme, de coups et blessures et de possession d¹armes autres que des armes à feu. En 2000, il a fracturé le crâne d¹un citoyen cubain et maintes fois fait preuve de violence contre les autorités carcérales pendant qu¹il était emprisonné. Il a obtenu sa libération conditionnelle en mars 2003, onze jours avant que les soi-disant dissidents politiques ne soient arrêtés et qu¹ils ne subissent leur procès. Le 20 mars 2003, il a commis un autre crime et fut à nouveau jeté en prison. Or, bien que ce dernier épisode soit tombé le même mois que le procès des soi-disant dissidents, il n¹y est aucunement relié. Ce n¹est qu¹une coïncidence dont les dissidents et les États-Unis se sont servis pour présenter Zapata après coup comme un prisonnier politique. D¹ailleurs, lors des très rares occasions où les médias de masse évoquent, ne serait-ce que vaguement, les déclarations de Cuba en ce qui a trait au véritable dossier criminel de Zapata, ils le font toujours dans des termes qui ridiculisent la crédibilité de la position cubaine, tout en omettant de fournir au public les renseignements cités plus haut, qui pourtant sont tous disponibles dans la presse de Cuba.

Troisièmement, Tamayo n¹est pas mort en raison de la négligence ou de gestes délibérés de la part des autorités cubaines, ni médicales ni carcérales. Le 1er mars, un bulletin spécial présenté à la télévision cubaine lors des nouvelles quotidiennes exposait en détails les circonstances ayant conduit à sa mort. Cette vidéo circule toujours sur l¹Internet pour les journalistes étrangers qui se soucient de véracité. Dans ce document, l¹on peut voir des médecins, nutritionnistes et autres spécialistes cubains témoigner de leurs efforts pour sauver sa vie. Avec une grande rigueur scientifique, on y explique comment on l¹a maintenu en vie à l¹aide d¹injections intraveineuses et autres méthodes. Néanmoins, lorsqu¹un individu refuse de digérer sa nourriture, les organes vitaux amorcent un processus de détérioration irréversible qui conduit inévitablement à la mort, peu importe les efforts déployés pour sauver sa vie. Une psychologue a même témoigné de la façon dont elle avait essayé de le convaincre d¹abandonner sa grève de la faim et d¹adopter d¹autres moyens pour faire entendre ses griefs. La vidéo montre également sa mère, qui affirme que son fils avait à ses côtés les meilleurs médecins cubains. Elle les a remerciés pour leur soutien. Enfin, un détail qu¹il faut absolument prendre en compte : les déclarations de la mère furent enregistrées lors d¹une discussion spontanée, sans qu¹elle ne sache qu¹elle était filmée. Voilà qui élimine tout soupçon voulant qu¹elle ait fait ses déclarations sous la pression des autorités. Bien sûr, par la suite, elle a blâmé les Cubains pour la mort de son fils. Mais ce n¹est là qu¹un témoignage supplémentaire de la façon dont elle et Zapata furent manipulés par des forces politiques, et non une condamnation du traitement subi par le prisonnier.

Qui croire ? Pourquoi ne pas montrer la vidéo et permettre au public d¹en tirer ses propres conclusions plutôt que de réitérer le même mensonge ? Pour ma part, après plusieurs visionnements du bulletin de nouvelles initial et de la vidéo diffusée sur Internet, j¹ai constaté que les termes utilisés, les explications et le style des spécialistes cubains n¹étaient rien d¹autre que le prolongement d¹un des attributs les plus remarquables de cette société et de sa culture politique. N¹importe quel documentaliste ou journaliste non-Cubain qui travaille sur place et s¹intéresse sérieusement à Cuba aura compris que cette nation est profondément humanitaire, et que l¹être humain et la vie elle-même y sont tenus en très haute estime. L¹humanité y est sacrée, et les valeurs qui s¹y rattachent touchent tous les citoyens cubains sans aucune discrimination. Les commentaires et la sincérité démontrée par les spécialistes cubains représentent bien la vie quotidienne au pays. Et pour ceux d¹entre nous qui la connaissent, le témoignage présenté à la télévision est tout à fait normal et naturel pour la société cubaine et ce, en toutes circonstances.

Néanmoins, il est important pour les médias de masse à la solde de l¹oligarchie de garder cet aspect de la société cubaine à l¹abri de l¹opinion publique afin de pouvoir manipuler la situation à leur avantage lorsque les circonstances l¹exigent. Ainsi, tandis que tous les yeux étaient rivés sur Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier, les médias états-uniens, qui sont restés sur place 24 heures par jour pendant plusieurs semaines, ont réussi à trouver le moyen de cacher au public que des professionnels de la santé et autres spécialistes cubains travaillaient en Haïti depuis plus de onze ans, de la façon la plus désintéressée qui soit. D¹ailleurs, à partir du 12 janvier, ces travailleurs ont non seulement continué d¹offrir leur soutien mais l¹ont même augmenté. Sean Penn a eu le courage d¹en parler pendant l¹entrevue. On s¹imagine donc difficilement comment les journalistes états-uniens, qui disposaient pourtant de moyens à la fine pointe de la haute technologie, sont parvenus à ne jamais rencontrer un seul médecin ou spécialiste de la santé cubaine après tout le temps qu¹ils ont passé en Haïti. On ne comprend pas non plus comment ils ont fait pour ne jamais croiser un seul des milliers d¹Haïtiens ayant reçu des soins offerts par les missions médicales cubaines au cours des onze dernières années et pendant les semaines après le tremblement de terre. Cette omission est tout à fait délibérée car lorsque l¹occasion se présente (comme actuellement dans le cas de la mort de Zapata et des événements qui en ont découlé), elle permet de convaincre plus facilement l¹opinion publique du mensonge selon lequel les fonctionnaires médicaux et le système de santé cubains peuvent être impitoyables. Bien sûr, il est indéniable que des situations comme celle qui concerne Zapata n¹ont rien à voir avec l¹exemple haïtien cité plus haut. Néanmoins, lorsqu¹une société tout entière ainsi qu¹une profession comme la profession médicale se fondent sur l¹humanité des individus et sur la préservation de la vie humaine, le principe s¹applique à tous. Aucune exception n¹est possible et ce, sous aucune considération.

Cuba est une société qui s¹exerce à la patience et à l¹éducation depuis plus de cinq décennies afin de tout mettre en ¦uvre pour réparer quelque tort que ce soit et régler ses problèmes. Que ce soit au niveau des CDR de quartier (Comités de Defensa de la Revolución), dans les assemblées municipales et les délibérations au sein des conseils populaires, dans les organes gouvernementaux les plus directement et intimement liés aux citoyens des quartiers ainsi que dans les centres de production et de services, ou encore pendant les sessions où les élus rendent des comptes à leurs électeurs, lors des discussions et consultations des commissions parlementaires ou dans les commissions de travail permanentes du parlement, au sein des centres de travail, tous les problèmes sociaux sont traités sous le signe de la patience, de la compréhension et de l¹éducation, lesquelles constituent une part fondamentale de l¹autocritique initiée par le système lui-même. Qu¹il s¹agisse des problèmes à régler au quotidien, ou même d¹une violation mineure de la loi ou encore d¹une infraction plus sérieuse, comme des crimes impliquant des individus ou de petits groupes, il est tout à fait remarquable de constater de visu la patience dont les Cubains font preuve, utilisant toujours l¹éducation comme principal moyen de changer les comportements qui affectent la société. Dans ce contexte, le contenu de la vidéo cubaine où les professionnels de la santé affirment avoir tout fait pour sauver la vie de Zapata me semble tout à fait normal et plausible. C¹est ainsi que se font les choses à Cuba.

Ce n¹est pas par hasard si l¹administration Bush a brusquement interrompu la plupart des visites éducatives à Cuba. En effet, une majorité écrasante des jeunes et de leurs professeurs cessaient immanquablement d¹être dupes des mensonges des médias de masse et constataient à tout le moins cette réalité : Cuba est une société pacifique fondée sur la valeur de l¹être humain, ce qui transcende toute autre considération puisque cette réalité demeure la même en toutes circonstances. C¹est ainsi que les étudiants rentraient aux États-Unis avec une vision de Cuba située à l¹extrême opposé de ce qu¹en disent les médias de masse.

Le quatrième mensonge qui circule actuellement concerne les Damas de Blanco. On affirme qu¹elles ont été harcelées par les citoyens puis violemment agressées par les autorités cubaines pendant leur manifestation du 18 mars à la Havane. Qui sont donc les Damas de Blanco et quelle est leur importance ? Depuis 1960, le gouvernement états-unien soutien officiellement l¹implantation de « groupes d¹opposition » à Cuba, lesquels entretiennent des liens étroits avec les États-Unis. Or, dernièrement, dans le document de juillet 2006 intitulé Commission d¹assistance à un Cuba libre [4], on réitère que ces groupes nécessitent « des programmes bien financés pour les rendre plus opérants » et on souligne le besoin « d¹arriver à un consensus international en faveur de ces groupes » (page 16). Plusieurs personnes et de nombreux groupements sont cités dans ce rapport : l¹un d¹eux est le Damas de Blanco. L¹un des individus ayant très clairement reçu l¹aval états-unien il y a près de quatre ans est Guillermo Fariña. À l¹époque, selon le document en question, il « avait entrepris une grève de la faim de longue durée » (page 19). Aujourd¹hui, au moment où j¹écris ces lignes, il a entrepris une autre et se fait manipuler de la même façon que Zapata l¹a été et l¹est encore aujourd¹hui.

Lorsque l¹on parle de médias de masse, cela inclut You Tube ainsi que les rapports sur les derniers incidents concernant les Damas de Blanco. You Tube reflète la couverture médiatique biaisée et mensongère dont il est question dans cet article. Fabriquée à partir d¹un montage d¹extraits vidéo, d¹images figées dont on ne sait si elles sont reliées avec les événements cités et de descriptions verbales à propos de confrontations, la vidéo fut ensuite montée de manière à donner une impression de violence. Néanmoins, il est possible de visionner la vidéo intégrale et sans montage qui fut présentée à travers le monde à la télévision, tout en ignorant le commentaire audio qui affirme à plusieurs reprises que les partisans pro-Cuba ont fait usage de violence à l¹encontre des Damas de Blanco et que la police les a détenus brutalement. En réalité, même si les opposants aux Damas étaient absolument furieux et qu¹ils hurlaient leur soutien à la Révolution, en aucun cas ils n¹ont fait usage de violence. De la même manière, les policières qui ont fait monter les Damas dans des autobus de la ville pour ensuite les reconduire chez elles n¹ont jamais violenté celles qui n¹avaient pas été arrêtées. Même si les États-Unis reconnaissent et promeuvent officiellement les Damas de Blanco comme étant un véritable « groupe d¹opposition » et que leurs liens avec eux sont d¹une évidence irréfutable, jamais les autorités n¹ont usé de violence à leur égard. Affirmer le contraire est un mensonge. Et le répéter dans l¹espoir qu¹on en vienne à le considérer comme une vérité est le genre d¹hypocrisie que dénonçait Sean Penn lorsqu¹il parlait de l¹accusation répétée par les médias de masse à l¹endroit d¹Hugo Chávez, à l¹effet qu¹il s¹agirait d¹un dictateur.

Ceux qui ont été arrêtés et emprisonnés suite à leur procès, en 2003, ainsi que leurs défenseurs ­ dont les Damas de Blanco ­ ne sont pas en conflit avec le gouvernement cubain ni avec les gens qui descendent immanquablement dans la rue pour combattre ces petits groupes et défendre la Révolution, à cause des opinions politiques des « dissidents ». Le problème, c¹est qu¹ils collaborent avec une puissance étrangère (les États-Unis) au détriment de leur propre peuple et de leur propre pays. Actuellement à Cuba, et plus que jamais auparavant, les discussions ainsi que les débats en profondeur et à grande échelle vont bon train, que ce soit dans les médias, les familles, les quartiers, les organisations de masse ou les différents niveaux de pouvoir populaire. On discute ouvertement des opinions contraires concernant les mesures qui devraient être prises afin d¹améliorer le système socio-économique cubain. Par exemple, il peut s¹agir de mesures pour donner plus pouvoir aux représentants élus ainsi qu¹aux fonctionnaires ¦uvrant dans les organes de l¹État et du gouvernement, pour régler les problèmes de corruption (qu¹on ne peut aucunement comparer à ceux auxquels sont confrontés les pays capitalistes, que ce soit en termes de l¹ampleur ou de la nature des actes reprochés), de production et distribution de nourriture et de marchandises nécessaires à la population. Or, ces délibérations n¹ont pas pour but de remplacer le système socialiste actuel par un système capitaliste, ni de faire de Cuba un satellite des États-Unis comme c¹était le cas avant la Révolution. Les « groupes d¹opposition » se sont volontairement exclus de cet important débat qui n¹est pas dirigé contre le système actuel, lequel fut établi de manière constitutionnelle. Au contraire, ces discussions sont même encouragées par le leadership historique révolutionnaire qui désire sincèrement voir le peuple participer de plus en plus étroitement au perfectionnement de son propre système. Par conséquent, la position tout à fait marginale de « l¹opposition » ou des soi-disant « dissidents » par rapport à la société cubaine en général n¹est pas la faute du système cubain, pas plus qu¹elle n¹en révèle un vice qui devrait être éliminé. Les « groupes d¹opposition » sont les seuls responsables de leur isolement total. Si ce n¹était des campagnes médiatiques, des fonds états-uniens et des autres appuis qu¹ils reçoivent, les « dissidents » ne mériteraient pas une seule minute d¹antenne en ce qu¹ils n¹affectent aucunement la vie politique cubaine à quelque niveau que ce soit.

Les soi-disant dissidents cubains, qui sont complètement isolés, insignifiants et marginaux dans la société et la vie politique cubaines, sont des traîtres à la nation tout comme leurs homologues de Miami. Et les traîtres sont imprévisibles. Ils n¹obéissent qu¹à leurs propres intérêts et à leur mentalité opportuniste. Ils peuvent être à la solde de n¹importe qui puisque c¹est ainsi qu¹ils gagnent leur vie. Les traîtres, par nature, sont capables de vendre leur âme. Les peuples d¹Europe et des États-Unis, qui n¹obtiendraient que des bénéfices d¹un meilleur rapport avec Cuba, devraient se demander s¹il est possible que Washington, Bruxelles et les médias à leur solde aient créé un monstre qui, en plus de leur échapper, est au service l¹extrême-droite. Ces individus gagnent leur vie dans l¹unique but de créer des tensions entre Cuba et le tandem Europe/États- Unis. Et ces tensions, par essence, entravent les relations normales qu¹entretiennent les nations entre elles. Pour sa part, le président Obama devrait se servir de son intelligence afin de dévoiler les intentions de l¹extrême-droite qui cherche à saboter son initiative pour améliorer les relations entre les deux pays. Dans ce contexte, les journalistes sérieux, les parlementaires sincères et ouverts d¹esprit, les personnalités politiques, les leaders syndicaux et les intellectuels ne devraient-ils pas être conscients de toute cette duperie ?

Comment se fait-il que Cuba soit actuellement victime d¹une autre campagne médiatique et des pressions de Washington et de Bruxelles ? Il y a plusieurs explications. L¹une d¹entre elles est peut-être le fait que la rencontre des 22 et 23 février 2010, réunissant tous les États de l¹hémisphère sauf le Canada et les États-Unis, ait débouché sur un accord pour établir une organisation régionale favorisant l¹intégration économique, politique et culturelle. Il s¹agit d¹un événement historique. Tout le monde sait que dès 1959, Cuba a été l¹initiateur et sert encore aujourd¹hui de base politique et morale pour la coopération régionale, en dépit de conditions des plus défavorables. Les États-Unis et la vieille Europe n¹ont jamais pardonné à Cuba d¹avoir pris cette initiative il y a plus de cinquante ans. Ils n¹ont jamais admis que Cuba refuse de suivre la voie de la capitulation aux mains des Occidentaux comme l¹ont fait l¹ex-URSS et l¹Europe de l¹Est. Défendre Cuba et sa Révolution aujourd¹hui signifie défendre toute l¹Amérique latine et les Caraïbes dans leur noble initiative d¹intégration. La mort de Zapata a eu lieu à un moment des plus opportuns. De plus, sa manipulation par l¹Union européenne, ses médias de masse et ceux de l¹Amérique du nord sert admirablement la tentative de renverser la nouvelle tendance régionale en attaquant son inspiration première et sa plus prestigieuse : Cuba. Dans le document de 2006 cité plus haut, on peut lire que les États-Unis sont préoccupés par « l¹axe » Cuba-Venezuela en ces termes : « Ensemble, ces deux pays encouragent une tendance alternative rétrograde et anti-états-unienne pour l¹avenir de l¹hémisphère, laquelle trouve une résonance [Š] dans la région [Š] » (page 24). Dans ce contexte, les États-Unis affichent clairement leurs visées pour organiser, maintenir et promouvoir leurs propres groupes et initiatives individuelles voués à l¹opposition cubaine.

Mais Cuba n¹est pas seule. Au contraire, car malgré toutes les tentatives pour l¹isoler depuis plus de cinquante ans, le pays n¹a jamais occupé une place aussi centrale dans la politique régionale et mondiale. Cette dernière campagne médiatique, qui repose sur des mensonges et sur la distorsion du réel, n¹aura d¹autres conséquences que d¹éveiller la conscience politique des peuples du monde pour leur démontrer comment fonctionnent les médias de masse à la solde de l¹oligarchie, c¹est-à-dire par le mensonge et la manipulation.

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Auteur, journaliste et conférencier spécialiste de Cuba. Livre Democracy in Cuba and the 1997-98 Elections. Chapitre « Socialism and Elections » du livre Cuban Socialism in a New Century : Adversity, Survival, and Renewal, (University Press of Florida, 2004) édité par les professeurs Max Azicri et Elsie Deal. Prochain volume Cuba : démocratie participative et élections au XXIème siècle (automne 2010 en français, anglais, et espagnol). Membre de la Latin American Studies Association (LASA).


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Traduction : Marie France Bancel


[1] « Les mercenaires cubains de la Maison-Blanche », par Salim Lamrani, Réseau Voltaire, 27 septembre 2009.

[2] « Le suicide d¹Orlando Zapata Tamayo », par Salim Lamrani, Réseau Voltaire, 1er mars 2010.

[3] « Les "Dames en blanc" de Cuba », par Salim Lamrani, Réseau Voltaire, 1er juin 2008.

[4] « Le nouveau plan de Bush pour renverser les institutions cubaines », par Salim Lamrani, Réseau Voltaire, 2 août 2006. On pourra télécharger sur cette page le rapport cité.

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