01 juin 2010

Le massacre de « la flottille de la Liberté » et la solidarité internationale

mardi 1er juin 2010

The Electronic Intifada - Editorial


Israël avait ouvertement menacé pendant des jours d’attaquer violemment la flottille, mais la complaisance, la complicité et l’inaction, en particulier des gouvernements occidentaux et arabes, a une fois de plus envoyé le message qu’Israël pouvait agir en toute impunité.

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Drapeau israélien brûlé par des manifestants - L’état sioniste ne survit que par la violence... plus il se sentira attaqué et contesté, plus sa violence sera incontrôlée...

Tôt ce matin, dans les eaux internationales et sous le couvert de l’obscurité, des soldats israéliens ont pris d’assaut le navire de tête du convoi de six navires d’aide composant « la flottille de la Liberté » et ont tué et blessé des dizaines de civils qui étaient à bord. Tous les navires ont été violemment piratés par les forces israéliennes, et plusieurs heures après l’attaque, le sort des passagers à bord des autres navires d’autres restait inconnu.

Le Mavi Marmara transportait environ 600 militants lorsque les navires de guerre israéliens l’ont entouré de tous les côtés tandis que des soldats descendaient depuis des hélicoptères sur le pont du navire. Les rapports faits par des personnes à bord du navire et appuyés par des informations vidéo en direct diffusées à la télévision turque montrent que les forces israéliennes ont utilisé des tirs à balles réelles contre les passagers civils, dont certains ont voulu résister à l’attaque avec des bâtons et autres objets.

La flottille de la liberté a été organisée par une coalition d’organisations qui a pour but de briser le siège israélien contre la bande de Gaza, lequel a commencé en 2007. Au total, la flottille transportait 700 militants civils d’environ 50 pays et plus de 10 000 tonnes d’aide dont des vivres, des médicaments, du matériel médical, des matériaux et équipements de reconstruction, ainsi que divers autres produits de première nécessité arbitrairement interdits par Israël.

A 18 heures, heure de Jérusalem, la majorité des médias signalaient encore que jusqu’à 20 personnes avaient été tuées, et de nombreuses autres blessées. Toutefois, Israël retient à la source le nombre exact et les noms des morts et des blessés. Les passagers à bord des navires qui faisaient des mises à jour sous Twitter pour annoncer les progrès de la flottille, n’ont pas donné signe de vie depuis le moment qui a précédé l’attaque et les efforts pour contacter les passagers par téléphone satellitaire ont été infructueux. Le média de langue arabe et anglaise, Al-Jazeera, a perdu le contact avec sa demi-douzaine d’agents qui voyageaient avec la flottille.

Des nouvelles du massacre à bord de la flottille ont commencé à émerger à l’aube, depuis la Méditerranée orientale, par transmission en direct depuis le navire par des médias associatifs, la télévision turque, et Al-Jazira. Les médias israéliens ont été placés sous stricte censure militaire et rapportent principalement depuis des sources étrangères. Toutefois, dans la matinée, le Jerusalem Post a rapporté que les soldats israéliens qui sont montés à bord de la flottille dans les eaux internationales ont été pris pour cible par les passagers. Citant des sources militaires anonymes, le Jerusalem Post a affirmé que les passagers flottille avait voulu procéder à un lynchage « bien planifié. »

Le quotidien israélien Haaretz a également prétendu que les soldats israéliens ont été « attaqués » en essayant de monter à bord de la flottille.

Ce récit de passagers « attaquant » les soldats israéliens a été rapidement repris par l’Associated Press et retransmis à travers les médias grand public aux États-Unis, dont le Washington Post.

Le vice-ministre israélien des affaires étrangères, Danny Ayalon, a déclaré dans une conférence de presse le lundi matin que l’armée israélienne a agi en situation de « légitime défense. » Il a affirmé que « au moins deux pistolets ont été trouvés » et que « l’incident » était toujours en cours. Ayalon a également affirmé que les organisateurs de la flottille étaient « bien connus » et avaient des liens avec « les organisations terroristes internationales. »

On ne sait pas comment on pourrait réellement adopter ce récit israélien de « légitime défense » alors qu’Israël a lancé une attaque non provoquée sur des navires civils non armés et dans des eaux internationales. Assurément, le droit à la légitime défense appartenait aux passagers qui était à bord du navire. Cependant, les organisateurs de la flottille avait fait savoir haut et fort que leurs navires étaient des navires civils non armés remplissant une mission humanitaire.

La stratégie des médias israéliens semble être de maintenir la censure des faits comme sur le nombre de morts et de blessés, les noms des victimes et des navires où les blessures ont été causées, tout en diffusant avec agressivité une version des événements qui se fonde sur deux axes : une invraisemblable prétention à « la légitime défense », et la diabolisation des passagers de la flottille en laissant entendre qu’ils méritaient leur sort.

Alors que les informations faisaient le tour du monde, les gouvernements étrangers ont commencé à réagir. La Grèce et la Turquie, laquelle avait beaucoup de ses ressortissants à bord de la flottille, ont immédiatement rappelé leurs ambassadeurs à Tel-Aviv. L’Espagne a fermement condamné l’attaque. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a exprimé « un choc profond » [Kouchner est un hypocrite qui fait semblant de croire à l’utilité d’une enquête diligentée par l’armée israélienne - N.d.T]. L’Union européenne par la voix de Catherine Ashton, ministre des affaires étrangères, a appelé à une « enquête » [prétention aussi hypocrite que celle de Kouchner - N.d.T].

Ce qui devrait être clair, c’est ceci : nul ne peut prétendre être surpris par ce que le Centre palestinien pour les droits de l’homme qualifie correctement de « crime horrible ». Israël avait ouvertement menacé pendant des jours d’attaquer violemment la flottille, mais la complaisance, la complicité et l’inaction, en particulier des gouvernements occidentaux et arabes, a une fois de plus envoyé le message qu’Israël pouvait agir en toute impunité.

Il ne fait aucun doute que le massacre israélien de 1400 personnes, essentiellement des civils, à Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 était un appel au réveil de la société civile internationale, pour qu’elle reprenne à son compte la campagne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) contre Israël, similaire à celle lancée à époque contre l’Apartheid en Afrique du Sud.

Pourtant, les gouvernements sont restés largement complaisants et complices de la violence et de l’oppression israéliennes permanentes contre les Palestiniens et de plus en plus contre les travailleurs humanitaires internationaux et les militants de la solidarité, pas seulement à Gaza, mais aussi dans la Palestine historique.

Imaginons que l’ancienne ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, ait effectivement été arrêtée pour crimes de guerre à Gaza lorsqu’un un juge de Londres avait délivré un mandat pour son arrestation, que la communauté internationale ait effectivement commencé à mettre en œuvre les recommandations du rapport Goldstone commandité par l’ONU, et qu’il y ait eu une réponse beaucoup plus ferme à l’assassinat par Israël d’un responsable du Hamas à Dubaï, Israël n’aurait alors pas osé agir avec une telle audace.

Alors que les actions de solidarité et de protestation débutent en Palestine et partout dans le monde, voici le message qu’ils doivent envoyer : assez d’impunité, assez de complicité, assez de massacres et d’apartheid israéliens. Justice maintenant.

31 mai 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Nazem

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