LIBAN
LE CAMARADE ASSAF, AU RENDEZ-VOUS AVEC MLITA
Amenez-moi là-bas, où notre dignité fut….En ces mots le camarade avait souhaité visiter le musée de la Résistance ; ce fut ainsi sa dernière sortie avant son martyre.
Assaf, connu par son mutisme au point qu’on l’appelait « le journaliste silencieux » et durant cette visite, était entièrement pris par sa plume et son cahier de route, comme pour ne rater aucun détail.
Sur le trajet et à un croisement, il avait noté sur son cahier, je cite : « Je marche à l’endroit même où ils marchèrent … ». Il respirait déjà un parfum de dignité qu’avaient conçu ses vivants.
Il était fier de cette région escarpée jadis empruntée par les résistants, lors de leur combat pour défendre la terre et notre fierté.
« Ainsi furent-ils, ces combattants que rien ne les déroutait de l’objectif. », avait ajouté Assaf.
Durant cette marche, il se dressait souvent face à ces mannequins de la taille d’homme qui représentent des résistants lors de leur mouvement à travers les arbres, chacun d’eux sachant ce qu’il avait comme mission.
Je me souviens de cet instant où Assaf, devant des indications relatant le vécu de quelques-uns de ces résistants porter les munitions aux leurs, ajouta, je cite : « De quelle terre sont-ils façonnés ? ».
Poursuivant la visite, nous avions atteint l’endroit où étaient exposées les armes de la Résistance. Assaf, la joie au visage, contemplait ces armes qui nous ont permis de rester et de lutter sur ce sol.
La «colline des martyrs » fut le dernier rendez-vous lors de cette visite. Cette colline difficilement accessible, nous avaient donné raison de nous reposer. Je m’étais reposé, en compagnie de Souad, sa femme. Quant à Assaf, le rire au visage, nous interpela en criant : « Vieilles, marchez…Ils nous ont dépassés… ».
Sans nous attendre, accompagné de sa solitude, il escalada jusqu’à atteindre le sommet pour s’adresser aux martyrs en leur promettant de les rejoindre un jour.
Puis fut son départ ; mais cette fois-ci, il n’était pas silencieux et sa voix fut assourdissante et plus forte que leurs obus.
Certes ils l’avaient fauché, mais ils furent et resteront impuissants à vouloir effacer ses écrits et arrêter sa marche.
Nous lui promettons de rester, de tous les temps et de tous les espaces, la plume résistante face à l’ennemi.
Comme d’habitude, muni de son cahier de route, il rédige et rédige encore
Puis il complète l’explication de la carte
17 août 2010
Fatima Chouaïb
Traduction : Raymond Richa
La page en arabe :
http://www.alintiqad.com/essaydetails.php?eid=35637&cid=76
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