Face à l’arrogance du pouvoir UMP, à ses petites combines, à son culot réactionnaire, j’ai souvent envie de paraphraser la célèbre réplique de cinéma, écrite par Michel Audiard : le problème avec les sarkozystes, c’est qu’ils osent tout. C’est même à cela qu’on les reconnait.
Christine Lagarde , sarkozyste de choc, est bien de ceux là.
Je m’explique. Connaissez-vous « Les Nouvelles du 12e » ? Non, sans doute pas. Vous ratez pourtant quelque chose. Il s’agit d’une publication, tirée à 60 000 exemplaires, en quadrichromie, distribuée gratuitement, une fois tous les deux mois  environ, dans les boîtes aux lettres des habitants du 12e arrondissement. Cette publication est à l’initiative de la Ministre de l’économie et des finances, qui y signe systématiquement un éditorial. Ce journal, en plus de la propagande de l'UMP, essaye laborieusement d’être le reflet de son activité comme élue locale, puisque depuis mars 2008, elle est élue municipale, d’opposition. L'exercice est périlleux, car, généralement, il n'y a pas grand chose à raconter. Mais, cette fois-ci, il y a du nouveau. Dans sa dernière livraison, le numéro 15, on peut voir en couverture une Christine Lagarde, souriante, interviewée, avec dans son dos les arcades de l’avenue Daumesnil, principale artère du 12e.
Normal, me direz-vous, de la voir dans le quartier dont elle est l'élue. Détrompez-vous. Les habitués de ce blog savent que depuis deux ans, je reproche régulièrement et publiquement à notre Ministre de l’économie et des finances, de ne jamais siéger au Conseil d’arrondissement du 12e. Je lui reproche de se désintéresser totalement de ce mandat, contrairement à ce qu’elle laisse entendre. Au mieux, elle passe une poignée d’heures en séance du Conseil de Paris, généralement lors du débat sur le budget, ou lorsqu’une séance aborde exceptionnellement un sujet qui intéresse fortement les médias. C’est tout. Elle est pourtant indemnisée pour cela plus de 4000 euros bruts chaque mois. N’a-t-elle pas assez de temps pour honorer ce mandat, « dévorée » par son travail de Ministre ? (C’est cela qu’elle m’a répondu la seule fois où nous nous sommes parlés ). Et bien soit, qu’elle démissionne. D’autres élus UMP prendront sa place. D’autant qu’elle avait assuré, lors de la campagne électorale, qu’elle siègerait et honorerait son mandat, même si elle était battue. Mais, les promesses électorales… et Mme. Lagarde fait donc siège vide depuis deux ans et demi.
La couverture du dernier numéro des « Nouvelles du 12e  »  est donc censée cette fois ci, faire taire les olibrius dans mon genre. A ceux qui affirment grossièrement, comme moi, qu’elle n’est jamais dans les rues du 12e, la photo de Une semble rétorquer triomphalement: Voilà la preuve éclatante que Christine Lagarde est bien dans l’arrondissement ! Sauf que…
Sauf que, quand on y regarde de plus près, (et, c'est grâce à la sagacité de mon complice « pégiste » Pierre-Yves Legras que j'ai ouvert les yeux) on s’aperçoit que cette photo est un montage pur et simple. Oui, oui. Elle n’est en réalité qu’un vulgaire copié-collé d’une autre photo de Mme. la Ministre, prise lors d’un sommet franco-allemand qui s’est tenu en février dernier. L’original de cette photo (que l’on voit ici) peut être aisément regardé sur le site du Ministère des Finances . Etonnant. Pourquoi ce montage ? Est-ce si difficile de trouver une photo de Mme Lagarde dans les rues du 12e ? Manifestement, oui. En 15 numéros, je crois que je n'en ai jamais vu. Mais, peut être suis-je inattentif ?

Et ce n’est pas tout. Je demande à présent au lecteur une attention plus soutenue, et à ceux qui ont des problèmes de vue de chausser immédiatement leurs lunettes. Nous allons nous intéresser aux détails, aux petits détails… Car le montage ne se situe pas uniquement dans le décor placé derrière la Ministre. Quand elle s’adresse au bon peuple du 12e en cette fin d’année 2010, Madâme, fine politique, sait aussi  tenir compte des conséquences de la crise économique, des inégalités qui se creusent, du mécontentement social et, du coup, Christine Lagarde veille à donner d'elle une apparence un peu plus « populaire » que ce qu’elle est en réalité. Car, manque de chance, sur la photo initiale, les bijoux de Mme. la Ministre ne font pas vraiment « Etat modeste ». C'est vrai quoi, les grosses perles pendues aux oreilles, la grosse bague sertie de diamants, le bracelet de perles baroques, franchement, quand on demande aux français de « faire des efforts » en travaillant deux ans de plus pour une pension de retraite à la baisse, ce n’est pas très malin, avouez-le. Mais, rassurez vous, Mme. Lagarde ne fera pas une telle faute de goût. Miracle, le logiciel Photoshop est là. Et hop, enlevées les perles ! Et hop, supprimée la jolie bague ! Simple, non ?
Pourtant, la modestie, pour le reste, n’est pas vraiment ce qui caractérise ce journal. Dans chaque page, la brosse à reluire fonctionne à plein régime. Le titre donne le ton : « Une femme d’excellence au service de la France et du 12e ». Rien que ça. Dans les pages suivantes, on invite à lire sa biographie (rédigée par deux journalistes Cyrille Lachèvre et Marie Visot ) en affirmant que « le sujet est exceptionnel ». Plus loin, on la présente comme « la femme la plus puissante de France », dans une autre page on y affirme qu’elle est « une des 100 femmes les plus puissantes du monde »…. N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Mme. Lagarde va finir pour rougir.
Pour les tristes soirées d’hiver toutefois, on pourra toujours lire la suite de ce journal, qui est franchement à se taper sur les cuisses. On y apprend très sérieusement, par exemple, que Mme. la Ministre a répondu aux inquiétudes de La confrérie des Compagnons du Brie de Meaux qui craignaient que leur production soit remplacée à la cantine du Ministère par le Brie de Meulun, en les rassurant : le Brie de Meaux sera toujours servi à table ! Qu’on se le dise. Puis, le dossier spécial, consacré à la rue du Faubourg Saint-Antoine, nous invite à aller découvrir l’Atelier de Jean-Paul Gaultier au 30 de la rue… alors qu’il n’y est plus au moins depuis 2005 ! C’est d’autant plus dommage pour Mme. la Ministre d’ignorer cela, que ce lieu est désormais occupé par les Ateliers de Paris, consacrés aux activités artisanales et de création, et accueille six jeunes entreprises. C’est béta de ne pas le savoir quand on prétend, comme elle, être très attentive aux nouvelles entreprises et aux créateurs du 12e. La suite est du même acabit, pipeau et approximations.
Bon résumons. Mme. Christine Lagarde ne cesse de répéter publiquement que ce qui fait sa différence avec le reste de la classe politique, c’est qu’elle au moins, n’est pas formatée par les codes traditionnels qui sont d’usages dans ce milieu. Elle aurait, assure-t-elle, un regard neuf sur la politique. Elle demande à ses collaborateurs de réfléchir Outside the box (en dehors des cadres). Vérifions tout cela à la simple lumière de son activité comme élue parisienne : promesses électorales non respectées, mépris du mandat (pour lequel on est indemnisé) et des électeurs une fois élue, photos bidons pour faire croire que l’on est sur le terrain et qu’on est une femme « comme tout le monde » qui ne porte pas de signes extérieurs de richesses, etc… Le compte y est, non ?
C’est fou comme cette « nouvelle » manière de faire de la politique de la part de cette « femme d’excellence » ressemble aux pires travers de l’ancienne. Mais, on nous a prévenu : le sujet est exceptionnel… certes, mais de suffisance.
Il est temps que tout cela cesse.
En terminant ces lignes, je découvre que le top bloggeur Guy Birenbaum s’est aussi intéressé aux bijoux de Mme Lagarde. Allez aussi y jeter un coup d’œil . Rire contre les arrogants qui nous gouvernent, cela fait du bien. Profitez-en.
Rajout :
Mercredi 11h45. Guy Birenbaum et d'autres amis me l'ont signalé au réveil : le Canard Enchainé publie la même info en dernière page ce matin. Bien vu le volatile !

http://www.cyril-lazaro.com/article-comment-gagner-beaucoup-d-argent-en-travaillant-a-domicile-60454553.html