17 avril 2010

Le bureau de l’Environnement : une hausse sans précédent du cancer dans la bande de Gaza

vendredi 16 avril 2010

Youssef Ibrahim - CPI


La hausse de toutes sortes de cancer et d’insuffisance rénale, dans la bande de Gaza, est de plus en plus remarquable, confirme Dr. Youssef Ibrahim, président du bureau de l’Environnement de la Bande. Ces hausses sont les conséquences de ce phosphore blanc et de cet uranium utilisés par les forces israéliennes d’occupation au cours de leur guerre criminelle menée contre Gaza l’année dernière.

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Dans une interview exclusive donnée à notre Centre Palestinien d’Information (CPI), Ibrahim souligne que ces forces avaient utilisé des produits dangereusement toxiques. Ces produits se sont infiltrés dans le sol palestinien et l’ont par conséquent contaminé. L’uranium, le zinc, le mercure, le cobalt et d’autres produits cancérigènes ont été trouvés dans les corps des victimes de cette guerre israélienne criminelle.

Le président du bureau de l’Environnement a saisi l’occasion de cette interview pour lancer un appel de détresse à tous les pays du monde et aux organisations et institutions internationales comme régionales pour intervenir de façon urgente afin d’éviter les effets désastreux de l’agression sioniste sur l’environnement palestinien de la bande de Gaza.

Dr. Youssef Ibrahim, président du bureau de l’Environnement de la Bande, nous fait part de son point de vue, dans l’interview exclusive ci-après, traduite de l’arabe et résumée par nos soins.

Des munitions et des déchets

CPI : Les autorités de l’occupation israélienne, au cours de leur guerre menée contre la bande de Gaza l’année dernière, ont frappé l’environnement de la Bande de manière très dangereuse. Voulez-vous nous donner un peu plus d’explication ?

Dr. Youssef Ibrahim : Tout d’abord, nous voulons remercier votre Centre Palestinien d’Information (CPI) pour l’attention qu’il donne à cette question sensible et tellement dangereuse. Nous demandons par ailleurs à tous les médias d’en faire de même et de mettre sous la lumière les pratiques de l’occupation israélienne. Et nous, pour notre part, nous confirmons que les forces israéliennes d’occupation ont eu recours à pas moins de 35 sortes de métaux toxiques. Et naturellement, ces produits laissent leurs effets néfastes sur l’environnement palestinien au moins sur deux niveaux : les armes et les munitions utilisées au cours de l’agression, puis leurs déchets.

Et en passant en revue les échantillons et les conséquences par le ministère de la Santé, lors d’une conférence donnée à son siège de Gaza, il s’est avéré que ces produits s’étaient infiltrés dans le sol palestinien et les corps des martyrs. Le climat de la bande de Gaza ne fait que confirmer la dangerosité de cette nouvelle donne. Un grand niveau d’uranium, de zinc, de mercure, de cobalt et d’autres produits très toxiques et très dangereux et cancérigènes pour la santé y a été trouvé. Il faut alors une réaction internationale sérieuse et efficace pour sauver la bande de Gaza. Une catastrophe menace effectivement et directement la bande de Gaza.

Les effets des éléments toxiques

CPI : Ces produits toxiques et dangereux, comment pourront-ils réagir sur l’environnement de la bande de Gaza ?

Dr. Youssef Ibrahim : Si ces produits se sont infiltrés dans les corps des martyrs, ils touchent nécessairement les corps des vivants. On s’attend malheureusement à l’apparition de toutes sortes de cancer et à des naissances malformées. Et l’infiltration de produits toxiques dans le sol et dans l’air affectera la faune et la flore de la Bande.

J’ai peur que beaucoup d’arbres de la Bande trouvent la mort et que ces produits toxiques aient pénétré les légumes et les fruits mangés par l’homme. Ces produits se sont infiltrés dans la nappe aquifère... Ainsi, la pollution touche l’homme, la pierre, l’arbre, le sol, le climat, tout l’environnement de la bande de Gaza. Les conséquences néfastes de tout cela apparaîtront dans les petites années à venir et à long terme.

Les terres agricoles

CPI : Cette dangereuse pollution a-t-elle touché une grande superficie de la bande de Gaza ? Avez-vous des chiffres à nous donner ?

Dr. Youssef Ibrahim : Une hausse d’une pollution dangereuse a été remarquée dans le sol, dans l’air et surtout sur les bâtiments bombardés par les forces israéliennes d’occupation. Le sol et les terres agricoles ont directement été touchés. En fait, les forces israéliennes d’occupation ont délibérément bombardé de vastes terrains agricoles et y ont fait des fosses profondes. De vastes surfaces sont donc polluées par ces produits toxiques ; les tests aux laboratoires l’ont prouvé.

Et parlons de chiffres. Environ deux mille hectares de terrains ont été rasés au cours de la guerre agressive israélienne menée contre Gaza, ainsi que 410 000 arbres. Toutes les zones frontalières sont vidées de leurs habitants, un désastre démographique supplémentaire. En effet, pas moins de cinq mille unités résidentielles ont été totalement détruites et plus de cinquante mille partiellement. Les bombardements de maisons, d’usines, de sièges du gouvernement, de mosquées, d’écoles et d’autres bâtiments ont laissé un million et demi de tonnes de décombres... Cette guerre a laissé entre 8 et 9 000 tonnes de toutes sortes de déchets. A remarquer que les décombres polluent et que les restes des munitions dont l’uranium constituent un réel danger sur l’environnement.

La terre brûlée !

CPI : La politique de la terre brûlée, que signifie-t-elle ? Les produits toxiques représentent-ils un réel danger sur les plantes, les plantes qui sont un élément essentiel de l’environnement ?

Dr. Youssef Ibrahim : Pour ce qui est de la politique de la terre brûlée pratiquée par l’armée israélienne dans sa guerre criminelle israélienne contre Gaza, cette armée détruisait tout sur son passage : pierres, plantes, réseaux d’eau et d’égouts. Ainsi, de grandes surfaces de terrains agricoles ont été polluées, sans parler de l’entassement de la terre par le passage de leurs lourds engins...

Je vous confirme que les bombes au phosphore blanc ont brûlé la couverture verte, une destruction immense de l’environnement palestinien. Puis la propagation du phosphore blanc a détruit l’environnement et a pollué les produits agricoles. Elle a aussi laissé ses effets négatifs sur tous les éléments de l’environnement : eau, air, sol, créatures...

Le message à envoyer

CPI : Quel message voulez-vous envoyer concernant ce sujet ?

Dr. Youssef Ibrahim : Nous envoyons un message urgent à toutes les organisations et institutions s’intéressant à l’environnement, en particulier les ministères arabes et islamiques de l’Environnement. Nous les appelons à rendre visite à la bande de Gaza pour travailler afin d’éliminer les conséquences toxiques, ou du moins les alléger. Je voudrais également appeler le bureau de l’Environnement de la Ligue arabe et ses institutions, les centres arabes et islamiques de recherches concernant la pollution de l’environnement à collaborer avec le bureau de l’environnement de la bande de Gaza afin d’éviter la catastrophe humaine et environnementale qui est sur le point de frapper la Bande. Nous appelons aussi les institutions internationales travaillant dans les domaines des droits de l’homme et de la santé à venir dans la bande de Gaza pour voir la réalité du terrain et les conséquences dangereuses de ces produits toxiques. Leurs effets néfastes commencent à affecter les habitants de la Bande. La propagation des tumeurs de toutes sortes, de la déficience rénale, des malformations de naissance sont des preuves irréfutables.

16 avril 2010 - Centre palestinien d’information

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