06 avril 2010

Netanyahu défie Obama

mardi 6 avril 2010 - 06h:03

Abdel Bari Atwan


L’administration du président américain Barack Obama et le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’activité de colonisation de la Jérusalem occupée durant une série de réunions tendues à Washington.
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Vociférations de Netanyahu devant le public très excité de l’AIPAC...

Netanyahu se considère plus puissant que le président des Etats-Unis en raison du soutien dont il bénéficie au sein du Congrès et du lobby juif : l’AIPAC (Comité des Affaires Publiques Israélo-Américain). Pour cette raison il a ignoré les appels à mettre frein à la colonisation et à retourner à la table des négociations indirectes avec la partie palestinienne.

Cette posture arrogante de la part du premier ministre israélien constitue le plus grand défi non seulement pour le président Obama, mais aussi pour tout l’establishment qui gouverne les USA. En effet, cela oblige l’exécutif américain à affronter le premier ministre israélien de manière ferme et efficace en vue de défendre les intérêts intérieurs et extérieurs des Etats-Unis.

Plusieurs gouvernements israéliens successifs se sont rebellés contre la Maison Blanche mais les désaccords et les crises qui en ont découlé n’ont jamais été trop graves pour ne pas être finalement surmontées. Cependant la crise actuelle est totalement différente tant sur le plan du timing que de celui de l’ampleur des dangers qu’elle entraîne.

Les USA sont actuellement impliqués dans deux guerres féroces dans la région : en Irak et en Afghanistan. Au moins un quart de million de soldats américains prennent part dans ces deux guerres. David Petraeus, chef du Centre de Commandement des Etats-Unis a souligné que la colonisation et les actes d’agression de la part d’Israël commencent à avoir un impact négatif sur la sécurité des soldats américains engagés dans ces conflits.

Ce que nous voulons dire, c’est que les Etats-Unis ne peuvent contenir la crise actuelle en continuant à utiliser les mêmes moyens que ceux employés dans les crises précédentes. De plus, Israël subit en ce moment un isolement international presque total et est très mal vu par les populations de ses alliés européens.

Israël n’est plus le seul État démocratique au Moyen-Orient qui représente la culture occidentale et en applique les lois. Il est même plutôt devenu un État voyou et terroriste aux yeux de nombreuses personnes après les crimes de guerre qu’il a commis pendant la dernière agression perpétrée contre la bande de Gaza et après avoir utilisé les passeports d’au moins six pays occidentaux (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Irlande, Australie et Italie) pour assassiner le martyre Mahmoud Al Mabhouh, l’un des fondateurs de la branche militaire du Mouvement de Résistance Islamique Hamas dans un pays allié et pacifique, les Emirats Arabes Unis.

On ne sait pas qui résultera vainqueur du conflit en cours entre Obama et Netanyahu, entre le président d’une superpuissance et le premier ministre d’un petit État qui ne peut survivre sans le soutien et l’appui de ce dernier. Ce que nous savons, néanmoins, c’est que les Etats-Unis sont, pour le moment, les perdants ne serait-ce que parce que cette crise et la façon dont elle a été gérée ont constitué une humiliation pour les USA, portant ainsi atteinte à leur image régionale et internationale.

Ce qui est également certain, c’est que les Etats-Unis ne laisseront pas tomber leur allié israélien comme conséquence de cette crise. D’autre part, Netanyahu ne va pas faciliter la tâche aux USA dans leur tentative d’obtenir un gel de la colonisation en vue de sauver ce qu’il reste d’un processus de paix qui s’est effondré en réalité.

Netanyahu a annoncé que la Jérusalem occupée n’était pas une colonie, mais la capitale éternelle de l’État d’Israël.

Ce qui est perceptible, c’est l’attitude passive des États arabes qui observent les faits comme des spectateurs et n’essaient pas d’aider leur allié américain dans sa confrontation avec Israël. Mais ce comportement ne doit pas nous surprendre, vu que ces États n’ont aucun poids, aucune volonté de s’opposer et se sont habitués à rester sur la touche, à se faire insulter et gifler sans broncher.

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* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

Du même auteur :

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- Conseil de guerre à Damas - 20 mars 2010
- La Grande-Bretagne va protéger les criminels de guerre israéliens - 11 mars 2010
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25 mars 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction de l’anglais : Sami Zanna

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