08 novembre 2010

23 Février 1957 : arrestation de Larbi ben M’hidi

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Un livre de Khalfa Mameri aux éditions “Thala Edition”
 
Larbi Ben M’hidi, un symbole national

Dans sa galerie de portraits dédiés au héros de la révolution, Khalfa Mameri, accorde à Larbi Ben M’hidi une place à la hauteur de son mythe. Larbi Ben M’hidi, un symbole national : c’est le titre du livre paru en 2009, dans une deuxième édition chez Thala édition, que l’auteur, ancien ambassadeur, investi aujourd’hui dans le devoir de mémoire, à travers les grands personnages de la Révolution, consacre à celui qui avait dit un :
“mettez la Révolution dans la rue le peuple la portera”.
Sur 183 pages, l’auteur a tenté de se mettre sur les traces de Larbi Ben Mhidi pour restituer aux jeunes générations surtout, les ressorts de sa légende.
“Offrir déjà ce que nous connaissons et ce que nous avons pu sauver de la vie et de l’œuvre de Larbi Ben M’hidi est une manière, la nôtre, de participer en acte non en vœux au sauvetage de notre histoire et de notre identité nationale”, écrit l’auteur qui avertit en préambule des difficultés à écrire sur la Révolution algérienne.
Pour la méthode, Khalfa Mameri s’appuie sur les témoignages de personnes ayant eu à connaître, côtoyer, partager un bout de chemin avec Ben M’hidi : Abdelkrim Hassani, compagnon de route et beau-frère de Ben M’hidi, Ben Youcef Ben Khedda, président du GPRA, Saâd Dahlab, membre du GPRA et Allal Thaâlbi.
Au kilomètre zéro de ce parcours, la ville de Aïn M’lila où celui qui présidera le congrès de la Soummam est né en 1923, au douar El-Kouakhi dans une famille nourrie aux valeurs de la religion puisque son père Abderrahmane était le gardien et protecteur d’un mausolée dédié à un ancêtre marabout portant le nom de Si Larbi. D’où certainement le prénom du héros. Le facteur religieux du fait de son appartenance à une zaouïa a un effet structurant sur la personne de Ben M’hidi, mais “sans zèle”, précise l’auteur.

En plus de l’apprentissage coranique, il fréquente l’école française en obtenant un certificat d’étude primaire.
Le destin de Larbi Ben M’hidi bascule une première fois à Biskra, où ses parents sont partis s’installer. Dans la capitale des Zibans, il fait son entrée dans cette grande école de nationalisme qu’étaient à l’époque les Scouts musulmans algériens.
L’autre école qui nourrira son patriotisme fut l’équipe de football de Biskra, l’US Biskra, avant de se découvrir une autre vocation, les planches du quatrième art.
Tant d’écoles, qui sont autant de ferments politiques, l’ont conduit naturellement à franchir le pas en adhérant naturellement au PPA, le premier parti à revendiquer l’indépendance de l’Algérie.
Le 9 mai 1945, Ben M’hidi est arrêté à Biskra à la suite des émeutes de Sétif et Kherata. “C’était son premier affrontement direct avec le système colonial”, souligne l’auteur. À partir de cet événement fondateur, le parcours de Larbr Ben M’hidi épousera celui des évolutions du mouvement national, à travers notamment la création de l’OS et son installation à Oran, la fracture du MTLD entre messalistes et centralistes, puis la création du FLN .
À la veille du déclenchement de la révolution Ben M’hidi sera bien sûr au rendez-vous avec l’histoire. Il assiste à la réunion des “six” qui avaient arrêté dans ses grandes lignes le programme de la lutte armée qui trouvera sa quintessence théorique et politique dans la fameuse déclaration du 1er Novembre. Il est à la tête de la wilaya IV, c'est-à-dire l’Oranie qu’il a eu à connaître à travers une autre figure locale du mouvement national, Ramdane Ben Abdelmalek.
Et c’est en tant que tel qu’il participera au Congrès de la Soummam en 1956 qu’il présidera d’ailleurs aux côtés de Abane Ramdane “l’architecte de la Révolution”. Il est membre du CCE, à côté de Abane, Krim, Ben Khedda et Dahlab. Ben M’hidi est l’artisan de la grève des huit jours qui ébranlera le général Massu et ses adjoints. C’est cette grève qui conduira à son arrestation en février 1957.
“On ne connaîtra jamais probablement les conditions exactes de son arrestation mais aussi de l’exécution de Ben M’hidi. Nous ne nous faisons aucune illusion nous Algériens”, regrette l’auteur.
Cependant une photographie immortalisera son arrestation et scellera définitivement son mythe. Une photo où on voit le grand Ben M’hidi, menottes aux poignets, afficher un grand sourire comme un défi à ses adversaires.
“Les circonstances de la mort de Larbi Ben M’hidi sont encore plus opaques et plus mystérieuses que son arrestation”, estime Khalfa Mameri qui conclu à juste titre que “à elles seules, l’arrestation et la mort de Larbi Ben M’hidi constituent un testament politique, où les valeurs de courage, de dignité de grandeur d’âme ont été portées à leur haut niveau”.
Le livre de Khalfa Mameri aurait pu s’arrêter sur cet hommage qui sonne comme un chant à la gloire du martyr.
Mais un criminel de guerre, le général Paul Aussaresse, rattrapé par son passé de tortionnaire et étouffé par une conscience torturée, décide d’aller à confesse pour avouer l’innommable, dans un livre indécent où il reconnaît avoir pendu de ses propres mains son prisonnier.
La monstrueuse confession du général français, si elle donne à Larbi Ben M’hidi, une dimension supérieure d’immortalité, rabaisse dans les abîmes de l’avilissement et du déshonneur le système colonial.

La mort de Ben M'Hidi selon le général Aussaresses

“NOUS AVONS EMPOIGNÉ BEN M'HIDI
ET NOUS L'AVONS PENDU”
” Un matin je me suis rendu au PC de Bigeard, à El Biar, pour rencontrer Ben M'Hidi (…). L'atmosphère se voulait très détendue, mais Bigeard était nerveux. Il savait qu'il devait me convaincre que Ben M'Hidi était prêt à collaborer. Ça n'avait aucun sens puisque les ordres étaient de liquider les chefs du FLN et que j'étais là pour ça.
Je pensais que Bigeard perdait les pédales (…). Bigeard essaya encore de tendre une perche au prisonnier :
- Et pourquoi ne pas travailler pour nous ? Si tu te rapprochais de la France, tu ne crois pas que ça pourrait être utile à ton pays ?

- Non, je ne crois pas.

- Et bien, tu penses ce que tu veux, mais moi je crois à une plus grande France, conclut Bigeard en haussant les épaules.
Ben M'Hidi ne souhaitant pas collaborer, Bigeard ne pouvait ignorer les conséquences de ce refus (…).
Le 3 mars 1957, nous en avons longuement discuté avec Massu en présence de Trinquier. Nous sommes arrivés à la conclusion qu'un procès Ben M'Hidi n'était pas souhaitable. Il aurait entraîné des répercussions internationales.

- Alors qu'en pensez-vous ? me demanda Massu.
- Je ne vois pas pourquoi Ben M'Hidi s'en tirerait mieux que les autres (…).
- Je suis entièrement d'accord avec vous, mais Ben M'Hidi ne passe pas inaperçu. On ne peut pas le faire disparaître comme ça.
- Pas question de le laisser à la PJ (…).S'il y a un procès et qu'il n'a rien avoué, il risque de s'en sortir et tout le FLN avec lui. Alors laissez-moi m'en occuper avant qu'il ne s'évade, ce qui nous pend au nez si nous continuons à hésiter.
- Eh bien, occupez vous-en, me dit Massu en soupirant. Faites pour le mieux. Je vous couvrirai. Je compris qu'il avait le feu vert du gouvernement.
C'est moi qui ai récupéré Ben M'Hidi la nuit suivante à El Biar. Bigeard (…) s'était arrangé pour s'absenter (…).
- Présentez, armes ! A commandé Allaire au moment ou Ben M'Hidi, qu'on venait de réveiller est sorti du bâtiment (…).C'était l'hommage de Bigeard a celui qui était devenu son ami. Ce geste spectaculaire et quelque peu démagogique ne me facilitait pas la tâche. Je l'ai même trouvé très déplacé. C'est bien entendu à ce moment là que Ben M'Hidi a compris ce qui l'attendait. Je l'ai fait monter précipitamment dans le Dodge (…). Nous nous sommes arrêtés dans une ferme isolée qu'occupait le commando de mon régiment (…). Nous avons installé le prisonnier dans une pièce déjà prête. Un de mes hommes se tenait en faction à l'entrée.
Une fois dans la pièce, avec l'aide de mes gradés, nous avons empoigné Ben M'Hidi et nous l'avons pendu, d'une manière qui puisse laisser penser à un suicide. Quand j'ai été certain de sa mort, je l'ai tout de suite fait décrocher et transporter à l'hôpital (….). J'ai appelé aussitôt Massu au téléphone :
- Mon général, Ben M'Hidi vient de se suicider. Son corps est à l'hôpital. Je vous apporterai mon rapport demain matin.
Massu a poussé un grognement et a raccroché. Il savait bien que mon rapport était prêt depuis le début de l'après-midi, histoire de gagner un peu de temps. Ce rapport, le juge Bérard avait été le premier à le lire. Il décrivait dans les moindres détails le suicide qui se produirait la nuit suivante (…). “
« Je préfère mourir avant l’indépendance pour ne pas assister à vos déchirements pour le pouvoir !  »
Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923-1957) naquit près de Aïn M'lila dans une famille rurale aisée
Il s'installa à Constantine où il fut proche de l'Association des Oulémas et en particulier de Moubarek el-Mili.
En avril 1954, Ben M'hidi fut l'un des 9 fondateurs du C.R.U.A qui le 10 octobre 1954 transformèrent le CRUA en FLN et décidèrent de la date du 1er novembre 1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance algérienne.
était proche des idées de Abane Ramdane et Krim Belkacem. Le premier fut assassiné au Maroc à la fin de décembre 1957, le second à Francfort le 18 octobre 1970.
Arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes, il refusa de parler sous la torture avant d'être pendu extrajudiciairement par le général Aussaresses dans la nuit du 3 au 4 mars 1957…..
Ses dernières paroles avant de mourir: “Vous parlez de la france de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque”
Le général Bigeard, qui avait rendu hommage auparavant à Ben M'hidi avant de le confier aux Services Spéciaux, regretta cette exécution.
  Donnez-nous vos bombardiers,  monsieur, et on vous donnera nos couffins.!

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  «On n’a pas encore l’indépendance, et ils se disputent déjà le pouvoir.»

“Mettez la Révolution dans la rue et vous la verrez reprise par douze millions d'hommes.”
Larbi Ben M'hidi.

Larbi ben  M'hidi  pieds et poings liés devant un âneonyme sur ses pattes, la cigarette au bec.
Donnez-nous vos avions et vos bombardiers, nous vous donnerons nos couffins”
Ben M'hidi, à son arrestation en 1957

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mhidi.gif Toujours avec le sourire !

Lundi 4 Mars 1957
Il est un peu plus de minuit quand on introduit le chef FLN dans la pièce. Un parachutiste s'approche pour lui mettre un bandeau sur les yeux. Larbi Ben M'Hidi refuse. “C'est un ordre !”, réplique le préposé à la tâche. Larbi Ben M'Hidi rétorque alors : “Je suis moi-même colonel de l'ALN (Armée de libération nationale), je sais ce que sont les ordres !” Ce seront ses dernières paroles. Le “commandant O” refuse d'accéder à sa requête. Larbi Ben M'Hidi, les yeux bandés, ne dira plus rien jusqu'à la fin.
(Suite…)

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Cinquante ans après l’assassinat de Larbi Ben M’hidi

Les « aveux » d’Aussaresses toujours couverts par l’impunité

La corde se cassa une première fois. C’est comme un signe : au bout du nœud assassin, l’homme de 34 ans était plus grand que la misérable sauvagerie de ses bourreaux. C’est la nuit coloniale et la nuit tout court du 4 mars 1957. L’homme s’appelait Mohamed Larbi Ben M’hidi. Les bourreaux, eux, ne se cachent plus.

Contredisant la version officielle française du suicide, le général Aussaresses, le tristement célèbre « commandant O », ancien coordinateur en 1957 des services de renseignements à Alger auprès du général Massu, confirme dans le quotidien français Le Monde du mardi 6 mars 2006 que Larbi Ben M’hidi a été exécuté par pendaison et par ses propres soins et reconnaît, également, sans la moindre once de regret, l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel. « Officiellement chargé de coordonner le travail des officiers de renseignements, de la police et de la justice pendant la bataille d’Alger, le ‘’commandant O’’ effectue, sans état d’âme, la sale besogne que le pouvoir politique, en métropole, laisse faire, voire ordonne aux chefs militaires français à Alger », écrit Le Monde. Aussaresses raconte au quotidien que Larbi Ben M’hidi est emmené en jeep, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, vers la Mitidja, au sud d’Alger. Il est conduit dans la ferme désaffectée d’un colon extrémiste. Six hommes préparent l’exécution. Ils glissent une corde autour du tuyau de chauffage accroché au plafond, font un nœud coulant et installent un tabouret en dessous. Peu après minuit, Ben M’hidi est introduit dans la pièce. L’homme refuse le bandeau qu’on lui propose. « C’est un ordre ! », lui lance le soldat. « Je suis moi-même colonel de l’ALN (Armée de libération nationale), je sais ce que sont les ordres ! », réplique Larbi Ben M’hidi, prononçant peut-être là ses dernières paroles.
Le « commandant O » refuse d’accéder à sa requête. Pour le pendre, les bourreaux vont s’y prendre à deux fois. La première fois, la corde se casse. Dans une conférence de presse donnée le 6 mars 1957, le porte-parole du gouvernement général déclara : « Ben M’hidi s’est suicidé dans sa cellule en se pendant à l’aide de lambeaux de sa chemise. »
Le Monde rapporte également que la version du général Aussaresses est confirmée par un ancien combattant algérien, Mohamed Cherif Moulay, qui s’était rendu à la morgue de Saint-Eugène pour récupérer le corps de son père. « Un cadavre se trouvait sur une table métallique (…) Sur l’un de ses gros orteils, il y avait une étiquette accrochée avec un nom : “Ben M’hidi”. J’ai tout de suite reconnu son visage », raconte Mohamed Cherif Moulay au Monde. « Il ne saignait pas, ne portait aucun impact de balle, ni trace de sang, mais il avait à la hauteur du cou une sorte de bleu rougeâtre, comme un œdème », ajoute-t-il.

Pour Henri Alleg, torturé par les paras à Alger et auteur de La Question, et qui s’exprimait dans les colonnes de l’hebdomadaire français le Nouvel Observateur, Aussaresses « ne fait que confirmer ce qu’il a écrit et dit lors de son procès portant sur le contenu de son livre (Services spéciaux, Algérie 1955-1957, ndlr). Il n’apprend rien de nouveau.
Le général Aussaresses revient sur ses mensonges. Il avait accrédité le fait que Ben M’hidi s’était suicidé. C’est lui qui avait combiné ce mensonge comme lorsqu’il avait transformé l’assassinat du prisonnier politique Maurice Audin en évasion. Cette nouvelle confirmation ne traduit en rien une nouvelle affaire Aussaresses. Le général ne fait que continuer à se vanter.
De plus en plus de travaux mettent en évidence les mensonges du régime français pendant la guerre d’Algérie. Aujourd’hui on ne peut plus nier ». Aucune réaction du côté officiel algérien depuis les « aveux » répétitifs du général Aussaresses. « Fusillé, exécuté froidement d’une balle dans la tête ou pendu, ces scénarios ne changent rien à la nature du forfait : un dirigeant de la Révolution, prisonnier de guerre de surcroît, a été victime d’une liquidation pure et simple », déclare au Quotidien d’Oran, dans son édition d’hier, Brahim Chergui, un des responsables de l’Organisation dans l’Algérois. « Il s’agit d’un assassinat. La question de fond reste de savoir qui sont les responsables de la liquidation du membre du CCE.
Nul besoin d’exégèse. Les véritables responsables, les donneurs d’ordre sont les décideurs politiques de l’époque », dit-il encore. Pour rappel, Paul Aussaresses avait seulement suggéré dans son livre Services spéciaux, Algérie 1955-1957, publié en 2001, l’assassinat de Ben M’hidi par lui et ses pairs. Il a été poursuivi en justice pour « apologie de la torture ».
Il est couvert par les décrets du 21 mars 1962 qui ont amnistié les infractions liées à la répression sauvage du dispositif militaro-policier colonial. D’ailleurs, dans un arrêt de 1993 concernant l’Indochine, la cour de cassation française a restreint la répression des crimes contre l’humanité à ceux commis durant la Seconde Guerre mondiale. En 2003, la cour de cassation rejette la poursuite des crimes contre l’humanité commis pendant « la guerre d’Algérie » dans l’affaire opposant la Fédération internationale de défense des droits de l’homme (FIDH) au général Aussaresses.
Le 29 mai 2001, la FIDH avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du tribunal de grande instance de Paris pour crimes contre l’humanité. Le 11 septembre 2001, le juge d’instruction avait rendu une ordonnance de refus d’informer pour prescription des faits poursuivis. Cette décision avait ensuite été confirmée le 12 avril 2002 par un arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris qui constatait, en outre, l’applicabilité de la loi d’amnistie contre les faits reprochés.
Selon la justice française, les actes de torture revendiqués par le général Aussaresses entre 1955 et 1957 ne peuvent être qualifiés de crimes contre l’humanité et entrent donc dans le champ des crimes amnistiés par la France en 1968.
La FIDH avait alors condamné « la frilosité et le conservatisme de la décision rendue par la cour de cassation qui refuse encore obstinément d’appliquer la coutume internationale alors même que les faits incriminés obligent pourtant les Etats à poursuivre et juger les auteurs de crimes contre l’humanité ». « Si la France est capable de traduire en justice des criminels de guerre ayant sévi sous le régime de Vichy, elle doit également être en mesure de s’acquitter de ses obligations juridiques en ce qui concerne la guerre d’Algérie », avait souligné Amnesty International lors de la parution du livre.
Le 24 novembre 2000, après qu’un certain nombre d’officiers, dont les généraux Paul Aussaresses et Jacques Massu, eurent admis publiquement avoir été impliqués dans des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires, plusieurs ONG de défense des droits de l’homme avaient appelé les autorités françaises à traduire en justice les responsables présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Mais le 14 décembre 2000, le président français, Jacques Chirac, a opposé une fin de non-recevoir à ceux qui demandaient que soient présentées des excuses officielles concernant la pratique de la torture par des soldats français pendant la guerre.
Biographie de Larbi BEN M'HIDI
GUERRE D'ALGERIE
Mort de Larbi Ben M'Hidi :
les aveux d'Aussaresses
Démentant la version officielle de l'armée française, le général Aussaresses raconte que Larbi Ben M'Hidi a été exécuté par pendaison, le 4 mars 1957.


Le génral Aussaresses (AP)
D'après le général Aussaresses, Larbi Ben M'Hidi, chef du FLN à Alger, ne s'est pas suicidé dans sa cellule en 1957, contrairement à la thèse officielle présentée à l'époque par l'armée française. Cinquante ans après les faits, le général revient, dans un entretien paru dans Le Monde du mardi 6 mars, sur cet épisode controversé de la guerre d'Algérie. Il explique que Larbi Ben M'Hidi a été exécuté par pendaison, et non par balles, comme le croyaient les Algériens.
Celui que ses compatriotes présentent souvent comme le “Jean Moulin algérien”, Larbi Ben M'Hidi, 34 ans, a été arrêté par les parachutistes à la mi-février 1957. Selon le général Aussaresses, il n'a pas été torturé mais a été traité avec égards par le général Bigeard, qui espérait le rallier à la France.
Faute de résultat, le général Bigeard se résout à abandonner son prisonnier au “commandant O”, alias Paul Aussaresses.
La corde se casse
“Officiellement chargé de coordonner le travail des officiers de renseignements, de la police et de la justice pendant la bataille d'Alger, le 'commandant O' effectue sans états d'âme la sale besogne que le pouvoir politique, en métropole, laisse faire, voire ordonne, aux chefs militaires français à Alger”, écrit Le Monde.
Aussaresses raconte au quotidien que Larbi Ben M'Hidi est emmené en jeep, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, vers la Mitidja, une plaine agricole proche d'Alger. Il est conduit dans la ferme désaffectée d'un colon extrémiste. Six hommes préparent l'exécution. Ils glissent une corde autour du tuyau de chauffage accroché au plafond, font un noeud coulant et installent un tabouret en dessous.
Peu après minuit, le chef FLN est introduit dans la pièce. Larbi Ben M'Hidi commence par refuser le bandeau qu'on lui propose. “C'est un ordre !”, lui lance le soldat. “Je suis moi-même colonel de l'ALN (Armée de libération nationale), je sais ce que sont les ordres !”, réplique Larbi Ben M'Hidi, prononçant là ses dernières paroles.
Aussaresses précise que lors d'une première tentative, la corde se casse. Mais la deuxième sera la bonne.
“Aucun impact de balles”
Le Monde rapporte également que la version du général Aussaresses est confirmée par un ancien combattant algérien, Mohamed Cherif Moulay, qui s'était rendu à la morgue de Saint-Eugène pour récupérer le corps de son père.
“Un cadavre se trouvait sur une table métallique. (…) Sur l'un de ses gros orteils, il y avait une étiquette accrochée avec un nom : “Ben M'Hidi”. J'ai tout de suite reconnu son visage”, raconte Mohamed Cherif Moulay au Monde, il “ne saignait pas, ne portait aucun impact de balles, ni traces de sang”, mais il avait à la hauteur du cou “une sorte de bleu rougeâtre, comme un oedème”.

Comment Ben M'Hidi a été liquidé

On connaît enfin les circonstances précises de l'assassinat, en mars 1957, de l'un des héros de la guerre d'indépendance algérienne.
On savait depuis toujours, ou presque, que la version colportée par les militaires français de la mort de Larbi Ben M'Hidi, chef de la zone d'Alger lors de son arrestation à la mi-février 1957, était mensongère. Non, cet « historique » du FLN ne s'était pas suicidé comme les gradés de l'armée coloniale qui le détenaient l'avaient affirmé.
Plus tard, après la fin des hostilités, tous les récits un tant soit peu sérieux de la guerre d'indépendance récuseront sans hésiter cette version officielle en affirmant qu'il s'agissait bien d'une exécution sommaire. Et le général Bigeard, dans ses Mémoires, fera plus que le laisser entendre en relatant comment il avait livré à contrecœur ce combattant dont il admirait le courage et la prestance aux hommes du commandant Aussaresses, alias « commandant O ». Cet officier de renseignement coordonnait alors les actions de tous les militaires chargés des basses besognes - torture, exécutions… - à Alger, n'hésitant pas à payer de sa personne au besoin pour faire parler les « suspects » et les liquider discrètement.
Tous cependant, en France comme en Algérie, imaginaient le « Jean Moulin algérien » fusillé. Jusqu'à la publication, qui fit grand bruit en 2001, des Mémoires d'Aussaresses, devenu général entretemps, qui avouait avoir lui-même organisé et mis en œuvre cette exécution. Il relatait alors, sans le moindre regret, comment il avait pendu lui-même avec l'aide de quelques-uns de ses hommes le dirigeant FLN. Cette exécution avait été décidée à l'instigation du commandant O, mais avec l'accord explicite du général Massu (dirigeant militaire de la capitale avec les pleins pouvoirs) et implicite de Lacoste (la plus haute autorité civile de l'Algérie avec rang de ministre), inquiets des répercussions possibles du procès éventuel d'un homme de cet envergure.
Aujourd'hui, grâce à de nouvelles révélations de son bourreau au journal Le Monde, on connaît enfin les circonstances précises de cette exécution, ou plus exactement de cet assassinat. C'est dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, peu après minuit, que Ben M'Hidi, transféré par Aussaresses dans une ferme abandonnée appartenant à un colon de la Mitidja, a été exécuté. Il savait le sort qui l'attendait depuis que les parachutistes de Bigeard, à la demande de ce dernier, lui avaient rendu les honneurs avant de le livrer à ses bourreaux. Pour préparer la mise à mort, un des six hommes qui accompagnaient Aussaresses avait « essayé » le dispositif de la mise à mort en montant sur un tabouret et en se passant autour du cou la corde attachée à une conduite de chauffage au plafond. Il « nous a alors regardés, raconte Aussaresses, et ça a provoqué un fou rire général. » Quand on a amené Ben M'Hidi, très calme, il a refusé qu'on lui bande les yeux. « C'est un ordre », lui aurait répliqué le militaire qui lui faisait face. Bien qu'il ait insisté - « Je suis moi-même colonel de l'ALN, je sais ce que sont les ordres » -, Ben M'Hidi sera aveuglé. Il ne dira plus rien avant que, empoigné par Aussaresses et ses hommes, il soit pendu en deux temps, la corde s'étant cassée à la première tentative. Aussaresses précisera qu'on l'avait ainsi exécuté « d'une manière qui puisse laisser penser à un suicide ». Il ne lui restait plus qu'à appeler en pleine nuit Massu, « qui savait bien que [son] rapport était prêt depuis l'après-midi, histoire de gagner un peu de temps ».
Les plus hautes autorités françaises, donc, ont tout su en temps réel. Le moment ne serait-il pas venu aujourd'hui, pour le moins, d'exiger de la France un compte-rendu incontestable de cette exécution jamais avouée officiellement d'un héros de la guerre d'indépendance algérienne ?

Essais nucléaires de Reggane
Le 13 février 1960 en Algérie, à 7 h 04, à 40 km au sud de Reggane, avait lieu le premier tir nucléaire français, la bombe atomique française ou bombe A. Hamoudia a été le point zéro de l’explosion.

Cette bombe avait atteint une puissance de feu nucléaire estimée à trois fois la puissance de la bombe larguée sur Hiroshima ! La France entrait dans le club des puissances nucléaires militaires, saluée par un « Hourra ! » du général de Gaulle et un titre à la une du journal Le Monde. Malgré le moratoire décidé en 1958 par les USA, l’ex-URSS et la Grande-Bretagne interdisant les essais nucléaires atmosphériques, la France déclenche sa première série d’essais atmosphériques en Algérie, utilisant des bombes au plutonium et à l’uranium.
D’autres explosions aériennes ont suivi au même endroit, le 1er avril 1960, le 27 décembre 1960 et le 25 avril 1961. Lors de ce dernier tir, la bombe n’explosa pas conformément aux directives. 195 soldats furent irradiés dont une dizaine mourront contaminés. A partir du 7 novembre 1961, les autorités françaises décidèrent d’effectuer les futurs tirs atomiques dans des galeries souterraines creusées dans les montagnes du désert, au Hoggar, notamment à In Eker à 150 km au nord de Tamanrasset, dans le sud-ouest algérien.
L’objectif étant d’éviter toute contamination de l’environnement car toute « la poussière dégagée au cours de l’explosion ainsi que les gaz radioactifs étaient ainsi confinés dans le cône d’éboulis formé à l’intérieur de la chambre après l’explosion et devaient se fixer dans les roches, du moins en théorie ». Cependant, le succès attendu fut un autre échec, lors du second tir, le 1er mai 1962, l’explosion souterraine provoquant l’écroulement de la montagne libérant un nuage radioactif dans l’atmosphère. Celui-ci atteignit 2.600 m d’altitude et fut suivi sur une distance d’au moins 600 km. Parmi les victimes, 17 sont répertoriées et sont mortes de leucémie.
Le tir suivant, le 18 mars 1963, libère également de la radioactivité dans l’air. Ces opérations étant secrètes, aucun avertissement n’a été donné à la population locale pour se prémunir des effets de la radioactivité. Au contraire, selon des nombreux témoignages, ces militaires ont poussé la barbarie à l’extrême en exposant 150 prisonniers algériens, des résistants pour la plupart, à environ un km de l’épicentre. L’objectif « scientifique » étant de voir les effets des radiations sur ces cobayes humains. Les militaires français ont toujours nié ce fait.
DES ALGÉRIENS COMME COBAYES Les effets des essais nucléaires, atmosphériques à Reggane et souterrains à Tamanrasset, continuent à se faire ressentir avec des pathologies caractéristiques des radiations. Bien que les décédés n’aient pas été recensés car considérés morts de mort naturelle à l’époque faute d’encadrement sanitaire, les maladies sont évidentes même chez les animaux.
Ainsi, comme démontré par de nombreuses études, les populations de Reggane et de In Ekker à Tamanrasset souffrent encore des effets de ces essais qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et engendré des maladies graves, les cancers notamment et les leucémies dépassent de manière sensible la moyenne dans la région où l’on constate également des cas de malformations chez les nouveau-nés et une baisse de fertilité des personnes. M. Chennafi est l’une de ces victimes.
Un jour, il fut enlevé avec cinq de ses amis à Staouéli (Alger) pour être déportés à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit pour préparer les installations de la bombe nucléaire. Le jour « J », il est placé ainsi que d’autres de ses compatriotes à quelques kilomètres du lieu de l’explosion. La lumière dégagée par l’explosion lui brûla les yeux. Plusieurs militaires et médecins français ont confirmé l’utilisation par l’armée française d’habitants de la région ou de Ghardaïa afin de “tester l’effet des radiations” sur eux.
Ces derniers ont été placés dans les lieux servant de théâtre des opérations sans protection aucune. Les survivants n’ont bénéficié d’aucun traitement contre les radiations nucléaires par la suite. Ainsi, des milliers de travailleurs algériens et un groupe d’appelés français ont été exposés sciemment aux explosions sans protection alors que des personnalités présentes ont bénéficié de combinaisons et de masque anti-gaz. Selon les données, 24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions sans compter la population de la région. Les effets dévastateurs de ces essais consistent dans la radioactivité et la pollution qui a ravagé tout l’écosystème de la région et même des pays voisins.
Il est reconnu que les essais atmosphériques se sont avérés très polluants en irradiant le sol algérien tout en causant un grave préjudice écologique dont témoignent encore les roches noires et les terres brûlées. Car les bombes fabriquées avec du plutonium, connu pour être plus toxique que l’uranium, sont un véritable poison pour l’environnement et les humains. La radioactivité du plutonium utilisé mettra 24 000 ans pour voir ses effets diminuer de moitié, selon les chercheurs.
Quarante-huit ans après les essais, la persistance de la menace radioactive pèse toujours sur une large portion du territoire algérien surtout que la puissance des vents sahariens a dû disperser les éléments radioactifs sur une très grande surface.
De novembre 1961 à février 1966, la France a effectué treize tirs en galerie dont quatre n’ont pas été totalement contenus ou confinés. En 1966, la France abandonna ses expériences au Sahara, selon les accords d’Evian.

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