Oxfam demande la levée des entraves à la production d’olives
mercredi 3 novembre 2010IRIN News
Le premier jour de la récolte d’olives en Palestine a officiellement débuté le 15 octobre, et Rani Ali et sa famille - comme des centaines d’autres - étaient au milieu de leurs oliviers, commençant à ramasser ce qui semblait être une bonne récolte.
La récolte d’olives - Photo : Willow Heske/Oxfam
Mais Rani et sa famille ont un problème. Bien qu’ils ne fassent pas partie des Palestiniens qui ont perdu la totalité de leurs terres au profit de la construction de colonies ou pour laisser la place à la barrière de sécurité du gouvernement israélien, leur parcelle de 200 arbres est très proche de la colonie israélienne de Qaddomim, et ils ont besoin d’une permission pour se rendre sur leur propre terre.
« Hier, et avant-hier, nous avons essayé de récolter », a-t-il dit à IRIN lors d’un entretien par téléphone, « mais l’armée est arrivée et a dit, ‘Partez d’ici car vous n’avez pas de permission’ ».
S’ils ont pu commencer à récolter le 15 octobre, c’est parce que leur village, Kufr Qaddoum, est l’une des 30 coopératives agricoles bénéficiant d’un projet financé par l’Union Européenne (UE), et mis en place par Oxfam GB. Avec un peu d’aide extérieure, la permission a finalement été accordée et 40 volontaires sont arrivés pour aider au ramassage des olives aussi rapidement que possible.
Sans cette aide supplémentaire, il aurait fallu environ un mois aux quatre travailleurs de sa famille pour récolter la production des 200 arbres. Avec des permis qui sont souvent bloqués jusqu’en novembre et ensuite accordés pour seulement trois jours à chaque fois, la situation est très difficile. Et si la récolte est tardive, la plupart des fruits sont gâtés et ils obtiennent un prix inférieur pour leur huile.
Un porte-parole de l’administration civile des Forces de défense d’Israël, cité par le Jerusalem Post du 15 octobre, a dit que les autorités exigeaient une demande officielle des propriétaires pour « l’entrée des Palestiniens dans la zone de la barrière de sécurité pour des besoins agricoles », ce qui demandait du temps pour être traité.
La situation politique dans les territoires palestiniens occupés touche chaque aspect de la production pour les producteurs d’olives comme Rani - leur capacité à prendre soin de leurs arbres, quand et comment ils peuvent récolter, à qui ils peuvent vendre leur huile, et les prix qu’ils obtiennent. Une étude publiée par Oxfam, qui coïncide avec le début de la récolte de cette année, détaille certains de ces problèmes.
Au pire, cela peut être la destruction même des arbres, soit par le gouvernement israélien pour faire de la place pour des constructions, soit par des colons hostiles dans la région. Le rapport cite les Nations Unies disant que des milliers d’oliviers ont été endommagés lors de ce qui a été qualifié « d’incidents impliquant des colons », durant les six premiers mois de cette année, sans que les autorités ne poursuivent personne en justice.
Il y a ensuite des problèmes relatifs à la vente de l’huile d’olive une fois qu’elle est produite. Postes de contrôle, fermetures de routes et demandes de permis rendent plus difficile et plus onéreuse la mise sur le marché des produits.
Gaza - avec une densité de population trop forte pour pouvoir en cultiver elle-même - était un des principaux marchés pour l’huile produite en Cisjordanie. Le blocus israélien de Gaza a réduit l’accès à ce marché. Désormais, les habitants de Gaza doivent compter sur l’huile produite en Espagne, en Syrie ou en Egypte et entrée clandestinement par les tunnels. Beaucoup ont aussi dû abandonner l’huile d’olive pour des alternatives moins chères.
La construction de la barrière de sécurité a également restreint l’accès au marché israélien, bien qu’Oxfam pense que des quantités substantielles d’huile d’olive palestinienne arrivent toujours en Israël par le biais de réseaux officieux, souvent grâce à des commerçants palestiniens qui possèdent la citoyenneté israélienne.
Les exportations sont freinées par le fait de devoir passer par les ports ou aéroports israéliens, et le fait que l’huile quittant les territoires palestiniens occupés doit être déchargée au point de passage puis rechargée dans des véhicules israéliens pour le trajet suivant. De nombreuses inspections aux postes de contrôle génèrent des risques de dommage et de détérioration, et rendent l’huile palestinienne peu compétitive au niveau des prix.
Doubler les revenus
Oxfam souligne que l’agriculture est une source majeure de travail formel et informel dans les territoires palestiniens occupés. Le rapport note que dans une bonne année, « le secteur de l’huile d’olive contribue, annuellement, à hauteur de plus de 100 millions de dollars de revenus pour certaines des communautés les plus pauvres ». Avec un investissement et des pratiques agricoles adéquats, Oxfam estime « que la productivité et donc le revenu des producteurs d’huile d’olive pourrait doubler ».
Le rapport fait des recommandations au niveau politique - demandant au gouvernement israélien de lever les obstacles à la culture et à la commercialisation de l’huile d’olive, et de mettre un terme aux violences exercées par les colons, aux confiscations des terres et des ressources palestiniennes. Il demande également aux autorités palestiniennes de consacrer bien plus d’attention et de ressources à l’agriculture qu’actuellement.
Mais avec une situation politique si tendue, des producteurs comme Rani tireront sûrement plus de bénéfices immédiats de projets tels que celui d’Oxfam, projet dont l’objectif est d’obtenir plus de profit des olives qu’ils produisent.
La meilleure huile d’olive peut se vendre à un prix très élevé. Si les producteurs palestiniens peuvent se conformer aux normes européennes de l’huile d’olive extra-vierge et obtenir des certifications de commerce équitable et biologique, leur huile atteindra des marchés spécifiques et obtiendra de bien meilleurs prix. Et s’ils adoptent des méthodes de production améliorées, ils devraient pouvoir équilibrer le cycle au cours duquel les bonnes récoltes alternent avec des années de production plus faible.
Oxfam estime que s’ils pouvaient changer le cycle des années alternées en cycle d’une année à faible rendement sur quatre ou cinq, ils pourraient augmenter leur production de 20 000 tonnes d’huile d’olive par an à 35 000 tonnes.
Willow Heske, un représentant d’Oxfam dans le village de Kufr Qaddoum, a dit à IRIN que sur les 150 ou 200 tonnes d’huile produite annuellement par la coopérative, 15 tonnes pouvaient maintenant être exportées sous les labels Biologique et Commerce Equitable.
Mais il ne s’agit là que d’une faible quantité, et l’huile de la famille de Rani n’en fait pas partie. « Parce qu’ils ne peuvent pas travailler régulièrement sur leurs terres », a dit M. Heske, « ils ne peuvent pas mettre en place les meilleures méthodes agricoles, et ils ne pourront pas obtenir la certification ».
Même ainsi, alors que la première journée de récolte touche à sa fin, Rani était heureux. Grâce aux volontaires, ils ont pu ramasser beaucoup d’olives, et, a-t-il ajouté, « cette année va donner une très, très bonne récolte ».
19 octobre 2010 - IRIN News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/fr/ReportFr...
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