Syrie : Robert Mood met les pieds dans le plat
mercredi 6 juin 2012 - 09h:09
Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran
« Des parties étrangères contribuent à la spirale de la violence en fournissant à la rébellion armes et argent ».
Lors d’un discours tenu dimanche matin devant les députés issus des
élections du 7 mai, le Président syrien Bachar el-Assad a soutenu que
son pays faisait face à un « plan de destruction » et « à une véritable guerre menée de l’étranger » et que ceux qui « sont
responsables du terrorisme ne sont pas intéressés par le dialogue ou
les réformes. Ils sont chargés d’une mission et ne s’arrêteront que
s’ils l’accomplissent ou si nous arrivons à les arrêter ».
Avec une belle unanimité, des responsables politiques
aux Etats-Unis et en Europe et les médias occidentaux l’ont tout
aussitôt accusé de travestir la vérité sur ce qui se passe dans son
pays, et le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud el-Faycal, de « manœuvrer pour gagner du temps ».
Pourtant, ce qu’a dit Bachar el-Assad se voit confirmé,
et non par une source stipendiée par le régime syrien ou appartenant au
champ de ses alliés étrangers. La confirmation est venue du général
norvégien Robert Mood, chef des observateurs onusiens déployés en Syrie.
Il a en effet affirmé lundi s’être fait la conviction que « des parties étrangères contribuent à la spirale de la violence en fournissant à la rébellion armes et argent ».
Voilà qui devrait donner à réfléchir à tous ceux qui, prenant pour
argent comptant les assertions des ennemis syriens et étrangers du
régime syrien, se font une vision faussée de ce qui se passe réellement
en Syrie et imputent au premier d’être seul responsable des massacres
qui sont perpétrés dans ce pays.
Le cynisme des parties étrangères que le chef des
observateurs onusiens a pointées, sans pour autant révéler qui elles
sont, ne désarmera pas après la déclaration de ce dernier. Elles
persisteront dans l’ingérence et à prétendre en même temps que si le
plan de paix de Kofi Annan est en train d’échouer, c’est à cause du seul
refus de Bachar el-Assad d’en appliquer les clauses.
Le régime syrien n’est pas suicidaire : il ne cessera
pas la violence armée conte l’opposition, qui elle aussi ne veut pas y
renoncer, encouragée, financée et armée qu’elle est par ses alliés
extérieurs. Fort lui aussi de ses soutiens étrangers, ce régime n’a
nulle intention de se plier aux pressions occidentales et de certains
Etats arabes qui le somment au cessez-le-feu unilatéral, qui signerait
son arrêt de mort.
Bien qu’ils arment sans compter l’opposition, ses alliés
extérieurs ont fait le constat que sans intervention étrangère, elle
n’est pas en capacité de l’emporter sur Bachar el-Assad et son régime.
Un constat qui devrait, dans l’intérêt du peuple syrien, leur faire
convenir que la solution du conflit ne peut être que politique et
négociée. Au lieu de cette solution, ils manœuvrent pour tenter de
rallier au scénario de l’intervention étrangère les puissances qui,
depuis le début du conflit, prônent la solution politique et s’opposent à
leur dessein interventionniste.
Dans le conflit syrien, il faut s’attendre à d’autres
« révélations » sur ce qui se passe réellement en Syrie, en particulier
sur les massacres et violations des droits de l’homme que la propagande
des opposants et de leurs alliés n’attribuent qu’aux gens du régime. La
Haute Commissaire de l’ONU dit vrai en estimant que « la situation
en Syrie risque de dégénérer en un conflit total et l’avenir de ce pays
et de la région dans son ensemble pourrait être alors en grave danger ».
Pour enrayer la spirale de violence qui y conduit, la communauté
internationale, soucieuse de ramener la paix, doit certes continuer à
faire pression sur le régime syrien pour qu’il cesse de réprimer son
peuple, mais aussi sur les parties étrangères qui encouragent et
incitent ses opposants à poursuivre la guerre fratricide. Ce à quoi ne
sont pas résolus la France, le Qatar et l’Arabie Saoudite, pour ne citer
que les Etats qui plaident franchement pour l’intervention militaire et
la chute du régime syrien au profit de leurs protégés dans la
résistance syrienne.
De ceux-là, il faut s’attendre à ce qu’ils soulèvent un
tollé médiatique contre le chef des observateurs onusiens qui a osé dire
ce qu’ils ne veulent pas entendre.
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6 juin 2012 - Le Quotidien d’Oran - Analyse
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