Quand Israël se moque des prisonniers palestiniens
Malgré un accord, Tel-Aviv poursuit sa politique d’isolement et de reconduite des détentions administratives.
Le 17 avril, les prisonniers palestiniens détenus en Israël – ils
sont 4 700 – débutaient une grève de la faim pour dénoncer les
conditions de détention et les brimades dont ils sont l’objet de la part
de l’administration israélienne. Un mouvement d’une ampleur sans
précédent depuis au moins une vingtaine d’années et largement relayé au
niveau international. Un mouvement victorieux puisque, le 14 mai, les
détenus et l’administration pénitentiaire signaient un accord. Israël
accédait aux trois principales revendications des prisonniers : levée de
la détention illimitée sans jugement, de l’isolement carcéral et
autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Gaza, en
échange d’un engagement signé à « s’abstenir de tout acte de
terrorisme » ainsi que de toute nouvelle grève de la faim. « Tous les
détenus administratifs seront libérés à l’issue de leur période de
détention en cours, à moins que de nouvelles preuves ne soient
présentées contre eux », indiquait même le Shin Bet, les services de
renseignements intérieurs israéliens. Mark Regev, le porte-parole du
premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, disait « espérer que ce
geste servira à établir la confiance entre les parties et conduire à la
paix ». Voire ! En réalité, Israël ne respecte pas l’accord passé. Deux
prisonniers, Dharar Abou-Sisi et Awad Zaki Assaïdi, de la bande de Gaza,
sont toujours maintenus en isolement contrairement aux termes de
l’accord qui stipule leur transfert dans les soixante-douze heures avec
les autres détenus dans des cellules « normales ». Selon Mona Nadaf,
avocate d’Addameer (association pour les droits de l’homme et le soutien
aux prisonniers), qui a pu les visiter, sept Palestiniens, en grève de
la faim, sont toujours détenus à la prison hôpital de Ramleh. Ils sont
victimes de négligences médicales. L’envoyé spécial du quartet pour le
Proche-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne, ONU), Tony Blair,
s’était félicité de l’accord. Il saluait « la décision importante de
limiter le recours à la détention administrative », une disposition
héritée justement du mandat britannique sur la Palestine qui permet
l’incarcération sans inculpation ni jugement pour des périodes de six
mois renouvelables indéfiniment. En mai, les procureurs militaires
israéliens ont renouvelé la détention administrative de quatre députés
du Conseil législatif palestinien. Riad Al Ashkar, chercheur,
spécialiste dans les affaires des prisonniers, a révélé que les
procureurs militaires israéliens prétendent ne rien savoir sur
l’existence de l’accord signé. En réalité, le gouvernement israélien
voulait faire cesser le mouvement et éviter la mort de détenus en prison
(en général les malades en phase finale sont libérés quelques semaines
avant leur mort). C’est ce que le gouvernement israélien appelle
« établir la confiance entre les parties » pour « conduire à la paix » !
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