Appel à action urgente : un médecin indépendant confirme que les grévistes de la faim sont en danger de mort imminente
Par Addameer
Mahmoud Sarsak est actuellement dans son 80ème jour de grève de la faim, et donc en risque imminent de mort. Malgré la gravité de son état, le service pénitentiaire israélien (IPS) a refusé que Mahmoud ait accès à des médecins indépendants jusqu'à ce jour. L'IPS a également refusé de le transférer dans un hôpital civil pour y être correctement traité. Suite à la visite d'aujourd'hui, le médecin de PHR-Israël a constaté une énorme perte musculaire et une perte de poids drastique. Il a perdu 33% de son poids corporel ; de son poids initial de 76kg, il pèse maintenant 51kg. Il souffre également de fréquents évanouissements et pertes de conscience, ainsi que de trous de mémoire. Le médecin a également indiqué que Mahmoud court des risques de perturbations du rythme cardiaque (arythmie) qui mettent sa vie en danger.
Mahmoud, 25 ans et membre de l'équipe palestinienne nationale de football, est détenu depuis presque 3 ans dans le cadre de la loi israélienne sur les "combattants illégaux", qui permet à Israël de séquestrer indéfiniment les Palestiniens de la Bande de Gaza, sans inculpation ni procès. Les prisonniers détenus sous ce statut ont peu ou pas de protections juridiques, et même moins que ceux qui sont détenus selon des ordonnances de détention administrative en Cisjordanie .
Actuellement dans son 56ème jour de grève de la faim, l'état de Akram Rikhawi est aussi une préoccupation majeure. PHR-Israël a fait de nombreuses requêtes pour avoir accès à Akram mais toutes ont été refusées jusqu'à aujourd'hui. Suite à cette visite, le médecin de PHR-Israël a constaté que Akram souffre déjà d'une perte musculaire et d'une perte de poids drastique. Il est passé de 68 kg à 50kg, ce qui représente une perte de poids totale de 26,5%. Le médecin de PHR-Israël a déterminé que la combinaison d'inflammation de maladies chroniques antérieures et les complications de la grève de la faim rendent son hospitalisation urgente.
Akram est détenu au centre médical de la prison Ramleh depuis son arrestation en 2004 puisqu'il souffre de nombreux problèmes de santé chroniques, dont le diabète et l'asthme. Akram a commencé sa grève de la faim le 12 avril pour protester contre le rejet de sa libération anticipée, malgré son état. Hier 5 juin, son appel pour une libération anticipée pour des raisons médicales a été rejeté. Les menaces des médecins de l'IPS de l'alimenter et de le soigner de force, en plus de leur détermination à ne pas considérer son état de santé comme une justification à une libération anticipée, ont conduit Akram à se méfier profondément d'eux. Ainsi, il refuse souvent de prendre les médicaments pour ses maladies chroniques, ou pour les complications qu'elles génèrent.
Le médecin indépendant de PHR-Israël a fortement recommandé que Mahmoud et Akram soient immédiatement hospitalisés car ils sont en danger immédiat de mort. Ces recommandations ont été directement remises au médecin de l'IPS qui était présent durant la visite. Il faut souligner que contrairement à l'éthique médicale et aux normes de la profession, l'IPS a refusé la requête du médecin indépendant d'avoir accès aux dossiers médicaux complets de Mahmoud et Akram. Il a déclaré que selon les informations limitées auxquelles il a accès, le suivi médical qu'ils ont reçu est insuffisant tant en fréquence qu'en ampleur.
Un troisième prisonnier palestinien reste lui aussi en grève de la faim. Samer al-Barq, 38 ans, est en détention administrative, sans inculpation ni procès, depuis le 11 juin 2010. Samer est actuellement détenu au centre médical de la prison Ramleh. Samer a participé à la grève de la faim de masse des prisonniers palestiniens du 17 avril au 14 mai. Il a relancé sa grève le 21 mai pour protester contre le renouvellement de son ordre de détention administrative, en dépit d'une compréhension de l'accord qui a mis fin à la grève de la faim de masse, à savoir que les détenus administratifs ne verraient pas leurs ordres renouvelés.
Alors que la détention administrative est autorisée selon le droit humanitaire international, elle ne doit être utilisée que dans des circonstances exceptionnelles car elle enfreint les droits humains fondamentaux, dont le droit à un procès équitable. Le déni de procès équitable constitue bien sûr une "violation grave" à la Quatrième convention de Genève, l'une des formes les plus graves de crimes de guerre. Cette forme d'arrestation arbitraire contrevient également aux articles 9 et 14 du Pacte international sur les droits civils et politiques. De plus, le Parlement européen a appelé Israël, dans une résolution de septembre 2008, à "garantir que les normes minimales de détention soient respectées, de traduire tous les détenus en justice, et de mettre fin à l'usage des 'ordres de détention administratives'." Le Comité des Nations Unies pour les Droits de l'Homme a déclaré à plusieurs reprises que la détention administrative prolongée est susceptible d'entraîner l'exposition des détenus à "la torture, les mauvais traitements et autres violations des droits de l'homme."
Etant donné l'état de santé critique des grévistes de la faim et du fait que Mahmoud Sarsak et Akram Rokhawi sont en danger de mort imminente, le PCHRO et PHR-Israël :
- exigent que tous les grévistes de la faim à des stades avancés soient immédiatement hospitalisés dans des hôpitaux civils où ils pourront recevoir les soins nécessaires ;
- appellent à une intervention immédiate pour que l'IPS garantissent aux grévistes de la faim un accès libre à des médecins indépendants ;
- exigent que les visites familiales soient autorisés pour tous les grévistes de la faim ;
- exhortent les Etats-membres des Nations Unies à faire pression d'urgence sur Israël pour qu'il mette fin à ses mesures de détention arbitraire et qu'il se conforme aux règles standard adoptées en 1955 pour le traitement des prisonniers, règles qui énoncent ce qui est généralement accepté comme étant les principes et pratiques décents de traitement des prisonniers ;
- appellent le Parlement européen à accélérer la mission d'enquête parlementaire qui comprend des membres de son sous-comité pour les droits de l'homme, pour enquêter sur les conditions de détention des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ;
- soulignent que la mission d'enquête parlementaire doit comprendre une enquête sur la pratique illégale d'Israël de la détention administrative et le recours à la "Loi sur les combattants illégaux" ;
- exhortent les membres du Parlement européen à porter l'affaire des trois grévistes de la faim à l'attention des autorités israéliennes compétentes sans délai.
Le Conseil palestinien des organisations pour les droits de l'homme et Médecins pour les droits de l'homme-Israël
Association Addameer pour le soutien des Prisonniers et des droits de l'homme
Sahar Francis, directeur général
Association Addameer pour les droits de l'homme
Khalil Abu Shammala, directeur général
Al-Haq
Shawan Jabarin, directeur général
Centre Al-Mezan pour des droits de l'homme
Issam Younis, directeur général
Centre de Ressources Badil pour les droits à la résidence palestinienne et des réfugiés
Najwa Darwish, directeur général
Défense des Enfants International - section Palestine
Rifat Kassis, directeur général
Centre Ensan pour les droits de l'homme et la démocratie
Shawq Issa, directeur général
Hurryat - Centre pour la défense des libertés et des droits civiques
Helmi Al-Araj, directeur général
Centre de Jérusalem pour l'aide juridique et les droits de l'homme
Issam Aruri, directeur général
Centre de Ramallah pour les études sur les droits de l'homme
Iyad Barghouti, directeur général
Centre des Femmes pour l'aide et le conseil juridiques
Maha Abu Dayyeh, directeur général
Médecins pour les Droits de l'Homme-Israël
Ran Cohen, Directeur général
Source : Addameer
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