LA TERRE AUX ENCHERES
La Terre mise aux enchères
Video Un collectif d'associations s'est mobilisé place de la Bourse pour dénoncer «la marchandisation accrue de la nature et du vivant». Dans une ambiance festive, une mise aux enchères fictive de notre planète a été organisée.
Par TRISTAN SCOHY
Video Images in vivo. Libération.fr
«Et le soleil, lui, il est pas à vendre ?» Des rires fusent parmi les membres du collectif réunis mercredi, place de la Bourse, dans le IIe arrondissement de Paris. Ils protestent contre le concept d'«économie verte» défendu en ce moment même à Rio au sommet de la Terre.
Cette journée d’action, l’un des temps forts de leur campagne «La nature est un bien commun, pas une marchandise. Non à leur "économie verte !" », visait à offrir en public le spectacle de la «marchandisation de la planète» que ce collectif — à durée de vie limitée — récuse.
«On a fait le choix de ne pas être à Rio, explique Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, et de rester là où on est efficace, car on refuse de faire du tourisme militant.» Sur ce point, le discours diffère selon les associations du collectif. L’ONG Les Amis de la Terre communique notamment avec une envoyée sur place, ainsi que la Fondation France Libertés, qui compte une antenne à Rio et qui est représentée au sommet par trois personnes. «Il y a les assos qui sont dans la négociation, et les autres», tranche Stephen Kerckhove. Toutes, néanmoins, se sont entendues sur un mot d’ordre : ne pas laisser les questions écologiques et environnementales entre les mains des responsables économiques et financiers. «Aujourd’hui, les sociétés civiles sont en mesure de communiquer et de se mobiliser, regardez ce qui s’est passé en Tunisie, ce qui se passe au Canada, explique Emmanuel Poilâne, directeur de France Libertés, c’est à nous de peser sur les Etats pour qu’ils jouent un rôle actif.»
Pour le délégué général d’Agir pour l’environnement, le concept de «croissance verte» équivaut au «développement durable» du premier sommet de la Terre, en 1992. «C'était déjà une notion ambivalente, qu’on a eu du mal à définir, et avec le concept d'économie verte, on ajoute une nouvelle ambivalence.» «Or on sait très bien [que sur les questions écologiques et environnementales], les outils du marché ne fonctionnent pas. Par exemple, aujourd’hui, on peut compenser les émissions de CO2, mais d’un autre côté on continue d’en produire autant !»
Sylvain Angerand, des Amis de la terre, martèle : «A Rio en ce moment, il y a 1 500 chefs d’entreprises et 500 représentants étatiques : à eux seuls, ces chiffres illustrent le décalage qu’on dénonce aujourd’hui.» «Les décideurs prétendent s’occuper d’environnement, tempête Geneviève, alors qu’on sait qu’ils sont dans une optique de financiarisation de la nature.» Cette secrétaire adjointe des Amis de la Terre, membre de l’ONG depuis deux ans, attend des dirigeants français «une politique agressive, comme par exemple sur les questions du nucléaire ou du gaz de schiste.»
«C’est important qu’il y soit, tempère Stephen Kerckhove, mais on a le sentiment que c’est un passage obligé. C’est une chose d’aller à Rio, mais si la France continue de développer une vingtaine de projets autoroutiers, de construire des aéroports... il n’y a aucune ambition.» Localement, reconnaît-il, «on est schizophrènes». «Beaucoup de citoyens estiment que leur mode de vie n’est pas négociable. Or les dirigeants politiques sont aussi prisonniers de cet immobilisme.»
Pour lui, ces incohérences sont visibles au quotidien. «Tant qu'on croisera, par exemple, des panneaux publicitaires éclairés en traversant des gares, ce sera le signe d’un échec.» A l’image d’Agir pour l’environnement, les associations mobilisées place de la Bourse ne laisseront pas le choix aux décideurs de Rio : «Si c’est ça la croissance verte, ils nous trouveront sur leur chemin.»
Nos vifs remerciements à Marina Liguori qui nous a transmis la vidéo et l'article.
Rio+20 : «Ce que nous voulons n'est pas ce qu'ils veulent»
reportage Un collectif d'associations organisait mercredi à Paris «une grande vente aux enchères de la Terre» pour la Journée mondiale du Sommet des peuples.
Par Fanny Delporte
Cette journée d’action, l’un des temps forts de leur campagne «La nature est un bien commun, pas une marchandise. Non à leur "économie verte !" », visait à offrir en public le spectacle de la «marchandisation de la planète» que ce collectif — à durée de vie limitée — récuse.
«On a fait le choix de ne pas être à Rio, explique Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, et de rester là où on est efficace, car on refuse de faire du tourisme militant.» Sur ce point, le discours diffère selon les associations du collectif. L’ONG Les Amis de la Terre communique notamment avec une envoyée sur place, ainsi que la Fondation France Libertés, qui compte une antenne à Rio et qui est représentée au sommet par trois personnes. «Il y a les assos qui sont dans la négociation, et les autres», tranche Stephen Kerckhove. Toutes, néanmoins, se sont entendues sur un mot d’ordre : ne pas laisser les questions écologiques et environnementales entre les mains des responsables économiques et financiers. «Aujourd’hui, les sociétés civiles sont en mesure de communiquer et de se mobiliser, regardez ce qui s’est passé en Tunisie, ce qui se passe au Canada, explique Emmanuel Poilâne, directeur de France Libertés, c’est à nous de peser sur les Etats pour qu’ils jouent un rôle actif.»
«Le vernis vert»
Dans la bouche des militants présents, entre deux morceaux de musique, une expression revient systématiquement : celle d'«économie verte», vantée par les négociateurs et participants du sommet Rio+20. Pour eux, ce concept va à l’encontre même de leur action. «Après Rio, on va en reprendre pour dix ans avec leur "croissance verte", on veut nous faire croire que la solution passe par les entreprises, peste Stephen Kerckhove. Pourtant, et sans être un étatiste fou, c’est d’abord aux dirigeants politiques de peser pour apporter des solutions.»Pour le délégué général d’Agir pour l’environnement, le concept de «croissance verte» équivaut au «développement durable» du premier sommet de la Terre, en 1992. «C'était déjà une notion ambivalente, qu’on a eu du mal à définir, et avec le concept d'économie verte, on ajoute une nouvelle ambivalence.» «Or on sait très bien [que sur les questions écologiques et environnementales], les outils du marché ne fonctionnent pas. Par exemple, aujourd’hui, on peut compenser les émissions de CO2, mais d’un autre côté on continue d’en produire autant !»
Sylvain Angerand, des Amis de la terre, martèle : «A Rio en ce moment, il y a 1 500 chefs d’entreprises et 500 représentants étatiques : à eux seuls, ces chiffres illustrent le décalage qu’on dénonce aujourd’hui.» «Les décideurs prétendent s’occuper d’environnement, tempête Geneviève, alors qu’on sait qu’ils sont dans une optique de financiarisation de la nature.» Cette secrétaire adjointe des Amis de la Terre, membre de l’ONG depuis deux ans, attend des dirigeants français «une politique agressive, comme par exemple sur les questions du nucléaire ou du gaz de schiste.»
«Une question de choix»
Pour Stephen Kerckhove, la possibilité de l’action collective passe d’abord par la résolution d’un autre décalage : «Le devoir de cohérence entre le local et le global.» Parmi les militants présents mercredi, ils sont peu à se réjouir de la présence de François Hollande à Rio : «Les chefs d’Etat ne savent même pas pourquoi ils vont à Rio», assure Sylvain Angerand.«C’est important qu’il y soit, tempère Stephen Kerckhove, mais on a le sentiment que c’est un passage obligé. C’est une chose d’aller à Rio, mais si la France continue de développer une vingtaine de projets autoroutiers, de construire des aéroports... il n’y a aucune ambition.» Localement, reconnaît-il, «on est schizophrènes». «Beaucoup de citoyens estiment que leur mode de vie n’est pas négociable. Or les dirigeants politiques sont aussi prisonniers de cet immobilisme.»
Pour lui, ces incohérences sont visibles au quotidien. «Tant qu'on croisera, par exemple, des panneaux publicitaires éclairés en traversant des gares, ce sera le signe d’un échec.» A l’image d’Agir pour l’environnement, les associations mobilisées place de la Bourse ne laisseront pas le choix aux décideurs de Rio : «Si c’est ça la croissance verte, ils nous trouveront sur leur chemin.»
Nos vifs remerciements à Marina Liguori qui nous a transmis la vidéo et l'article.
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