24 juin 2012

Colloque sur la « Mémoire de la wilaya IV historique » : Recourir au cinéma pour dénoncer les crimes de la France coloniale

«Les Algériens doivent recourir au cinéma pour dénoncer les crimes perpétrés par la France coloniale face au refus des autorités françaises de reconnaître ces crimes abjects», a estimé jeudi soir à Aïn Defla, le chercheur Abdelkader Douha.

PUBLIE LE : 24-06-2012 | 0:00

 

Dans une communication sur la lecture juridique des crimes du colonialisme français en Algérie, dans le cadre du colloque sur la mémoire de la Wilaya IV historique, l'universitaire a considéré qu'en l'absence de mécanismes juridiques, actuellement, pour actionner la France auprès des juridictions internationales,  les Algériens doivent envisager d'autres moyens pour contraindre ce pays à reconnaître ses crimes perpétrés pendant 132 ans d'occupation, notamment le cinéma en produisant des films et documentaires pour dénoncer l'histoire criminelle de la France.
«Les crimes de la France en Algérie sont encore visibles cinquante ans après l'indépendance, et les Algériens souffrent encore de leur séquelles», a-t-il  dit, citant l'exemple des essais nucléaires dans le Sahara algérien dont l'intensité a dépassé celle des bombes larguées par les États-Unis sur la ville japonaise d'Hiroshima en 1945. Les mines antipersonnel posées le long des lignes Challe et Morice (1957) ont fait 4.762 victimes après l'indépendance, 12.425 handicapés, selon les statistiques de 2010, a-t-il encore soutenu.         Pour l'intervenant, la thèse de la France, selon laquelle les crimes commis contre les Algériens étaient de faits isolés d'officiers et de soldats de l'armée d'occupation, n'était pas recevable, de même que son argument de "prescription" avancé pour ne pas reconnaître ses crimes et ne pas présenter des excuses au peuple algérien.
L'armement des différentes régions du pays n'était pas équilibré durant la guerre de libération  
Le chercheur dans l'histoire de la Révolution algérienne, le professeur Ameur Anane, a affirmé jeudi que la distribution des armes durant la guerre de libération nationale "n'était pas équilibrée entre les différentes régions du pays", en raison de la difficulté de l'acheminement des armes d'une région à une autre. Il a souligné que "contrairement aux régions frontalières", la Wilaya IV historique, qui englobait les régions centre et nord d'Algérie, "a acquis ses armes localement", grâces aux opérations menées par les moudjahidine contre les camps de l'ennemi français, notamment durant les premières années de la guerre de libération. Les wilayas frontalières, par leur position géographique, "sont celles qui ont bénéficié le plus" des armes octroyées par les pays amis durant la Révolution, a-t-il ajouté. Le déchargement des cargaisons d'armes sur les frontières algéro-libyennes ou les frontières ouest a contraint les moudjahidine de la Wilaya IV à attaquer les casernes militaires de l'ennemi pour s'armer. Face à la difficulté d'armement, les moudjahidine ont par ailleurs recouru "au développement des bombes artisanales et de l'arme blanche", armes qu'ils ont utilisées lors de leurs premières opérations au début de la Révolution.
Les travaux du colloque national de la Wilaya IV historique, organisé par la Fondation de la mémoire de la Wilaya IV historique, ont débuté mercredi  dernier, en coordination avec l'organisation des moudjahidine et la wilaya d’Aïn Defla. La première journée a été marquée par les interventions de moudjahidine,  dont le colonel Youcef Khatib, président de la fondation et le dernier commandant de la Wilaya IV historique, outre des enseignants spécialisés dans l'histoire de l'Algérie.
Plus de 21 prisons et des centaines  de camps de torture construits dans la Wilaya IV    
«Plus de 21 prisons et des centaines de camps de torture ont été construits par les autorités coloniales françaises dans   la Wilaya IV», a souligné jeudi à Aïn Defla le moudjahid Mohamed Metidji. Il a indiqué, dans une communication présentée lors d'un colloque de deux jours intitulé "Mémoire de la Wilaya IV historique", qui se tient à Aïn Defla, qu’«outre la transformation des fermes en camps de torture par les colons, la France a construit plus de 21 prisons dans plusieurs régions de la Wilaya IV». Les prisons de Barberousse (Alger) et de Berouaghia (Médéa), notamment, témoignent encore de l'atrocité et de la sauvagerie du colonialisme, a affirmé  l'orateur qui a précisé que près de 2.000 Algériens avaient été condamnés à mort dans ces prisons, sans procès.  Outre les centres secrets de torture, comme Villa Susenni (El-Biar), et l'usine de confiseries à Hussein Dey, où les officiers de l'armée française raffinaient de cruauté dans la torture des Algériens, "avec la bénédiction des prêtres à l'époque", les fermes des colons dans la Wilaya IV avaient  été transformées également en lieux de torture dont Haouch Bouguendoura (Boumerdès), Bernaby (Khenchla) et Bab El-Qart (Médéa). Le moudjahid Metidji a rappelé que 25 camps de détention ont été créés  par les autorités coloniales dans plusieurs régions de la Wilaya IV, comme celui  de Kasr El-Boukhari (Médéa) où il avait été détenu.

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