L’armée israélienne d’occupation tire à nouveau sur des civils dans la bande de Gaza
mardi 12 octobre 2010Vittorio Arrigoni
Il a lutté toute la nuit dans un lit d’hôpital entre la vie et la mort, mais Saliman, l’étudiant palestinien âgé de vingt ans, touché le 26 septembre à la frontière par un tireur d’élite israélien, semble maintenant hors de danger.
Photo : Vittorio Arrigoni
La dernière victime d’une frontière à l’Est de la Bande de Gaza qui, presque chaque jour, engloutit des vies humaines grâce aux tours de surveillance munies de mitrailleuses à la détente facile, aux chars d’assaut, aux jeeps, aux drones, aux hélicoptères Apache et aux avions F16. Saliman Abu Hanza a été touché par un tireur d’élite durant les manifestations qui, le matin du 26 septembre, ont vu se rassembler devant la grille de barbelés des centaines de Palestiniens, accompagnés de quelques journalistes et des activistes de l’International Solidarity Movement, venus pour demander haut et fort la fin du siège criminel, l’arrêt de la prolifération des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie et pour revendiquer le droit de fouler leur terre légitime devant la frontière.
Les manifestations non-violentes ont eu lieu simultanément à 11h dans trois zones de la Bande de Gaza : au Nord-Est, à Beit Hanoun, et au Centre-Est, à Al Maghazi, les militaires israéliens ont tiré vers les manifestants, heureusement sans faire de blessés, alors qu’à Faraheen, près de Khan Younis, les tireurs d’élite sont entrés en action. Kamal, un ami de Saliman, décrit ce qui s’est passé : « J’étais avec Saliman et nous marchions ensemble, nos drapeaux en main, vers la ligne de frontière. Lorsque les jeeps sont arrivées, les soldats israéliens ont aussitôt commencé à nous tirer dessus et j’ai fui à l’arrière pour tenter de me mettre à l’abri. Soudain, j’ai vu mon ami tomber, touché à l’estomac. Un seul coup, clairement ciblé, parti du fusil de précision d’un tireur. »
Photo : Vittorio Arrigoni
Aidé par d’autres jeunes, Kamal a pris sur ses épaules le corps de son ami blessé alors qu’il perdait déjà beaucoup de sang. Ils l’ont traîné sur 500 mètres jusqu’à un triporteur qui l’a emmené à l’hôpital Europa de Khan Younis. Lorsqu’il est entré en salle d’opération, il se trouvait dans une situation critique : « De sérieuses lésions à l’abdomen, trois à l’intestin, à la veine iliaque et au rectum. Il a déjà subi une série d’interventions chirurgicales et de nombreuses transfusions sanguines, les prochaines 24 heures sont cruciales », a déclaré le médecin qui l’a pris en charge.
Comme cela est arrivé pour le meurtre d’Ahmed Deeb, tué le 28 avril dernier durant une autre manifestation non-violente à la frontière, le tireur israélien a utilisé un type de munition particulier contre Saliman Abu Hanza, munition appelée communément ‘dum-dum’ : ce projectile se fragmente au moment de l’impact, engendrant de très graves lésions internes et entraînant souvent la mort de la victime. L’usage des balles dum-dum a été interdit par la Convention de Genève après la première guerre mondiale, tout comme le phosphore blanc, les bombes DIME et les ‘fléchettes’, armes illégales que l’armée israélienne continue à utiliser contre la population civile de Gaza, comme le démontre abondamment les principales organisations de défense des droits de l’homme.
Le matin du 27 septembre, un médecin de l’hôpital Europa m’a confirmé que Saliman se trouvait aux soins intensifs et que son état était stable.
Saliman n’est que la dernière victime de l’armée israélienne depuis le 2 septembre, date qui a vu la reprise des négociations entre Netanyahu et Abu Mazen, mais qui ici à Gaza a coïncidé avec une escalade de la violence contre la population civile. Depuis le début du mois, on compte sept personnes tuées par les soldats israéliens seulement dans la Bande. Deux jours après le verdict rendu par la Commission des droits de l’homme de l’ONU ayant condamné Israël pour « homicide et torture » dans l’enquête sur le massacre de la Freedom Flotilla, un jeune pêcheur, Mohamed Bakri, a été assassiné par la marine de Tel Aviv pendant qu’à bord de son bateau minuscule il pêchait non loin de la côte.
Une preuve ultérieure de ce qu’affirmait le regretté Edward Said : « Les négociations de paix sont les premiers obstacles à la paix ». Depuis plus de 15 ans que dure la farce des pourparlers ayant eu comme seul résultat moins de terre et moins de droits pour les Palestiniens ainsi que la prolifération des colonies illégales israéliennes, on ne fait plus vraiment confiance à la communauté internationale et aux jeux politiques. Les Palestiniens considèrent avec davantage d’espoir les mobilisations de la société civile mondiale en leur soutien, la campagne de boycott du BDS Movement, les missions humanitaires qui, en cherchant un moyen de briser le siège, remettent la tragédie de Gaza au premier plan dans les médias occidentaux. Comme le convoi Viva Palestina actuellement en route, et Irène, le bateau des pacifistes juifs récemment intercepté par la marine israélienne avant d’atteindre Gaza.
Restons Humains.
Hôpital Nasser de Khan Younis. Bonnes nouvelles.
Photo : Vittorio Arrigoni
Saliman a repris connaissance et son état évolue positivement.
Je ne serai pas surpris de le revoir aux manifestations dès qu’il pourra à nouveau tenir debout, comme cela est arrivé par le passé à d’autres jeunes qui malgré leurs blessures par balle plus ou moins graves, n’ont pas renoncé et ont continué à lutter pour récupérer leur terre.
Je ne serai pas surpris de le revoir aux manifestations dès qu’il pourra à nouveau tenir debout, comme cela est arrivé par le passé à d’autres jeunes qui malgré leurs blessures par balle plus ou moins graves, n’ont pas renoncé et ont continué à lutter pour récupérer leur terre.
* Vittorio Arrigoni réside à Gaza ville. Journaliste freelance et militant pacifiste italien, membre de l’ISM (International Solidarity Movement), il écrit notamment pour le quotidien Il Manifesto. Il vit dans la bande de Gaza depuis 2008. Il est l’auteur de Rester humain à Gaza (Gaza. Restiamo umani), précieux témoignage relatant les journées d’horreur de l’opération « Plomb durci » vécues de manière directe aux côtés des ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien.
Vittorio Arrigoni
Son blog peut être consulté à :
http://guerrillaradio.iobloggo.com/
http://guerrillaradio.iobloggo.com/
Vittorio Arrigoni vient de recevoir le prix spécial « Rachel Corrie » à Ovada [Piémont italien] pour son travail d’information à Gaza : http://www.testimonedipace.org,
Du même auteur :
Les morts palestiniens qui disparaissent des chroniques - 4 octobre 2010
Le vrai visage des pourparlers - 30 septembre 2010
Gaza : les orphelins de Nema - 22 septembre 2010
Gaza, des enfants qui résistent - 19 septembre 2010
Eid Mubarak, Gaza ! Shana Tovah, Israel ! - 17 septembre 2010
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27 septembre 2010 - Communiqué par l’auteur
Traduction de l’italien : Y. Khamal
Traduction de l’italien : Y. Khamal
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