Libye, le Fukushima de la guerre par Manlio Dinucci | |||||||
Mondialisation.ca, Le 30 mars 2011 | |||||||
Alors que le bâton de commandement du « Protecteur unifié » (nouveau nom de la guerre) passe des mains du général étasunien dirige le Commandement Africa à celles de l’amiral étasunien dirigeant de l’Alliance atlantique, l’OTAN annonce que son objectif est de «protéger les civils et les zones peuplées de civils ». Ceci s’accomplit en lançant sur la Libye des centaines de missiles Tomahawk, dont la majorité ont une tête à l’uranium appauvri qui provoque des effets désastreux sur la santé et l’environnement (voir l’étude du professeur M. Zucchetti). Les missiles sont lancés des navires mais aussi depuis des sous-marins nucléaires : parmi lesquels trois étasuniens (Providence, Floride et Scranton) qui, après avoir transité par Naples, utilisent comme base le port d’Augusta (en Sicile). Ils ont à leur bord des réacteurs nucléaires, plus dangereux que ceux qui ont provoqué la catastrophe de Fukushima. Ils disposent en effet de systèmes mineurs de sécurité, sont majoritairement sujets à des accidents, et produisent une pollution radioactive dans leur fonctionnement normal. Ces réacteurs nucléaires, qui n’obtiendraient pas de licence de fonctionnement par les autorités civiles, entrent pourtant dans les ports italiens. D’autres têtes à uranium appauvri se trouvent sur les bombes Jdam, d’une tonne. Les bombardiers stratégiques B-2 Spirit, qui partent du Missouri pour attaquer Tripoli (à plus de 10.000kms de distance), en portent chacun 15 : lancées à environ 50kms de distance, les bombes planent sur les objectifs. Elles sont aussi utilisées par les bombardiers stratégiques B-1B Lancer, qui partent de Moròn en Espagne pour lancer chacun des dizaines de Jdam. S’y ajoutent les projectiles à uranium appauvri que les avions étasuniens A-10 Thunderbolt (Foudre) et A-130 Specter (Spectre) utilisent pour ouvrir la route aux insurgés. Le premier a un canon Avenger (Vengeur) à sept tubes rotatifs de 30mm : il tire 3.900 projectiles à la minute, soit à uranium appauvri, soit incendiaire à capacité explosive élevée [1]. Le second, la « canonnière volante », est le système d’armes aérien le plus complexe au monde : par des systèmes sophistiqués de viseur, il tire simultanément avec 6 canons, dont deux de 105 mm et un, le Vulcan (Vulcain), qui tire 6 mille projectiles à la minute [2]. L’emploi de l’uranium appauvri à but militaire offre de multiples avantages : d’une part, il évite la dépense nécessaire pour le traiter et le conserver comme déchet radioactif après qu’il ait été utilisé dans les réacteurs nucléaires ; d’autre part, il permet de construire des têtes et projectiles avec un matériau à faible coût (quelques dollars au kilo). De plus, il est très efficace pour construire des têtes et projectiles pénétrants, qui percent du ciment armé et des blindages et, en explosant à l’intérieur, développent des températures de plusieurs milliers de degrés. Et c’est justement cela qui va générer les grains de poussière radioactifs qui provoquent des tumeurs et malformations même pour les générations successives. Il n’est pas exclu que l’uranium appauvri des bombes qui sèment la mort en Libye ne provienne aussi des réacteurs de Fukushima, qui sèment la mort au Japon. Le bâton de commandement est toujours celui du «Protecteur unifié ». Edition de mardi 29 mars 2011 de il manifesto Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio. Notes de la traductrice : [1] Il vaut la peine de voir les détails (et photos…) de sa description et historique -sommaire- de son utilisation sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/GAU-8_Avenger Manlio Dinucci est géographe et collaborateur au quotidien italien il manifesto. |
01 avril 2011
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