Dimanche 25 juillet, Sheikh Raed Salah sera arrêté et emprisonné par les autorités sionistes. Qui est sheikh Raed Salah, appelé depuis plus de dix ans sheikh al-Aqsa ? Qui est ce sheikh dont le sourire confiant exaspère tellement les sionistes qu’ils n’hésitent pas à enrôler des gens pour l’assassiner, par crainte des effets incalculables que son assassinat direct pourrait entraîner ?
De famille modeste, sheikh Raed Salah est originaire de la ville d’Umm al-Fahem, dans la région du Triangle (Muthallath) en Palestine occupée en 48. Il est donc considéré par l’Etat colonial comme « citoyen israélien ».
Marié, il est père de huit enfants. Il a étudié dans les écoles primaires et secondaires de Umm al-Fahem, avant d’obtenir sa licence en sciences légales musulmanes (sharî ‘a) à l’université d’al-Khalil, en Cisjordanie.
En 1989, il se présente pour la première fois aux élections municipales et est élu maire de sa ville natale. Il demeure à ce poste pendant trois mandats, pour ensuite se consacrer à des tâches plus lourdes et plus vastes : la direction du mouvement islamique de l’intérieur, la défense de la mosquée al-Aqsa et des lieux saints en Palestine ainsi que toutes les activités relatives à ces tâches.
La récente arrestation de sheikh Raed Salah avait été prononcée par le tribunal sioniste, suite à l’affaire « Bab al-Maghariba », lorsque le sheikh avait protesté en février 2007, avec ses compagnons, contre la destruction de ce lieu, à l’entrée de la mosquée al-Aqsa. A cette époque, les sionistes ont profité de l’effondrement d’une partie d’un pont historique qui donne accès à la mosquée al-Aqsa pour le raser et le remplacer par une vaste entrée, de quoi permettre l’entrée massive de la police et des colons. Sheikh Raed et ses compagnons de lutte ont protesté, sur le site même de la catastrophe, réclamant l’arrêt des travaux israéliens. La police sioniste a chargé contre les manifestants et les protestataires. Un des policiers a semble-t-il, été repoussé par sheikh Raed Salah. C’est juste pour cet acte, avoir repoussé le policier qui l’empêchait de protester, que sheikh Raed Salah va être détenu pendant 5 mois, alors que la condamnation initiale était de dix mois de prison ferme. Comme l’ont dénoncée les avocats du sheikh, dès la proclamation de la condamnation, celle-ci est effectivement de nature politique, et bien que tout le mouvement palestinien de l’intérieur ne fait aucunement confiance aux tribunaux sionistes et qu’ils ne les considèrent même pas comme étant aptes à les juger, l’équipe de la défense du sheikh avait fait appel contre le premier jugement. Il y a quelques semaines, le tribunal a confirmé l’emprisonnement pour 5 mois ferme.
Sheikh al-Aqsa
Depuis plus de dix ans, sheikh Raed Salah, surnommé sheikh al-Aqsa, agit pour la défense de la mosquée al-Aqsa et de tous les lieux saints musulmans et chrétiens de la ville d’al-Qods, mais aussi en Palestine occupée en 1948. C’est bien lui et le mouvement islamique, dont il est le dirigeant (branche nord) qui ont suscité et mobilisé d’abord les Palestiniens puis les peuples arabes et musulmans, autour de la mosquée al-Aqsa, mettant en garde contre sa destruction par les colons sionistes. Inlassable, il a prononcé discours sur discours, organisé rassemblements après rassemblements, en Palestine même, pour mobiliser autour de la mosquée menacée d’al-Aqsa. Il a effectué de nombreuses rencontres avec des responsables arabes et musulmans pour les sensibiliser et leur expliquer les plans sionistes et leur état d’avancement.
Mais avant tout, sheikh Raed Salah est un homme d’action. Très tôt, il a compris qu’il ne pouvait rien attendre des régimes arabes et que les peuples musulmans sont soit quasiment endormis, soit quasiment impuissants à modifier les plans sionistes et à s’y opposer. Il décide donc, avec ses compagnons, d’agir sur le terrain. Pour dénoncer preuves à l’appui les menaces sionistes sur la mosquée al-Aqsa, il n’hésite à parcourir, lui-même, avec un photographe, les tunnels creusés sous la mosquée, pour montrer la manière dont les sionistes agissent pour la destruction de la mosquée. C’est grâce à son travail régulier et souterrain que les musulmans dans le monde ont pu voir en photos ce que les sionistes cachaient et entreprenaient sous la mosquée. Ses actions n’avaient pas seulement pour but de dénoncer et d’apporter des preuves à l’appui, mais il a agi, avec la fondation al-Aqsa et des lieux saints, institution qu’il avait fondée avant l’intifada al-Aqsa en 2000, pour remettre en état la mosquée Marwani, qui se trouve dans la partie sud de la mosquée al-Aqsa. Pendant des mois, sheikh al-Aqsa a travaillé avec ses compagnons de lutte dans le silence le plus total, introduisant en douce le matériel de construction dans la mosquée pour entreprendre les travaux de réfection : dalles, bois et tout matériel nécessaire. C’est en silence qu’ils remettent en état la mosquée Marwani avant d’annoncer sa réouverture pour les fidèles. Car il faut comprendre que les autorités sionistes ont interdit tous travaux de réfection à la direction du waqf musulman de la ville, dans la mosquée al-Aqsa et les autres mosquées de la ville sainte, comptant sur leur disparition au fil des ans, comme cela a lieu dans les territoires occupés en 48, que ce soit pour les maisons palestiniennes situées dans les villes portuaires (Akka, Haïfa, Yafa) ou les lieux saints (mosquées ou églises).
C’est au début de l’intifada al-Aqsa que la mosquée Marwani ouvre à nouveau ses portes aux fidèles, suscitant l’enthousiasme et le respect des Palestiniens et musulmans pour ce sheikh actif au visage serein, et la colère et l’étouffement des sionistes. Sheikh Raed Salah a compris que les demandes d’autorisation sont vaines (les responsables du waqf, qui dépendent du régime jordanien, réclament sans cesse des autorisations aux sionistes pour entreprendre des travaux, et neuf fois sur dix, ces demandes sont rejettées) et que pour aboutir, il faut agir. Le défi lancé par le sheikh Raed Salah aux autorités de l’occupation lui assure une popularité sans précédent dans toute la Palestine. Que ce soit à Jénine à al-Khalil ou dans la ville d’al-Quds même, ou bien dans le Naqab, les villes côtières et la Galilée, le peuple palestinien voit dans sheikh Raed Salah un homme de religion intègre, qui n’hésite pas à agir, à affronter la prison, pour faire valoir les droits de son peuple. Pour protéger la mosquée al-Aqsa et la ville d’al-Qods contre leur judaïsation, le mouvement islamique qu’il dirige organise dans les territoires occupés en 48 une mobilisation sans précédent, « shadd al-Rihal » vers la ville d’al-Qods, notamment après l’interdiction prononcée par les sionistes aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza d’entrer dans la ville sainte, dans le but de l’isoler et poursuivre le nettoyage ethnico-religieux commencé en 1948.
« Shadd al-Rihal » est l’opération organisée consistant à faire circuler quotidiennement, et à tour de rôle, des bus des villes de Palestine occupée en 48 vers la ville d’al-Qods où les Palestiniens font leurs achats auprès des commerçants de la vieille ville et vont prier dans la mosquée al-Aqsa. De Akka, Nasra, Beer Saba ou de Yafa, ces bus déversent des centaines de Palestiniens qui activent l’économie maqdisie alors que l’occupant voulait la mort progressive du commerce et de l’activité dans la vieille ville. De même pour la mosquée, alors que l’occupant pensait, qu’en interdisant aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, d’y entrer, la mosquée serait progressivement abandonnée et les sionistes pourraient agir à leur guise, la présence des Palestiniens de 48 donne à nouveau l’espoir d’une mosquée vivante, abondamment peuplée, où les musulmans affrontent sur le terrain la présence sioniste, sans attendre les décisions internationales ou les aides arabes ou musulmanes.
C’est surtout l’organisation des rassemblements populaires (environ 60.000 participants) au mois de septembre, tous les ans et dès 2002, intitulés « la mosquée d’al-Aqsa en danger » qui suscite la colère des sionistes, car non seulement sheikh Raed Salah y dénonce les plans visant la mosquée, mais il mobilise l’ensemble de la population palestinienne de 48 sur ce thème, les appelant à des mesures de plus en plus hardies pour affronter l’ennemi et à intégrer la question d’al-Qods et de la mosquée al-Aqsa dans leurs programmes de lutte et de mobilisation.
Tous ces actes de résistance et beaucoup d’autres ont mis les sionistes en état d’alerte. Ils prennent différentes mesures contre sheikh Raed Salah et des responsables du mouvement islamique ou de l’ex-Fondation al-Aqsa et des lieux saints. A plusieurs reprises, le tribunal sioniste ordonne son interdiction d’entrer dans la vieille ville, donc à la mosquée al-Aqsa, ou bien de s’en approcher à moins de 150 mètres. Lors de la mobilisation autour des maisons détruites de sheikh Jarrah, dans al-Qods, il est poursuivi et gêné dans ses déplacements. Après sa dernière interdiction de s’approcher de la mosquée, il organise un sit-in à Silwan, dans une tente, où les délégations populaires viennent le soutenir dans son combat contre les mesures injustes de l’occupant qui le visent tout particulièrement. Il est également interdit de se réunir, dans un lieu public de la ville d’al-Quds, avec plus de six personnes.
Les projets de sheikh Raed ne tarissent pas pour préserver la mosquée bénie. Il a récemment lancé une opération consistant à réintroduire les cours religieux conçus pour les jeunes à l’intérieur même de la mosquée, pour y maintenir une présence quasi-permanente, malgré toutes les entraves mises par l’occupant. Son arrestation effective ce dimanche 25 juillet est assurément une mesure supplémentaire voulant l’éloigner de la ville d’al-Qods, de la mosquée al-Aqsa et de la direction de la mobilisation dans les territoires occupés en 48. Il le sait et l’a compris, et il s’y attendait. C’est pourquoi la relève sur le terrain est assurée par de nombreux dirigeants dont la fidélité à sheikh Raed Salah et à sa voie empêchera les sionistes d’agir allègrement, comme ils espèrent, après son arrestation.
Dirigeant de la lutte politique en Palestine 1948
Sheikh Raed Salah est non seulement le défenseur de la mosquée al-Aqsa, mais un des principaux dirigeants de la lutte des Palestiniens de 48 contre l’occupation sioniste. Dirigeant du mouvement islamique, fondé dans les années 90, il organise les masses palestiniennes du nord au sud, en passant par les villes côtières, pour la défense de l’arabité de la société palestinienne, contre son « israélisation » conçue par les institutions sionistes. Aux côtés d’autres formations politiques (notamment le rassemblement démocratique dirigé à l’époque par Azmi Bechara, le mouvement Abnaa al-Balad et le front démocratique), le mouvement islamique participe dès 2000 à toutes les luttes, et notamment au soulèvement d’al-Aqsa, dont la répression entraîne le martyr de 13 Palestiniens en octobre 2000. C’est le début d’une mobilisation accrue qui fait face à une répression inouïe de la part des institutions sionistes. Mais le mouvement islamique est traversé par un courant qui accepte, comme le Rassemblement démocratique, de participer aux élections de la Knesset, ce qui n’est le cas ni du courant dirigé par sheikh Raed Salah, ni du mouvement Abnaa al-Balad. C’est la scission du mouvement islamique qui, bien que réelle, est cependant aujourd’hui dépassée lors de la lutte sur le terrain. Sheikh Raed Salah est accusé, comme Azmi Beshara, d’être responsable du soulèvement d’octobre 2000, à cause de ses discours mobilisateurs.
Parmi les actions les plus remarquables de la lutte menée en Palestine 48, celle qui consiste chaque année, à l’occasion de la journée de la terre du 30 mars, à ne plus se contenter de discours, mais de mener des actions sur le terrain. Son mouvement initie les journées de mobilisation dans le Naqab et plus récemment à Yafa, où les militants du mouvement reconstruisent les maisons démolies, plantent des arbres fruitiers, déblayent et nettoient les cimetières, pavent les routes et amènent l’eau vers les zones les plus défavorisées. Ces journées appelées « journées de liaison » ont pour but de relier les régions palestiniennes au-delà des colonies sionistes implantées, dans un souci et un travail communs, pour contrer le projet sioniste de négation et de suppression du peuple palestinien.
C’est en tant que dirigeant palestinien aidant ses frères en Cisjordanie et Gaza, lors de l’Intifada al-Aqsa, que sheikh Raed Salah va être arrêté en 2003, pour avoir fondé une caisse de secours d’aide aux orphelins. Avec 13 autres responsables de la fondation al-Aqsa et de la caisse de secours, un scénario sioniste des plus ridicules est monté contre lui, l’accusant d’être lié à des « mouvements terroristes islamiques internationaux » qui le financeraient et qu’il serait l’intermédiaire entre ces premiers et le mouvement Hamas. Le dossier d’accusation de plus de milliers de pages, monté par les renseignements sionistes, est incapable de l’accuser, mais sheikh Salah restera prisonnier pendant quatre ans. C’est également le moyen trouvé par les sionistes pour l’éloigner de la mosquée al-Aqsa. A peine libéré, sheikh Raed Salah reprend la lutte, sur tous les fronts et participe à toutes les mobilisations : aux manifestations dans les villes de Galilée, il dirige la lutte contre les colons qui veulent pénétrer à Umm al-Fahem, il soutient les prisonniers dans des sit-in populaires, il participe à des journées d’étude sur la judaïsation d’al-Quds ou du Naqab, à des conférences palestiniennes ou musulmanes en Europe ou ailleurs (quand les sionistes l’autorisent à sortir), à la mobilisation contre le siège criminel de Gaza et participe à la Flotille de la liberté pour briser ce blocus. Il revendique le boycott de toutes les institutions sionistes, dont la Knesset, sans entrer dans une polémique stérile, à ce propos, avec les autres formations nationales.
Fondateur de la fondation al-Aqsa et des lieux saints
Lorsque sheikh Raed Salah a fondé cette institution, il savait très bien qu’elle ne survivrait pas à la répression coloniale. Pendant plus de dix ans, la fondation a mené un travail gigantesque de recensement de tous les lieux saints confisqués, détruits ou profanés par les sionistes dans la Palestine occupée en 48. Parallèlement à ce travail de recherche historique, la fondation a entrepris de reprendre ces lieux qui sont en fait pour la plupart des waqfs musulmans, en y allant sur le terrain : défrichage des mosquées, des églises, des maqams et des cimetières avant de les remettre en état. Les prières sont à nouveau organisées dans ces lieux réappropriés. Mais les sionistes interviennent là aussi et démolissent les travaux de la fondation. S’engage alors un combat quotidien entre la fondation et l’institution sioniste de destruction – reconstruction. Les sionistes profitent de la préparation du rassemblement « al-Aqsa en danger » à Umm al-Fahem, en septembre 2008 pour mener un raid dévastateur contre ses locaux, arrêter son directeur, voler son argent et ses biens, confisquer ses archives. Mais sheikh Salah, ayant prévu cette attaque criminelle, avait préparé la relève. Une autre fondation (Fondation pour la préservation des lieux saints) est née reprenant le travail commencé quelques jours plus tard.
Il y aurait encore beaucoup à écrire sur la lutte, la pensée, la personnalité de sheikh Raed Salah, une des figures les plus importantes de la lutte nationale palestinienne aujourd’hui. C’est à cause de son rôle important que l’institution sioniste a envisagé, ces derniers temps, son assassinat. Bien avant la Flotille de la liberté, des menaces de mort avaient été proférées contre lui, par des députés sionistes et autres colons, mais le meurtre de sang-froid ayant entraîné le martyre d’un militant turc, que les soldats sionistes avaient cru être sheikh Raed Salah à bord de la Flotille, est une preuve formelle des plans sionistes, d’ailleurs confirmés, il y a quelques jours, par un colon qui a déclaré que le Shabak lui a demandé de tuer sheikh Raed Salah, moyennant argent. Faire passer son assassinat politique par un crime crapuleux indique la crainte de l’institution sioniste de voir sa responsabilité engagée dans un éventuel assassinat.
Mais le sheikh d’al-Aqsa ne craint pas la mort. Il l’a déclaré à plusieurs reprises, affirmant avec sérénité qu’il ne fait que son devoir de musulman et que sa vie est entre les mains du Très-Haut.
Fadwa Nassar
(lu sur al-oufok)
De famille modeste, sheikh Raed Salah est originaire de la ville d’Umm al-Fahem, dans la région du Triangle (Muthallath) en Palestine occupée en 48. Il est donc considéré par l’Etat colonial comme « citoyen israélien ».
Marié, il est père de huit enfants. Il a étudié dans les écoles primaires et secondaires de Umm al-Fahem, avant d’obtenir sa licence en sciences légales musulmanes (sharî ‘a) à l’université d’al-Khalil, en Cisjordanie.
En 1989, il se présente pour la première fois aux élections municipales et est élu maire de sa ville natale. Il demeure à ce poste pendant trois mandats, pour ensuite se consacrer à des tâches plus lourdes et plus vastes : la direction du mouvement islamique de l’intérieur, la défense de la mosquée al-Aqsa et des lieux saints en Palestine ainsi que toutes les activités relatives à ces tâches.
La récente arrestation de sheikh Raed Salah avait été prononcée par le tribunal sioniste, suite à l’affaire « Bab al-Maghariba », lorsque le sheikh avait protesté en février 2007, avec ses compagnons, contre la destruction de ce lieu, à l’entrée de la mosquée al-Aqsa. A cette époque, les sionistes ont profité de l’effondrement d’une partie d’un pont historique qui donne accès à la mosquée al-Aqsa pour le raser et le remplacer par une vaste entrée, de quoi permettre l’entrée massive de la police et des colons. Sheikh Raed et ses compagnons de lutte ont protesté, sur le site même de la catastrophe, réclamant l’arrêt des travaux israéliens. La police sioniste a chargé contre les manifestants et les protestataires. Un des policiers a semble-t-il, été repoussé par sheikh Raed Salah. C’est juste pour cet acte, avoir repoussé le policier qui l’empêchait de protester, que sheikh Raed Salah va être détenu pendant 5 mois, alors que la condamnation initiale était de dix mois de prison ferme. Comme l’ont dénoncée les avocats du sheikh, dès la proclamation de la condamnation, celle-ci est effectivement de nature politique, et bien que tout le mouvement palestinien de l’intérieur ne fait aucunement confiance aux tribunaux sionistes et qu’ils ne les considèrent même pas comme étant aptes à les juger, l’équipe de la défense du sheikh avait fait appel contre le premier jugement. Il y a quelques semaines, le tribunal a confirmé l’emprisonnement pour 5 mois ferme.
Sheikh al-Aqsa
Depuis plus de dix ans, sheikh Raed Salah, surnommé sheikh al-Aqsa, agit pour la défense de la mosquée al-Aqsa et de tous les lieux saints musulmans et chrétiens de la ville d’al-Qods, mais aussi en Palestine occupée en 1948. C’est bien lui et le mouvement islamique, dont il est le dirigeant (branche nord) qui ont suscité et mobilisé d’abord les Palestiniens puis les peuples arabes et musulmans, autour de la mosquée al-Aqsa, mettant en garde contre sa destruction par les colons sionistes. Inlassable, il a prononcé discours sur discours, organisé rassemblements après rassemblements, en Palestine même, pour mobiliser autour de la mosquée menacée d’al-Aqsa. Il a effectué de nombreuses rencontres avec des responsables arabes et musulmans pour les sensibiliser et leur expliquer les plans sionistes et leur état d’avancement.
Mais avant tout, sheikh Raed Salah est un homme d’action. Très tôt, il a compris qu’il ne pouvait rien attendre des régimes arabes et que les peuples musulmans sont soit quasiment endormis, soit quasiment impuissants à modifier les plans sionistes et à s’y opposer. Il décide donc, avec ses compagnons, d’agir sur le terrain. Pour dénoncer preuves à l’appui les menaces sionistes sur la mosquée al-Aqsa, il n’hésite à parcourir, lui-même, avec un photographe, les tunnels creusés sous la mosquée, pour montrer la manière dont les sionistes agissent pour la destruction de la mosquée. C’est grâce à son travail régulier et souterrain que les musulmans dans le monde ont pu voir en photos ce que les sionistes cachaient et entreprenaient sous la mosquée. Ses actions n’avaient pas seulement pour but de dénoncer et d’apporter des preuves à l’appui, mais il a agi, avec la fondation al-Aqsa et des lieux saints, institution qu’il avait fondée avant l’intifada al-Aqsa en 2000, pour remettre en état la mosquée Marwani, qui se trouve dans la partie sud de la mosquée al-Aqsa. Pendant des mois, sheikh al-Aqsa a travaillé avec ses compagnons de lutte dans le silence le plus total, introduisant en douce le matériel de construction dans la mosquée pour entreprendre les travaux de réfection : dalles, bois et tout matériel nécessaire. C’est en silence qu’ils remettent en état la mosquée Marwani avant d’annoncer sa réouverture pour les fidèles. Car il faut comprendre que les autorités sionistes ont interdit tous travaux de réfection à la direction du waqf musulman de la ville, dans la mosquée al-Aqsa et les autres mosquées de la ville sainte, comptant sur leur disparition au fil des ans, comme cela a lieu dans les territoires occupés en 48, que ce soit pour les maisons palestiniennes situées dans les villes portuaires (Akka, Haïfa, Yafa) ou les lieux saints (mosquées ou églises).
C’est au début de l’intifada al-Aqsa que la mosquée Marwani ouvre à nouveau ses portes aux fidèles, suscitant l’enthousiasme et le respect des Palestiniens et musulmans pour ce sheikh actif au visage serein, et la colère et l’étouffement des sionistes. Sheikh Raed Salah a compris que les demandes d’autorisation sont vaines (les responsables du waqf, qui dépendent du régime jordanien, réclament sans cesse des autorisations aux sionistes pour entreprendre des travaux, et neuf fois sur dix, ces demandes sont rejettées) et que pour aboutir, il faut agir. Le défi lancé par le sheikh Raed Salah aux autorités de l’occupation lui assure une popularité sans précédent dans toute la Palestine. Que ce soit à Jénine à al-Khalil ou dans la ville d’al-Quds même, ou bien dans le Naqab, les villes côtières et la Galilée, le peuple palestinien voit dans sheikh Raed Salah un homme de religion intègre, qui n’hésite pas à agir, à affronter la prison, pour faire valoir les droits de son peuple. Pour protéger la mosquée al-Aqsa et la ville d’al-Qods contre leur judaïsation, le mouvement islamique qu’il dirige organise dans les territoires occupés en 48 une mobilisation sans précédent, « shadd al-Rihal » vers la ville d’al-Qods, notamment après l’interdiction prononcée par les sionistes aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza d’entrer dans la ville sainte, dans le but de l’isoler et poursuivre le nettoyage ethnico-religieux commencé en 1948.
« Shadd al-Rihal » est l’opération organisée consistant à faire circuler quotidiennement, et à tour de rôle, des bus des villes de Palestine occupée en 48 vers la ville d’al-Qods où les Palestiniens font leurs achats auprès des commerçants de la vieille ville et vont prier dans la mosquée al-Aqsa. De Akka, Nasra, Beer Saba ou de Yafa, ces bus déversent des centaines de Palestiniens qui activent l’économie maqdisie alors que l’occupant voulait la mort progressive du commerce et de l’activité dans la vieille ville. De même pour la mosquée, alors que l’occupant pensait, qu’en interdisant aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, d’y entrer, la mosquée serait progressivement abandonnée et les sionistes pourraient agir à leur guise, la présence des Palestiniens de 48 donne à nouveau l’espoir d’une mosquée vivante, abondamment peuplée, où les musulmans affrontent sur le terrain la présence sioniste, sans attendre les décisions internationales ou les aides arabes ou musulmanes.
C’est surtout l’organisation des rassemblements populaires (environ 60.000 participants) au mois de septembre, tous les ans et dès 2002, intitulés « la mosquée d’al-Aqsa en danger » qui suscite la colère des sionistes, car non seulement sheikh Raed Salah y dénonce les plans visant la mosquée, mais il mobilise l’ensemble de la population palestinienne de 48 sur ce thème, les appelant à des mesures de plus en plus hardies pour affronter l’ennemi et à intégrer la question d’al-Qods et de la mosquée al-Aqsa dans leurs programmes de lutte et de mobilisation.
Tous ces actes de résistance et beaucoup d’autres ont mis les sionistes en état d’alerte. Ils prennent différentes mesures contre sheikh Raed Salah et des responsables du mouvement islamique ou de l’ex-Fondation al-Aqsa et des lieux saints. A plusieurs reprises, le tribunal sioniste ordonne son interdiction d’entrer dans la vieille ville, donc à la mosquée al-Aqsa, ou bien de s’en approcher à moins de 150 mètres. Lors de la mobilisation autour des maisons détruites de sheikh Jarrah, dans al-Qods, il est poursuivi et gêné dans ses déplacements. Après sa dernière interdiction de s’approcher de la mosquée, il organise un sit-in à Silwan, dans une tente, où les délégations populaires viennent le soutenir dans son combat contre les mesures injustes de l’occupant qui le visent tout particulièrement. Il est également interdit de se réunir, dans un lieu public de la ville d’al-Quds, avec plus de six personnes.
Les projets de sheikh Raed ne tarissent pas pour préserver la mosquée bénie. Il a récemment lancé une opération consistant à réintroduire les cours religieux conçus pour les jeunes à l’intérieur même de la mosquée, pour y maintenir une présence quasi-permanente, malgré toutes les entraves mises par l’occupant. Son arrestation effective ce dimanche 25 juillet est assurément une mesure supplémentaire voulant l’éloigner de la ville d’al-Qods, de la mosquée al-Aqsa et de la direction de la mobilisation dans les territoires occupés en 48. Il le sait et l’a compris, et il s’y attendait. C’est pourquoi la relève sur le terrain est assurée par de nombreux dirigeants dont la fidélité à sheikh Raed Salah et à sa voie empêchera les sionistes d’agir allègrement, comme ils espèrent, après son arrestation.
Dirigeant de la lutte politique en Palestine 1948
Sheikh Raed Salah est non seulement le défenseur de la mosquée al-Aqsa, mais un des principaux dirigeants de la lutte des Palestiniens de 48 contre l’occupation sioniste. Dirigeant du mouvement islamique, fondé dans les années 90, il organise les masses palestiniennes du nord au sud, en passant par les villes côtières, pour la défense de l’arabité de la société palestinienne, contre son « israélisation » conçue par les institutions sionistes. Aux côtés d’autres formations politiques (notamment le rassemblement démocratique dirigé à l’époque par Azmi Bechara, le mouvement Abnaa al-Balad et le front démocratique), le mouvement islamique participe dès 2000 à toutes les luttes, et notamment au soulèvement d’al-Aqsa, dont la répression entraîne le martyr de 13 Palestiniens en octobre 2000. C’est le début d’une mobilisation accrue qui fait face à une répression inouïe de la part des institutions sionistes. Mais le mouvement islamique est traversé par un courant qui accepte, comme le Rassemblement démocratique, de participer aux élections de la Knesset, ce qui n’est le cas ni du courant dirigé par sheikh Raed Salah, ni du mouvement Abnaa al-Balad. C’est la scission du mouvement islamique qui, bien que réelle, est cependant aujourd’hui dépassée lors de la lutte sur le terrain. Sheikh Raed Salah est accusé, comme Azmi Beshara, d’être responsable du soulèvement d’octobre 2000, à cause de ses discours mobilisateurs.
Parmi les actions les plus remarquables de la lutte menée en Palestine 48, celle qui consiste chaque année, à l’occasion de la journée de la terre du 30 mars, à ne plus se contenter de discours, mais de mener des actions sur le terrain. Son mouvement initie les journées de mobilisation dans le Naqab et plus récemment à Yafa, où les militants du mouvement reconstruisent les maisons démolies, plantent des arbres fruitiers, déblayent et nettoient les cimetières, pavent les routes et amènent l’eau vers les zones les plus défavorisées. Ces journées appelées « journées de liaison » ont pour but de relier les régions palestiniennes au-delà des colonies sionistes implantées, dans un souci et un travail communs, pour contrer le projet sioniste de négation et de suppression du peuple palestinien.
C’est en tant que dirigeant palestinien aidant ses frères en Cisjordanie et Gaza, lors de l’Intifada al-Aqsa, que sheikh Raed Salah va être arrêté en 2003, pour avoir fondé une caisse de secours d’aide aux orphelins. Avec 13 autres responsables de la fondation al-Aqsa et de la caisse de secours, un scénario sioniste des plus ridicules est monté contre lui, l’accusant d’être lié à des « mouvements terroristes islamiques internationaux » qui le financeraient et qu’il serait l’intermédiaire entre ces premiers et le mouvement Hamas. Le dossier d’accusation de plus de milliers de pages, monté par les renseignements sionistes, est incapable de l’accuser, mais sheikh Salah restera prisonnier pendant quatre ans. C’est également le moyen trouvé par les sionistes pour l’éloigner de la mosquée al-Aqsa. A peine libéré, sheikh Raed Salah reprend la lutte, sur tous les fronts et participe à toutes les mobilisations : aux manifestations dans les villes de Galilée, il dirige la lutte contre les colons qui veulent pénétrer à Umm al-Fahem, il soutient les prisonniers dans des sit-in populaires, il participe à des journées d’étude sur la judaïsation d’al-Quds ou du Naqab, à des conférences palestiniennes ou musulmanes en Europe ou ailleurs (quand les sionistes l’autorisent à sortir), à la mobilisation contre le siège criminel de Gaza et participe à la Flotille de la liberté pour briser ce blocus. Il revendique le boycott de toutes les institutions sionistes, dont la Knesset, sans entrer dans une polémique stérile, à ce propos, avec les autres formations nationales.
Fondateur de la fondation al-Aqsa et des lieux saints
Lorsque sheikh Raed Salah a fondé cette institution, il savait très bien qu’elle ne survivrait pas à la répression coloniale. Pendant plus de dix ans, la fondation a mené un travail gigantesque de recensement de tous les lieux saints confisqués, détruits ou profanés par les sionistes dans la Palestine occupée en 48. Parallèlement à ce travail de recherche historique, la fondation a entrepris de reprendre ces lieux qui sont en fait pour la plupart des waqfs musulmans, en y allant sur le terrain : défrichage des mosquées, des églises, des maqams et des cimetières avant de les remettre en état. Les prières sont à nouveau organisées dans ces lieux réappropriés. Mais les sionistes interviennent là aussi et démolissent les travaux de la fondation. S’engage alors un combat quotidien entre la fondation et l’institution sioniste de destruction – reconstruction. Les sionistes profitent de la préparation du rassemblement « al-Aqsa en danger » à Umm al-Fahem, en septembre 2008 pour mener un raid dévastateur contre ses locaux, arrêter son directeur, voler son argent et ses biens, confisquer ses archives. Mais sheikh Salah, ayant prévu cette attaque criminelle, avait préparé la relève. Une autre fondation (Fondation pour la préservation des lieux saints) est née reprenant le travail commencé quelques jours plus tard.
Il y aurait encore beaucoup à écrire sur la lutte, la pensée, la personnalité de sheikh Raed Salah, une des figures les plus importantes de la lutte nationale palestinienne aujourd’hui. C’est à cause de son rôle important que l’institution sioniste a envisagé, ces derniers temps, son assassinat. Bien avant la Flotille de la liberté, des menaces de mort avaient été proférées contre lui, par des députés sionistes et autres colons, mais le meurtre de sang-froid ayant entraîné le martyre d’un militant turc, que les soldats sionistes avaient cru être sheikh Raed Salah à bord de la Flotille, est une preuve formelle des plans sionistes, d’ailleurs confirmés, il y a quelques jours, par un colon qui a déclaré que le Shabak lui a demandé de tuer sheikh Raed Salah, moyennant argent. Faire passer son assassinat politique par un crime crapuleux indique la crainte de l’institution sioniste de voir sa responsabilité engagée dans un éventuel assassinat.
Mais le sheikh d’al-Aqsa ne craint pas la mort. Il l’a déclaré à plusieurs reprises, affirmant avec sérénité qu’il ne fait que son devoir de musulman et que sa vie est entre les mains du Très-Haut.
Fadwa Nassar
(lu sur al-oufok)
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