La vie du journaliste Fahem Boukadous est en danger
Publié le 28 juillet 2010
Condamné à quatre ans de prison pour avoir filmé les manifestations populaires du bassin minier de Gafsa au printemps 2008 pour El Hiwar Ettounsi, le journaliste Fahem Boukadous est dans un état de santé dramatique.
Incarcéré le 15 juillet dernier par la police alors que ses examens de santé étaient encore en cours, Fahem est sujet à des crises d’asthme aigues. Enfermé dans une cellule en plein désert, où la température peut atteindre les 50°, sans soin ni suivi médical, ses jours sont comptés.
Lors de sa visite à son époux et compagnon de lutte, Afef Benaceur a constaté l’extrême dégradation de son état de santé. Victime d’une violente crise d’asthme le vendredi 23 juillet, Fahem n’a pas pu voir de médecin dans l’immédiat.
Au lieu de lui apporter de l’oxygène comme l’exige la procédure médicale en pareil cas, il a été maintenu en détention. Ce sont les autres prisonniers qui ont alerté les gardiens devant la gravité de la situation. Ses codétenus tapaient sur les portes en appelant au secours.
Le médecin de l’hôpital régional de Gafsa n’est arrivé que quarante minutes plus tard, trouvant Fahem Boukadous dans un état grave. Il a aussitôt fait part à l’administration de ses préoccupations. Prévenu trop tard, il aurait pu le trouver mort.
A l’issue d’un procès inique, Fahem Boukadous a été condamné le 13 janvier 2010 par le tribunal de Gafsa à quatre ans de prison ferme, pour “appartenance à une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens", et “diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public“, sur la base des articles 131 et 121 du code pénal tunisien (http://fr.rsf.org/tunisie-quand-le-monde-tourne-a-l-envers-15-07-2010,37957.html).
Malgré les dénégations de l’administration tunisienne, Fahem Boukadous est bien journaliste, et travaille pour le compte de la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi depuis 2006.
Reporters sans frontières considère que les inculpations contre le journaliste sont infondées et exige sa libération immédiate et sans condition.
Au regard des conventions internationales relatives au droit des prisonniers, nous dénonçons également la privation de soins dont est victime Fahem Boukadous. Selon le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la privation de soins médicaux peut constituer une violation de l’interdiction de torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants.
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