12 décembre 2010

L’Arabie Saoudite annonce à Damas le report de l’acte d’accusation jusqu’au mois de mars prochain
 
Source al Akhbar

Damas n’accepte plus désormais les positions grisâtres. La Syrie conseille à ses alliés de statuer sur les dossiers proposés à la discussion à l’intérieur des institutions constitutionnelles. Cette orientation entraîne deux positions claires l’une en direction du président de la république et l’autre en direction de Walid Jumblatt.
Des sources informées ont dévoilé que des parties libanaises bien en vue ont reçu l’information au cours des jours précédents selon laquelle le procureur général international dans le TSL concernant l’assassinat de Hariri, le juge Daniel Bellemare, est en voie de reporter une nouvelle fois l’acte d’accusation qu’il prévoit d’émettre, jusqu’au printemps prochain. Cette décision  est concomittante au durcissement des Etats-Unis auprès d’un grand nombre de ses alliés au Liban et dans la région sur l’importance de ne faire aucune concession sur le dossier du tribunal international.
Les mêmes sources ont rapporté que le Hezbollah fait partie de ceux qui ont reçu l’information, et qu’un message a été transmis par l’Arabie saoudite à Damas, de façon semi-officielle, il y a peu de temps, disant que l’ambiance au conseil de sécurité et dans le TSL indique que Bellemare n’émettra pas l’acte d’accusation avant mars prochain, et qu’un supplément de recherches mené par l’équipe d’enquête qui en dépend prendra un temps supplémentaire. Ces renseignements interviennent alors que « des infiltrations, les premières du genre, émises par d’importants services de renseignements arabes et étrangers, dont les services jordaniens, voient que l’hypothèse de la responsabilité de fondamentalistes proches de l’idéologie d’al-Qa’ida est beaucoup plus forte que l’accusation du Hezbollah, bien que d’autres parties arabes et occidentales continuent à insister sur le fait que des éléments incontrôlés du Hezbollah soient responsables de l’opération après avoir été infiltrés par des services de renseignements régionaux ».
Feltman : maintenir le tribunal
« Al-Akhbar »  a appris que l’adjoint de la ministre américaine des AE, Jeffrey Feltman a tenu une réunion de travail avec le premier ministre Saad Hariri, lors de la présence de ce dernier à Riyad. Les discussions ont porté sur le dossier des contacts en cours à propos du TSL. Feltman a insisté au cours de la réunion sur le fait qu’il a annoncé aux responsables saoudiens et égyptiens que Washington ne voit aucune nécessité de négocier avec la Syrie ou autres sur le dossier du TSL, et qu’il vaut mieux pour tous d’attendre et d’être patients.
Les sources ont ajouté que Feltman, qui a visité Beyrouth pendant quelques heures, avait annoncé la même chose à plusieurs dirigeants du 14 mars, insistant sur le fait qu’aucune pression ne doit nécessiter de concessions ou un recul. De même Feltman a annoncé au président Michel Sleimane que son pays « considère le TSL comme une partie de sa stratégie générale pour instaurer la justice dans le monde », et que Washington « espère que le président Sleimane sera aux côtés du tribunal et qu’il soutiendra les mesures visant son maintien ».
Quant à la rencontre avec Jumblatt, les sources ont informé « al-Akhbar » que le responsable américain a insisté sur deux choses : la première concerne le tribunal et les faux témoins, et Jumblatt devrait prendre en compte que les Etats-Unis ne stopperaient pas leur aide au tribunal et ne permettraient pas d’introduire toute modification dans son parcours. Par conséquent, ils lui conseillent de ne pas aller vers une alternative qui ferait du tort au tribunal, directement ou à travers le dossier des faux témoins.
Quant à la seconde question, elle concerne la situation globale du groupe de la majorité parlementaire, où le responsable américain a insisté sur l’importance que Jumblatt préserve sa position actuelle et ne passe pas à l’autre bord, car Washington considèrera que tout changement dans l’équation majorité – minorité dans le parlement est quelques chose de très négatif.
Jumblatt : avec nous ou bien avec eux ?
Dans ce cadre, on apprend que Jumblatt qui se rend dimanche à Damas aura des réunions qui seront probablement les plus importantes pour lui depuis qu’il a repris ses relations avec les responsables syriens. On s’attend à ce que les ententes qui ont eu lieu, oralement et théoriquement, au cours de ces quelques précédents mois se concrétisent, d’autant plus que Damas est passé à la phase de la parole franche, concernant la nécessité de supprimer définitivement le tribunal et de ne pas demeurer sous la menace du chantage basé sur le report de l’acte d’accusation et d’autres questions.
Les sources ont affirmé que le président de la chambre des députés, Nabih Berri, a nettement entendu ces paroles du président syrien Bashar al-Assad, tout comme il a entendu des paroles plus franches encore, appelant à la nécessité, pour les forces de la précédente opposition, d’abandonner la zone de l’hésitation pour affronter la question sur les plans constitutionnel et politique. Il semble qu’au cours de la réunion entre Assad et Berri, la position de Jumblatt a été suscitée et l’influence qu’elle a sur le cours des choses. Berri a entendu des paroles claires disant que Damas annoncera à Jumblatt qu’elle est concernée par la concrétisation de son changement en une position effective en rejoignant le groupe de la minorité parlementaire actuelle au Parlement et dans le conseil des ministres, et c’est la même position qui sera annoncée au président Sleimane.
A partir de là, il semble qu’il y ait eu entente pour reporter, au conseil des ministres, la décision à propos du dossier des faux témoins, pour une phase ultérieure où il serait possible de trancher sur une formule définitive avant de se mouvoir.

Cassese et le renvoi de Riachi et de Shamseddine
D’autre part, dans le cadre du dossier des faux témoins et ce qui en découle, affaire suivie par l’ancien directeur de la sûreté générale, le colonel Jamil Sayyid, concernant le TSL à propos de l’assassinat du premier ministre Rafiq Hariri, et après avoir présenté deux demandes pour écarter les deux juges libanais, Ralf Riachi (adjoint du président du tribunal international) et Afif Shamseddine, du suivi de ses réclamations auprès de la chambre d’appel du TSL, le président du  tribunal Antonio Cassese a demandé à Riachi et Shamseddine de présenter leurs réponses à la demande de Sayyid dans un délai qui prend fin le 27 de ce mois. Sayyid avait mentionné dans ses demandes les causes qu’il considère comme annulant l’impartialité du juge Riachi d’autant plus que ce dernier avait pris une décision en septembre 2007 de démettre le juge Elias Eid de l’enquête sur l’assassinat du premier ministre Hariri, ce qui a pratiquement entraîné le prolongement de l’arrestation arbitraire d’au moins deux des quatre officiers que Id avait l’intention de libérer à l’époque. Et parmi les raisons communes de la demande d’écarter les deux juges Riachi et Shamseddine,le fait qu’ils aient été proposés à participer au tribunal international par le premier gouvernement du premier ministre Fouad Sanioura, qui est accusé par un groupe des Nations-Unies d’avoir pratiqué des arrestations arbitraires envers des personnes qui ont été arrêtées dans l’affaire de l’assassinat de Hariri.
De même, Cassese a demandé à Sayyid de lui remettre des copies des demandes présentées en 2007 par l’équipe de la partie plaignante dans l’assassinat de Hariri auprès de la cour de cassation pénale dont Riachi était président, et où il réclame l’éloignement du juge Elias Id du suivi des enquêtes concernant l’assassinat. Le président du tribunal international a également demandé de lui remettre les jugements de la cour de cassation émis concernant cette affaire.

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