Pour ces raisons, ils craignent le Hezbollah
Abdel Bari Atwan,
al-Qods al-arabi, Londres, 17/12/2010
« Israël » craint le Hezbollah non seulement parce qu’il est une puissance militaire considérable et hautement organisée, mais parce qu’il possède des institutions civiles et technologiques extrêmement développées, dirigées par des esprits imposants qui travaillent dans l’ombre, et parce qu’il possède la technologie la plus moderne dans les domaines des télécommunications, de l’espionnage et de la collecte d’informations. Ces distinctions ne sont présentes dans aucun des pays arabes qui dépensent des milliards pour acheter des armes, des avions, des systèmes de surveillance et de communication.
Personne n’a été surpris lorsque la direction militaire israélienne a reconnnu le succès des appareils du parti à infiltrer les archives des photos de surveillance que les avions militaires israéliens avaient prises en violant l’espace aérien libanais avant l’assassinat du premier ministre Rafiq Hariri, ces photos que sayyed Hassan Nasrullah avait exposées lors de ses discours récents pour rejeter les accusations qui visent le Hezbollah, que l’acte d’accusation rend responsable de l’assassinat, et pour insister sur le rôle « d’Israël » et de ses collaborateurs dans cet assassinat.
Hier, le parti a réussi une autre réalisation, pas moins importante que les précédentes, lorsque deux stations d’espionnage israélien ont été découvertes implantées dans les montagnes donnant sur Beyrouth, Jabal Sannine, et une autre dans la région de Saïda. L’armée libanaise a détruit la première et les avions israéliens ont détruit la seconde dans des raids aériens visibles par tous.
L’armée libanaise avait affirmé hier la découverte de deux engins d’espionnage « israélien » développés sur les monts Sannine qui auraient pu aider les forces « israéliennes » à surveiller et viser les positions militaires de la résistance. L’armée a déclaré que la découverte de ces deux engins est due à des informations obtenues par la direction des renseignements de l’armée à partir des sources de la résistance. Une telle réalisation, et avant, la grande victoire réalisée par la résistance islamique au sud du Liban au cours de la guerre de juillet 2006, sont ce qui a poussé le général Giora Eyland, ancien conseiller de la sécurité nationale « israélienne », à reconnaître qu’ « Israël » ne peut vaincre le Hezbollah dans une confrontation directe, et que le parti entraînera de lourdes pertes sur le front intérieur « israélien », en cas de déclenchement d’une guerre.
Le général « israélien » qui a été en service au cours de l’exercice des premiers ministres Ariel Sharon et Ehyd Barak, s’entretenait à la radio israélienne, ce qui pourrait être probablement un message de mise en garde au premier ministre actuel Benyamin Netanyahu, sur la bêtise d’envahir à nouveau le Liban, et qu’il se brûlerait les doigts et sortirait défait en fin de compte comme son précédent Ehud Olmert et son ministre des AE, Tsibi Livni.
La dissuasion militaire réalisée par le Hezbollah et que des Etats arabes ont échoué à réaliser,revient en premier lieu à la présence d’une direction autour de laquelle se rassemblent ses partisans, prêts au sacrifice de leurs âmes pour les causes de la nation et la doctrine décisive, la croyance, la fidélité et l’appartenance dont ne bénéficie aucun dirigeant arabe dans toute la nation, à l’est comme à l’ouest. C’est ce qui fait hésiter les « Israéliens » à provoquer militairement la résistance au Liban, car ils savent parfaitement que le dirigeant du Hezbollah a le courage d’ordonner l’envoi de milliers de fusées vers les profondeurs israéliennes, et d’y détruire les installations vitales, sans ciller, contrairement à la plupart des autres dirigeants arabes qui croient dans l’alternative de la paix et qui font appel aux responsables israéliens, par le biais des canaux américains, pour qu’ils répondent à leur alternative de paix.
Dans le discours qu’il a adressé hier, à l’occasion de la célébration de Achoura, sayyed Nasrullah a parlé, comme à son habitude, dans une langue, des mots et des phrases qu’ont oubliés ou fait semblant d’oublier la majorité des dirigeants arabes, sinon tous, lorsqu’il a rappelé tous les martyrs de la nation et de la doctrine.
Il a affirmé que la Palestine doit être libérée de la mer au fleuve, et a insisté sur le fait que ceux qui parlent des concessions à faire ne sont pas investis, et personne ne leur a permis de parler au nom de la nation et de ses sacralités. Il s’est adressé à ceux qui étaient présents au Caire en train de rechercher une alternative à que le Hezbollah a déjà expérimenté et dont il a prouvé l’efficacité dans la récente guerre déclenchée contre le Liban.
Le général « israélien » cité n’a pas omis sa reconnaissance de la supériorité militaire israélienne dans la confrontation avec le Hezbollah, mais il a porté l’attention, au même moment, sur les lourdes pertes que subira « Israël », sur les plans humain et matériel, lorsque des dizaines de milliers de fusées de la résistance s’abattront sur Haïfa, Tel Aviv, Safad, et même Dimona à l’extrême sud.
La conception de la victoire pour les « Israéliens » est autre que celle chez les Arabes et les musulmans, et la résistance libanaise plus précisément. Les « Israéliens » veulent une victoire « propre » c’est-à-dire avec le minimum de pertes humaines, et la résistance veut le contraire exactement, c’est-à-dire le plus possible de ces pertes, ainsi que la destruction de la légende de l’armée israélienne invincible, et semer la peur dans les esprits israéliens.
Les « Israéliens » ont essayé d’appliquer cette conception lors de leur guerre contre Gaza et ils ont réussi militairement, mais ils essuyèrent une défaite criante politiquement et médiatiquement. Les résultats furent catastrophiques, et malgré leur victoire militaire dans cette guerre absolument déséquilibrée, ils en sont sortis accusés d’avoir commis des crimes de guerre, isolés par la majorité de l’opinion publique dans l’occident, leur principal allié et de plus, ils ont perdu la Turquie qui était leur seul allié dans la région.
Des armes sophistiquées, une supériorité au niveau du nombre des avions et des chars ne tranchent pas les guerres au profit de ceux qui les utilisent, sauf en l’absence d’une volonté et d’une direction nationales, sinon les Etats-Unis ne se seraient pas enfuis essuyant la défaite en Irak, comme ils sont en route pour reconnaître une autre défaite en Afghanistan. L’expérience « d’Israël » au Liban a prouvé, il y a quatre ans, que la volonté humaine, lorsqu’elle est soutenue par une direction courageuse capable de prendre la décision de la confrontation, plus un arsenal de fusées, peuvent bouleverser toutes les équations au profit de la partie la plus faible.
Cette conviction profondément ancrée dans le Hezbollah et sa direction est le principal facteur décisif pour refuser l’acte d’accusation avant même sa proclamation, et pour proclamer publiquement la décision de ne pas répondre à toute demande de la part du TSL concernant la remise de toute personne, quelles que soient les conséquences et quelles que soient les menaces américaines ou israéliennes.
Il est douloureux de voir que la seule partie qui ait proclamé qu’elle ne se tairait pas si une guerre israélienne était déclenchée contre le Liban, c’est M. Erdogan, premier ministre Turc et sunnite, au cours de sa dernière visite dans ce pays, et c’est ce qui explique que des centaines de milliers sont sortis dans la rue pour le recevoir, alors que la plupart des dirigeants arabes viennent au Liban à la dérobade, exactement comme leurs collègues américains ou britanniques lorsqu’ils se rendent en Irak ou en Afghanistan.
L’acte d’accusation sortira certainement, et il est probable qu’il accuse le Hezbollah, mais il constituera un tournant historique, en tant que point décisif. Le Liban, et probablement toute la région, sera entièrement différent après sa promulgation, où naîtra une nouvelle histoire dès l’instant où sera envoyée la première fusée pour frapper Tel Aviv et ses aéroports, en réponse à toute nouvelle agression « israélienne ».
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