17 décembre 2010

Médias et sites censurés ou bloqués pour avoir relayé Cablegate

Publié le 15 décembre 2010 par RSF
Reporters sans frontières dénonce les mesures de censure prises par des gouvernements ou des entités administratives à l’encontre de sites ou de médias qui ont diffusé les câbles diplomatiques obtenu par WikiLeaks. “Nous ne pouvons que déplorer ces réflexes de censure. Les tentatives de bloquer la diffusion de ces documents sensibles, déjà très largement disponibles sur le Net, sont vouées à l’échec. Elles représentent une atteinte au droit d’être informé.”
Selon le Wall Street Journal, l’aviation américaine (Air Force) a pris des mesure drastiques contre la divulgation des télégrammes diplomatiques par WikiLeaks, en bloquant l’accès de ses employés qui ne disposent pas d’une autorisation spéciale, depuis leurs ordinateurs professionnels, aux sites des cinq quotidiens qui ont directement collaboré avec WikiLeaks : The New York Times, The Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El Pais, ainsi qu’une vingtaine d’autres médias ou blogs relayant ces documents. Le quotidien américain s’est procuré une copie du message obtenus par les employés s’ils tentent de se connecter à ces sites : “Accès interdit. L’utilisation d’Internet est enregistrée et surveillée”. Une porte-parole de US Air Force, le lieutenant-colonel Brenda Campbell, a déclaré au New York Times que “les sites de médias qui publient des documents classifiés du site WikiLeaks seront bloqués. Il s’agit de la même procédure qui s’applique aux sites publiant toute information classifiée.” Elle a précisé que seuls les sites postant ces documents dans leur intégralité seront bloqués, et non ceux qui ne diffusent que des extraits. Le ministère de la Défense a pris ses distances par l’intermédiaire d’un porte-parole qui a précisé que cette initiative n’était pas conduite par le ministère, ajoutant que ni l’Armée de terre, ni la Marine, ni les Marines n’ont mis en place des mesures de blocage similaires.
Le gouvernement américain avait ordonné, vendredi 3 décembre 2010, à ses différentes entités, de prendre des mesures pour que leurs employés non autorisés ne puissent plus avoir accès à WikiLeaks depuis leurs ordinateurs professionnels, une mesure mise en place quelques heures plus tard par la bibliothèque du Congrès, qui bloque désormais l’accès au site. Le Bureau du budget de la Maison blanche a rappelé que "chaque employé et chaque sous-traitant du gouvernement fédéral a l’obligation de protéger les informations confidentielles" et que les fuites n’ont pas eu pour effet de déclassifier les documents. Le même jour, l’armée américaine avait mis en ligne sur le réseau Internet utilisé par ses troupes en Irak – NIPRNet - un avertissement contre la consultation des documents publiés par WikiLeaks : "En vertu des règles du ministère de la Défense, (...) le personnel doit éviter de consulter sur le NIPR des articles des publications de WikiLeaks."
Par ailleurs, les journaux qui relaient l’information contenue dans les documents de WikiLeaks font également les frais de la censure dans plusieurs pays. Le Maroc a ainsi bloqué la diffusion de l’édition du quotidien français Le Monde, en date du 12 décembre, tout comme celles du journal espagnol El Pais et du quotidien arabe Al-Quds Al-Arabi, au début du mois de décembre 2010. Ces médias avaient publié un télégramme du consulat américain de Casablanca de décembre 2009 dénonçant les tentatives de corruption de proches du roi Mohammed VI, notamment au cours de transactions immobilières.
Un responsable du ministère de la Communication a déclaré à l’AFP le 14 décembre 2010 que ces médias avaient “été interdits d’entrée pour avoir publié des informations diffamatoires sur le Maroc données sur le site WikiLeaks”. Cette décision s’appuierait sur “un article du code de la presse qui stipule que le ministère de la Communication a le droit d’interdire toute publication dont des articles portent atteinte à la religion, à l’intégrité territoriale et à la monarchie”.
L’accès à WikiLeaks est bloqué, notamment en Chine et en Thaïlande. Au Pakistan, le site est accessible, mais des pages contenant les télégrammes liés au Pakistan sont bloquées.

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