USA/Israël : Défaillance
mercredi 8 décembre 2010Dr Hicham Mourad - Al-Ahram/hebdo
On le pressentait depuis des mois. C’est désormais officiel : les Etats-Unis ont échoué dans leurs efforts pour obtenir d’Israël un nouveau moratoire sur la colonisation dans les territoires occupés. Du coup, c’est tout le processus de paix palestino-israélien qui se trouve en ruine.
L’administration américaine se démenait depuis l’expiration, fin septembre, du moratoire israélien sur la construction dans les colonies de peuplement juif, pour obtenir un nouvel arrêt de 90 jours de la colonisation en Cisjordanie, afin de permettre la reprise des négociations palestino-israéliennes. Ce gel limité ne concernait pas Jérusalem-Est, malgré les exigences palestiniennes d’un arrêt total dans l’ensemble des territoires occupés. Les dirigeants israéliens ont toujours fait savoir que la construction de logements dans les quartiers juifs de colonisation à Jérusalem-Est allait se poursuivre, quitte à défier le président américain Barack Obama et la communauté internationale.
Poussant le défi, l’Etat hébreu a décidé la semaine dernière, avant même l’annonce jeudi par les Etats-Unis de l’échec de leur mission, d’autoriser la construction de 130 nouveaux logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo, à Jérusalem-Est. Le programme porte sur 625 habitations à Pisgat Zeev, un secteur urbain qui jouxte Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville annexée en 1967. Le projet a été approuvé par une commission du ministère israélien de l’Intérieur. Avec 50 000 habitants, Pisgat Zeev, fondé il y a vingt-cinq ans, est l’un des principaux quartiers juifs de la partie arabe de la ville sainte que les Palestiniens aspirent à en faire la capitale de leur futur Etat.
Alors que ces plans de construction compromettent sa politique au Proche-Orient, le locataire de la Maison-Blanche s’est contenté de critiquer Israël en des termes très édulcorés. Il a ainsi estimé que l’action israélienne « n’aide pas » les négociations de paix. Cette douce critique a été rayée d’un trait par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, qui a eu l’insolence de nier tout lien entre la politique de construction à Jérusalem et le processus de paix ! Mais sur quoi porte au juste ce dernier ? La terre, notamment à Jérusalem, n’est-elle pas le cœur même des pourparlers ?
L’arrogance du dirigeant israélien peut s’expliquer par la faiblesse de la politique américaine. Alors que l’arrivée au pouvoir du président Obama, début 2009, a soulevé de larges espoirs pour une politique nouvelle vis-à-vis de l’Etat juif, l’optimisme a progressivement cédé la place à l’inquiétude et l’amertume. Le retrait et la défaillance de la politique américaine face à Israël étaient bien visibles dans l’offre sans précédent de récompenses faites récemment à Tel-Aviv pour qu’il accepte une reconduction d’à peine trois mois du gel des colonies. Washington avait ainsi proposé tout un paquet de garanties politiques et d’armes sophistiquées et ultramodernes. En vain. Les dirigeants israéliens ont en effet compris qu’ils peuvent s’abstenir de faire la moindre concession, car les Etats-Unis ne peuvent ou ne veulent exercer davantage de pressions et qu’ils préfèrent plutôt la carotte au bâton. Avec le résultat que l’on connaît.
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Al-Ahram/hebdo - Semaine du 8 au 14 décembre 2010, numéro 848 (Opinion)
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