14 février 2010

guerre d'Algérie : ni haine ni Amnésie à Bejaïa.....


Par Djamel Alilat


D'anciens appelés français sur les hauteurs de la soummam : Ni haine ni amnésie

D’anciens appelés français sur

les hauteurs de la Soummam :

Ni haine ni amnésie


Une délégation de l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre (4ACG) se trouve à Béjaïa où elle a rencontré d’anciens moudjahidine et responsables de l’ALN. Voir des anciens moudjahidine et des anciens appelés de la guerre d’Algérie discutant tranquillement autour d’une table ou se recueillir sur des tombes de martyrs algériens de la guerre d’Indépendance est un geste porteur d’une charge symbolique assez forte au moment où les relations politiques entre la France et l’Algérie connaissent encore l’un de ces soubresauts liés à une histoire commune douloureuse.

En effet, une délégation de l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre (AACG) se trouve depuis une semaine en Algérie où elle a rencontré d’anciens moudjahidine et d’anciens responsables de l’ALN. Hier, samedi, des membres de cette association, accompagnés de Djoudi Attoumi, ancien officier de l’ALN, se sont rendus dans le village de Tazla, à l’extrême sud de la wilaya de Béjaïa, pour faire le point sur les projets et les actions de développement lancés dans ce village. Et pour cause, l’Association des anciens appelés contribue financièrement à la réussite de plusieurs projets en Algérie, au Maroc et en Palestine, en reversant leur pension de retraite à des organismes qui œuvrent pour le développement durable et pour la protection et la promotion des agricultures paysannes.

Pour rappel, l’4ACG est une association laïque et indépendante créée par quatre anciens appelés, Georges Treilhou, Rémi Serres, Michel Delsaux et Armand Vernhettes , qui ont décidé de reverser leur retraite de combattant à des populations qui souffrent de la guerre. Chaque année, ce sont près de 60 000 euros qui sont alloués pour soutenir des projets de développement, principalement dans les pays cités plus haut. « A cette époque, nous les gars du contingent, n’avions rien dit. Nous n’avions pas eu le courage de hurler notre désaccord au monde. Aujourd’hui, bien que percevant de modestes retraites, nous avons décidé de refuser pour nous-mêmes la retraite du combattant pour la reverser à des populations qui souffrent de la guerre et à des organismes qui œuvrent pour la paix. Ce que nous avons vu et vécu en Algérie, l’inutilité de ce conflit, la conscience de l’horreur de la guerre, le désir de transmettre cette mémoire aux jeunes générations nous poussent à cette démarche », écrivent les quatre fondateurs pour expliquer leur démarche.

Charge symboliques

Hier à Tazla, Armand, Rémi et leurs compagnons ont eu l’occasion de voir exactement à quoi servait leurs pensions de retraite en évoquant avec le président de l’association locale les projets de gestion de l’eau, de production agricole, l’achat d’un microbus pour le transport scolaire, la gestion d’une boutique solidaire, etc. Après avoir été déserté pendant des années, le village est en train de renaître. De 3 enfants scolarisés, on est passé à 12 et le nombre de familles fixées dans ce petit hameau de montagne a grimpé de 6 à 18. Avec le concours de l’association Bede, qui s’occupe de biodiversité, de l’INRA, de l’association Area et le lancement dernièrement d’un PPDRI, le village revit. « Nous sommes très heureux de voir tous ces résultats. Bravo ! Vous faites des choses très concrètes et vous êtes un exemple même pour nous en France, en milieu rural », dira Armand.

Les autres membres se sont également dits très fiers d’être partenaires de cette renaissance. Arrivés en Algérie lundi passé, les membres de la délégation de l’4ACG ont eu l’occasion de rencontrer des anciens moudjahidine à Béjaïa avant d’accomplir un long périple qui les a menés sur des hauts lieux de la guerre d’Algérie, notamment à Ifri, au musée du Congrès de la Soummam, à l’ancien PC du général Challe et à l’endroit où est tombé le martyr Abderrahmane Mira. A Alger, ils ont également rencontré le colonel Hassan, de la Wilaya IV historique et la moudjahida Louisette Ighil Ahriz. A Tazla.

L’un des moments forts a été la visite du cimetière des martyrs du village. « La visite de ce cimetière est un moment douloureux pour nous quand on voit tous ces jeunes morts pour la liberté. La guerre est une monstruosité », dira Armand. Les autres membres témoigneront que les anciens moudjahidine qu’ils ont rencontrés les ont reçus avec beaucoup de respect et non pas comme des ennemis. « Je salue la fondation du colonel Hassan et le travail de mémoire qu’elle fait », dira Rémi, le doyen du groupe.

Djoudi Attoumi, de son côté, se dira très ravi de cette rencontre qui a permis à des gens qui se sont battus de se retrouver, de travailler à perpétuer la mémoire et surtout à se construire un avenir. Il parlera également de cette conférence donnée avec d’anciens combattants français dans un lycée de Montpellier devant 220 élèves. « Si vous avez un jour l’occasion de prendre une décision, vous qui êtes peut-être appelés à prendre des responsabilité s à la tête de votre pays, surtout évitez la guerre », leur dira-t-il. Voilà résumé le message sur lequel les anciens combattants de chaque côté se sont entendu : la guerre est une monstruosité mais il est possible se retrouver pour se réconcilier et effacer les blessures tout en faisant le nécessaire travail de mémoire. Hier donc, contrairement aux politiques, ceux qui ont fait la guerre ont choisi de faire la paix

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