Liberté pour Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani
dimanche 14 février 2010 - 08h:47
Appel à signatures
Nous invitons donc les groupes, associations, organisations, personnalités politiques, culturelles, syndicales à signer d’urgence l’appel ci-dessus.
Envoyez les signatures à : sout.ad@orange.fr
Après leur arrestation le 21 février 1987, Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan sont condamnés suite à plusieurs procès (1989 et 1994) à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 18 ans.
• Le 16 juin 2004, Joëlle Aubron obtient une suspension de peine pour raisons médicales (loi « Kouchner »). Elle décède le 1er mars 2006.
• Nathalie Ménigon, handicapée moteur suite à deux AVC dus à leur détention particulièrement éprouvante, est mise en semi-liberté en août 2007. Un an plus tard, elle obtient la libération conditionnelle.
• En décembre 2007, c’est au tour de Jean-Marc Rouillan d’accéder à la semi-liberté. Travaillant à Marseille, il regagne chaque soir une cellule de la prison des Baumettes.
• Dix mois plus tard (le 1/10/2008) paraît dans un hebdomadaire national une interview où il exprime sur deux pages son point de vue sur la situation sociale et annonce son engagement au sein d’un parti politique alors en cours de création.
Les attendus de la cour lui interdisent de s’exprimer sur Action Directe. Il le sait, le journaliste aussi. À la question « Regrettez-vous les actes d’Action directe, notamment cet assassinat (G. Besse ) ? » il répond : « Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus. Mais le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que si je crachais sur tout ce qu’on avait fait je pourrais m’exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique. »
Immédiatement, une grande partie de la presse, devançant toute décision judiciaire, s’acharne contre lui. La messe est dite : entérinant l’expression de ces médias, la réincarcération est prononcée.
• Peu de temps après, Jean-Marc Rouillan tombe gravement malade. Il est en fait atteint d’une maladie orpheline grave et évolutive dite de Chester-Erdheim. Il n’y a pas de traitement type pour cette maladie et, l’expérimentation étant interdite sur les détenus, Jean-Marc Rouillan restera sans soins efficaces tant qu’il sera en prison. Les seuls spécialistes de cette maladie sont à La Pitié-Salpêtrière, à Paris ; Jean-Marc Rouillan a été transféré de Marseille à Muret, près de Toulouse...
• En août 2009, Georges Cipriani se voit refuser, après appel du parquet, la semi-liberté qu’un précédent jugement lui avait accordée. On lui reproche principalement de se dire prisonnier d’Action Directe et de refuser de renier son passé politique.
Quant à Jean-Marc Rouillan, qui avait tout loisir de se soustraire à la justice au cours de ses dix mois de semi-liberté, il n’est retourné en prison que pour avoir tenté d’exprimer une liberté d’expression.
Le refus du repentir n’est pas un appel au meurtre, ni le signe d’une récidive. Le repentir est un concept moral plus proche d’une pensée religieuse monothéiste de type judéo-chrétien que d’une infraction au code de procédure pénale. La repentance exigée rappelle davantage les procès de l’Inquisition que l’application stricte des lois d’un Etat démocratique et laïque. A-t-on exigé un tel « mea culpa » de qui que ce soit ? !
La non-assistance à personne en danger (incarcérée ou non) est par contre un délit bien réel (en décembre 2009, Jean-Marc Rouillan a déposé une plainte en ce sens).
Il est temps de libérer définitivement les prisonniers d’Action Directe. Nous ne demandons ni sympathie, ni adhésion à ce qu’a été Action Directe, mais simplement que les propres principes d’un État qui se proclame lui-même laïque et démocratique soient appliqués.
Extrait des premiers signataires
Elus et responsables associatifs, politiques et syndicaux :
Olivier BESANCENOT , porte-parole NPA
Alain KRIVINE, dirigeant NPA
Edith SOBOUL, secrétaire fédérale d’Alternative libertaire
Nicole BORVO COHEN-SEAT, Sénatrice de Paris et Présidente du Groupe CRC-SPG
Jean-Jacques CANDELIER, député PCF du Nord
Henri MALBERG, commission justice PCF
Isabelle LORAND, responsable du réseau Droits et Liberté au PCF
Jean-jacques BOISLAROUSSIE, porte-parole des Alternatifs
Pierre STAMBUL, enseignant, bureau national UJFP
Culture, université, justice, médias :
Jean MALIFAUD, maître de conférences, université Paris 7
Bernard CAVANNA (compositeur)Paris
Olivier NEVEUX, enseignant-chercheur, Strasbourg
Fred LOUCKX, sociologue Université Libre de Bruxelles
Djamal BENMERAD, journaliste, écrivain, Bruxelles
Aliette GUIBERT CERTHOUX, directrice des publications de Criticalsecret, Paris.
Franca MAÏ, romancière
Méryl MARCHETTI, écrivain, Anglet
Elodie de OLIVEIRA, universitaire, Montreuil
Christian ROUX, écrivain compositeur, Civry la forêt
Nicole CHAMPENOIS, chanteuse chorégraphe, Civry la forêt
Pierre BANZET, graphiste, Saint-Ouen
FORESTIER Marc ; Ras-les-Murs, Radio libertaire
Serge RIVRON, auteur
Valérie de SAINT-DO, journaliste, directrice-adjointe de la revue Cassandre (Paris)
Maryvonne MENEZ, enseignante-chercheuse-formatrice ,54120 deneuvre
Michèle BAERMANN, Technicienne CNRS, Nancy
Julien SCHMID, cinéaste, Beyrouth, Liban
Philippe ENCLOS, maître de conférences en droit privé, Université Lille 2 Droit et santé, syndicaliste
Dimitris SCARPALEZOS, maitre de conférence de mathématiques a l’université paris 7
Pierre CARLES, réalisateur
Mari OTXANDI, auteur et traductrice, Ituren (Euskal Herria)
Ermanno GALLO, écrivain Turin Italie
Jean-Pierre BASTID, écrivain, cinéaste
Progreso MARIN, écrivain, 31 170 Tournefeuille
Serge PEY, poète
Jean Paul DUBOIS, écrivain
Pascal COLE, journaliste.
DUSSOL, journaliste, Auch
Signatures collectives :
LES ALTERNATIFS
ALTERNATIVE LIBERTAIRE
OCL (Organisation communiste libertaire )
CCIPPP (Campagne Civile pour la Protection du Peuple Palestinien)
NPA ( Gers, Bouches du Rhône )
CNT du Gers
Comitat Chiapas d’Aude
AGONE, éditions, Marseille
VIRUS EDITORIAL, journal de Barcelone
Grupo de Axitación Social (GAS), Vigo (Galiza)
Fédération des Etudiants Libertaires-Madrid
Jean-Marc Rouillan : « Ne voir aucune arrogance dans ma position de résistance... »
Par Paco
Le 20 février, à Fresnes, à Toulouse et à Bordeaux, des manifestations réclameront la libération immédiate de Georges Cipriani et de Jean-Marc Rouillan. Il est possible de s’associer à ces initiatives en signant une pétition.
Depuis le 31 janvier, Jean-Marc Rouillan est dans les mains des « experts » du Centre national d’orientation, à Fresnes. En clair, des psys sont chargés d’examiner la « dangerosité » du militant qui est passé d’Action Directe au NPA. Pas sûr que leur grille de lecture soit à la hauteur de la situation. Dans son dernier livre, Paul des Épinettes et moi, Jann-Marc Rouillan, double de Jean-Marc, rappelle que son vocabulaire a bien peu à voir avec la « langue administrative ». La révocation de son régime de semi-liberté pour « une poignée de mots » mal interprétée à la suite d’une interview suffit à mesurer le gouffre qui le sépare de ses geôliers. « L’État est prêt à me liquider pour quelques mots exactement comme je suis prêt à mourir pour une histoire vieille de trente ans. »
« Pourquoi cet attachement fidèle à une génération aujourd’hui disparue ?, s’interroge Rouillan dans les pages publiées chez Agone. Ne voir aucune arrogance dans ma position de résistance. Peut-être de l’orgueil. Un orgueil intime qui n’est plus coté aux Bourses du temps présent. » Réglée sur une autre époque, l’horloge interne de Jean-Marc Rouillan est à contre-courant des reniements et des capitulations très en vogue aujourd’hui. « Ma fidélité repose sur le drame. Fidélité à une aventure sociale et humaine. Je reste fidèle au camarade garrotté un matin dans une prison catalane ; à celui assassiné d’une balle dans la nuque ; à celui devenu fou sous la torture... Fidèle à tous nos malheurs, bien sûr, mais plus encore à la joie et à la liberté, à l’incalculable liberté de combattre pour cet absolu vivant, fraternel et incandescent. »
Pendant que les experts de Fresnes psychologisent, le syndrome de Chester-Erdheim ronge inexorablement la carcasse de Rouillan. A priori, si la loi Kouchner est toujours en vigueur, Rouillan devrait être libéré sur le champ pour raisons médicales... Ailleurs, dans la prison d’Ensisheim, Georges Cipriani attend de savoir si sa quatrième demande de libération conditionnelle lui permettra de mettre un pied dans le Pays du Dehors. Chose qu’il n’a jamais connue depuis vingt-trois ans. C’est en effet le 21 février 1987 que Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et Jean-Marc Rouillan ont été arrêtés pour leurs activités au sein d’Action Directe. Nathalie Ménigon est en liberté conditionnelle depuis le 3 août 2008. Libérée pour raisons médicales le 16 juin 2004, Joëlle Aubron est décédée le 1er mars 2006.
Après un démarrage difficile, la pétition qui exige la libération de Georges Cipriani et de Jean-Marc Rouillan (qui ont purgé leur peine de sûreté en 2005) commence à bien s’étoffer. Aux noms que nous avons récemment publiés, Il faut ajouter par exemple le philosophe et psychanalyste Miguel Benasayag, les réalisateurs Jean-Michel Carré et Jean Asselmeyer, Bob Siné (Siné Hebdo), les écrivains Gilles Perrault, Jean-Paul Cruse et Roger Martin, le philosophe Arnaud Spire, le metteur en scène Stéphane Arnoux, Frédéric Gircour (blog Chien Créole), le chanteur Éric Mie, la compagnie Jolie Môme... mais aussi des organisations libertaires ou communistes, des associations (ARPPI, Campagne civile pour la protection du peuple palestinien, comité Chiapas, lycéens autonomes...), des librairies, des médecins, des infirmiers, des travailleurs sociaux, des enseignants, des journalistes, des paysans, des chômeurs, des retraités, des étudiants, des intermittents... Il faut un maximum de noms sur la pétition avant le 20 février. Envoyez vite votre signature à sout.ad@orange.fr
À l’approche de la date « anniversaire » de l’arrestation des militants d’Action Directe, plusieurs comités de soutien organisent des rendez-vous en France :
Samedi 20 février, rassemblement devant la préfecture, à 11 heures, place Saint-Etienne à Toulouse.
Samedi 20 février, manifestation devant la prison de Fresnes, avenue de la Liberté, à 13h30, à Fresnes.
Samedi 20 février, rassemblement à 15h place Saint-Projet à Bordeaux + projection du film Salvador à 20h15, à la librairie du Muguet.
Dimanche 21 février, projection du film 9 m2 à Molodoï, à Strasbourg.
Samedi 27 février, projection et discussion au Lokal autogéré, à Grenoble.
14 février 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lepost.fr/article/2010/0...
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