21 février 2010

Khémaïs Chammari

L’accès de mon domicile étant, à présent, interdit à toute personne en dehors de ma proche famille ; je suis dans l’obligation n’ayant aucun moyen de recours face à cette décision arbitraire, d’entamer samedi matin une grève de la faim illimitée.

Depuis le mois d’Avril 2009, mon domicile est l’objet d’une surveillance policière arbitraire et ostensible. A la suite d’incidents répétés, et après avoir déposé plainte en vain auprès du procureur de la République , j’ai pris acte – de facto - de l’abus de pouvoir qui m’a été imposé par cette intolérable atteinte à une de mes libertés fondamentales et à ma vie familiale et privée doublée de l’interdiction de recevoir chez moi six animateurs associatifs et / ou politiques : Mmes Sihem Ben Sedrine , Radhia Nasraoui et Azza ben Brick, l’épouse de Taoufik Ben Brick, ainsi que Mrs Omar Mestiri, Raouf Ayadi , Slim Boukhdhir, Zyed Doulatli et Ali Laaridh.

IL y a trois mois , il m’a été signifié , au paroxysme de l’abjecte campagne médiatique d’injures et de calomnies lancée contre une douzaine de défenseurs et d’opposants dont moi-même , que je ne pouvais plus recevoir, hors de ma proche famille… q’une personne à la fois !! Parallèlement à ces scandaleuses « Taalimat » (directives orales que les agents des différents et multiples services de la police politique sont appelés à appliquer – assurés de leur impunité- y compris par la violence) ; j’ai fait l’objet depuis seize mois d’une décision de fouilles systématiques et « poussées » ( procédure dite A-6 ) à l’aéroport.


De retour d’un séjour en Europe et au Maroc, j’ai été « dispensé », le mercredi 03 Février ,de cette fouille « poussée » de mes bagages . J’en ai pris acte positivement. Tout comme j’ai accueilli de façon positive l‘atténuation puis la cessation des campagnes indignes de la presse de caniveau et aux ordres à l’égard des animateurs associatifs indépendants et des dissidents politiques. Enfin, ayant remis le 04 Février mon passeport, arrivé à expiration, j’ai pris bonne note des bonnes conditions de ce renouvellement le 11 Février.

Le jour même, pourtant, s’est amorcée à mon égard une nouvelle escalade aussi arbitraire qu’aberrante qui s’est illustrée, en neuf jours par l’interdiction qui m’a été opposée , le 11 et le12 Février d’accès aux sièges des partis légaux « At-Tajdid » et PDP et de leurs journaux auxquels je collabore régulièrement. Puis cela a été le renforcement du dispositif de surveillance autour de mon domicile ( jusqu’à 15 agents !!), l’interdiction faite à M° Ayachi Hammami et à Mme Sana Ben Achour , présidente de l’ATFD, d’entrer chez moi. Dans l’intervalle un dispositif imposant ( voiture, moto et agents à pied ) a été mis en place pour m’imposer une filature ostensible et « collante » ( c’est le cas aussi de M° Ayachi, M° Mohamed Abbou et M° Radhia Nasraoui ) . Enfin , ce matin, Mr Ahmed Khaskhoussi ancien député a été empêché de pénétrer chez moi. J’ai été obligé de le rencontrer au café et le agents, au nombre de six, qui interdisaient l’entrée de mon domicile (alors que leurs collègues faisaient circuler les badauds) m’ont signifié qu’, en dehors de ma proche famille, personne ne pouvait plus me rendre visite.

Trop, c’est trop !! Par delà les prétextes et les motifs évoqués pour expliquer – mais bien sûr pas publiquement et officiellement l’arbitraire mais aussi à la fois l’arrogance et la veulerie de ces inqualifiables « taalimat » (cf les communiqués de l’Observatoire pour la protection des défenseurs - programme conjoint FIDH et OMCT- et du REMDH du 19 -02 ainsi que le « flash info » du CRDHLT du18-02) ; la situation à laquelle je suis confronté est politiquement et humainement insupportable. Elle est préjudiciable socialement et humainement à notre vie familiale ( je n’évoquerai que pour mémoire la lâcheté des appels téléphoniques sur le poste fixe et les sonneries nocturnes intempestives à notre porte ). Ces manies répressives, ce harcèlement à la fois grotesque et indigne et cet arbitraire policier conforté par une redoutable impunité doivent cesser.

En dépit de mes problèmes de santé, et n’ayant aucun moyen légal de me faire entendre et de faire respecter ma dignité et mes droits les plus élémentaires, j’ai décidé d’entamer, à partir de samedi matin 20 Février 2010, une grève de la faim de protestation.

J’ai enfin décidé de surseoir, dans ces conditions, à tout projet de déplacement à l’étranger, y compris pour mon prochain examen médical important programmé, à Paris, pour le 09 Mars 2010.

J’en appelle aux associations non gouvernementales indépendantes , aux partis non vassalisés et à l’ensemble des patriotes démocrates et libéraux pour qu’ils interviennent , de la façon légale et civique qu’ils jugeront la plus appropriée, pour que cesse cette injustice. J’en appelle aussi à tous les démocrates, hommes et femmes de progrès, amis de notre peuple pour que cette décision de m’exposer physiquement - qui me coûte énormément – trouve auprès d’eux compréhension et solidarité


TUNIS le 19 Février 2010.

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